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 Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]

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Xian Moriarty
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MessageSujet: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptySam 5 Mar - 1:50

Prologue


Perdre un être cher est un événement dur, mais malheureusement inévitable. Même en s’y préparant, lorsque la chose survint, on ne peut retenir ses larmes.

Depuis que Novgorod avait accepté ses sentiments pour le professeur Eustache de Salisbury, elle n’avait cessé de se répéter qu’un jour elle devrait faire face à sa mort. Elle avait souvent imaginé comment cela se passerait. Elle s’y était préparée.
Seulement, jamais elle n’aurait pu se douter que les choses se feraient ainsi.

Le temps anglais n’est pas clément. Espérer une journée ensoleillée relevait du monde du rêve, de l’illusion. Les gouttes de pluie martelaient le sol avec violence, créant de minuscule concavité. A moindre échelle, le parterre ressemblait à un champ défoncé par des obus. Le bruit était assourdissant. L’eau percutait les feuilles des arbres et la terre, libérant un son semblable à une explosion.
Sous le couvert d’un arbre, à bonne distance du cortège funéraire, Novgorod observait, le regard vide, un enterrement auquel elle ne pouvait participer. Depuis son combat contre l’Orochimaru, la jeune femme n’était pas parvenue à reprendre une forme humaine. Une paire de corne ornait son front ne lui permettant plus de se montrer en public le visage découvert. Ses jambes, violacées, avaient toujours leurs formes digitigrades, terminés par trois orteils et de puissantes griffes, capable de creuser des sillons dans la pierre. Une queue, ridicule par rapport à sa taille, pendait, inerte comme si elle aussi était affectée par le chagrin. Dans ses bras, appuyé contre sa poitrine, Kureno pleurait. Doucement, d’une de ses mains violettes à quatre doigts, tout aussi griffus que ses orteils, elle caressait les cheveux aux couleurs alezanes de son protégé.

Le jeune dieu cerf ne parvenait pas à se remettre de la disparition de son père adoptif. Malgré sa stature forte et robuste, son aspect d’homme d’une trentaine d’année, l’âge mental de Kureno ne dépassait pas celui d’un adolescent de quinze ans. Blottit contre celle qui ne pouvait supporter, le jeune homme tentait de retenir ses larmes, mais il n’y parvenait pas. C’était comme si ses yeux étaient devenus autonomes. Il ne pouvait tourner le regard vers le défilé funéraire. La simple image de son père dans son esprit lui faisait mal, horriblement mal. Cette douleur n’était que plus épouvantable quand il se rendait compte qu’il ne pouvait être auprès de son père. Tout comme Novgorod, sa ramure l’empêchait se de mêler au cortège.
Le froid de la pluie pénétrait dans son corps jusqu’aux os, ses vêtements étaient complètement détrempés. Sa tutrice éphémère n’était guère plus reluisante. La tête droite et haute, les cheveux collés sur son visage, les ruissèlements de l’eau se mêlaient à d’invisibles larmes.

Parmi la foule qui rendait hommage au professeur, Dajan et le capitaine Brynhildur Indriðason*, les mines vides, avançaient lentement avec le cortège. De temps à autre, ils jetaient des regards discrets et furtifs vers les deux exclus, qui se dissimulaient sous un arbre. Ils auraient aimé que Novgorod et Kureno puissent être là eux aussi. C’était tragique de penser que les deux êtres qui étaient les plus chères aux yeux du professeur ne puissent être à ses côtés à ce moment là.



*prononcé « indradason »


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Xian Moriarty
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptyVen 11 Mar - 22:06

Chap. 01-1


Les égouts. Beaucoup de personnes fantasment sur les longs souterrains évacuant les eaux sales des villes. Peut-être parce qu’ils s’imaginent trouver des monstres fuyant le jour et se nourrissant des pauvres clochards et ouvriers qui s’y aventures. Peut-être s’imaginent-ils des refuges pour le rebut de la société. Ils n’ont pas tord, il y a bien des créatures étranges qui circulent. Les longs tunnels sont belle et bien leur terre d’asile. Mais cela n’a rien de plaisant pour eux.
Longeant les minces trottoirs des larges allées conduisant les tout-à-l’égout de Prague, Novgorod tentait de ne pas mettre les pieds sur les diverses immondices qui jonchaient le sol. Ce qu’elle souhaitait plus que tout, c’était de ne pas glisser. Les odeurs nauséabondes des souterrains imprégnaient suffisamment ses vêtements sans qu’elle ne prenne un bain forcé. De plus, le froid de l’hiver s’était déjà installé en ce début décembre. Malgré ses efforts, elle finit par mettre un pied dans la canalisation centrale, glacée. Un puissant juron russe, sa langue natale, résonna dans le dédale mal odorant qui s’étendait devant elle. Elle ironisa sans conviction sur le fait qu’elle n’aurait pas besoin de nettoyer sa botte une fois arrivée dans sa cache. Son attention se porta sur la glacière souple qu’elle portait à l’épaule. Les éclaboussures n’avaient atteins le sac de transport. Un soupire tira un sourire sur son visage fatigué, marqué par de large cernes.
Elle reprit sa route, redoublant de vigilance, et priant pour que le sol ne devienne pas une patinoire. Si jamais elle tombait de tout son corps, outre les odeurs, c’est la qualité de la marchandise qu’elle transportait qui risquerait de souffrir. La glacière était trop précieuse, trop de personne comptait sur elle pour qu’elle puisse se permettre de la perdre.
Les boyaux circulaires des égouts de Prague étaient un infernal dédale. Si Novgorod n’avait pas discrètement marqué son chemin, ce sont des heures d’errances dans la fange et les odeurs fétides qui l’auraient attendu. A certains endroits, elle couvrait son visage avec une large écharpe pour tenter de masquer les vapeurs puantes qui sortaient de vieilles canalisations.
Au fond d’un cul de sac, elle se faufila dans une mince ouverture à peine visible à l’œil nu. Son don de nyctalope lui permettait de s’orienter facilement dans les galeries sombres et mal éclairées, quand ces dernières étaient équipées d’un éclairage. La fissure empestait l’humidité et les champignons. Elle était si fine que la jeune femme du avancé en crabe, la glacière devant elle. Le passage semblait naturel, ouvert par l’éclatement de la roche. A bout d’une cinquantaine de mètre, une mince lumière tamisée signalait la fin de la mince faille. Au niveau d’un mur en béton massif, elle dégagea le rideau noir qui servait de porte d’entrée à une cache d’une soixantaine de mètre carré. La pièce ressemblait à un ancien abri atomique, avec d’épais mur doublé d’une couche de plomb. La porte blindée principale avait été défoncée, le couloir d’accès comblé avec des gravas.

Quand Novgorod pénétra dans la salle, quatre jeunes femmes la regardèrent. Des expressions de soulagement et de satisfactions se dessinèrent sur leurs traits encore quelques peu enfantins. Deux d’entre elles jouaient à un jeu d’échec, sur une table basse qui n’était rien d’autre qu’une cagette posée sur le flan, avec des pièces faites de divers objets de récupération. La première semblait avoir moins d’une vingtaine d’année, les cheveux clairs nattés et des yeux sombres. Ses vêtements trop grand pour elle la grossissaient et lui donnait une allure hommasse. La seconde joueuse, plus féminine, avait relevé ses boucles brunes en un chignon dont de nombreuses mèches rebelles s’échappaient. Ses fins yeux très sombres lui donnait un air sérieux et sur d’elle. Une troisième demoiselle, perchée sur un lit superposé de fortune, avait une forte carrure en comparaison de ces camarades, mais elle ne pouvait rivaliser avec Novgorod. Sa coupe au carré noire cachait des yeux comme bloqué sur une expression de colère. Avec son débardeur et son baggy, elle aurait pu être comparée à une boxeuse. Enfin, la dernière, assise dans un vieux fauteuil délabré, lisait un livre. Elle repoussa de sa main ses longs cheveux châtains foncés derrière ses oreilles. Posant son ouvrage sur un accoudoir.
Novgorod poussa un petit soupir de soulagement. Elle était heureuse d’être enfin arrivé au bercail. Elle était aussi soulagée de voir que toutes ses petites protégées n’aient pas quitté le refuge. Venceslava, outre son aspect de boxeuse, avait un caractère de cochon. Elle supportait assez mal de rester aussi souvent enfermée dans le bunker. Sa nouvelle condition ne la dérangeait pas, l’enfermement lui faisait plus de mal. Nova et elle entraient régulièrement en conflit. Outre les problèmes liés à son enfermement, Vens voulait continuer de vivre une vie de jeune fille de son âge, c’est-à-dire sortir, draguer et boire. Heureusement, Anna, la plus calme, et peut-être la plus résigner à son sort, tentait quotidiennement de désamorcer les conflits.
L’ancien agent des Yggardiens posa, délicatement, sa glacière sur une table maintenue par un vieux tréteau rouillé. Les quatre jeunes femmes se rassemblèrent autour d’elle, un air avide dans le regard, un regard affamé. Du contenant, Nova sortit de petits sacs congélateurs, noués, remplis d’une substance rouge maronnasse. Elle en donna un à chacune de ses protégées.
« _Voila le ravitaillement. Il y a du bœuf et du mouton. Bonne appétit. »
Selon le tempérament de chacune, elles reversèrent le contenu dans un récipient secondaire ou se saisirent d’une paille pour boire directement dans le sac.
Jitka et Palva, les deux joueuses d’échec prirent leurs tabourets pour se rassembler avec Anna qui avait reprit sa place dans son fauteuil miteux. Venceslava s’était assise à même le sol avec ses amies.
« _Vous ne mangez pas avec nous Nova ? » demanda Palva la petite garçonne dans ses larges vêtements.
« _Non. J’ai déjà mangé. Il faut que je m’occupe de Zophie. »
« _Il va bien falloir qu’elle s’y fasse. » pesta entre ses dents Vens.
Novgorod ne releva pas la remarque de la forte tête. Tirant un des petits sacs de la glacière, elle se dirigea vers un lit dissimulé par de longs morceaux de tissu accroché au plafond. Ecartant les misérables baldaquins, Nova fit apparaitre une autre jeune demoiselle. Tournée contre le mur, ses longs cheveux ébène serpentaient le long de son dos. Recoquillée sur elle-même, emmitouflée dans ses couvertures, Zophie, la dernière jeune femme que Novgorod avait recueillit n’avait presque pas bougé de sa tanière. Accablée par ce qu’elle était devenue, Zophie n’acceptait pas son nouveau régime alimentaire. Horrifiée et perdue, elle ne savait plus quoi faire de sa vie…ou plutôt de son existence. L’idée de vivre dans cet état la répugnait, mais elle craignait de mourir car cela allait à l’encontre de ses croyances catholiques. Malgré tout ce qu’avait pu lui dire Novgorod, Zophie ne parvenait pas à s’accepter. La russe s’inquiétait pour sa protégée, cela lui faisait du mal de la voir plongée dans une profonde dépression. En plus de cela, l’idée qu’elle ne pourrait revoir sa famille ne faisait d’empirer sa tristesse.
Assisse au coin du lit, Nova secoua doucement Zophie pour la réveiller. Sortie de son sommeil, elle tourna ses yeux bleus, embués comme toujours, vers ceux verts de sa protectrice. Le sourire tendre et plein de compassion de Novgorod fit écho sur le visage de la dépressive pendant un fragment de seconde. Mais cette petite illumination disparue bien vite quand Zophie aperçut le petit sac.
« _Non. Je ne veux pas de ça. » Susurrât-elle.
« _ Allons, allons. Il faut que tu manges. Tu es à bout de force. Te laisser mourir de faim de réglera pas la situation. Je peux de l’assurer. » répondit doucement Nova.
Après quelques pourparlers, Zophie se releva doucement dans son lit. Cependant, elle ne pouvait pas concevoir d’absorber le breuvage directement dans le sac. Sans qu’on lui demande quoi que ce soit, Anna, dans sa gentillesse naturelle, apporta un bol propre. Novgorod versa le contenu rougeâtre dans le récipient puis le tendit à sa petite protégée. Anna se posa à ses côtés, la soutenant d’un regard tendre. Zophie du s’y reprendre à plusieurs reprises pour avaler quelques gorgées. Elle ne pu finir sa portion.
« _Pff, encore du sang de perdu ! » pesta une nouvelle fois Venceslava. « Bon sang Zophie, tu pourrais faire un effort ! C’est déjà assez dur comme ça sans que tu fasses ta mijaurée ! T’es un vampire maintenant il va falloir t’y faire ! Y a pas grande différence avec de la viande crue !»
La jeune dépressive éclata en sanglot. Les paroles de Vens étaient d’une grande brutalité. Heureusement, Anna le prit dans ses bras pour la consoler. Palva et Jitka prirent position pour Zophie. La brutaliser ainsi ne servait à rien.
« _Ce n’est pas grave pour le sang. Je vais le remettre dans le sac. Dans le frigo, il devrait pouvoir se conserver encore quelques jours sans problèmes. »
« _Vous feriez mieux de lui secouer les puces plutôt que la pouponner ainsi ! Il faudrait aussi savoir ce qu’elle veut ! Vivre ou mourir ? »
Une nouvelle fois, Novgorod et Venceslava allaient s’affronter.
« _Suffit ! La discussion est close. »
Vens poussa un soupir d’exaspération en levant les bras au ciel. Elle trouvait sa protectrice bien trop gentille. De plus, l’enfermement qu’elle subissait déteignait de plus en plus sur son comportement . Elle avait du mal à saisir pourquoi elle et ses amies d’infortunes ne pouvaient quitter le bunker pour le moment. Après tout, hormis Zophie, les quatre jeunes femmes étaient tout à fait aptes à sortir une fois la nuit venue. Si Novgorod voulait continuer de les alimenter par le sang qu’elle leur fournissant, Venceslava n’y voyait aucun inconvénient. Une fois rassasié, il n’y avait que peu de différence entre des humains et des vampires. Alors pourquoi ne pourraient-elles pas sortir dans les bars, en boite, aller au cinéma…Vens avait bien l’intention de remettre ça sur le tapis. Mais pour cela, elle préférait attendre un peu que Novgorod se calme. Il était vain de vouloir obtenir quelque chose de quelqu’un qui vous a dans le nez.

Quelques heures après le repas, la tension qui régnait dans l’abri s’était dissipé. Les occupations étaient très limitées dans le petit bunker. Cela expliquait aussi la volonté des filles, et en particulier de Vens, de sortir.
Allongée sur son lit, Novgorod était pensive. Sa longue existence l’avait habitué à ces périodes de méditation. Parfois, quand elle était isolée, elle pouvait se mettre dans un état proche de la mort pendant un ou deux jours. Cela était une manière comme une autre de passer le temps et de lutter contre l’ennuie. Mais aujourd’hui, elle repensait à la manière dont elle avait du fuir les Yggardiens. Si elle avait pu seulement s’imaginer, qu’un jour, que quelqu’un allait venir crier vengeance pour la mort du capitaine Skallagrimsson, jamais elle ne serait revenue dans l’organisation. De fil en aiguille, elle s’en voulait d’avoir céder aux propositions d’Eustache. Immortel, les choses n’auraient pas pu se passer autrement. Bien sur, son cher Izzy aurait pu, aurait du, mourir de vieillesse, ou suite à sa maladie. Mais assassiné…ses pires idées n’étaient pas allées jusque là.
Des larmes lui montèrent aux yeux. Pour les cacher à ses protégées, et pour ne pas les affolées, elle se tourna contre le mur de béton. Cette petite crisse passa assez vite.
Brisant le calme et le silence, Venceslava, pour la énième fois, relança le sujet des sorties nocturnes.
« _Novgorod, quand est-ce qu’on pourra mettre le nez dehors un jour ? » l’agressa directement la jeune vampire à fort caractère.
Jitka et Palva stoppèrent leur partie d’échec et Anna leva les yeux de son livre. Si ces trois dernières étaient plus résignées que leur camarade, l’idée d’une excursion à l’air libre n’était pour leur déplaire. Elles ne pouvaient passer leurs temps à lire et à faire des parties d’échecs.
Se redressant dans un soupir, Novgorod fut parcouru par une violente envie de mettre l’agitateur dehors. Mais la lâcher ainsi dans la nature, c’était la mettre en danger, voire l’envoyer à la mort.
« _Un jour oui. Je crois l’avoir suffisamment dis. Cependant, il est trop dangereux pour vous de sortir.
_Dangereux, dangereux ! Vous ne cessez de nous répéter ce mot ! Mais jamais, ô combien jamais vous ne nous avez dit pourquoi ! »
Avec les pensées noires qu’elle avait eues, Novgorod était d’humeur plutôt mauvaise. La conversation n’allait pas arranger les choses de ce point de vu là.
« _C’est dangereux par ce que vous êtes toutes mortes il y a seulement quelques mois. Vous pourriez croiser d’anciens amis, des membres de vos familles. Comment comptez-vous faire pour leur expliquer que vous n’êtes plus dans votre cercueil ? Et les arguments à deux roubles comme ha mais je nierai, je ferais comme si je ne les connaissais pas vous pouvez les oublier directement. Je ne pense pas que vous puissiez rester stoïques devant votre mère en pleurs ! »
_Qu’est ce que vous savez ! Nous ne sommes pas toutes des larves comme Zophie ! »
Les dires de Vens irritèrent ses compagnes qui n’aimaient pas du tout qu’elle s’en prenne à cette pauvre malheureuse. Novgorod eu un regard exaspérée envers Venceslava.
« _Vens, j’ai plus de 300 ans. Et je puis t’assurer que tu n’as pas le moral pour supporter une telle épreuve.
_Vous nous dites de ne pas vous donner de faux arguments, mais vous, vous faites pareils ! Prague est grand ! Nous connaissons toutes les habitudes de nos familles ou amis. Il nous serait facile de les éviter. »
Novgorod sentit que Venceslava avait mis le doigt sur certaines failles de son argumentation.
« _Oui, c’est vous pourriez probablement réussir à éviter vos connaissances. Mais il y a tellement d’autres facteurs. » soupira la russe sans grande conviction. Elle hésitait à leur parler des Yggardiens, la vraie raison qui la poussait à les garder dans l’ancien abri antiatomique.
_Et quels sont-ils ? Dites les donc nous ! insista la révoltée.
«_Je suis d’accord avec Vens. » fit remarquer Jitka. « Je ne doute pas que ce soit pour notre bien que vous nous demandez de rester ici. Mais cela est usant. Et avec Palva, nous sommes fatiguées de nos parties d’échecs. Vous, vous sortez bien. Vous pourriez en prendre une avec vous de temps en temps. »
Novgorod trouva la remarque pertinente. Il y avait seulement un écueil. Elle ne sortait pas forcement pendant la nuit car elle pouvait se déplacer au grand jour. Sa condition de vampire n’était pas complètement avérée. Or, pour mettre les jeunes filles en confiance, elle n’avait pas hésité à leur dire qu’elles étaient semblables. Avouez qu’elle leur avait menti revenait à les trahir. Car si elle était une vampire, Novgorod était tout à fait apte à comprendre les souffrances de ces jeunes femmes. Mais si elle ne l’était pas…
Novgorod du donc se résigner à leur dire la vérité. Elle poussa un long soupire. Toutes ses petites protégées la regardaient attentivement. Elles espéraient beaucoup de l’idée de Jitka.
« _Très bien. Je vais vous expliquer pourquoi je ne veux pas que vous quittiez ce bunker. Il y a deux raisons à cela. La première est que celui, ou ceux, qui ont fait de vous des vampires sont encore dans la nature. Il risque d’ailleurs de faire d’autre victime. Je sors beaucoup pour tenter de lui mettre la main dessus et faire cessez ces agissements.
_Pourquoi ne pas nous emmener avec vous dans ce cas là ? demanda la petite Palva. «Vos recherches seraient bien plus efficaces si nous sommes cinq. »
_Oui, j’en suis parfaitement consciente. D’abords, il faut qu’il y ait toujours quelqu’un pour veiller sur Zophie tant qu’elle est dans cet état. Ensuite, c’est justement parce que je cours après ce, ou ces, vampires que je ne peux pas vous prendre avec moi. Il faut que vous sachiez qu’en ce monde, nous ne sommes pas les seules créatures de légende. Les loups-garous, il existe aussi ; des elfes, il y en a caché dans certains lieux ; les dieux de diverses mythologies vivent également parmi les humains.
« _Vous êtes en train de nous dire que les monstres de nos contes existent ? s’étonna Anna.
_Oui, c’est bien cela. Il n’y a pas encore si longtemps, je vivais en compagnie d’un dieu, d’un lion-garou et d’un oracle. Mais le débat n’est pas là. Comme vous pouvez en douter, la cohabitation entre humains et créatures de légende ne s’est pas toujours bien passé. Les hommes ont alors créé une organisation appelée les Yggardiens. Cette organisation fait en sorte que les créatures de légende ne perturbent pas la vie des humains. Alors quand un vampire sème la mort derrière lui, les Yggardiens tentent toujours de l’arrêter. Et c’est cela qui vous m’êtes en danger.
_Je ne comprends pas, fit remarquer Vens qui avait été étrangement calme. « Nous ne tuons personne, alors pourquoi ces Ymachins viendraient s’en prendre à nous ? »
Novgorod poussa un soupir.
« _La politique des Yggardiens vis-à-vis des créatures de légende dépend principalement d’un homme que l’on nomme couramment l’encyclopédie du fantastique. Il y a quelques mois, vous n’auriez eu aucuns soucis à vous faire. Malheureusement, les choses ont changé. Celui qui tient ce poste actuellement n’apprécie guère les créatures de légende et encore moins les vampires.
_Et alors ? Nous ne sommes en rien responsables de notre sort ! Et puis nous ne voulons pas, enfin nous…je parle pour moi mais je pense que mes camarades sont de mon avis, tuer d’humains, même pour nous nourrir. Nous n’avons pas choisi ce mode alimentaire.
_Je le sais très bien Vens. Malheureusement, cet homme haïe viscéralement les vampires ! Pour lui, nous sommes des parasites ! Dès qu’il aura mis la main sur celui qui sème le trouble dans Prague, il s’en prendra à vous s’il apprend votre existence. Et je suis sur qu’il l’apprendra. Il suffit de faire vérifier vos tombes pour cela. J’espère que vous comprenez maintenant pourquoi je ne veux pas que vous sortiez tant que votre agresseur ne sera pas hors d’état de nuire. Je vous assure que je fais mon possible pour l’arrêter. »
Vens semblait encore septique mais l’explication de Novgorod avait fait son effet. Cependant, certains détails titillaient les esprits des jeunes filles.
« _Excusez moi Novgorod, dit Anna, « mais vous semblez savoir beaucoup de chose sur ses Yggardiens… »
L’intéressée sourit dans un soupir.
« _Pendant un certain nombre d’année, j’ai travaillé pour eux. » La stupeur fut générale dans la salle, « Mais à cette époque, l’encyclopédie du fantastique était un homme bien. Son remplaçant ne l’est malheureusement pas. » soupira-t-elle.
_Pourquoi n’est vous plus membres de cette organisation ? Par ce que le type dont vous parlez vous foutu dehors ? interrogea Vens.
_C’est à peu près cela. C’est moi qui, pour un certain temps, devait prendre la place d’encyclopédie du fantastique. Le conseil d’administration des Yggardiens ne le voyait pas de cette manière. Thorsson, le charmant personnage dont je vous parle depuis le début, a fait des pieds et des mains pour me mettre à la porte et prendre ma place. Et s’il avait pu, il m’aurait fait réduire en cendre. »
Le visage de Novgorod s’assombrit. Toutes les jeunes filles le remarquèrent. Leur protectrice leur cachait quelque chose. Malgré son caractère de cochon, Venceslava n’osait pas lui poser la question qui lui chatouillait les lèvres : pourquoi cet homme paraissait la haïr ainsi.
« _Pourquoi déteste-t-il autant les vampires ? » finit par demander Anna, en faisait exprès de rester vague dans sa question mais qui attendait une réponse précise.
« _Cet homme déteste les vampires… Nova soupira « …parce qu’il y a plus de trente ans, j’ai tué son père, le capitaine Skallagrimsson… »
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptyVen 18 Mar - 13:10

Chap. 01-2


De puissants coups résonnaient sur la porte de la chambre à coucher de Kureno.
La tête enfouie sous ses cousins, le jeune dieu cervidé avait le cœur qui battait la chamade. Il n’y avait rien de plus désagréable que d’être sorti de ses rêves par un bruit sourd et violent. A l’aide de ses bras, il tenta d’enfoncer les cousins sur ses oreilles, mais ses bois de daim l’en empêchèrent et il n’était pas disposé à effectuer quelques mouvements de gymnastiques. Lassé par le tambourinement sur sa porte, Kureno finit par émettre une sorte de brame, signalant ainsi qu’il était bel et bien réveillé. Le silence revint.
Du calme ! Pourquoi fallait-il que chaque matin ce merdeux de Lappon confonde la porte de sa chambre avec un tambour ?
Kureno mit bien cinq bonnes minutes avant d’émerger. Il chercha son réveil de la main pour savoir l’heure qu’il était. Il tâtonna un long moment avant de taper sur l’appareil. Huit heures. Le jeune dieu poussa un long soupire. Pourquoi se lever aussitôt ? Jamais son père n’avait exigé de lui qu’il se lève de si bonne heure, sauf cas exceptionnel. Mais depuis que c’était Reinhart Thorsson qui avait pris la tête de l’enclave islandaise des Yggardiens et la place d’Encyclopédie du fantastique, cet affreux personnage ne laissait pas une seule minute de répit à Kureno. Et ce dossier à faire, et ce rapport à finir, et ce livre à étudier...Quelle plaie ce type ! Comme si cela ne suffisait pas, il était responsable du départ - de la fuite conviendrait mieux – de Novgorod. Certes, elle était chiante, Kureno n’aurait pas dis le contraire, mais elle était gentille et son père, le professeur Eustache Salisbury, lui faisait confiance. C’était elle qui aurait du prendre la relève, elle qui aurait du lui enseigner la connaissance des créatures légendaires qui peuplaient ce monde. Thorsson détestait tout ce qui n’était pas humain et dont la dangerosité n’était plus à prouver. De plus, il haïssait les vampires et Novgorod. Il les appelait les nuisibles. Mais pour le jeune dieu, le vrai nuisible, c’était Thorsson. Pour couronner le tout, il ne cessait de dire du mal du professeur. Il critiquait son « idéalisme » à vouloir faire cohabiter humains et êtres de légende.
Son père. Ce qu’il pouvait lui manquer. Bien que plusieurs longs mois se soient écoulés depuis sa mort, Kureno ne s’était pas encore complètement remis de sa disparition. Souvent, le soir, avant de s’endormir, il versait quelques larmes en pensant en lui.
Il fallut encore une bonne dizaine de minute au jeune dieu pour réussir à sortir de son lit. Il dégagea ses couvertures d’un revers de bras. C’est avec quelques difficultés qu’il parvint à rejoindre sa salle de bain car le sol de sa chambre était jonché de livre, de vêtements sales et divers autre objets.
Appuyé contre son lavabo, les yeux encore embrumés, Kureno n’observa un très long moment dans sa glace. Ses cheveux de couleur alezane formaient d’énormes épis. Quand il avait cette tête le matin, son père se moquait souvent de lui en lui demandant s’il était coiffé avec un pétard à mèche. Sa longue moustache nécessitait d’être taillée. Un bon rasage ne serait pas non plus de trop. Ses tâches maronnasses de son visage commençaient à disparaitre sous les poils naissant.
Après une bonne toilette d’une vingtaine de minute, Kureno se contempla une nouvelle fois dans son miroir. Pendant un long moment, il s’observa. Son père lui avant toujours dis que les dieux ne vieillissaient pas à la même vitesse que les humaines. C’est pour cette raison que Kureno avait l’aspect d’un homme d’une trentaine d’année, mais que son esprit était celui d’un adolescent de quinze ans. Cependant, le principale concerné avait beaucoup de mal à se voir physiquement ainsi. Dans sa glace, il voyait un jeune garçon. En dehors de l’enclave, le reste des gens qui ignoraient tout de sa nature réelle le considéraient comme un adulte. Pour son âge mental, le jeune dieu avait le sentiment d’avoir prit un coup de vieux avec la mort de son père. Mettre sa chaine hi-fi à fond, faire de la air-guitare ou encore regarder des magazines classés plus de dix-huit ans ne l’intéressaient plus. En réalité, peu de chose arrivait à titiller son intérêt. La seule chose qui le motivait un peu, c’était la pensée qu’un jour, le titre d’Encyclopédie lui reviendrait et que d’ici là Thorsson serait mort.

Dans la cuisine, une douce odeur de café parfumait la pièce. Au moins quelque chose de plaisant en ce matin. Kureno avait encore les paupières lourdes quand il pénétra dans la pièce. Le sentiment de plaisir dû au parfum de la caféine ne dura pas longtemps quand il vit que Thorsson et Lappon déjeunaient tout deux. Sur le coup, le jeune dieu ne put savoir si sa colère se tournait vers le merdeux cornu ou vers le remplaçant de son père.
Lappon, avec ses airs calmes, pour ne pas dire flegmatique, buvait son thé vert. Comme Kureno, Lappon était un dieu cervidé, mais de type renne. Sa nature de dieu lui imposait un régime alimentaire végétarien, avec une préférence pour les plantes vertes. La ramure marron-grisâtes qui ornaient la tête brune était jeune, chaque bois présentant seulement deux embranchement. Ses yeux noirs regardèrent le lève-tard sans la moindre trace d’expression. Kureno se demandait si ce manque d’expressivité venait de sa personnalité ou de son manque de sourcils. L’absence de ces quelques poils était du à une large bande noire, en poils, commençant sous ses yeux et se terminant à mis front, et s’étirant entre ses deux oreilles de rennes. Cette particularité renforçait la blancheur du visage de ce dernier.
Le costume traditionnel saami* que portait Lappon contrastait avec l’allure de policier de série TV de Thorsson.
Avec sa chemise blanche, son pantalon marron et son arme sous l’aisselle, Reinhart Thorsson dégustait un café noir – très noir, trop noir – les deux coudes sur la table. Quand il vit le jeune dieu arrivé dans la pièce, il baissa ses lunettes à verres teintés, qui semblaient constamment collées sur son nez, pour l’examiné de pied en cape.
« _Bien jeune homme. Si la ponctualité n’est pas encore votre fort, je constate que vous faites des progrès dans votre tenue vestimentaires. » lui fit remarqué l’islandais en repoussant une de ses mèches châtains derrières son oreille gauche.
Kureno ne lui répondit pas. Avec cet homme, il avait appris à se taire. Cependant, il aurait adoré lui dire qu’il serait peut-être temps de rafraichir sa moustache et sa barbiche. Cela lui donnait un petit air dépressif et négligé.
Le jeune dieu s’habillait un peu mieux qu’auparavant, effectivement. Quand il n’allait pas sur le terrain -d’ailleurs il n’était pas sorti depuis longtemps- le jeune dieu mettait un moins une chemise.
Ne souhaitant pas de confrontation verbale, même si cela le démangeait, Kureno s’installa comme si de rien n’était. Il jeta un regard noir à Lappon qui déjeunait calmement.
« _Aujourd’hui, traduction de textes anciens pour parfaire votre latin et votre vieux narrois. Cet après-midi, entrainement physique. Cela vous convient-il ? » lui demanda Thorsson.
« _Ho, oui, très bien. » répondit Kureno avec un faux entrain.
L’encyclopédie du légendaire roula des yeux. Son jeune apprenti n’était malheureusement pas des plus motivé, ni même très assidu. S’il avait pu, il se serait bien passé de le former, mais le Conseil Général des Yggardiens l’avait exigé.
En buvant son café au lait, Kureno fut empli par un sentiment de nostalgie. Même en présence de Novgorod, jamais les petits déjeunés n’avaient été aussi peu conviviaux. Si son père et elle plombaient souvent l’ambiance en se chamaillant, Dajan et Claude Rat, le médecin, parvenaient toujours à rendre ces moments agréables. A cette pensée, il se mit presque à prier pour que Dajan, son ami thérianthrope revienne vite. Kureno avait du mal à comprendre pourquoi le capitaine Brynhildur Indriðason et ce dernier avaient choisi cette période pour partir en voyage, en amoureux….
Avant de rejoindre la bibliothèque, Kureno retourna dans sa chambre, ou son taudis selon les personnes, pour y chercher de quoi étudier. Quand il entra dans la pièce, son nez cassé fut assailli par les odeurs de renfermés et de linges sales. Le jeune homme comprit alors pourquoi son père le disputait si souvent. De plus, si chaque objets qui se trouvaient sur le sol avaient été des mines anti-personnel, jamais il n’aurait pu atteindre sa fenêtre. Il ramassa un maximum de linge qu’il entassa dans un coin, sa corbeille de linge sale débordait. Quand il poussa les volets, un grand courant d’air pénétra dans la chambre, soufflant le visage du jeune dieu. Le froid le revigora. Il contempla la lande enneigé. Le temps où il faisait des bonhommes de neige avec son père lui semblait si lointain.
Kureno ne s’attarda pas trop dans ses pensées, Thorsson lui ferait payer au centuple chaque minute de retard.
En refermant les vitres, le jeune dieu cru apercevoir quelques choses dans le reflet. Il n’eu pas le temps de bien voir, mais il lui sembla qu’une petite forme blanchâtre l’espionnait depuis l’encadrement de la porte de la chambre. Mais quand il se retourna, il ne vit rien.



*Les Saami sont une population vivant en Laponie.

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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptyVen 25 Mar - 17:01

Chap.01-3

Depuis quelques jours, Dajan, le thérianthrope lion, et le capitaine Brynhildur Indriðason* logeaient chez une collègue de cette dernière, le capitaine Monnier, Gwen de son prénom. Les deux femmes s’étaient liées d’une amitié profonde depuis leur rencontre à Rennes quand un « vampire » semait le trouble dans l’ouest de la France.
Isolés dans la petite maison de la française, les trois camarades s’étaient réunis de manière plutôt secrète sous prétexte de vacances. Dajan et Brynhildur avaient feint d’être en couple pour obtenir de leur nouveau chef une permission pour partager du temps ensemble dans un cadre plus intime. Cependant, il n’en était rien. Les deux agents des Yggardiens n’avaient pas accepté le départ de Novgorod, ni la volonté de Thorsson de lui mettre la main dessus dans le but de l’enfermer pour le meurtre de son père, le capitaine Skallagrimsson. Ils voulaient donc trouver la jeune femme avant leur chef dans le but de la mettre en sécurité.
Avec la mort du professeur Eustache, les choses avaient bien changé au sein des Yggardiens. La politique que Thorsson était bien différente de celle de son prédécesseur, surtout plus agressive et moins tolérante. Cela convenait très bien au chef de l’enclave française, Mr Le Corse. Ce dernier n’aimait pas les créatures de légendes, les faires abattre l’arrangeait bien. Les petites missions, comme enquêter sur la disparition du petit homme des Tuileries, avaient été mis en suspend.
Installé tranquillement dans le salon de Monnier, avec un bon thé parfumé aux coquelicots, le petit groupe étudiait avec attention une immense carte de l’Europe. Ils cherchaient à mettre en évidence les éventuels parcours et lieu d’arrivé de Novgorod. Des pions issus du jeu de petit chevaux représentait Novgorod en vert et ses anciens collègues en jaune. Perché sur un promontoire que la française avait acheté à son attention, le Dûphon des Hautes-Alpes, sous une forme de grand-duc, écoutait attentivement ce qui se disait. Bien que son tempérament de guerrier lui avait jusqu’à présent interdit de vivre comme animal domestique chez les humains, le changement radical des Yggardiens l’avait poussé à changer momentanément de comportement. L’assassinat du professeur ne l’avait pas laissé indifférent, il criait intérieurement vengeance.
Dajan, qui connaissaient bien mieux la semi-vampire, que ses deux camarades, émettait le plus d’hypothèses.
« _Je pense que Novgorod va chercher à rejoindre sa ville natale, Ninji Novgorod, anciennement Gorki. »
« _Qu’est ce qui te fais penser cela ? » demanda le capitaine Indriðason en repoussant quelques unes de ses mèches blondes rebelles derrières ses oreilles.
« _C’est là-bas qu’elle a toujours vécu. Il est aussi fort possible que c’est dans cette ville qu’elle a vu le jour. A mon humble avis, Nova poursuit deux buts. Le premier est de mettre en lumière ses origines. Avant qu’elle ne parte, elle m’avait confié que son hybridation la perturbait beaucoup. Ensuite, je pense qu’elle cherchera à se venger de celui qui à tuer le professeur Eustache. Elle n’est pas idiote. Elle doit avoir conscience que sans les bases de données et les informations des Yggardiens, elle ne pourra pas retrouver cet assassin. Cependant, si elle survit assez longtemps, c'est-à-dire jusqu'à ce que Kureno prenne la succession de son père, elle pourra aboutir à ses fins. Je pense alors qu’elle va essayer de se cacher, ou de disparaitre, le temps qu’il faut. »
« _Connaitre la destination de votre amie est une chose, savoir où elle se trouve en est une autre. Elle peut se trouver n’importe où entre l’Europe et l’Asie ! C’est chercher une aiguille dans une botte de foin ! » soupira Gwen.
« _Je suis persuadée qu’elle se trouve en Europe, probablement dans un des anciens pays de l’Est et/ou de l’U.R.S.S. » fit remarqué Brynhildur. « Mais ce n’est pas la retrouver qui me cause du souci, c’est Thorsson. Lui aussi veut mettre la main sur Nova mais pour des raisons bien moins honorables que les notre. Il a accès à tout un tas de réseaux et donc, probablement, une avance considérable sur nous. »
« _Ce ne sont que des suppositions ! Je ne comprends pas comment vous pouvez pensez une minute que vous parviendrez à la retrouver ! C’est impossible ! Dois-je aussi vous rappeler que les enclaves ont reçues des ordres : neutraliser Novgorod dès qu’elle est repérée. Ils la cherchent ! » continua Gwen.
La française avait assez de mal à suivre le résonnement de ses amis. Certes, elle approuvait leur volonté de soustraire Novgorod des griffes de Thorsson, mais comment chercher une aiguille dans une botte de foin, surtout quand la dite botte est grande comme l’Europe. La conversation monta d’un ton. Dajan et Brynhildur soutenant leur projet bec et ongle tandis que Gwen tentait de les en dissuader. Cela ne pouvant que les mener vers l’exclusion des Yggardiens, et vers une plus grande mise en danger de la vie de Novgorod. La française fit intelligemment remarqué que si leur amie était prise, ils l’apprendraient rapidement. Ils pourraient alors plus facilement intervenir pour la protéger et pour la mettre en sécurité. Bien que pertinente, Dajan fit remarqué que Thorsson la voulait plus morte que vivante. Le thérianthrope avait bien sentit que cet homme haïssait les créatures de légende.
La discutions dériva vers la nouvelle organisation des Yggardiens et de sa politique vis-à-vis des créatures.
Lassé par ces débats sans fin et sans intérêt à ses yeux, le Dûphon interrompit les trois amis. Le grand-duc, de part sa nature de guerrier, n’aimait pas tergiverser. De plus, il ne se sentait pas tellement concerner par les divers problèmes internes des Yggardiens. Il voyait plus d’intérêt à mettre la main, ou plutôt ses griffes, sur la vampire pour ensuite tenter de fondre sur celui qui avait tué le professeur Eustache.
« _Cessez donc de parler pour ne rien dire ! » s’offusqua le volatil. « Vous, les humains, ne pensez qu’en terme de technologie, nous les animaux concevons les choses toutes autrement. »
« _Dis donc le piaf, » s’offusqua Dajan dont la condition de thérianhrope lui permettait de se transformer en lion, « dois-je te rappeler que je suis pas humain ! »
« _Le piaf ? Un peu de respect monseigneur ! Je pourrais vous volez dans les plumes si rapidement que vous ne pourriez pas vous en rendre compte ! De plus, vous êtes plus proche des hommes que des animaux ! Cet affront devra être réparé ! Mais pour le moment, nous a avons bien mieux à faire. Vous ne savez pas comment retrouver Novgorod ? Moi je sais comment y parvenir. Les hiboux et les chouettes sont présents partout en Europe, aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Il m’est facile de mobiliser l’ensemble de cette population avec pour ordre de mission de retrouver une cible. »



*a prononcé Indradason
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptyVen 1 Avr - 17:56

Chap.02-1

Les gens ne s’en rendent probablement pas compte car ils vivent constamment à la surface, mais sous terre il fait relativement chaud. Le bunker où vivait Novgorod et ses protégées jouissait d’une bonne température. Un conduit d’eau chaude passait dans le refuge produisant une douce chaleur.
Dehors, dans les rues de Prague, l’hiver était rude. Une épaisse couche de neige recouvrait la capitale de République Tchèque, perturbant les transports en commun. Un épouvantable vent glacial poussait les praguois à rester chez eux ou dans des lieux chauds.
Sa chapka, ornée d’un marteau et d’une faucille, profondément enfoncée sur sa tête, un épais manteau avec un col en fausse-fourrure sur le dos, Novgorod parcourait les quartiers de la ville à la recherche d’indice sur le vampire-tueur. Ce dernier avait fait une nouvelle victime. Le journal du matin avait titré sur cet événement. Heureusement, le quotidien parlait uniquement de meurtre sanglant. D’un côté, la jeune femme trouvait étrange que les journalistes ne prennent pas un malin plaisir à parler de vampire, comme dans le cas du vampire de Dusseldorf ; de l’autre cela la rassurait. Mais quoi qu’il en soit, elle était persuadée que les Yggardiens devaient également être sur l’affaire. Une douzaine de jeunes femmes, dont au moins une mineure, avait déjà péri à cause de cette créature infernale. Parmi elles, cinq étaient devenues vampires. Une moyenne bien anormale…Mais la police n’avait absolument aucun indice. Si le mode opératoire du tueur avait bien été identifié, personne ne parvenait à en savoir plus. Le dernier meurtre n’avait pas livré plus d’information que les derniers, bien qu’il ait été commis dans la neige.
Novgorod arpentait les quartiers très fréquentés par les jeunes, ainsi que les cimetières. Dans les bars ou autres boites, elle se faisait passer pour une journaliste. Malheureusement, les barmans ou autres vigiles n’étaient pas très bavards, sans compter que la police avait déjà interrogé de nombreux responsables d’établissement. Venceslava avait été attaqué à la sortie d’une boite de nuit, mais elle était bien la seule. Anna mourut en sortant de la bibliothèque universitaire, Zophie après une sortie cinéma, Jutka d’un tournoi local d’échec et Palva en rentrant d’un match de hockey. Novgorod ignorait touts des circonstances des décès des autres victimes. Son expérience lui disait cependant qu’il était assez illusoire de vouloir connaitre les stratégies de chasse d’un vampire. Cet être pouvait très bien vivre normalement et attaquer la première demoiselle qu’il voyait, ou bien faire en sorte de choisir des victimes dans des lieux différents pour ne pas être repérer, ou encore tuer pour son plaisir personnel. La psychologie des vampires est quelque chose de dure à appréhender. Le professeur Eustache mettant ses difficultés sur le fait qu’un vampire pouvait obéir à des lois morales humaines ou bien laisser son instinct animal s’exprimer.

Cela faisait plusieurs heures que Novgorod arpentait Prague quand elle eut la désagréable sensation d’être épier. Ce sentiment de malaise s’accentua dans le quartier de Josefov. Malgré ses efforts, elle ne put voir celui ou celle qui provoquait sa méfiance. Elle finit par atterrir dans le cimetière juif. A plusieurs reprises, Nova avait arpenté ce lieu calme et serein. Mais le nombre important de pierre tombale empêchait une inspection minutieuse. C’est pour cette raison qu’elle se décida à l’inspecter de nouveau. La neige grinçait sous chacun de ses pas. Les seules couleurs que l’on distinguait étaient le blanc, le gris et le noir. Parfois, des taches de vert, du aux différentes mousses, égaillaient ce triste décors. Quand elle fut au centre de la nécropole morte, elle se sentit moins oppressé, comme si celui-ci la perturbait ne l’avait pas suivit dans ce lieu dit consacré.
Personne n’était dans le cimetière, les traces au sol, peu à peu recouvert par les flocons de neige, indiquait que les derniers visiteurs avaient quitté les lieux depuis bien longtemps. Constatant cela, elle grimpa à un arbre pour tenter de dénicher celui qui la suivait. Malheureusement, malgré sa très bonne vue, elle ne vit rien.
La sensation d’être observé disparut peu après qu’elle est quittée le cimetière.
Cet épisode étrange la laissa soucieuse. Qui avait bien pu la filer ainsi sans qu’elle ne parvienne à le remarquer. Sa plus grande crainte fut que ce soit un agent des Yggardiens qui l’ait repéré. Si c’était le cas, ses filles seraient en grave danger. Elle ignorait tout de la nouvelle politique de Thorsson, mais elle savait au moins qu’il ne ferait pas de cadeau aux vampires. Cette hypothèse lui paraissait peu probable, mais elle ne l’excluait pas. Il lui était aussi venue à l’esprit que c’était le vampire qu’elle recherchait qui aurait pu la remarquer. Cette possibilité l’inquiétait également, mais ne la préoccupait pas comme les Yggardiens. Car quand bien même le vampire parvenait à la suivre dans les égouts jusqu’au bunker, il ne pourrait pas entrer sans que Novgorod le l’y invite. Une dernière possibilité s’offrait à ses réflexions : que quelqu’un qu’elle ne pouvait identifier et pour des raisons qui lui était étrangères la suive.

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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptyVen 8 Avr - 17:56

Chap. 02-2


Crochet du droit, coup de pied à l’estomac et puis finir uppercut. Tapis.
Kureno avait toujours « adoré » les séances d’entrainement au combat avec Lapon. Ce dernier, sous ses airs flegmatique, possédait une force et une rapidité incroyable. C’était un redoutable adversaire. Pas étonnant que Thorsson se soit lié avec un tel être. Le jeune dieu vint à regretter les racler de Novgorod. En presque une heure d’affrontement, Kureno n’avait pu porter que deux coups à son adversaire. Cette situation ne faisait qu’augmenter la frustration du jeune dieu.
Assis sur une chaise, un livre en vieil islandais dans les mains, Thorsson surveillait d’un œil le combat entre les deux créatures de légendes. Il avait l’impression d’être un pion dans un lycée surveillant des enfants. Le caractère impulsif de Kureno pouvait le pousser à s’en prendre au matériel, ce qu’il avait déjà fait. Les finances de l’enclave, avec les travaux de reconstructions, étaient à la limite du rouge. L’islandais ne pouvait pas permettre que le mobilier soit démoli dans une crise de rage.
L’entrainement avait tourné au pugila où tous les coups possibles et imaginables étaient envoyés. Kureno et Lapon utilisèrent même leurs ramures. Malgré la fatigue, aucuns des deux ne semblaient vouloir stopper l’affrontement. L’orphelin s’effondra le premier, à bout de souffle.
« _Bon, ça suffit les mômes ! Ce n’est pas la peine de vous massacrer. Si une mission nous tombe dessus dans la soirée, vous ne serez pas opérationnel. Allez prendre une douche, ça vous calmera. » Déclara Thorsson de manière nonchalante tout en refermant son livre.
Toujours avec son flegme habituel, Lapon quitta le ring, laissant Kureno ronchonner sur les tatamis.
Le jeune dieu mit une bonne dizaine de minute avait de parvenir à se remettre correctement sur ses pieds. C’est en trainant la patte qu’il retourna dans sa chambre. Il préféra un bon bain à une douche. Il fit couler de l’eau bien chaude pour détendre ses muscles engourdi.
Kureno se faufila comme un serpent dans une montagne de mousse revigorante. Quel bienfait. Les vapeurs parfumées lui faisaient partiellement oublier ses soucis et sa frustration. La sueur de l’effort fut vite remplacer par celle de la chaleur. Aussi stupide que cela puisse paraitre, il avait ainsi la sensation d’évacuer les toxines de ses membres fatigués. Ses yeux clignaient de plus en plus avec l’envie de s’endormir.

Cela faisait plusieurs heures que Kureno se languissait dans sa baignoire quand quelque chose attira son œil. Accroché à l’encadrement de la porte de la salle de bain, une petite créature de couleur blanche l’observait avec appréhension. Elle était bien étrange. On aurait dit un dessin fait aux pinceaux. L’intérieur de ses « formes » était vide, le décors derrière lui était parfaitement visible.
Le jeune dieu se redressa doucement pour ne pas effrayer son petit invité. Mais cela ne fonctionna pas. L’invité blanchâtre s’enfuie.
« _Non attends ! »hurla Kureno en bondissant de son eau.
Il se jeta à la poursuite du petit être qui, déjà, se faufilait hors de la chambre. Le corps mousseux, il glissa et ne parvint pas à saisir une serviette. Sans la moindre pudeur, Kureno continua sa course cul-nu dans les couloirs. Il parvint à le suivre un bon moment jusqu’à ce qu’il percute Thorsson à un angle.
L’islandais fut plus que surprit de voir le jeune dieu ainsi. Ce dernier s’était déjà remis sur pieds. Mais il avait perdu de vue son ami.
« _Bon sang Kureno ! Que faites-vous ainsi dénudé ? »
« _Vous ne l’avez pas vu ? »
« _Vu quoi ? La seule chose que je voie ici, c’est vous ! Et ce n’est pas forcément plaisant ! »
Décontenancé, par sa nudité et la disparition du petit être, Kureno rougit et se sentit idiot. C’est la tête basse, gêné, qu’il retourna dans sa chambre, en prenant soin de cacher ses atouts à l’aide de ses mains.

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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptyVen 15 Avr - 0:20

Chap. 02-3


Après avoir mis au point leur plan pour essayer de retrouver Novgorod, Dajan et Brynhildur avaient quitté le capitaine Gwen Monnier et le Dûphon. Cette dernière devait aussi reprendre le travail. Elle aurait souhaité que ces invités restent encore un peu, profité de sa maison bretonne. Mais les deux Yggardiens islandais ne voulaient pas s’imposer. De plus, ils craignaient qu’un trop long séjour en France n’attire l’attention de Thorsson qui devait les faire surveiller. Ce dernier était prêt à tout pour mettre la main sur Novgorod et la « nettoyer ».
Après avoir prit le Rennes-Paris, ils visitèrent la capitale française. Ils auraient aimé passé plus de temps aux Tuileries pour faire une enquête discrète sur la disparition du Petit Homme Rouge. Mais ils n’eurent pas ce plaisir. De plus ils craignaient d’attirer l’attention de leurs collègues. Monnier avait fais des recherches sans rien trouver d’indices intéressants. Sans compte que Mr Le Corse ne voyait pas d’un bon œil quand ses agents s’amusaient à se « cultiver ». Là seule chose dont elle était sûre, c’est que le petit habitant avait bel et bien disparu sans laisser de trace.

Leur petite escapade parisienne terminée, ils gagnèrent Londres grâce au fabuleux Eurostar. Un voyage sans incident qui, selon certains passagers, était un véritable exploit. Les deux compagnons avaient de nombreuses choses à faire une fois à destinations. Outres les quelques visites qu’ils souhaitaient faire, comme le British Museum, Dajan et Brynhildur avaient l’intention de se rendre, dans le plus grand secret possible, aux locaux de la Société de cryptozoologie de Londres. Si les premiers membres de la société avaient des sortes de chasseurs de dragon un peu illuminés, les nouvelles générations, avec les progrès de la science, se montraient plus pragmatiques. Cependant, cela ne les empêchait de financer de nombreuses missions scientifiques pour rechercher les yétis, les monstres des lacs ou tout autres bêtes de récits populaires.
L’enclave anglaise travaillait souvent avec les directeurs et les plus éminents membres, surtout quand des choses peu ordinaires arrivaient. Il fallait empêcher que des rumeurs trop gênantes ne se rependent. La société avait également une somptueuse bibliothèque horriblement bien fournie. Le professeur Eustache avait, à de nombreuses reprises, vanté les mérites de ce lieu.
Mais aujourd’hui, ce n’était pas pour les livres que Dajan et Brynhildur s’y rendaient, mais pour le petit musée privé. Il regorgeait de merveilles, même si la majorité des pièces étaient des faux fabriqués aux XVIIIè et XIXè siècles. Avec l’essor des sciences, comme la zoologie, la biologie, la paléontologie ou encore l’archéologie, de nombreuses trésors avaient gagné la surface. Mais des personnes, plus préoccupé par la gloire d’une découverte que pour sa portée scientifique, n’avaient pas hésité à créer des fake, comme dirait les anglais. Les cabinets des curiosités avaient aussi permis de grossir les collections, avec ces quantités des « monstres » dans du formole, comme des chiots à deux têtes, des canards à quatre pattes, des veaux à deux arrière-trains. Ces exhibitions pouvaient aller jusqu’au macabre avec des squelettes de bébés humains siamois, ou des mort-nés souffrant de déformations physiques. Il y avait aussi de nombreux assemblages osseux sensé être les restes de dragons ou d’autres chimères. La plus part étaient des faux. Mais le professeur Salisbury, qui avait eu la chance d’avoir accès à ces collections, pensaient que certains de ses remontages étaient des originaux. Malheureusement, pour diverses raisons compréhensibles, la société refusait que les pièces soient sorties pour être examiné. Et aujourd’hui, c’était bien un de ces squelettes que Dajan et Brynhildur souhaitaient voir.
Leurs titres d’Yggardiens allaient leurs permettre d’entrer sans trop de problème au musée de la société. Mais il faudrait plus de persuasions pour convaincre le directeur de les laisser voir ce qu’ils voulaient. Et surtout, il fallait que cette visite ne se sachant pas. Thorsson pourrait trouver cela étrange et lui faire soupçonner quelques manigances.
Comme ils s’y étaient attendus, le directeur, un Lord dont on taira le nom pour sauvegarder son crédit, les accueillit avec plaisir. Cet homme d’un certain âge avait toujours été heureux de travailler avec des agents des Yggardiens. Les deux invités se montrèrent très cordiaux avec leur hôte. Ils se faisaient des plus aimables en espérant qu’il leur céderait l’accès aux réserves. Le lord les conduit dans son bureau. L’entretien se passa très bien jusqu’à ce qu’ils abordent les vraies raisons de leurs venues. Comme ils l’avaient tant redouté, leur demande fut refusée.
« _Vous ne comprenez pas, Sir. C’est très important que nous puissions voir ces montages.
_Je regrette mademoiselle, répondit-il poliment. Le règlement de la société est très strict à ce sujet. Seuls les membres peuvent accéder à ses squelettes.
_Permettez-nous d’insister. Le professeur Eustache de Salisbury a pu, lui, avoir accès à ses collections. Et il n’était pas membre, insista Dajan avec sa voix imposante.
_Oui, c’est vrai. Mais le professeur était une très grande référence, sans compter que son père est quelqu’un de bien connu.
_N’y a-t-il aucun moyen de vous faire plier ? Continua le grand black en lançant un regard oblique à sa camarade. Cette dernière lui répondit avec des yeux désapprobateurs.
_Hélas, non. Vous m’en voyez navré mes enfants.
Assez contrarié, et déterminé, Dajan se leva d’un bond de sa chaise. En un seul coup, il retira son t-shirt et son gros pull. Puis il ôta chaussures et chaussettes avant d’ouvrir les fermetures éclairent de sa longue jupe. Sa compagne comprit immédiatement où ce dernier voulait en venir. Elle tenta de le persuader de cessez son caprice, sous les yeux éberluer du directeur. Sans écouter le moindre mot que lui disait Brynhildur, il se changea en un immense lion à la robe jaune. Son immense crinière, d’un marron très foncé, illuminait son puissant museau. Il était d’une taille monstrueuse. Comme tous les thériantrhope, il augmentait de volume en se transformant. Mais lui avait des proportions bien au dessus de la moyenne. Le fait qu’il soit aussi très grand sous sa forme humaine, près de deux mètres, devait également jouer. Sous forme animal, il s’avérait un peu plus grand que la capitaine.
Le lord, effrayé par cette transformation, frôla l’arrêt cardiaque. Il était tiraillé par deux peur : celle de la métamorphose et celle d’avoir un gigantesque lion devant lui.
Indriðason s’était pris la tête dans les mains. Elle qui voulait une visite discrète, elle était servit. Une fois passé le sentiment de désapprobation, Brynhildur se tourna vers le directeur pour tenter de le rassurer. Mais ses efforts furent vains quand Dajan se mit à parler.
« _Brillante idée. » pesta-t-elle.
Il fallut de nombreuses minutes avant que le lord reprenne son calme. Dajan s’était allongé, en guise de geste de paix. Ainsi installé, il avait l’ait d’un gros chat.
Son coup d’éclat avait tout de même porté ses fruits. Le directeur de la société les autorisait à accéder aux collections qu’ils souhaitaient voir. En fait, il leur accorda le privilège exceptionnel de faire ce qu’ils voulaient dans le petit musée de cryptozoologie. Satisfait de l’accord du vieil homme, Dajan reprit forme humaine et se rhabilla.

Une fois dans le lieu tant convoité, les deux Yggardiens purent chercher ce qu’ils voulaient sans craindre déranger.
« _Tu étais obligé de faire ça ? Vociféra la capitaine à l’encontre de son camarade.
_Ca a marché, répondit tout simplement l’intéressé.
_Tu te rends compte que c’est homme aurait pu avoir un arrêt cardiaque ! Nous aurions été dans de beaux draps. Toi alors… »
Le grand black ne répondit pas aux reproches.
Le petit musée était en fait immense ! Il s’étalait sur plus de deux étages, dans de très nombreuses salles. Les collections de bocaux avec des créatures malformées composaient la grande majorité des curiosités. Entre les pots rangés sur d’immenses étagères, se trouvaient toutes sortes de bizarreries : des moulages de pattes de Yéti, des plumes de phénix, des momies de thérianthrope, des écailles de monstres marins. Entre les meubles, se trouvaient les reconstitutions. Certaines n’étaient que des assemblages d’os, d’autres des œuvres qui relevaient de la taxidermie. Dajan se demandait si quelques uns des ces montres n’étaient pas, effectivement, des vrais.
« _Dajan, viens par-là », l’appela Brynhildur qui inspectait une autre salle.
Celui-ci l’eu rejoins en deux temps trois mouvements. Elle avait trouvé ce qu’ils étaient hypothétiquement venus chercher.
Devant leurs yeux se dressant un squelette. Sur l’encart de métal, visé sur le support de bois, il était inscrit dragon. Mais l’Yggardienne avait tout de suite reconnu le squelette. Nul doute n’était possible.
« _Oui, tu as raison, c’est bien cela…Bon, maintenant que nous avons trouvé, allons nous en d’ici. »
_Tu es bien pressé de partir, môsieur-je-suis-prêt-à-tout-pour-venir-ici.
_Oui, effectivement. Je me suis donné les moyens d’accéder à cette salle. Maintenant que c’est finit, je veux rentrer. Pour ta gouverne que lorsque je me transforme, j’épargne mes godasses, les sweets et ma jupe. Par contre, mon slip, lui, y passe à chaque fois… »
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptyJeu 28 Avr - 15:21

Chap.03-1




Allongée sur son lit, Novgorod ne cessait de penser au vampire qui sévissait à l’extérieur. Combien d’autre victime allait-il faire avant d’être stopper ? Et les yggardiens. Arpentaient-ils les rues de la capitale, comme elle le faisait, pour trouver cet être mauvais ? Son sentiment était partager : leur présence pouvait permette de sauver des vies, mais elle m’était en danger ses petites protégées. Avec Thorsson a leur tête, Nova était persuadée que ses anciens camarades n’hésiteraient pas à abattre les filles. Cet homme haïssait les buveurs de sang humains. Si seulement elle était parvenue à contrôler sa fureur et sa soif, peut-être que les choses auraient-été différentes. Et puis si, et puis si…son esprit s’encombra de questions sur ce qu’aurait pu être sa vie si elle avait fait d’autre chose. Des choses tellement futiles car on ne peut revenir en arrière. De plus, on ne peut jamais être que les événements eussent été différents… Malgré toutes ses pensées sombres et désagréables, elle finit par s’endormir.
Ce sont des chuchotements affolées qui la sortie du monde des rêves. Elle n’y prêta aucune attention jusqu’à ce qu’elle entende son nom. Ses yeux s’ouvrirent doucement, agressés par la lumière des lampes. Ses petites protégées, regroupées dans un coin du bunker, près du lit de Zophie, discutaient à voix basse, probablement pour ne pas réveiller Novgorod. Toutes semblaient paniquées, gesticulant les bras dans tous les sens, tournant sur elle-même. Intriguer par ce rassemblement inhabituelle, Nova finit pas se redresser. C’est Palva qui vit que leur protectrice était débout. Elle fit signe de la main à ses camarades pour les prévenir. Leurs visages affichaient une mine effrayée. On aurait presque dit des gamines qui avaient fait une bêtise et qui savait qu’elle allait se faire punir.
« _Qu’est-ce qui se passe ? » demanda Nova avec un air sévère. Elle n’aimait pas l’ambiance qui régnait dans la pièce. Son estomac se noua de peur.
Les jeunes filles s’échangèrent des regards pour savoir laquelle allait prendre la parole. Elles avaient toute l’aire coupable. Finalement, Anna s’avançât d’un pas. Elle prit une grande respiration pour se lancer. Mais avant qu’elle ne lâche un mot, Novgorod la coupa.
« _Où est Venceslava ? »



La petite sotte ! Comment avait-elle pu quitter le bunker malgré les mises en gardes, les avertissements ?
Sans prendre le temps de saisir un manteau ni quoique ce soit, Novgorod se précipita dans les égouts. Il fallait absolument qu’elle retrouve la fugitive avant qu’elle ne commette une grave erreur. En agissant ainsi, Venceslava mettait sa vie en danger, mais également celle de ses camarades. Ente les humains qui pouvaient la reconnaitre, le vampire et les yggardiens, la jeune rebelle ne pouvait pas sortir sans prendre aucun risque. Mais comment la retrouver, savoir quelle sortie elle avait pris ? Nova avait faiblement balisé le chemin vers divers endroit où elle pouvait quitter les égouts sans risque. Vens en avait-elle connaissance ?
Courant à en perdre haleine, elle manquait de tomber à chaque virage qui se présentait à elle. A plusieurs reprises, elle dérapa, ratant de peu les eaux sales. Là où la chance était avec elle, c’était que de nombreuses plaques d’égouts étaient bien scellées, rendant la sortie impossible. Novgorod se douta que Venceslava avait du la suivre, de temps en temps, pour savoir où elle se rendait. Les autres filles s’étaient tues.
A la première échelle, elle bondit pour arriver en haut le plus rapidement possible. Elle haletait, le souffle coupé, le visage en sueur. Quand elle poussa le rond de ferraille, un frisson parcourut son échine : il faisait grand jour. Des nuages noirs cachaient les rayons du soleil, Le froid vint mordre les joues de la jeune femme. Elle jeta un rapide coup d’œil aux alentours. Aucune trace de sa protégée. Après avoir remit la plaque en place, Nova se lassa tomber au sol avant de reprendre sa course folle. Jamais elle n’avait parcouru aussi rapidement les égouts de Prague. Plus elle avançait dans sa quête plus elle se faisait du souci. Au fond d’elle, Nova espérait que cette petite sotte de Venceslava n’avait pas quitté le dédale souterrain et qu’elle avait regagné le bunker, que la vue du soleil l’avait contrainte à renoncer à sa folie. A chaque carrefour, elle espérait la croiser.
Son cœur se serra dans sa poitrine quand elle escala une échelle qui menait à une zone industrielle, un peu en dehors du centre de Prague. C’était là qu’elle venait récupérer parfois du sang, dans un entrepôt d’abattage de bovidés.
Un crie de femme avait retenti. Puis un autre. Et encore un. C’était des hurlements de peur, comme lorsque qu’une personne est agressée. Novgorod, prise de panique, gravit l’échelle de barreaux en quelques bons. Grâce à sa force prodigieuse, elle éjecta la plaque de métal pour bondir hors du tunnel.
Ce que vit la jeune femme fut pire ce qu’elle pouvait imaginer. Dans l’espace enneigé entre deux entrepôts, un groupe d’une dizaine d’hommes s’en prenait à sa petite protégée. Ils ne portaient pas les logos des Yggardiens en brassards. Ils n’étaient peut-être que de simples maraudeurs. Quoiqu’il en soit, ils molestaient Vens. Elle avait le visage couvert ecchymoses. Mais cela n’était pas le pire. Deux d’entre eux la tirait, par les jambes, vers une zone ensoleillée. La peau de la jeune fille avait commencé à se consumer. Une légère fumée blanche émanait de son large baggy. La pauvre hurlait de douleur. Sa jeunesse de vampire ne lui permettait pas de tenir plus de longtemps face aux rayons solaire.
« Vens !!! » Hurla Novgorod, une boule dans le ventre. Ces salops allaient la tuer s’ils lui mettaient la tête au soleil.
Les hommes se retournèrent. Leur sourire angoissé se changea en rictus rassuré. Ce n’était d’une femme, elle aussi sortit des égouts. Cinq d’entre eux se dirigèrent vers Nova, avec la ferme attention de la tabasser. Mais ils ignoraient à qui ils avaient à faire. Sentant qu’ils n’avaient aucunes attentions amicales, la jeune femme se prépara aux combats. Elle devait agir vite et bien. Si elle avait à faire à un gang ou à quelconque groupes violents, la fuite d’un seul mettrait le groupe de Novgorod en péril. Et cela, il en était hors de questions.
Ses agresseurs affichèrent un large sourire quand ils virent leur victime ouvrirent les longues fermetures éclaires latérales de son pantalon. Un d’eux la siffla. Ils avaient tous d’un pas décidé, visiblement heureux de pouvoir mettre à mal une autre fille.
Novgorod les laissa agir les premiers. Elle para facilement la première attaqua et répliqua avec force. Son adversaire tomba au sol, se tenant le ventre. Un violent coup de pieds dans la mâchoire et s’en fut finis car la nuque craqua sous le choc. Les quatre autres hommes se jetèrent sur elle. Plus que jamais, ils étaient déterminés à la mettre en pièce. Mais Nova avait la force de plusieurs hommes. Malgré quelques coups, elle réussit à résister à ses attaquants. Soudain, les hurlements de Venceslava déconcentrèrent Nova quelques instants. Ce manque d’attention lui couta cher. Les hommes la rouèrent de coup. Sa lèvre inférieure éclata et se mit à saigner. Mais là n’était pas le pire. Vens était en train de perdre ses jambes, brulées par le soleil. Si Novgorod n’intervenait pas vite, elle risquait de les perdre définitivement. Si la peau et les chairs se reconstituent, les os non, et eux aussi pouvaient finir en cendre. Bien que la semi-vampire eut préféré à ne pas se transformer, elle sut qu’elle ne pouvait faire autrement. Surtout qu’elle se trouvait au sol, croulant sous les pieds de ses adversaires.
Ses jambes furent les premières à changer d’aspect. Elles devinrent violacées. Les articulations des genoux, des chevilles et des orteils se modifièrent, passant de membres plantigrades à digitigrades. D’épaisses griffes apparurent sur les trois doigts de pieds de Nova. Les bottes de la jeune femme craquèrent sous la pression.
Quand elle sentit ses membres inférieurs changés, Nova utilisa leurs forces prodigieuses pour se propulser hors de la porter des chaussures qui l’agressaient. Elle bondit à plusieurs mètres de hauteur, suffisamment pour voir ses assaillants. En retombant, elle prit soin d’écraser un homme. La colonne vertébrale de sa victime ne résista pas à la pression. Il se rabougrit sur lui-même dans une énorme giclure de sang. Ce spectacle horrible tétanisa les trois derniers voyous. Cela leur couta la vie. Pendant sa chute, Novgorod avait continué sa transformation. Sa petite queue violette, ridiculement courte, était apparut dans le bas de son dos. Ses cinq doigts avaient laissé place à un pouce et trois puissantes griffes. Dans un fulgurant demi-tour, Nova lacera l’estomac de l’homme qui se trouvait derrière elle. Il s’écroula dans un cri de douleur.
Ces deux derniers agresseurs prirent la fuite, voulant mettre un maximum de distance eux et le monstre. Mais la jeune femme ne leur permis pas de s’enfuir. A la manière d’un vélociraptor dans un film d’horreur, elle bondit sur ses victimes. Ses puissance pattes plaquèrent les voyous au sol, puis ses mains griffues transpercèrent leurs corps, sectionnant avec faciliter leurs colonnes vertébrales.
Le reste du groupe qui maltraitait Venceslava n’avait rien vu de ce qui venait de se passé. Il prenait un trop grand plaisir à voir leur victime hurler de douleur alors que des jambes brulaient. Sans compter que Novgorod avait illimité facilement ses cinq assaillants. Maintenant qu’elle en avait finis avec eux, il lui fallait porter secours à sa protégée.



Pendant que Novgorod affrontait ses adversaires, des petites têtes féminines étaient apparues de la bouche d’égout. C’était Palva et Anna. Les autres filles devaient être en dessous, mais l’espace de l’ouverture ne permettait pas de laisser passer plus de deux personnages. Elles étaient parvenues à suivre leurs protectrices, inquiète pour leur camarade. Palva et Anna étaient horrifiées par ce qu’elles voyaient. La violence avec laquelle Novgorod abattaient ses adversaires leurs faisaient froid dans le dos. Et puis, il y avait aussi son aspect physique qui avait changé. Elles aussi allaient-elle finir sous cet aspect monstrueux ? Et puis, il y avait les hurlements de leur amie, cette fumée qui émanait de ses jambes…Le soleil allait-il la bruler ? Pour le moment, dans l’ombre des entrepôts, les deux jeunes ne semblaient pas être affectées.
Après avoir mise à mort les deux fuyards, Nova se précipita. Son principal objectif était de libérer Vens des hommes qui la trainaient dans la lumière. Elle pourrait ainsi ramper vers l’ombre, si ses forces le lui permettaient. La semi-vampire devait parcourir les quelques dizaines de mètres qui les séparait. A cause des changements de ses articulations, Nova ne pouvait pas courir comme à la normale. Elle se mouvait, toujours à la manière d’un bipède, le corps allongé vers l’avant. Sa queue lui versait de contre poids. Une fois à bonne distance, elle bondit. Mais cette fois, elle ne sauta pas en hauteur, mais en longueur. Elle replia ses membres pour passer facilement au dessus des têtes. Comme une flèche, elle passe par-dessus les abrutis qui regardaient Vens se faire torturer pour retomber sur ceux qui continuaient de la tirer.
Quel ne furent pas la surprise de Palva et Anna de voir que Novgorod ne semblait pas craindre les rayons du soleil. Et puis, le visage de cette dernière avait changé. Deux cornes, naissant à sur son front, épousaient les formes de son crâne. Il y avait aussi ce… masque, semblable à un bauta du carnaval de Venise.
En s’écrasant sur les tortionnaires, Nova perdit son masque. Les autres hommes qu’elle n’avait pas renversés se précipitèrent sur elle en jurant en langue tchèque. Sous le coup de la fureur, ils n’avaient pas remarqué l’aspect anormal de leur perturbatrice.
Faisant preuve d’un immense sang froid, Palva bondit hors de l’égout. Anna et Jitka tentèrent de la retenir mais elles n’y parvinrent pas. La jeune vampire, assez sportive, courut vers Venceslava. Celle-ci gisait au sol, complètement épuisée par les souffrances, incapable de bouger. Malgré les combats qui se déroulaient juste devant ses yeux, Palva saisit son amie par les mains et la tira vers les égouts. Elle fut très vite rejointe par ses deux compagnes. Malgré la peur qu’elles éprouvaient, Anna et Jitka étaient aussi venues porter secours à Vens. Toutes les trois portèrent la blessée. Puis avec délicatesse, elles la descendaient dans le conduit pour la ramener au bunker. Anna décida de rester pour prévenir Novgorod qu’elles avaient secouru Venceslava.
Pendant ce temps, Novgorod continuait de se battre. Comme avaient sentit les assaillants qui lui arrivant dans le dos, elle se projeta en avant, puis fit volte-face en une souple pirouette. Elle vit alors que Palva se précipitait vers Vens. Cela rassura la thérianthrope. Mais il fallait qu’elle se débarrasse des derniers voyous. Ils la regardaient de manière bizarre. Ils semblaient hésiter entre l’attaquer et fuir. Son aspect était vraiment trop étrange. Mais quoi qu’il décide, Nova n’avait pas l’intention de les laisser partir vivant.
Un voyou, plus costaud que les autres, fondit sur elle. La jeune femme dévia son coups de poing avec son avant bras. En guise de contre attaque, elle le lacera de part en part avec ses puissances griffes. Un second homme s’en prit à elle. D’un puissant coup de pieds, elle le projeta dans le mur de l’entrepôt. Le choc produit un horrible son. L’homme tomba à terre, sonné. Ses derniers camarades, effrayés, décidèrent de prendre la fuite. Avant qu’il est pu faire plus de deux mètre, en un bond vrillé, elle leur coupa la retraite. Avec un second saut, elle frappa l’un d’eux à la tête, d’un revers de pied. Le cou de sa victime craqua. Suivant l’inertie de son corps, Nova continua son mouvement rotatif. Ses griffes rencontrèrent un fuyard. Du sang gicla sur la jeune femme et le dernier homme. Celui-ci dit demi-tour pour tenter d’échapper au montre qui venait de mettre en pièce ses compagnons. Mais sa tentative fut vaine. Nova lui tomba dessus. Les dents de la jeune femme vinrent se planter dans la gorge de sa victime. Il se débattit comme il peut mais de puissantes jambes le maintenaient au sol. Lentement, son sang coula sur le sol enneigé. Nova se nourrissait avec avidité de cette proie exceptionnelle. Depuis combien de temps n’avait-elle pas bu le sang d’un humain directement à la source ? Quand elle fut rassasiée, sa victime était encore en vie. Sans une once de pitié, elle l’acheva. Avec le vampire qui trainait dans Prague, malgré la tuerie, les Yggardiens ne pourraient pas se douter que ce soit elle la responsable de ce carnage.
Le froid n’engourdissait pas son corps. La neige s’était remise à tomber. Les flocons fondaient sur les corps gisant par terre. Les hommes morts étaient encore chauds, et leur sang qui se rependait faisait fondre la petite couche de neige.
Novgorod, habitué aux basses températures de sa Russie natale n’était pas incommodée. Quand elle eut reprit son souffle, elle récupéra son étrange masque blanc. Pendant un court instant, la jeune femme le contempla. En quoi était-il fait ? Elle n’en savait rien. Les analyses n’avaient rien donné.
Nova fut tirée de ses reflexes par une voix qui l’appelait au loin. C’était Anna. En la voyant, elle repensa à Venceslava. Heureusement que ses protégées avaient pris leurs courages à deux mains et qu’elles l’aient rejoins. Elles avaient pu porter secours à leur camarade pendant que Nova se débarrassait de ses assaillants. Elle l’a rejoins en quelques enjambées puissantes. Une glissade lui permit de s’arrêter net devant la plaque d’égout.
Anna, craintive face à sa protectrice si étrange, n’osa pas la regarder dans les yeux.
« _Jitka et Palva ont ramené Vens au Bunker.
_Bien. Bravo » répondit cette dernière en glissant dans le boyau. « Ferme bien le passage » cria-t-elle alors qu’elle cavalait déjà dans les égouts.



Plus Novgorod courait pour rejoindre le bunker au plus vite. Les griffes de ses pates lui évitaient de glisser. Mais cela laissait des entrailles dans le béton. Plus elle s’approchait du repère, plus les hurlements de Venceslava retentissait dans les galeries. La pauvre fille devait souffrir le martyre. Son jeune âge de vampire ne lui permettait pas de guérir vite.
Nova espérait qu’aucun éboueur ne passe dans les environs. Tuez des voyous dans une zone d’entrepôt était facile, se débarrasser d’un homme en plein travail était autre chose. Un égoutier qui ne remonte pas à la surface appelle des recherches.
Les filles avaient allongé la blessée sur le lit de Jitka. Elles étaient déboussolées et ne savaient pas vraiment quoi faire. Avec des chiffons mouillés, elles tamponnaient les jambes de leur amie. Ma sa chair grillée par les rayons du soleil restait collée au tissu.
Zophie, miracle, c’était levé et aidait ses camarades. La voir debout apaisa le cœur de Nova. Peut-être que cet événement allait enfin la sortir de sa transe dépressive. Mais l’aspect anormal de sa protectrice stoppa net la jeune femme dans son activité. Le sang sur ses mains l’effrayait aussi.
« _Ca ne sert à rien ce que vous faite ! » haleta Novgorod en s’approchant du frigo où le sang était conservé. « Il lui faut du sang ! Il faut lui en faire boire et lui en mette en perfusion ! Son corps fera le resta. »
Mais elle se stoppa net devant la porte du petit appareil électroménager. Elle se concentra avant de tirer sur la poignée. Quand elle avait son aspect étrange, ses mains coupaient absolument tout. Il lui a fallait plusieurs heures d’entrainement avec son ami thérianthrope Dajan pour réussir à contrôle la densité de ses griffes. Elle sortit des flasques d’hémoglobines qu’elle envoya en direction des jeunes femmes. Pendant ce temps, Jitka avait sortir de faire faire une perfusion.
Il fallait trouver un moyen de calmer Venceslava pour réussir à lui mettre une aiguille dans le bras. Zophie et Palva tentèrent de la maintenant en place mais elles n’y parvinrent pas. Nova décida alors d’utiliser les grands moyens.
Les filles furent horrifiées. Elles n’avaient pas conscience de l’étendu des pouvoirs d’un vampire. Pour calmer Venceslava, Novgorod tordit violement le cou de sa protégée. Sa nuque craqua dans un bruit sourd. Les autres crièrent. Vens se stoppa net de hurler et de gesticuler.
« Ne vous en faites pas, elle se remettra bien plus vite de son mal de cou que de celui de ses jambes. »
Elles purent enfin lui faire des perfusions.
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptyVen 6 Mai - 13:45

Chap.03-2




Et Lapon par-ci, et Lapon par-là. Et patati et patata…Kureno en avait ras le bol aujourd’hui. Thorsson était d’une humeur épouvantable depuis quelques jours. Le jeune dieu ignorait pourquoi. Mais il sentait bien qu’il se passait quelque chose d’anormal. Ce dernier passait son temps à la bibliothèque à faire des recherches. Bien moins consciencieux que le professeur Salisbury, Thorsson laissait trainer les livres et les manuscrits de partout. Jamais la salle d’étude n’avait été aussi déversée.
Des que Kureno lui posait une question, il le renvoyait vers son chien-chien de Lapon. Et ce dernier était aussi bavard qu’une carpe muette. Le jeune dieu passait alors son temps à errer dans les couloirs du Manoir et de la caserne à la recherche de son étrange petit invité. Ce dernier n’avait pas réapparut depuis la course poursuite. Cependant, Kureno avaient encore souvent l’impression d’être épié. La forme blanche avait du être effrayé.
Allongé sur un lit fait, dans une chambre bien rangé et qui sentait bon, le fils du professeur Salisbury songeait, avec colère, aux incessantes boutades de Thorsson. Ha si seulement il pouvait lui tordre son petit cou d’humain. Kureno savait qu’un jour, il lui faudrait prendre le poste d’encyclopédie. Mais pour le moment, il n’en avait aucune envi. Lui, il aimait l’action et le terrain. Il n’avait pas l’âme de bibliothécaire de son père. Et puis d’après ce qu’avait dis Novgorod, le professeur n’avait jamais eu beaucoup de chance lors des missions extérieurs.
Nova…cette garce lui manquait atrocement…Et puis Dajan et Brynhildur aussi. Il souhaitait qu’ils reviennent tous ! Ensemble, ils forment une sorte de famille recomposée. Deux humains, un dieu, un vampire ou quelque chose dans ce genre, et un lion-garou….Etrange assemblage…Sans oublier la Pythie…La pauvre…Toujours aussi dérangée.

Lapon vint sortit Kureno de ses pensées. Ce dernier avait un manteau sur le deux, ainsi que des pistolets à la ceinture. Il avait toujours son air aussi flegmatique.
« Lève-toi et prépare toi, on sort. » dit-il de sa voix calme.
Ha ! de l’action enfin !!! Le jeune dieu ne se fit pas attendre pour bondir de sa couchette. Il cavala dans tous les couloirs à une vitesse folle, bondissant contre les murs pour prendre les virages.
Une fois à son casier, il attacha ses automatiques à ses cuisses, enfila un bon pull bien épais pour ne pas prendre froid, son brassard. Puis il couru vers la piste d’aviation.
Refaire du terrain allait lui changer les idées. Kureno en avait assez de se morfondre dans sa chambre ou les couloirs. Cela lui permettrait d’avoir autre chose en tête le soit en allant se coucher que les innombrables pages que Thorsson l’obligeait à lire des vieux parchemins pour accroitre ses connaissances sur les créatures de légende.
L’avion était sur le départ. Il n’attendait que lui. Monsieur-je-suis-un-personnage-de-film patientait devant la porte, consultant sa montre frénétiquement et tapant du pied. A cout sur, le jeune dieu allait subir une remarque désagréable à propos de sa lenteur. Il serait probablement allé plus vite si ce légume de Lapon n’était pas venir le chercher au dernier moment.
« _ Cinq minutes et quarante-huit seconde. Un peu lent pour un assez anormal que vous. »
Kureno ne répondit pas.
Dans le petit jet, Lapon dormait, un livre sur les genoux. Existait-il des ouvrages si chiants qu’il achevait une divinité en moins de quelques seconde et ce malgré le bruit des moteur d’avion ?
« _Alors, on va où ? » demanda Kureno, tout heureux de sortir de son enclave.
_En Nouvelle-Zélande.
_Quoi ? Vous pouviez pas le dire avant ! J’aurai pris mon maillot de bain et de Rugby ! On pourra rester pour voir un match ? »
Thorsson ne répondit pas. Ce dernier n’était pas de bonne humeur –comme toujours- et ne semblait pas aimer les remarques de son compagnon de voyage.
« _Merde ! » soupira Kureno. J’ai pas pris mon MP3 !!! »
Comme s’il s’attendait à ce genre de cris de désespoir, le chef balança un énorme bouquin sur les genoux du jeune dieu. Les hématophages.
« _Voila de quoi vous occuper pendant ces longues heures de voyage. » dit d’un petit air amusé avant d’allonger son fauteuil et de couvrir ses yeux pour dormir.

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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptyVen 13 Mai - 0:06

Chap. 04-1




Assise sur son lit, Novgorod regardait la pauvre Venceslava se reconstituer. Le processus était extrêmement long car la jeune fille n’était pas vampire depuis beaucoup temps. Elle souffrait le martyre. Ses camarades étaient à son côté, lui murmurant des paroles de réconforts. Vens avait effectivement plus vite récupéré de son cou brisé. Cette dernière parvenait à réprimer sa douleur. Mais elle se sentait complètement rongée de l’intérieur par ce mal. Jamais de sa vie, elle n’aurait cru à souffrir autant physiquement. Sa mort avait été un véritable déchirement dans son âme. Il lui avait fallu du temps pour s’en remettre, surtout avec son enfermement subit. Mais désormais, elle comprenait pourquoi Nova les avait contrains à ne pas sortir du bunker. Maintenant, elle en payait très chèrement les frais.
Heureusement, ses amies étaient là, à la réconforter. Malgré sa douleur, elle arriva à percevoir une étrange crainte dans leurs yeux. Elle était tirée d’affaire. Alors pourquoi avoir peur ? Pourquoi leurs regards en coins allaient-ils vers leur protectrice ?
Il sa passa un très long moment avant qu’une des filles se décident changer un peu d’attitude. Anna, probablement la plus mature du groupe, se décida à s’approcher de Novgorod. Elle passa devant l’étrange masque blanc qui reposait sur la place au milieu de la pièce. La jeune fille eut un sentiment en le regardant, il avait l’air d’être fait en matière osseuse. Quelle horreur.
Elle patienta un moment devant Novgorod sans rien osé dire. Ses amies la regardaient, dévoré et apeuré par ce qu’allait leur avoué leur protectrice. Une boule nouait l’estomac d’Anna. La violence qu’avait déversée Nova face aux agresseurs lui faisait peur. Et si elle décidait de décimer les jeunes vampires ?
En voyant Anna approché, Novgorod avait baissé la tête pour regarder ses pieds…enfin ces pattes griffues. Puis elle attendit. Les questions brulaient les lèvres de la jeune femme, tandis que cette dernière craignait les réponses qu’elles allaient leurs offrir. Elle serait obligée de leu avouer que pas mal de chose qu’elle avait dites n’étaient que mensonges. Mais cela, elle l’avait fait dans le but de les préservé. Le comprendrait-elle ?
Anna se décida enfin à ouvrit la bouche.
« _Je…je crois qu’il faut que l’on parle, dit-elle d’une voix plus qu’hésitante.
_Il semblerait en effet. Répondit simplement Nova tout en continuant de regarder par terre.
Il y eu un long silence. La jeune fille prit une grande respiration.
_Etes-vous un vampire ?
_Non. Lâcha l’intéressée en doute sobriété.
Une nouvelle fois, il y eu un blanc. Le seul mot qu’avait prononcé Novgorod avait gelé les cœurs qui se trouvaient dans le bunker. Anna avait fait un pas en arrière, comme frapper par cette réponse. Elle reprit après quelques hésitations.
_Qu’êtes-vous alors ?
Nova eut un petit rictus amusé. Elle releva la tête vers son interlocutrice. Il y avait un mélange de colère et d’ennui dans son regard.
_Si seulement je le savais, lança-t-elle en soupirant et en levant les yeux au ciel.
Sa déclaration fut comme un second coup pour les jeunes filles. Mais ce coups-ci, Anna s’emporta. Les réponses de Novgorod ne lui convenaient pas.
_Comment ça vous ne savez ? Vous nous prenez toutes pour des gourdes ? Et nous ? Sommes nous bien des vampires ou nous mentez-vous depuis le début de cette histoire ?
_Les blessures de ton amie devraient au moins t’apporter quelques réponses. Ils me semblent que les humains ne brulent pas au soleil ! Tu penses que le sang, que je casse le cul à aller chercher, n’est là que pour vous tromper ? Très bien, je ne te force pas à boire…Tu veux partit ? Pars. Ce n’est pas une secte ici. Mais une fois dehors tu te démerderas.
Les propos de Novgorod étaient devenus agressifs. Elle soupira plusieurs fois.
_Et pour ce qui me concerne, non je ne sais pas ce que je suis. Pendant très longtemps, j’ai pensé être ce que l’on appelle un Dhampir, ou semi-vampire si tu préfère. Moitié humain, moitié vampire. Et cela se tenait très bien. Je ne crains pas le soleil, je n’ai pas besoin d’une alimentation 100% composé d’hémoglobine. Mais je suis immortelle, mes blessures guérisses vite…Bref, je combine certaines avantages et désavantages des deux espèces. Tout semblait parfaitement concorder.
Elle marqua une pause.
_Malheureusement, les choses ont changé ces derniers mois. C’est le professeur Eustache, dont je vous ai déjà parlé ? oui ? non ? peu importe, qui était parvenu à cette conclusion. Et je lui faisais confiance sur ce point. Il était bien le meilleur dans ce domaine.
Elle eut un petit rictus amusée. Nova essayait de ne pas trop le montrer, mais parler de cela lui faisait grand peine. Elle avait peu évoqué les événements qui l’avaient poussé à quitter les Yggardiens.
_Mais voilà, alors qu’il a été assassiné sous mes yeux, la colère m’a gagné. Jamais elle n’avait été aussi puissante. C’est à ce moment là que je me suis…transformée. En plus de 300 ans d’existence, jamais je ne me serais douté que j’avais un pouvoir de thérianthrope.
_De quoi ? s’exclamèrent les filles en cœur.
Novgorod soupira.
_Je vous expliquerai un autre jour. Quoi qu’il en soit, avant de mourir, le professeur Eustache m’a…suggéré que je pourrais, peut-être, m’apparenter à un nibelung…
_Et c’est quoi un …nibémachin ? demanda Jitka.
Les filles s’étaient rapprochées. Elles semblaient un peu moins peureuses. Néanmoins, elles restaient à bonne distances. Seul Zophie était resté auprès de Vens.
_Qu’est-ce qu’un nibelung ? C’est également une bonne question. Ces créatures apparaissent principalement dans la mythologie germanique et scandinave. Je ne vais pas vous faire un cours, mais ce serait une sorte de nain, de gobelin ou quelques choses dans ce genre. Les archives des Yggardiens sont assez vides sur ce sujet…
_ Mais votre professeur, lui il a su…
_Oui. C’est vrai…Mais Eustache était un passionné. Comment il a réussit à identifier ça rien qu’avec ses yeux de mourant, j’en sais rien… Mais les choses sont ainsi faites.
Il y eu encore un moment de silence. Puis Nova reprit la parole, bien que cela ne soit pas facile pour elle.
_Je suis désolée de vous avoir mentie depuis le début. J’ai caché la vérité dans le seul but de vous épargné. Devenir vampire, c’est pas facile. Je me suis dis sur le moment que si je me faisais passer pour un vrai buveur de sang, vous auriez moins de mal à l’accepter. J’ai peut-être eu tord de vous cacher ainsi la vérité…J’espère que vous comprendrez que je n’ai fais cela qu’avec de bonnes intentions.
Silence. Les filles s’échangeaient de nombreux regards. Elles ne savaient plus trop quoi penser. Fallait-il la croire ? Vens avait été victime de son incrédulité. Et cela, Nova ne l’avait pas faux monté.
Partir, elles le pouvaient. Mais une fois dehors, comment faire pour s’en sortir ? Leur protectrice avait plus de 300 ans, elle avait donc une certaine expérience de la survie. Si elles étaient belles et biens des vampires, que représentait quelques années, ou quelques dizaines d’années, pour la vie éternelle ?
Anna finit par arriver à la conclusion que Novgorod était la seule solution qui se présentait à elle. Les autres la regardaient, semblant attendre une décision. Sans le vouloir, la jeune fille étai devenue une sorte de leader…Voyant que ses amies s’impatientait, elle fit par de ses conclusions. Le mieux était de rester en compagnie de leur protectrice.
_Ne vous en faites pas mesdemoiselles. Je ne compte pas vous garder sous mon aile tout le long de votre existence. Je ne suis pas vraiment faite pour vivre en clan. Pour le moment, mon principal objectif est de mettre la main sur celui-ci qui vous a transformé. Une fois cela fais et quand je serais sur que les Yggardiens ne savent rien de vous, je vous apprendrais à vous débrouiller. Puis je me ferais un plaisir de vous botter les fesses pour vous faire décoller du nid, plaisant-elle.
Les filles eurent des petits rires gênés.
_De plus, j’ai certains projets personnels qui me tiennent à cœur et que je ne pourrais pas réaliser avec vous sur le dos.
_Dîtes tout de suite que nous sommes des boulets ? s’offusqua Palva.
_Je vous verrait plus comme des enfants. Et comme n’importe quel parent, il y a des choses que je ne peux pas faire temps que je suis responsable de vous. Et moi qui n’est pas l’instinct maternel, me voila servie, ironisa Nova. Bref, ce que j’ai à faire peu attendre quelque dizaine d’année… Alors pour le moment et je sais que cela vous pèse, vous ne devez pas sortir ! De mon côté, je vais redoubler d’effort pour éliminer le vampire qui sème la panique dans Prague.
La tension dans le bunker était retombée. Les filles étaient apaisées mais pas complètement rassurée. Novgorod le comprit très bien. Il était aussi peut-être temps de reprendre une allure humaine. Les yeux posés sur ses griffes, mains et pates, ses cornes et sa minuscule queue affichaient des mines inquiètes.
Sur demande, Jika lança le masque osseux à sa propriétaire. Cela allait encore être une épreuve. Si Nova se transformait facilement en nibelung, le processus inverse était plus compliqué. Il lui avait fallu plusieurs semaines, et l’aide de Dajan, pour afin réussit à redevenir humaine. A cause de cela, elle n’avait pas pu assister à l’enterrement de son cher Eustache.
Elle du s’y reprendre à plusieurs reprises avant de réussir. Les regards de ses protégées ne l’aidaient pas du tout. Même si elle lui tournait le dos, Novgorod se sentait observée. Le plus dur dans sa métamorphose était de réintégré le masque à son visage. Il fallait qu’elle positionne correctement la plaque osseuse avant de la fusionner au reste de son crane. Le reste était relativement simple, même si la rétractation de la micro-queue présentait quelques contraintes. Les cornes rentraient et sortaient comme une taupe dans un jeu de frappe d’une salle d’arcade.
Pensez aux jeux vidéo lui fit avoir une pensée pour Kureno. Le pauvre. Il s’était retrouvé bien seul d’un coup. Au fond d’elle, Nova espérait que Dajan et la capitaine Indriðason prenaient bien soin de lui. Il ne fallait pas compter sur Thorsson pour faire preuve d’affection envers le jeune dieu.





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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptyVen 20 Mai - 14:21

Chap.04-2




30 heures ! 30 heures d’avion pour rallier l’Islande à la Nouvelle-Zélande !!! 30 heures à se faire chier dans une coque de noix avec ces emmerdeurs de Lapon et Thorsson. Le pauvre Kureno se demandait ce qu’il avait bien pu faire pour mériter cela. Heureusement, le jet ne pouvait faire le trajet direct et de nombreuses escales furent nécessaires. Ces cours moments de répit permettaient aux deux dieux et à leur chef de se dégourdirent les jambes.
Les heures de vos furent des plus pénibles. Lapon, petit malin, avait des médicaments pour dormir. Cela lui permettait de ne pas s’ennuyé. Thorsson ne semblait pas affecter par les longs séjours dans la carlingue. C’était comme si son cerveau était constamment occuper.
Kureno, lui, voulait mourir. Entre petit somme et lèche-fenêtres, le jeune homme se morfondait en lisant quelques pages, par-ci par-là, du pavé que lui avait généreusement donné pour s’occuper.
Enfin, la terre ferme ! Enfin la Nouvelle-Zélande ! La terre du rugby, du haka et du Seigneur des Anneaux. Ses plages, ses vagues...et ses Patupaiarehes.
« _Des quoi ? » s’exclama Kureno.
_Des Patupaiarehes. Ce sont des sortes d’elfes de ces régions. En temps normal, ils sont parfaitement inoffensifs. Mais plusieurs attaquent ont eu lieu ces derniers temps. C’est pour cela que nous somme là, lui répondit Thorsson en se dirigeant vers un 4x4.
_Et…. ?
_Et quoi ?
_Nous sommes une unité d’élite…Enfin sauf si les choses ont changé. Quand on se déplace, c’est parce qu’on sait que les unités des enclaves ne sont pas suffisamment compétentes. Donc, pourquoi on est là ? insista Kureno.
Les trois Yggardiens s’arrêtèrent devant plusieurs véhicules. Du 4x4 descendit un homme, de type maori, avec des tatouages effrayants sur le visage. Le jeune dieu fut parcouru par un frisson. Ces dessins remplissaient parfaitement leurs rôles. Mais le reste de sa personne faisait très occidentale avec son maillot de rugby et ses baskets. La seule autre chose qui aurait pu permettre de se distinguer était le tiki qu’il portait autour du coup.
« _Professeur Thorsson ? demanda le maori.
L’intéressé acquiesça d’un geste de tête. Caché derrière ses indécollables lunettes de soleil, Thorsson dégageait quelque chose de méprisant. Ne pas regarder les gens dans les yeux pouvait avoir quelque chose de désagréable. Cependant, monsieur-la-star les baissa pour parler à son interlocuteur.
_Lapon. Kureno, dit-il en montrant les deux dieux d’un geste de main. Quels sont les dernières nouvelles ?
_Deux attaques en une seule semaine. Plus personnes n’osent s’aventurer dans les montages. Les bergers sont les cibles privilégiées. Malgré nos battus, impossible de leur mettre la main dessus. Ils savent trop bien se mêler au brouillard. Cependant, nous avons réussit à délimité le périmètre où ils sévissent. Selon les anciens, ce brusque changement n’est pas normal. Ils pensent que quelques choses l’ont provoqué.
_Normal. Mais nous verrons cela sur place.

Près des heures d’avion, des heures de route. Après la route, les pistes de montagne. Rien que du bonheur. Kureno regrettait presque d’avoir prit par à cette sortie. Et puis, il ne parlait avec personne. Thorsson et le maori, un certain Mac, parlait sans cesse des paturi…patura…patogase…ha, Kureno ne parvenait pas à se souvenir du nom des créatures qu’il venait combattre. Lapon, lui, dormait, encore…Quelle misère. Même s’il n’aimait pas ça, les engueulades entre son père et Novgorod animait un peu les virées, comme à St Malo. Au moins, les paysages étaient somptueux ! D’abord des les plaines, teintées de vert et de jaune, qui s’étalaient sur des kilomètres avant de mordre les pieds des montagnes. Les monts, marron puis blancs, se dessinaient sur le magnifique ciel bleu. Quel régal !!
Finalement, après des heures interminables, ils arrivèrent à destination. Une base mobile, composé d’une immense toile de tente, permettait aux Yggardiens néo-zélandais de planifier leurs opérations. Une dizaine de personnes, des brassards ornés du Y au bras, attentait patiemment. Assis sur les remarques des 4x4 ou à même le sol, les agents discutaient de tout et de rien. Kureno remarqua qu’ils avaient tout l’aspect d’humain. Peut-être qu’un dieu se dissimulait parmi eux, mais qu’il n’était pas identifiable. Ils me bougèrent pas quand Thorsson et les autres sortir de la voiture. Par contre, ils lancèrent des regards étonnés vers les deux dieux cervidés. Jamais de leurs vies ils n’avaient du voir des humains avec des bois sur la tête. Mais une fois passée la surprise, ils se détournèrent des nouveaux arrivants.
Thorsson ne sembla pas particulièrement apprécié le manque de considération des agents vers lui. Mais il mit cette attitude sur l’ignorance de ses hommes concernant sa personne. Après tout, son visage n’était pas placardé dans toutes les enclaves. Ce qui l’irrita, ce fut ce second camp, à quelques centaines de mètre. Composé de tente de campeur placé en rond autour d’un feu, des hommes, des maoris, s’agitaient. De loin, l’Encyclopédie ne put voir ce qu’il faisait. Son regard noir se tourna vers Mac.
« C’est quoi ça ? demanda-t-il sur ton dédaigneux en pointant du doigt le deuxième campement.
_Les chamans de l’île sont en émoi. Les récentes attaques des Patupaiarehes ont poussé les sages à se réunir pour essayer de trouver une solution. Le plus vénérable chaman a été envoyé ici pour tenter de comprendre pourquoi les Patupaiarehes se montrent si agressifs. Mais rassurez-vous, ils sont inoffensifs et ne nous gêneront en rien dans nos opérations. J’ai déjà parlé avec celui qui joue le rôle de patriarche du camp.
_Peu m’importe, je veux que ces civils aient déguerpi avant la nuit. Qu’ils aillent faire leurs rituels et prièrst ailleurs, grogna Thorsson.
Mac essaya de ne pas montré son désaccord avec son supérieur. De plus Kureno remarqua l’expression de mépris qu’il eut envers ce dernier. Le jeune dieu s’imagina que le maori devait adhérer aux croyances chamaniques de ce pays. Mac fit passer les ordres à quelques hommes.
Une fois dans la tente principale, le jeune dieu découvrit une immense carte, disposé sur une table, avec divers petites punaises qui devaient matérialiser les attaques. Dans le reste de la tente, quelques ordinateurs et machines portables émettaient des petits bruits électroniques tout en clignotant. L’espace était réduit et les quatre hommes étaient presque à l’étroit. De l’extérieur, l’abri était apparu immense aux yeux de Kureno, mais les divers meubles qui encombraient l’intérieur annulaient cette impression.
Mac prit la parole. Il détailla les diverses attaques qui avaient eu lieu dans le secteur. Il fit aussi par à son supérieur des témoignages recueillit auprès des berges et autres randonneurs. Les visiteurs, fan du Seigneur des Anneaux, passaient régulièrement dans les environs. Bien que l’endroit où ils se trouvaient n’ait pas servis pour le tournage, c’était le passage obligé pour s’y rendre.
Après cet exposé de la situation, Thorsson réfléchit un instant. Il s’amusa avec sa barbichette pendant qu’il faisait mine de penser. Il baissa ses lunettes noires pour jeter un oeil plus attentif au plan. Il demanda à avoir une carte géologique de la région, ainsi qu’une seconde hydrologique. Le maori alla fouiller dans des malles avant de revenir, cinq bonnes minutes plus tard, avec ce que voulait l’islandais.
En quelques secondes, Thorsson déplia les cartes. Ses yeux balayaient les trois plans dans un petit mouvement de va et viens. Son regard finit par s’assombrir.
« Pourquoi ces cartes ne sont-elles pas à la même échelle ? » beugla-t-il envers le maori.
Ce dernier haussa les épaules, ne sachant que dire. Ce n’était nullement sa faute si les échelles ne correspondaient pas. Il n’était par cartographe.
L’Encyclopédie s’installa devant un ordinateur. Après de longue minute d’attendre, il parvint à obtenir un plan où il pouvait superpose à guise les trois cartes. Thorsson fit encore quelques manipulations avant d’attirer l’attention de ses compagnons vers l’écran.
« Les Patupaiarehes se meuvent principalement avec le brouillard. Si on superpose les trois cartes : géographique –avec les reliefs-, géologique et hydrologique, ont peut nettement voir que les principales zones d’où ils pourraient venir sont là, là et là. » il montra trois point sur l’écran. « Les sources et petits cours d’eau permettent la création de leur chère brume, tandis que les reliefs leurs apportent des cachettes idéales. Ils font que les agents patrouillent tous les matins et soirs à ces endroits. »
Kureno n’écoutait que d’une oreille ce qui se disait sous la tente. Les explications de Thorsson l’ennuyaient à mourir. Il était un agent de terrain. Les heures de recherche et d’explication le saoulait au possible. Il n’attendait qu’une seule chose : agir. Cependant, il n’était pas très à l’aise. Les idées de son nouveau précepteur étaient bien différentes de celles de son père. Il n’avait encore jamais abattu de créature de légende. Cependant, une petite voix dans sa tête lui disait qu’il allait bientôt faire cette expérience. Il espérait se tromper. Mais il se savait condamner à le faire temps que cet homme dirigerait les opérations.
Le jeune dieu fut tiré de ses pensées par les appels de Thorsson. Ce dernier avait remarqué l’air absent de son jeune élève.
Pour éviter de se faire engueuler, encore une fois, Kureno tenta une esquive.
« C’est bien beau d’essayer de débusquer vos Papoucaoutchou, mais comment êtes-vous sûr que ce sont bien eux les responsables des incidents de la région ? Il se pourrait qu’un dieu ou x créatures non-endémiques sèment le trouble. »
Le jeune dieu vit les yeux de Thorsson roulé dans leurs orbites. Visiblement, il avait du une connerie de plus.
« _Si vous lisiez plus souvent les ouvrages comme je vous dis de faire, vous sauriez ! A moins d’une colonie de vacances totalement insolite ait décidé de prendre ses vacances dans les environs, il n’y a aucun doute que ce soit les Patupaiarehes qui posent problème.
_Et pourquoi ? insista Kureno
_Parce que des êtres de grandes tailles à la peau blanches et aux cheveux roux ne courent pas les plaines de Nouvelle-Zélande !
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptyVen 10 Juin - 19:21

Chap. 03-3


Une fois de retour dans leurs chambres d’hôtel, Dajan se changea. Il était heureux de pouvoir enfin se sentir maintenu dans la partie basse de son anatomie. De plus, il faisait froid dehors. Ses pensées allèrent les hommes des Highlands qui portant les kilts de manière traditionnelle. Des gens admirables vu les nombreux inconvénients que pouvait entrainer le non port de sous-vêtements.
Brynhildur était encore contrariée du coup d’éclat de son camarade. Elle était certaine que le pauvre directeur de la Société de Cryptozoologie de Londres allait, tôt ou tard, prévenir les Yggardiens de leur visite. D’un moment à l’autre, Reinhard Thorsson pouvait appeler pour demander des explications. Elle qui avait souhaité que cette visite soit discrète, elle était gâtée.
« _Allons capitaine, vous n’allez pas faire la tête toute le reste de la journée. »
La jeune femme eut un sourire ironique. Quand Dajan l’appelait capitaine et qu’en plus il la vouvoyait, c’est qu’il avait des choses à reprocher. Et il y avait de quoi.
« _Tu imagines un peu ce qui se passera si Throsson est mis au parfum de notre escapade ? Il pourrait très bien nous faire rapatrier en Islande et nous sanctionner. De plus, s’il se doute de ce que nous souhaitons entreprendre, là, c’est sûr, on peut dire adieu à notre emploi. Tu pourrais bien finir dans son zoo !
_S’il apprend que nous avons forcé l’entrée d’un musée, que veux-tu qu’il se passe ? Oui, nous encourons une sanction disciplinaire et ensuite ? Personnellement, je me fais plus de soucis pour Novgorod qui pourrait finir en tas de centre si nous ne la retrouvons pas avant ce dingue. Allez, cesse de te faire du mouron pour rien. »
Brynhildur soupira. Installée près de la fenêtre, elle regardait la rue et les passants avec suspicion. Un de ses badauds pouvait-il être un agent des Yggardiens chargé de les surveiller ? Etre espionner par sa propre organisation, quelle ironie.
Le temps était tout ce qu’il y avait de plus anglais : moche. Et froid par-dessus le marché. L’hiver était rude cette année. De fortes chutes de neiges avaient déjà paralysé de grande ville comme Paris, Berlin ou encore Prague.
Voyant que son amie ne semblait pas vouloir se dérider, le grand black lui proposa d’aller manger dans un restaurant. C’est lui qui régalerait.
« _Ho, soupira-t-elle. Vu le temps qu’il fait, je n’ai pas vraiment envi de ressortir. Par contre, si tu veux aller chercher quelques choses à manger, je ne serai pas contre. »
L’islandaise observait toujours les allées et venues en dehors quand une petite tâche sur un toit voisin attira son attention. Elle fronça les sourcils pour mieux voir, mais l’anomalie était trop éloignée pour qu’elle puisse la distinguer avec précision.
« _Dajan, viens voir un peu par là. Dis-moi ce que tu vois, là sur le toit. »
La thérianthrope s’approcha de la vitre et regarda vers l’endroit que lui désignait son amie. Bien que sous forme humaine, Dajan pouvait faire appel à quelques pouvoirs de félins.
« _C’est une petite chouette… ou hiboux. Je ne m’y connais pas vraiment en volatile. »
Un large sourire se dessina sur le visage de la jeune femme. Dajan fut heureux de voir qu’elle ne faisait plus la tête. Cependant, il ne comprit pas comment un petit oiseau, perché sur une toiture, pouvait lui redonner le moral. Voyant le regard intrigué de son compagnon, Brynhildur l’éclaira sur son changement d’habitude.
« _Mais t’es con ou quoi ! Si ça se trouve, c’est une des chouettes du Dûphon. Elle vient peut-être pour nous donner des nouvelles de Nova. »
Le grand black sourit à son tour. Il venait de comprendre.
La capitaine ouvrit légèrement la fenêtre pour que le messager puisse pénétrer dans la pièce. Les deux amis tressaillirent quand le vent froid s’engouffra dans l’intervalle. Heureusement, il ne fallu pas plus de cinq minutes pour que le petit volatile, une chevêche d’Athéna, pour venir se poser sur le rebord de la fenêtre puis de se faufiler dans la chambre. L’animal n’était pas plus gros qu’un pigeon. Ses grands yeux jaunes scrutaient avec attention les moindres détails de la pièce. Son cou se tordait pour observer ce qui se trouvait derrière elle. Une fois mise en confiance, elle vint se poser sur le dossier d’une chaise. Un petit tube à peine plus gros qu’une phalange était accroché sur sa patte gauche.
Brynhildur s’approcha lentement de la chouette, pour ne pas l’effrayer. L’animal continuait de décrire des demi-cercles avec sa tête pour regarder dans tous les sens. Quand la jeune femme tendit sa main vers la chevêche, celle-ci bondit sur ses doigts. Une fois bien installée, l’oiseau se ratatina sur elle-même. Ses plumes étaient trempées, elle était également gelée. Brynhildur lui frotta gentiment la tête sans que cette dernière ne réagisse. La petite chouette avait fermé les yeux, elle dormait. Délicatement, en essayant de la balloter la moins possible, l’islandaise décrocha le tube. Elle l’envoya à son ami qui attendait calmement dans le fond de la pièce.
Dajan rattrapa l’objet de ses deux grosses mains. Pendant qu’il ouvrait le contenant, la jeune femme déposait une chaise près du chauffage avant d’un faire doucement glisser la messagère épuisée.
« _Novgorod est à Prague.
_C’est tout ? s’exclama Brynhildur.
_Oui. De toute façon, ce n’est pas possible d’écrire plus. Et puis vu la taille de la postière, il ne faut pas s’en étonner, ironisa le grand black en jetant un coup d’œil rapide à la chouette endormie.
« _Que faisons-nous alors ? Si nous écourtons notre séjour, cela risque d’attirer l’attention. »
« _On peut couper quelques jours. Au pire, si nous sommes espionnés et que l’on nous pose des questions, on répondra qu’on en avait marre de Londres. Après, il ne faut pas faire remarqué que nous avons une destination précise.
_Tu as raison. Je propose d’aller à Bruxelles, j’ai toujours eu envi d’aller vois ce fameux Atomium. Puis nous n’aurons qu’à passer par Berlin et sa porte de Brandebourg. Il sera alors facile d’aller à Prague.
_Oui, c’est une bonne idée ! Un peu de tourisme n’est pas pour me déplaire. Mais si nous nous arrêtons en République Tchèque, cela risque d’être douteux, tu ne crois pas ?
_Le mieux serait de programmer une ou deux autres villes après Prague. Pourquoi pas Viennes et Budapest. Par contre, ce qui m’inquiète, ce sont les raisons qui ont poussé Nova à ne pas continué vers l’Est comme tu le pensais.
_Un imprévu ? Une stratégie. Nova a l’avantage du temps… »

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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptyVen 1 Juil - 11:11

Chap. 05-1


Rien, rien et encore rien. Novgorod avait l’horrible sentiment de courir après une chimère. Mais pas une bête avec deux têtes, mais bien du vent. Le –ou les- vampire continuait de faire des victimes. Heureusement, si l’on pouvait dire les choses ainsi, aucun vampire n’était né. La russe se voyait mal encore accueillir plus d’une ou deux jeunes femmes dans le bunker. Ses pensées allèrent avec Venceslava qui se rétablissait lentement de ses blessures. Cette mésaventure avait eu, au moins, un avantage, celui de calmer les ardeurs de la demoiselle. Ses amies aussi étaient moins promptes à sortir désormais.
La neige continuait de tomber sur la capitale tchèque. Les praguois semblaient toujours sensibles aux très basses températures. Nova, elle, n’en souffrait pas. Sous son épaisse chapka, elle continuait d’arpenter les rues, comme une âme en peine, à la recherche d’un indice inexistant. Quel idée de sortir en journée. Le ciel était pourtant bas, les nuages épais. Un vampire assez ancien, ou fort vigoureux, n’aurait aucun mal à se mouvoir avec un temps pareil.
Pour la énième fois, elle se rendit dans le vieux quartier. Presque la moitié des victimes avaient été faite dans ses environs proches. Peut-être que sa tanière devait s’y trouver. Comment savoir.
A force de se focaliser sur sa proie vampirique, Novgorod en avait presque oublié les Yggardiens. Plongée dans ses pensées, elle ne remarqua pas qu’on la suivait discrètement depuis plusieurs minutes. En civile, un yggardien ressemblait à n’importe quel passant. Pour ne pas être repérer, ces dernier avaient habitude de filer à plusieurs. C’est ce qu’il faisait en ce moment même. La semi-vampire était une cible dite prioritaire car dangereuse. D’ailleurs, le chef de l’enclave du pays pensait que c’était elle la responsable de la série de meurtre qui endeuillait la ville. Il avait fait par de ses opinions à Thorsson. Mais ce dernier, malgré sa haine pour elle, n’adhérait pas à ces idées.
Cependant, les yggardiens tchèques avaient reporté toute leur attention sur la jeune femme. Et aujourd’hui, ils l’avaient repéré. Il ne pouvait pas l’attaquer en pleine rue. Les agents espéraient qu’elle se faufilerait dans une ruelle peu fréquenté pour la neutraliser. Ce qu’elle finit par faire.
Complètement à l’ouest, Novgorod ne se rendit compte à aucun moment qu’elle était suivit et qu’elle se jetait dans un traquenard. Les hauts pans des murs rendaient la ruelle sombre. En errant sans vrai but, la russe, par instinct, avait rejoint un environnement qui lui semblait plus adapter à sa condition.
Quand machinalement elle leva le nez pour se diriger, elle remarqua deux individus qui s’avançaient dans sa direction. Ils n’avaient pas l’air commode. Un mauvais pressentiment l’envahit. Pour ne pas paraitre très suspect, on ne savait jamais, elle fit mine de fouiller ses poches, puis prit la mine de quelqu’un qui a perdu quelques choses. Cela lui donna un prétexte pour faire demi-tour. Malheureusement, deux autres individus lui barraient la route. Novgorod comprit immédiatement que son inattention l’avait conduit tout droit dans un piège. Ses charmantes personnes devaient être des yggardiens. Bon sang ! Elle ne pouvait pas se permettre de se faire prendre. Ses filles ne pourraient survivre longtemps sans elle.
La fuite paraissait plus envisageable qu’un combat. Bien qu’il ne paye pas de mines, les agents devaient être équipés pour la neutraliser. Ses yeux se levèrent en direction des toits. Son plan de fuite tomba à l’eau en apercevant encore deux personnes qui l’épiaient. Elle n’en revenait pas d’être tomber dans une embuscade de roman de gare. Elle était prise au piège.
Les yggardiens sortirent de sous leurs vêtements des choses qui s’apparentait à des tasers. Efficace pour neutraliser une créature de légende à forme humaine en doute discrétion. Un premier homme tira. Nova parvint à esquiver le coup, mais pas le second qui la touche en plein milieu du dos. La secousse électrique fut terrible. Elle mit un genou à terre, tout ses membres étaient engourdit. Si elle se sentait capable de soutenir une seconde décharge, elle n’en était pas moins sur pour une troisième, voir une quatrième. Elle ne voyait pas comment faire pour se sortir de ce mauvais pas.
Son salut vint du ciel. Un des agents vint s’aplatir sur deux de ses camarades. Puis, un homme, vêtu à la mode ancienne tomba sur les deux derniers yggardiens qui eurent à peine le temps de comprendre ce qui se passait. Une fois tout ce petit monde dans les vapes, ce sauveur inopportun porta secours à Novgorod. Il l’aida à se relever. Avec son aide, ils gagnèrent facilement les toits, en sautant de façade en façade. Ils mirent une aussi grande distance entre eux et les yggardiens. La jeune femme se remit assez vite de la décharge électrique. Son compagnon n’eut pas à la soutenir longtemps. Ils regagnèrent les rues avec discrétion avant d’entrer dans un salon de thé. Si on les recherchait, il n’y avait pas mieux comme cachette.
La serveuse les accueillit comme s’il s’agissait d’un couple comme les autres, malgré l’étrange accoutrement de l’homme. Novgorod n’avait pas pleinement confiance dans son partenaire de la journée, mais elle était curieuse d’en savoir un peu plus. Peut-être une piste. Son sauveur son montra extrêmement galant. Il tira la chaise de son invitée avant de la repousser derrière elle. Quand il se fut installé, Novgorod eut tout le temps de l’observer.
Il avait l’air tout droit sortit d’un autre temps, ou d’un film. Ses vêtements étaient un harmonieux ensemble de dentelle et de velours, typique des gothiques du style XIXème siècle. Ses cheveux ébène étaient démesurément long, regrouper par un ruban au niveau de ses haches. Ses traits de visages étaient fins, mais de larges cernes violacés coloraient son teint blafard. Ses yeux très sombres se dissimulaient derrière une très ancienne paire de lunette. Il avait tout l’air d’un intellectuel.
La semi-vampire ne détecta aucune malveillance dans le regard de cet homme. Mais elle était sûre qu’il n’était pas humain. Nova était même prête à parier que c’était un vampire. Ce dernier commanda deux tasses de thé, vanille framboise. Quand ils furent servis, c’est lui qui prit la parole en premier.
« _J’espère que ce thé sera à votre goût. Je me nomme Jurgën Von Unbewust, mais on m’appelle généralement l’Instruit. Il se trouve que je vous observe depuis longtemps. Oh, pas pour de vilaine chose. Mais je pense que vous et moi partageons un certains statu. »
Il parlait un anglais presque parfait avec une pointe d’accès allemand. Rien d’étonnant à l’évocation de son nom.
_Vous présumez plutôt bien monsieur l’Instruit. Cependant, je pense être quelques peu différente de vous et de vos congénères. Je tiens à vous remercier pour se sauvetage. Cependant, je me demande pourquoi un vampire a prit la peine de me venir en aide alors que c’est précisément pour en éliminer un que j’arpente les rues de Prague depuis des mois.
Novgorod n’avait pas l’intention de tourner autour du pot. Si c’était bien lui qui semait le trouble, elle n’hésiterait pas à le détruire sur le champ.
_Je ne m’étais pas tromper en concluant que vous étiez une femme de poigne. Bien. Il se trouve que je suis à peu très dans la même situation que vous. Comme vous l’avez dis, un vampire sème la mort dans la ville. Ses crimes nous mettent en danger, vous comme moi, car il met les Yggardiens sur le pied de guerre. De plus, les rumeurs concernant les dernières directives vis-à-vis des buveurs de sang ne sont pas très bonnes. Je le pourchasse depuis ses premiers meurtres mais je ne suis pas parvenu à l’occire. Il est bien plus puissant que moi et ma date de naissance, humaine ça va s’en dire, est de 1556. Je vous propose donc une alliance pour trouver ce monstre et mettre fin à ses agissements.
_Vous me voyez combler par une telle proposition. Cependant, je me demande si je peux vous faire confiance.
_Je me pose la même question à propos de vous, Fräulein Novgorod. Je sais beaucoup de chose sur votre compte. Vous êtes une ancienne des Yggardiens…
_Très bien ! le coupa sèchement la jeune femme. On va dire que je vous fais confiance. J’espère que vous avez une piste. En ce qui me concerne, je tourne en rond depuis des semaines.
_Justement. J’ai déjà rencontré cet être. Sinon, comment aurai-je su qu’il était plus puissant que moi ? Je pense que ce vampire renégat devrait attaquer dans les prochains jours. De plus, je pense avoir repérer le lien, un bar. Seriez-vous d’accord pour surveiller ce lieu avec moi lors de ces prochaines nuits ?
_Avec plaisir. Plus vite ce vampire, plus vite je pourrais…en finir avec d’autres affaires qui me retiennent.
_Très bien. Dans ce cas, rendez-vous demain soir, ici même.
Sur ce, ils se séparèrent. Il fit ses adieux à Novgorod avec autant de galanterie qu’il l’avait accueillit.
La semi-vampire aurait bien voulu cheminer sous la neige pour réfléchit à l’accord qu’elle venir de faire avec de Von Machintrucchose. Ce dernier était probablement un vampire autochtone malgré les consonances allemandes de son nom. S’il était bien celui qu’il prétendait être, les choses allaient enfin s’arranger.
Dès que ce fut possible, Novgorod regagna les égouts. Après le froid sec de l’extérieur, le froid poisseux des évacuations des eaux sales. Un vrai miracle que toute sa personne n’empeste pas les déjections humaines. Elle mit plus de temps que de coutume à revenir à son bunker car son pas était lent. Elle hésitait à parler à ses filles de son étrange contrat avec un autre vampire. Peut-être devrait-elle seulement parler de sa rencontre…

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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptySam 16 Juil - 13:10

Chap. 06-1


Novgorod ne parla pas à ses protégées de sa rencontre avec l’Instruit. Elle ignorait quels pouvaient-être leurs réactions en apprenant qu’un troisième vampire se baladait dans les rues de Prague. Et qu’en plus, leur protectrice avait passé un accord avec lui. La semi-vampire préférait qu’elles se consacrent entièrement à Venceslava. Ses jambes reprenaient peu à peu un aspect normal. Les chairs étaient presque entièrement reconstituées. D’ici deux ou trois jours, elle pourrait se remettre à marcher.
Le soir du rendez-vous, elle sortie sans dire un mot. De toute façon, elle n’avait pas justifié ses allées et venues. Et puis, la traque du maléfique vampire ne pouvait que se faire la nuit, quand il pouvait se déplacer. En chemin, Novgorod espérait de tout son cœur que les prochains jours, ou nuits, seraient les bons.
Comme convenu, la jeune femme retrouva l’Instruit au salon de thé. Ce dernier dégustait tranquillement ce doux breuvage. Nova en fut quelque peu surprise. La nuit n’était pas encore tombée. Ce pouvait-il que Von trucmuhce puisse se déplacer en plein jour ? Quand le vampire la vit, il fit encore preuve de galanterie en l’invitant à déguster à une tasse de la délicate boisson. Elle voulu refuser pour partir immédiatement. Jürgen insista. Leur proie ne sortirait qu’une fois que les Ténèbres se seraient abattues sur la ville.
« _ Etrange que vous soyez déjà dehors… fit-elle comme si elle pensait tout haut.
_Remarque pertinente Fräulein. Mais bien dissimuler sous une large cape, ou veste comme aujourd’hui, je ne crains pas la lumière du jour. Mais notre vampire ne peut se permettre d’être aussi remarquable…De plus, il se rapproche plus de l’être bestial qu’autre chose. Peu de chance pour qu’il mette au point des stratégies de ce genre. Ayez confiance. »
Nova afficha clairement son scepticisme. Faire confiance à un vampire pouvait être très risqué. De plus rien ne laissait penser que le dit vampire ne soit pas celui que la jeune femme recherchait depuis des mois. Ses tics maniérés étaient cependant un argument qui ne plaidait pas en faveur de cette théorie. Le bourreau de ses protégées avait fait preuve d’une violence animale qui ne semblait pas correspondre à Jürgen.
Dégustant un étrange thé rouge à la vanille, la semi-vampire ne pouvait pas détourner son regard de son camarade, comme intrigué par ce personnage sortie d’un autre temps. Comme lors de leur première rencontre, il était vêtu d’une très belle chemise, noire, à dentelle à teinte rougeâtre, surmonté d’un petit veston de la même couleur. Son large manteau reposait sur le dossier de sa chaise, raclant la poussière au sol. Un tricorne pendait à l’angle du fauteuil, contre lequel reposait également une superbe canne au pommeau celtisant. Lorsqu’il portait sa tasse de thé à ses lèvres, son petit doigt ne touchait pas l’anse. Pendant un court instant, Novgorod le prit pour un des envahisseurs d’une ancienne série T.V.
« _Et bien ?, questionna-t-elle. Que faisons-nous maintenant ?
_Comme vous l’avez fait si humblement remarqué, il fait encore jour. Notre ami ne se montrera pas tant que la nuit ne sera pas tombée. Nous allons donc attendre que le soleil se couche. Puis, nous nous rendrons vers l’endroit où je pense que le vampire va agir. Il n’y aura plus qu’à attendre.
_S’il se montre ! Et s’il agira bien à cet endroit. Imaginons que vous vous trompiez, il pourrait faire d’autre victime.
_C’est vrai. Mais avez-vous autre chose à proposer ? Je connais son visage, il me sera donc facile de le reconnaitre. »Il marqua un temps pour boire une lampée. « Et puis, une victime de plus ou de moins… »
Nova ne répondit pas à la dernière remarque de l’Instruit. On voyait bien là un être qui n’avait que peu de considération pour les vies humaines. Typique des vampires.

La tombée du jour arriva vite.
Se faufilant dans une petite ruelle étroite et mal éclairée, Novgorod et Jürgen gagnèrent les toits. Un fois sur les hauteurs, ils se rendirent vers le bar où leur ennemi devait sévir. La ballade entre les antennes et les cheminées se fit sans incident. Le vampire fut simplement remarquer que, de son temps, les paraboles et autres poêles à frire pour capter la télévisions n’étaient pas la pour compliquer les déplacements. Quand ils leurs faillaient franchir une allée ou une voie large, ils prenaient un maximum de précautions pour ne pas être vu. Ils ne souhaitaient pas qu’un témoin ne prévienne la police que deux énergumènes se pavanaient sur les toits de Prague. La jeune femme ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire en voyant son compagnon faire balloter sa canne.
L’Instruit mena Nova hors du centre historique de la ville pour arriver dans une zone qui paraissait plus résidentielle que commerçante. Dans une petite ruelle, un petit établissement, d’allure glauque et salle, accueillait une clientèle très hétéroclite. La jeune femme put y reconnaitre des étudiants, des alcooliques de tous poils et des gens plus âgés.
La lune n’apparaissait que par intermittence, dissimulée par d’épais nuages noirs. Les conditions étaient parfaites pour que le vampire meurtrier entre en action. Mais la nuit venait juste de tombée. Quelques heures, et quelques bières, étaient encore nécessaires.
Jürgen, tel un rapace, se percha sur une cheminée qui ne fonctionnait plus, aucune fumée ne s’en échappait malgré le froid. Il était courant que ces conduits d’évacuation soient bouchés quand les propriétaires des appartements d’immeubles restauraient ou réaménageaient leurs biens. Avec sa longue veste, sons tricorne et ses lunettes, il avait vraiment l’air d’un prédateur issu d’un roman. Nova s’installa sur le bord du toit, en tailleur.
Contemplant les gens qui allaient et venait dans l’établissement, elle se remémora de ses premières sorties dans des bars avec Eustaches après qu’il l’eut fait sortir d’U.R.S.S. Elle ignorait tout des boissons et des attitudes à adopter dans ce genre de lieu. Mais très vite, elle avait prit goût à ses ambiances de détente, de fête et de beuverie. Si le professeur buvait peu, Nova était toujours heureuse de jouer à des jeux d’alcool, surtout si s’était de la vodka. Sa condition de vampire lui faisait très bien tenir la boisson et encore plus quand il s’agissait de l’alcool de son pays. Elle en avait mis dans des comas éthyliques qui auraient bien pu leur couter la vie. Malheureusement, certains hommes ne pensaient qu’avec leurs instincts supérieurs et ne pouvaient donc pas tolérer qu’une femme puisse les battre dans les domaines où leurs égos étaient surdimensionnés. Heureusement personne n’était jamais mort de ces petits jeux pas si anodins.
La jeune femme se rappela à l’ordre d’elle-même quand elle se rendit compte qu’elle n’effectuait plus son travail de surveillance correctement. Ses yeux se penchèrent vers l’entrée du bar. Les allées et venues étaient incessantes. Les jeunes étaient les plus mobiles, voguant de pub en pub. Novgorod surveillait surtout les groupes de jeunes femmes, ou celles seules, les proies les plus probable du vampire. Mais comment savoir si l’une d’entre elles allaient être prise en chasse ? Rester assis, à attendre que leur ennemi ne se montre énervait la jeune femme au plus haut point. Elle avait l’impression de ne servir à rien.
Perché sur la cheminée, Jürgen ne bougeait pas d’un cil, véritablement gargouille guettant un visage connu.
Il était presque une heure du matin, quand les bars commencent à fermer, que l’Instruit sortit de son état statique pour pointer du doigt un homme. Ce dernier, qui paraissait ivre, longeait les murs tout en s’y appuyant pour ne pas tomber. Il avait l’air d’un trentenaire, un peu pouilleux, style beauf, ayant bu trop de verre. Mais Jürgen connaissait son visage. Avec sa vision nyctalope, il n’avait eu aucun mal à la reconnaitre.
Novgorod fut parcouru par un sentiment de triomphe et une envie subite de sang. La bataille qui s’annonçait faisait resurgir des pulsions qu’elle savait très bien contrôler. Cependant, elle ne voulait faire preuve d’aucune pitié pour celui qui avait fait tant de mal à ses protégées. C’est à ce moment là qu’elle se rendit compte qu’elle n’avait pas son épée à la ceinture. Depuis qu’elle avait eu connaisse de sa capacité de thérianthrope, son arme de prédilection avait passé plus de temps au placard qu’en sa compagnie. Mais ses mains pouvaient devenir des lames bien plus tranchantes que celle de son épée.
La jeune femme aurait voulu sauter sans plus attendre de son perchoir pour renduire en morceau le criminel. Mais son compagnon l’en empêcha. Il y avait encore trop de monde en bas pour se montrer.
« _Peu importe ! On lui tombe dessus et on le tue ! chuchota Novgorod, elle craignait que le vampire assassin n’est l’ouï fine.
_Je vous comprends. Mais si nous intervenons maintenant, on se sait pas comment vont réagir les humains. Ils pourraient prévenir la police avant même qu’on est pu neutraliser notre proie. Attendons qu’il prenne une fille en chasse. Nous interviendrons à ce moment là. »
Novgorod hésita. Les deux stratégies se valaient. Finalement, elle se rangea du côté de son compagnon de lutte. Mais sa plus grande crainte était que le vampire n’attaque une fille avant qu’ils ne puissent intervenir.
Le tueur passa devant le bar, comme si de rien n’était. A une intersection, il s’assit à terre. On aurait pu le prendre pour un poivrot proche du coma éthylique. Bien pensé pour une bête. Il ne fallu pas attendre plus d’une dizaine de minute pour qu’une demoiselle, d’une vingtaine d’année, probablement une étudiante, quitte le bar, chaudement emmitouflé dans une épaisse veste. Le visage caché par une écharpe de laine et la tête couverte d’un bonnet pointu, la jeune fille passe près du vampire sans lui porter la moindre attention. Dès qu’elle fut à moins de dix mètre de lui, le tueur se releva. Observant les alentours discrètement, il escala une façade et suivit sa proie. Ainsi, même si la demoiselle se retournait pour s’assurer qu’on ne la suivait pas, elle ne pourrait pas le voir.
Aussi silencieux que des chats, Jürgen et Novgorod avait pris, à leur tour, le vampire en chasse. Pour mieux palier le risque de fuite, la semi-vampire avait changé de toit.
La traque dura un bon moment. Une éternité pour Nova. Ses peurs étaient centrées sur la demoiselle. Elle ne voulait à avoir à prendre une nouvelle fille perdue au bunker. Surtout que si le vampire était tué cette nuit, il lui faudrait trouver une solution pour mettre ses anciennes victimes en sécurité. Novgorod ne pouvait se permettre de poursuivre sa recherche de l’assassin d’Eustache avec toute une bande.
Mais l’heure n’était pas au futur, mais bien au présent. Et grand bien prit à Nova de revenir sur terre. Alors que la jeune traquée s’apprêtait à entrer dans un bâtiment, le tueur fondit sur cette dernière. L’étudiante poussa un hurlement, bien vite étouffé par la grosse main puissante de son agresseur.
Il ne fallut pas plus de quelques secondes pour que l’Instruit et Novgorod ne descendent de leur promontoire pour porter secours à la victime et pour mettre hors d’état de nuire leur adversaire. Mais se fut bien trop court pour ne pas empêcher le vampire de mordre sa proie.
Jürgen fut le premier sur lui. De sa force phénoménale, il saisit le meurtrier par le col et le tira en arrière. Mais cette violence eut des conséquences malheureuses pour la victime. Ainsi arraché de sa proie, le vampire emporta avec lui une partie du cou de l’étudiante. Le corps de d’assassin fut projeté à plusieurs mettre. Mais ce petit vol plané n’était pas suffisant pour le neutraliser. Il se releva aussi sec.
Le vampire arborait un physique d’un homme d’une trentaine d’année. Ses cheveux courts en bataille lui donnaient des airs d’hystériques, comme un drogué en manque. Il en allait de même pour ses yeux blancs, révulsés. Dans les ténèbres de la nuit, les orbites vitreux et les crocs d’ivoires luisaient. Du sang dégoulinait de sa mâchoire qui venait de recracher le morceau de chair de sa victime. Sa posture était très suggestive : jambes fléchies, bras et doigts écartées, échine courbée. Il allait attaquer. Ce tueur sanguinaire ne pouvait probablement pas supporter qu’on le prive ou que l’on touche à sa nourriture.
Cependant, Novgorod ne lui laissa pas le temps de faire le premier pas. Da transformation n’avait prit pas plus d’une seconde. Elle avait atteint la ruelle sous son second aspect. Ses puissantes jambes digitigrades l’avaient alors propulsé vers son adversaire. Les deux corps se percutèrent dans un épouvantable son d’os qui craquent. Le tueur bascula en arrière sous la violence du choc. Mais il ne fut nullement déstabilisé par cette chute. Ses deux mains empoignèrent le col de Novgorod et la fit passer par-dessus son corps.
Dans un geste félin, la jeune femme virevolta pour ne pas heurter le sol. Ses griffes, des mains et des pieds, se plantèrent dans le béton de la ruelle, gardant ainsi une distance raisonnable d’avec son adversaire.
Jürgen avait suivit sa coéquipière. Il se jeta sur le tueur, encore allongé sur le sol après l’assaut de Nova. Mais l’Instruit ne fut pas assez rapide. Son adversaire le repoussa en arrière à l’aide de ses jambes. Le contact fut si brutal que des côtes de Jürgen craquèrent. Ce dernier fut projeté auprès du corps de l’étudiante.
Le vampire assassin eut à peine le temps de se remettre sur pied que Novgorod vint une nouvelle fois le percuter. Mais cette fois, elle le surprit de dos et avec un puissant coup de corne. Tête baissée, propulsée par les muscles surpuissants de ses cuisses, la jeune femme l’avait encorné comme un bélier. La colonne vertébrale du meurtrier craqua dans un bruit horrible.
Mais il fallait bien plus qu’une série de plaquage ou de choc pour mettre K.O. le vampire. Ce dernier tomba en avant. Nova, un peu sonnée par cette charge, mis quelques secondes à retrouver ses esprits. C’était plus qu’il n’est fallut pour son adversaire pour faire volte-face et contre-attaquer. Une bave sanguinolente dégoulinait de sa mâchoire crispée. Il serrait tellement les dents qu’on aurait pu croire qu’elles allaient exploser sous la pression.
L’avantage allant cependant à la semi-vampire puisqu’elle n’était pas seule. Jürgen, rétabli, avait sortie une lame de sa canne d’argent. D’un geste puissant et maitrisé, il tailla une première estafilade sur le dos de son adversaire. Le vampire poussa un hurlement strident. Avec un tel cri, tout le quartier allaient bientôt s’éveiller. Il n’y avait plus une minute à perdre.
Perturbé par cette attaque surprise, le tueur se retourna vers l’Instruit. Novgorod en profita pour lui lacérer une nouvelle fois le dos. Cela n’empêcha pourtant pas le vampire de bondir sur Jürgen. Le choc lui fit perdre son arme. Mais au lieu de le repousser, l’agresseur fit passer son ennemi par-dessus son épaule. Dans sa chute, l’Instruit percuta son amie. Ils s’effondrèrent tous les deux.
Les premières lumières venaient d’apparaitre dans les minuscules interstices des volets. Bientôt, des gens allaient apparaitre aux fenêtres, peut-être armés de fusils. Les meurtres du vampire depuis ces derniers mois avaient fait naitre une peur dans le cœur des praguois.
Le tueur ne fit pas attention à l’agitation naissante. Son seul objectif était de récupérer sa proie. Allongée dans une flaque de sang, le corps de l’étudiante était devenu blanc à cause de l’anémie. Ponctuellement débarrasser de ses adversaires, l’assassins retourna auprès de son repas.
Novgorod et Jürgen s’étaient redressés. Leur percutions avait fait sauté le masque osseux qui recouvrait le visage de la semi-vampire. Sans perdre une seconde, la jeune femme fit un bon prodigieux dans les airs. Elle retomba de tout son poids sur son adversaire. Ses griffes de tous ses doigts pénétrèrent la chair morte du vampire. Une nouvelle fois, il poussa un épouvantable cri suraigu. Une fois qu’elle fut sûre que le tueur était bel et bien immobile sous elle, Nova fit tourner ses mains dans le corps. Les lames de rasoirs qu’étaient ses griffes firent deux énormes trous dans le dos de sa victime. Jürgen avait rejoint son ami, son épée à la main. Sans la moindre hésitation, il trancha net le cou du vampire.

Le combat n’avait pas duré plus de quelques minutes, mais il avait été intense et violent. Les deux acolytes échangèrent un regard de soulagement pendant un bref instant. Novgorod se retira de sa victime. Ses jambes et ses mains étaient ensanglantés. Debout devant le corps décollé, elle observa attentivement le cadavre. Puis son regard se posa sur la tête, couché de profile. Une tâche sombre attira son attention. Elle s’accroupit près du morceau de chair en le manipulant du bout de ses griffes. Jürgen ne fit pas attention à l’expression de surprise et d’inquiétude qu’affichait sa compagne. Sur le cou du mort, il y avait un code barre.
L’Instruit observait Nova avec curiosité. Jamais au cours de sa longue existence, il n’avait observé une telle créature. Des cornes, un masque osseux amovible, des griffes acérées comme des lames de rasoirs, des jambes- ou pattes- digitigrades et une petite queue –ridicule- violacées. De quel étrange mélange pouvait bien être issus sa compagne. Il y avait du vampire en elle, sûr ce point, aucun doute possible. Mais pour le reste…un gros lézard ? un capriné ?
Passez la surprise de retrouver un code barre sur le cadavre, Novgorod laissa le corps pour se précipiter vers celui de l’étudiante. Il n’y avait aucune chance pour qu’elle est survécut vu le morceau de chair que lui avait le vampire lors de la première attaque de Jürgen. Cependant, c’était tout autre chose que redoutait la jeune femme. Le contact entre elle et son bourreau avait été très bref, mais s’il lui avait fait boire de son sang…
Des volets commençaient à s’ouvrir, laissant apparaitre des visages inquiets et apeurés. Puis des sirènes de voitures de police résonnèrent.
« _Fräulein, il faut partir. Les forces de l’ordre, et peut-être les Yggardiens, vont bientôt arriver, dit l’Instruit en rengainant son épée dans son fourreau.
Penchée sur la dernière victime du vampire fou, la jeune femme essayait de savoir si l’étudiante présentait un risque de transformation. La bouche était en sang, rien de surprenant, mais avait-elle ingurgité du sang pourri ? Comment savoir ?
« _Fräulein ! insista Jürgen.
_Oui, je sais. Mais je ne peux pas la laisser là si elle présente un risque. Si elle se transforme…
_Emportons le corps, la coupa son compagnon.
_Pardon ?
_Ce n’est pas le bon moment pour en discuter. »
Les sirènes de police se rapprochaient de plus en plus. D’ici quelques secondes, elle serait sur les lieux. Des gens étaient apparus aux fenêtres des étages les plus hauts des immeubles qui encadraient la ruelle. Ils regardaient médusés, les cadavres et les deux personnages vivants à leurs côtés.
Joignant les gestes à la parole, Jürgen saisit le corps avant de regagner les toits, sous les hurlements horrifiés des habitants. Sans perdre une seconde, Novgorod alla récupérer son masque avant de rejoindre son compagnon. Ce dernier avait commencé à mettre un maximum de distance entre les lieux de l’affrontement et lui. La semi-vampire le rattrapa sans aucunes difficultés.
« _Et maintenant ? Que faisons-nous ? Nous ne pouvons pas rester sur les toits avec un cadavre. Si les Yggardiens ont été mis au courant, de l’agression, c’est le premier endroit où ils déploieront des hommes, fit remarquer Nova.
_Pour l’instant, éloignons-nous le plus possible. Mais il est vrai que je n’en ai pas la moindre idée. »
Une vingtaine de minute plus tard, le duo s’arrêta dans un parc, dans des bosquets. Le corps de l’étudiante ne montrait pas encore de signe de transformation. Cela pouvait prendre du temps. Il fallait qu’ils trouvent un lieu où se réfugier. Malheureusement, les planques étaient peu nombreuses. Impossible de se rendre dans un hôtel ou un établissement semblable. Novgorod essaya de convaincre son ami de trouver refuge à son domicile. Mais ce dernier refusa catégoriquement. Son lieu de résidence était trop exposé.
Les discussions furent longues et tumultueuses. Finalement, ils ne trouvèrent pas d’autre choix que de rejoindre le bunker de Novgorod. Celle-ci n’était pas enchantée de faire entrer dans son refuge un inconnu.

Jürgen ne cessa de se plaindre des odeurs et de la propreté des égouts. A plusieurs reprises, il manque de glisser et de tomber dans les eaux malodorantes. La semi-vampire, portant le corps, esquissait des petits sourires satisfaits à chaque fois que son compagnon marchait dans un détritus gluant et puant.
Mais hormis ces moments éphémères d’amusement, elle pensait au cadavre qu’elle avait dans les bras. Que devrait-elle en faire si ne se transformait pas ? Le remettre dans la nature ? Le jeter dans les égouts ? Beaucoup de questions mais peu de réponses. Il y avait aussi la suite des événements avec ses protégées. Maintenant que le vampire était mort, Nova voulait reprendre la traque de celui qui avait tué Eustache. Mais elle ne pouvait pas emmener les filles avec elle. Elle ne pouvait pas les laisser ici, à Prague.
Ses pensées furent interrompues quand elle arriva à la large fissure qui menait au bunker. L’Instruit se plaignait encore et toujours. Au fond d’elle, Novgorod espérait que ses jérémiades n’avait pas atteins les oreilles de ses protégées. L’arrivée d’un inconnu ne pourrait que les effrayer.
Fort heureusement, il n’en fut rien. Cependant, la vue de leur protectrice, un corps dans les bras, recouverte de sang, fit planer un vent de panique dans le réduit. Quand les filles virent l’homme qui accompagnait Nova, elles reculèrent toutes, formant une sorte de bouclier humain devant Venceslava.
« _Du calme. Il est avec moi, les rassura la semi-vampire, en déposant le cadavre sur la table. »

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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptyJeu 28 Juil - 17:55

Chap. 07-1

Les craintes de Novgorod s’étaient révélées exactes. La dernière victime du vampire s’éveilla quelques jours après son attaque : transformée. La nouvelle venue s’appelait Milena, comme une amante de l’écrivain Kafka.
Arpentant les rues de Prague, libéré de son tueur en série, Novgorod s’interrogeait sur la marcha à suivre. Bien que les Yggardiens avaient retrouvé leur calme, elle ne concevait pas de laisser ses six petites protégées seules dans la capitale tchèque.
Il neigeait encore. Une fois de plus, les transports en commun ne fonctionnaient pas. Les rues de la ville étaient désertées. Les quelques badauds qui se risquaient dans les vingt centimètres de poudreuses ne le faisaient que par obligations professionnelles ou par contrainte personnelles. Avec sa chapka et son épais manteau, Nova ne craignait pas la morsure du froid. Elle y était habituée de toute façon. Chacun de ses pas grisait dans la neige et y laissait une épaisse empreinte. Pendant qu’elle errait dans le centre-ville de Prague, ses pensées vagabondaient vers le futur. Il lui fallait à présent regagner sa ville natale, Nijni Novgorod. Elle ignorait pourquoi sa volonté la poussait à retourner là-bas, mais il y avait une raison. Qui sait, peut-être que cela lui permettrait de mettre la main sur l’assassin du professeur Eustache. Ah, la vengeance. La jeune femme n’était pas sûre que cette chasse à l’homme apaise sa peine. Mais elle s’en fichait. Nova avait un but, ce qui était déjà un point positif à ses yeux. Cette traque allaient probablement l’occuper pendant quelques années. Peut-être que d’ici là, Thorsson serait mort et que Kureno l’a rappellera…
Et ses protégées ? Qu’en faire ? Novgorod ne pouvait pas les prendre avec elle. Sa traque était trop dangereuse et personnelle. Elle ne se voyait pas non plus les abandonner avec comme seul conseil : démerdez-vous. Et puis, la nouvelle politique des Yggardiens envers les buveurs de sang les mettait trop en danger. Il fallait les cacher. Mais où ?
Trop de questions et peu de réponses. Sans s’en rendre compte, Nova s’était encore rend dans le vieux cimetière juif. Cet endroit, noir et blanc, était calme. Il apaisait la jeune femme. Les pierres tombales qui se chevauchaient formaient des amas qu’il était impossible de traverser. Peut-être par inconscience, ou par ennuie, elle bondit sur ne des tombes, en espérant qu’elle ne vacille pas, et continua son chemin. Par petit saut léger, elle avança dans la nécropole abandonnée. Certaines pierres bougeaient sous son poids, mais aucune de s’effondra.
Et Jürgen ? Elle l’avait presque oublié celui-là. Novgorod ne se voyait pas lui confier les filles. Elle n’avait aucune idée du type de vampire qu’il était. Sous ses airs d’intellectuels d’un autre siècle, il pouvait très bien être un tueur. Si la semi-vampire n’avait rien contre un clan, comme elle l’avait fait, un clan d’assassin ne l’enchantait guère. Dans la mesure du possible, elle voulut mettre un maximum de distance entre l’Instruit et ses protégées.
Continuant sa promenade sur les pierres tombales, perdue dans ses pensées, Novgorod ne remarqua pas qu’elle était observée. Il faut aussi dire que l’espion était bien atypique, et de très petite taille. Il observa pendant un moment la jeune femme, comme pour s’assurer qu’il s’agissait bien de la personne avec qui il devait entrer en contact. Quand il fut sûr de son coup, il lui fallait à présent trouver un moyen de l’approcher sans prendre le risque de se faire plumer.
Au vieux truc les meilleurs trucs, l’étrange messager prirent le taureau par les cornes. Rien de mieux pour attirer l’attention d’un humain que de lui foncer dedans. Et c’est que fit le petit espion. Il voleta d’abord d’arbre en arbre, discrètement, pour arriver aussi près de sa cible que possible. Puis, prenant son courage à deux mains, il s’élança.
Encore perdue dans ses pensées, Novgorod ne prenait pas garde à ce qui l’entourait. Ce manque d’attention aurait pu lui couter cher si l’espion qui l’agressa avait été animé de mauvaise attention.
Alors qu’elle se pensait seule, une chose la percuta en plein visage. Le choc fut si violent qu’il la fit basculer en arrière. Son dos heurta plusieurs pierres tombales. Puis elle tomba sur le sol enneigé. Le froid qui pénétra ses vêtements soulagea le terrible mal de dos causé par sa chute. Novgorod, quelque peu secouée, resta un moment allongé. En passant sa main sur son visage, elle s’aperçut qu’elle saignait. La jeune femme ne savait pas ce qui l’avait percuté, mais ce n’était apparemment pas amical. Dans un souci de leurre, Nova décida de ne pas bouger. Cela pousserait son agresseur à se montrer. Ses sens en alerte, elle attendait.
Aucun bruit, sauf quelques crissements de neige, ne parvenait aux oreilles de la jeune femme. Son champ de vision ne percevait pas grand-chose. Les vingt centimètres de poudreuse ne permettaient pas de voir ce qu’il y avait autour d’elle. Le froid engourdissait le nez de Nova, impossible de sentier une quelle conque présence.
Les secondes s’égrenaient et rien ne se passait. Avait-elle avait été agressée ? Les arbres étaient trop lointains pour qu’elle ait percuté une branche. Un volatile aurait-il pu lui rentrer dedans, toutes sers dehors ?
Puis, tout d’un coup, Novgorod sentit un petit poids sur sa poitrine. Doucement, elle releva légèrement la tête. Tranquillement installée sur cette dernière, une toute petite chouette l’observait. Avec ses grands yeux ronds qui prenaient une bonne part de sa tête, le volatile avait quelques choses d’attendrissantes. À plusieurs reprises, elle s’avança sur le corps de la semi-vampire, jusqu’elle soit presque bec à nez avec cette dernière.
Novgorod était pantoise. La chouette avait un comportement bien étrange pour un animal sauvage. Était-ce cette petite bête qui l’avait agressé et fait tomber ? Cela lui paraissait plausible. Les griffes de l’oiseau de nuit l’auraient blessée. Mais cette attaque soudaine et sa présence sur sa poitrine la perturbaient.
Quand elle sentit le froid du bec sur son nez, Nova émit un grognement, à la manière d’un chat feulant contre un autre félin. La petite chouette s’envola à quelques encablures, pour se poser une pierre tombale. L’animal ne semblait pas déterminé à s’éloigner de son étrange proie. Elle émit quelques hululements quand la jeune femme se releva.
La neige fondue qui avait imprégné les vêtements de Novgorod commençait à l’engourdir. C’est très lentement qu’elle s’appuya sur ses coudes. Son regard ne s’était pas détaché du volatile. Les flocons continuaient de tomber. Une fine couche de poudreuse la recouvrait légèrement, ainsi que la petite tête emplumée. Quand elle se releva complètement, sous ne se secouant, Novgorod remarqua d’un petit message de papier se trouvait accrocher à la patte de la chouette. Cela de l’étonna pas au premier abord. Cela devait être quelques choses liées à un protocole scientifique de quelques éthologues. Pas la peine de s’y attarder.
Nova tourna les talons, les épaules voutées, les bras se frictionnant le corps pour lutter contre le froid. L’animal hulula de nouveau, mais pas avec sa première intonation. Cette fois-ci, son cri paraissait plus rapide.
Pendant un court instant, la semi-vampire se demanda si le volatile de cherchait pas à attirer son attention. Elle se retourna. La chouette se mit à se dandiner, comme pour mettre en évidence le bout de papier à sa patte. Ainsi installé sur la pierre tombale, le plumage dissimulait l’hypothétique message.
Nova hésita un court instant. Elle fronça les sourcils. Et si quelqu’un essayait d’entrer en contact avec elle. Des dizaines d’idées l’assaillirent. La Chouette était l’animal fétiche de la déesse Athéna. Mais elle savait que cette entité ne vivait pas dans ce monde. À moins que la Grecque ait passé une porte d’Yggdrasil… D’autres hypothèses se présentaient à elle, mais aucune ne paraissait vraisemblable.
Finalement, elle s’approcha, sans trop de méfiance vers l’animal. Si quelqu’un avait voulu la tuer, il aurait pu le faire quand elle avait été à terre. En la voyant s’avancer, la chouette hulula encore, signifiant son contentement. Novgorod présenta sa main à la messagère. D’un coup d’aile, elle se posa sur le revers blanc de la semi-vampire. Mais le manque de prise sur le plat la fit tituber. Une rotation de poignet, Nova permit à la petite chouette de reprendre son équilibre sur le tranchant de sa main. La petite séance d’acrobatie du volatile laissa quelques entailles dans la chair de la jeune femme. La capacité régénérante fit disparaitre les blessures superficielles très rapidement.
De sa main livre, Novgorod détacha délicatement le message. Petits cris de sa nouvelle amie. Il fut difficile de déplier le microrouleau. Elle déposa l’oiseau de nuit sur son épaule pour se libérer sa seconde main. En tout petit caractère noir, il était écrit :
RDV 23h Hôtel (adresse). Dajan & Brynhildur

Dajan et le capitaine Indriðason, ici ? À Prague ?
Un petit sourire illumina le visage de Novgorod. Elle se faisait une joie de revoir ses amis. Cependant, la manière de communiquer lui fit dire que ces deux-là étaient aussi sur leur garde. Thorsson devait les soupçonner de vouloir entrer en contact avec elle. Mais vite, sa joie laissa place à la suspicion. Et si cela était un piège grossier ? Visiblement, elle était prête à se jeter tête baissée dedans. Cependant, il y avait trop de délicatesse dans la manière de communiquer pour que ce soit l’œuvre de Thorsson. Et puis, comme cet homme voulait sa mort, il aurait plutôt placé une bombe à la patte du volatile plutôt qu’un message. Si elle décidait d’aller au rendez-vous, pas question d’y aller seule. Comme il était hors de question de prendre une de ses protégées avec elle, l’Instruit lui apparaissait comme la seule personne de confiance. Si la rencontre était effectivement un piège, ils pourraient le repérer rapidement. Et puis, ils formaient un duo plutôt efficace.

Le vent s’était levé et la neige tombait à gros flocons. Novgorod et Jürgen voyaient cela comme un avantage. Même avec leur technologie, il serait difficile pour les Yggardiens de les attaquer. Les yeux de chat de deux vampires leur permettaient une bien meilleure vision, et leurs réflexes une meilleure mobilité.
Le binôme prit ses précautions. Il gagna les toits à plus d’un kilomètre de l’adresse de l’hôtel. Ainsi, il pourrait repérer leur ennemi plus facilement. Les toitures étaient glissantes à cause de l’épaisse couche de neige qui les recouvrait. L’Instruit et Nova avancèrent précautionneusement pour ne pas glisser. Bien qu’une chute ne leur soit pas mortel, elle pouvait attirer l’attention. Une chance que les rues soient désertes à cause du blizzard qui soufflait.
Plus ils s’approchaient du lieu de rendez-vous, plus ils étaient attentifs à leur environnement malgré le temps épouvantable. Mais il n’y avait aucun signe d’une autre présence. Si les Yggardiens avaient dressé un piège, il était rudement bien camouflé.
L’horloge astronomique sonna onze heures. Novgorod grimaça. Elle serait en retard à son rendez-vous. La prudence était de rigueur. Se précipiter avec la chambre de l’hôtel, qu’elle apercevait déjà, pouvait être risqué. Avançant à ses côtés, Jürgen, emmitouflé dans un épais manteau et tricorne sur la tête, paraissait très calme. La canne à la main, il se mouvait avec une élégance d’un autre temps. Nova trouvait ce vampire très atypique. Ses congénères avaient plus tendance à se fondre dans leur époque, alors que ce dernier tentait de rester dans son siècle.
Une fois à la hauteur de l’hôtel, le binôme se stoppa. Ils se dissimulèrent discrètement derrière une sortie de cheminée. Bien qu’ils n’aient rien repéré, il était tout à fait possible que leur ennemi soit là, à les espionner. Les Yggardiens devaient attendre le meilleur moment pour se montrer.
« _Restez ici. Si c’est bien Dajan et le capitaine Indriðason qui m’ont donné rendez-vous, il n’y a rien à craindre.
_Et si ce n’est pas le cas Fräulein ? »
Nova ne répondit pas. Elle avait un bon pressentiment, une fois n’est pas coutume. Et puis, elle ne se voyait pas lui demander de prendre soin de ses filles. Et puis, en aurait-il envie ? Le silence était une bien meilleure réponse.
Tel un chat, Novgorod gagna discrètement le toit de l’hôtel. Sa descente vers la fenêtre de ses amis allait être délicate. C’est à ce moment qu’elle serait la plus vulnérable en cas d’attaque. Presque à plat ventre, elle se laissa glisser vers la gouttière. Ses yeux balayaient les alentours. Elle aperçut Jürgen qui faisait de même. Le vent soufflait fort. La semi-vampire allait devoir faire preuve de prudence pour ne pas être déséquilibrée par une bourrasque. Pendant un bref instant, elle hésita à se métamorphoser. Ses puissantes griffes lui permettraient de descendre en toute sécurité. Mais elle ignorait si le bruit de béton qui se fissure allait se répercuter dans les chambres. Il aurait été idiot d’être ainsi surprise. Les gouttières et les encadrements des fenêtres étaient bien plus sûrs et discrets.
Novgorod réussit sans trop de difficulté à rejoindre sa cible. Mais avant de signaler sa présence. Elle s’assura que ses hôtes étaient bel et bien seuls.
Allongée sur le lit double, le capitaine Indriðason lisait un guide touristique de ville. Ses longs cheveux clairs étaient lâchés sur ses épaules. Elle paraissait calme et décontractée.
Dajan, toujours aussi grand et noir comme la nuit, faisait les cent pas dans la pièce. Il était 23h passé. Il devait angoisser de ne voir arriver personne. Son attitude alerta la semi-vampire, son ami thérianthrope n’avait jamais été un être stressé.
Après avoir observé ses anciens collèges quelques instants, elle se risqua à griffer doucement la vitre. Le bruit strident du verre rayé fit bondir les deux Yggardiens. Le grand black se jeta sur la fenêtre. Avec une délicatesse toute relative, Dajan ouvrit les deux battants de la fenêtre. Il glissa sa tête à l’extérieur malgré le vent glacial. Là où une personne normale aurait regardé vers le bas, le géant leva les yeux vers les toits. Il sourit à pleine dent en apercevant la silhouette de Novgorod accrocher à rebord au mur. Il s’écarta immédiatement pour qu’elle puisse vite se mettre au chaud.
La semi-vampire respirait le bonheur. Revoir ses amis la réchauffait plus que la chaleur de la chambre d’hôtel. À peine avant-elle posé un pied dans la pièce que Dajan l’avait saisit. Il l’avait soulevé comme une plume. À voir la scène de loin, on aurait dit un gamin qui venait de retrouver son doudou. Si Novgorod avait été une humaine normale, cette accolade d’ours lui aurait coupé le souffle et broyé quelques côtes au passage. S’en suivit toutes une volée de baisés sur les joues.
Brynhildur du intervenir pour pouvoir, elle aussi, montrer sa joie de revoir son ancienne collège de travail. Les signes d’affections entre les deux femmes furent bien moins violents, mais tout aussi chaleureux.
Le trio échangea quelques formalités amicales. Nova souhaitait principalement avoir des nouvelles de Kureno. Tandis que Dajan préparait un thé pour réchauffer un peu le groupe, la capitaine lui parle du fils du professeur. Le sourire de la jeune femme se fana bien vite. Thorsson n’avait rien d’un homme de cœur, que ce soit sur le plan personnel ou professionnel. Novgorod se sentait responsable des difficultés du jeune dieu. Après tout, c’est elle qui était en partie responsable de cette situation difficile. Les deux Yggardiens tentèrent de la convaincre du contraire. S’il devait y avoir un coupable, c’était celui qui avait pris la vie d’Eustache. La colère gagna la semi-vampire. Son envie de retrouver le meurtrier de l’homme qu’elle aimait fit briller ne lueur dans ses yeux clairs. Elle réussit à contenir ses pulsions meurtrières pour revenir à un sujet plus important. Si Dajan et Brynhildur l’avaient contacté par chouette, ce n’était surement pas pour échanger des banalités.
« _Non, en effet, lui confirma le thérianthrope. Je sais que ton objectif est de mettre la main sur celui qui a tué le professeur…
_J’espère que vous n’êtes pas venu ici, tous les deux, pour me faire une leçon de moral, le stoppa Nova, irritée. »
Ses deux amis sourirent.
« _Heureusement que non ! Il serait mal venu de notre part de faire un sermon à une dame de ton âge, répliqua ironiquement la capitaine. »
Novgorod rit jaune. Certes, elle était bien plus vieille que ces amis, mais elle n’aimait pas qu’on la prenne pas une vieille.
« _Bref. Est-ce que le professer t’avait parlé du Domaine, questionna le thérianthrope.
_Non. Cela ne me dit rien, grimaça Nova. Qu’est-ce que c’est ?
_Je m’en doutais. Le Domaine est un… lieu spécial qui accueille les vampires en détresses et qui souhaite vivre en bonne entente dans le monde humain. »
L’intéressée fronça les sourcils. De quoi parlait-il ? Jamais Eustache n’avait évoqué, ou mêmes sous entendus, un lieu de ce genre. Un refuge pour vampire ? Mais cette annonce lui fit immédiatement penser à ses petites protégées. Si ce Domaine existait vraiment, et quoi qu’il fût, il pouvait prendre soin des filles.
« _Dis m’en plus, s’il te plait.
_Je n’en sais pas beaucoup plus. Je sais que le professeur a montré, avec l’aide de quelqu’un dont j’ignore l’identité, cet établissement pour les hématophages, donc principalement les vampires. L’idée de base, il me semble, était de mettre en sécurité ceux et celles qui avaient été transformés suite à une attaque.
_Et de quand date ce truc ? Je trouve étrange qu’Eustache ne m’ait jamais parlé.
_Il me semble que cela s’est monté après que tu es quitté les Yggardiens après l’affaire Skallingrimsson. Après l’incident, de nombreuses enclaves n’ont pas voulu respecter les règles d’apaisement vers les vampires.
_Très bien. Mais je ne comprends pas pourquoi tu es au courant et pas moi ! Il me semble qu’un tel lieu me concerne quelque peu.
_Il n’osait pas t’en parler, reprit Brynhildur. Il craignait que tu le prennes mal. Quoi qu'il en soit. Il faut absolument que tu te rendes dans cet endroit ! Les Yggardiens sont à ta recherche. Et ils sont déterminés à te faire disparaitre.
_Il est hors de question que je me terre ! rugit Nova.
_Cela serait pourtant raisonnable ! Thorsson se lassera d’ici quelques années, certaines enclaves auront changé de chefs. Les esprits seront un peu plus apaisés.
_Je m’en fiche ! Il est hors de questions que de passe des années cachée on ne sait trop où tout en sachant que l’assassin d’Eustache se balade dans la nature !
Les deux Yggardiens ne parvinrent pas à convaincre leur amie de changer d’avis. Ils savaient que c’était cause perdu, mais ils se devaient essayer. Dajan donna les coordonnés du Domaine à Nova. Il la supplia de prendre garde. Si elle conduisait, par mégarde, des Yggardiens à cet endroit, des dizaines de personnes seraient en danger.
La semi-vampire les rassura, depuis qu’elle avait fui l’enclave islandaise, son ancienne organisation ne l’avait attaqué une seule fois, ici à Prague. Mais comme elle y résidait depuis des mois. Sans oublier que le vampire fou les avait mis sur le pied de guerre. À ce sujet, Brynhildur la questionna. Si Novgorod fut honnête sur les réponses, elle négligea volontairement de lui parler des victimes transformées.
« _A ce sujet, ajouta Nova, le vampire fou avait un code-barre sur la nuque.
_Un code barre ? s’étonnèrent en même deux ses amis. »
Un long silence s’installa dans la pièce. Finalement, Dajan le rompit. Après l’étrange créature de Saint-Malo en France, un vampire meurtrier à Prague. À première vue, le vampirisme était un des seuls liens entre les deux affaires. Le nécrophage français avait dévoré des morceaux de victimes de suceurs de sang.
« _Une fois de retour à l’enclave, nous tacherons de faire une enquête discrète auprès des autres enclaves pour savoir s’ils ont eu affaire à des créatures ainsi marquées. »
Les perspectives de cette affaire de code s’annonçaient bien sombres.
Quand l’horloge astronomique sonna les unes heures du matin, Novgorod décida de quitter ses amis. Ses petites protégées n’avaient pas été mises au courant de son rendez-vous. Plus elle rentrait tard, plus ces dernières s’inquiétaient. De plus, il fallait bien encadrer la petite dernière, Milena. Elle eut aussi une pensée pour Jürgen. Il allait finir en glaçon.
« _Si tu as besoin de communiquer, tache de trouver un hibou ou une chouette. Ils sauront transmettre des messages.
_Parfait, j’ai déjà un petit volatile sous la main. »
Novgorod quitta la chambre comme elle était venue, par la façade. Le vent avait baissé d’intensité et il ne neigeait plus. Elle put facilement rejoindre son compagnon, toujours dissimulé derrière des cheminées. Le retour de son amie la réjouit. Il lui fit part de son ennui, mais son savoir-vivre lui interdit de la questionner sur son entretien.
« _Dîtes moi Jürgen, vous savez où je pourrais louer un minibus ? »
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12]   Les Yggardiens : T.02 Le Clan de Prague[+12] EmptyJeu 19 Jan - 20:06

Chap.08-1


Cela faisait déjà plusieurs jours que Novgorod et Jürgen alternaient les tours de conduite. L’hybride roulait la journée quand son compagnon vampire ne supportait plus la lumière. Ce dernier se réfugiait alors dans la partie arrière de la van, en compagnie des six jeunes femmes. Entassé dans un espace très réduit et sans pouvoir admirer le paysage –les vitres avaient été calfeutrées pour les protégées, Anna et ses amies d’infortune comptaient les heures d’arriver. Mais arriver où ? Ces dernières l’ignoraient. Novgorod n’avait pas pipé mot sur leur destination. Elle avait prétendu que cela était une mesure de sécurité.
Cependant, les six jeunes vampires n’avaient plus autant confiance en leur protectrice. Depuis que Nova leur avait avoué qu’elle n’appartenait pas aux créatures maudites de la nuit, le clan de Prague se montrait distant. L’arrivée de l’Instruit et le départ, rapide, de la capitale Tchèque n’avaient fait qu’empirer le sentiment de tromperie qui gagnaient les filles. Mais ne sachant comment faire pour survivre seules dans le monde extérieur, elles s’en remettaient, tant bien que mal, aux décisions de leur aînée. L’hybride, de son côté, comprenait complètement le trouble de ses protégées. Après tout, elle leur avait menti. La situation la gênait aussi. Novgorod n’avait jamais eu « l’instinct maternel ». Or, elle avait l’impression d’être une mère qui imposait des règles dures et strictes à ses enfants dans le but de leur offrir un meilleur avenir. Et elle n’aimait pas ça. Mais bientôt, cela changerait.
Il neigeait abondamment depuis que le convoi avait franchi la frontière tchéco-slave. Les petites routes de campagnes n’étaient pas entretenues ou déblayer ce qui avait pour conséquences de rendre la conduite difficile. Parfois, la nuit, ce n’était pas moins de trente centimètres de neige que tout le monde s’employer à dégager pour faire avancer le véhicule. À cela, il fallait ajouter l’envie de chacun de se dégourdir les jambes. Cela pouvait donner d’intense bataille de boule de neige ou des parties de chasse au lapin. Novgorod, quand la lune et les nuages le permettaient, apprenait à ses protégées à chasser le gibier en forêt. Seule Venceslava ne prenait pas part à cette activité. Ses jambes n’avaient pas encore retrouvé toutes leurs capacités.
La nuit commençait à tomber alors qu’il était à peine quatre heures de l’après-midi. Tout comme les ténèbres gagnaient du terrain sur la lumière, les paupières de Novgorod se faisaient de plus en plus lourdes. Depuis qu’elle avait repris la conduite du minibus, le matin même, la jeune femme n’avait fait aucune pause. La route était dégagée et les flocons ne tenaient pas sur le bitume. Il fallait donc en profiter pour avancer.
Pour se tenir éveiller, Novgorod réfléchissait à la manière dont elle allait mettre la main sur l’homme, ou la créature, qui avait assassiné Eustache. Elle ignorait le nom du meurtrier… et tout ce qui le concernait. Cependant, la tenue vestimentaire de cet odieux personnage était d’inspiration asiatique. C’était donc dans ces régions, Chine, Corée et Japon, qu’il lui fallait chercher. Une baguette dans une chaine de montagnes de foin certes, mais quand on avait l’éternité devant soi, cela n’est qu’un relatif problème. Ensuite, Novgorod était sûre qu’un jour, Kureno prendrait la place de ce minable de Thorsson et qu’à ce moment-là, elle aurait accès aux données des Yggardiens. Cette alliance serait une aide pour aller au bout de ce qu’elle appelait désormais sa vengeance. Se venger ? Jamais, de toute sa longue vie, elle n’avait imaginé se laisser happer par un tel tourbillon. Jusqu’à présent, l’idée que la Mort vienne ravir ses ennemis alors qu’elle leur survivant lui suffisait. Mais là, les choses étaient bien différentes.
Nova sursauta quand elle entendit tambouriner sur la petite cloison métallique qui séparait la cabine et la partie arrière. Elle tira une petite plaque qui permettait aux deux espaces de communiquer. Les lunettes sombres ainsi que les yeux de Jürgen apparurent.
« _ Le soleil est-il bientôt couché, demanda-t-il. Les fenêtres calfeutrées ne permettaient pas aux passagers de voir l’évolution de l’astre.
_ Bientôt. Je pense que dans moins d’une heure on pourra échanger nos places. Comment vont les filles ?
_ Elles dorment ou elles font semblant, se moqua-t-il. L’inactivité tue. Anna m’a dit qu’elle savait conduire. Pourquoi t’obstiner à ne pas la laisser prendre le volant ? Cela nous soulagerait.
_ Je préférerai qu’elles ne se montrent pas. Je ne sais pas dans quelle mesure leurs visages ont été diffusés. Les incidents à Prague ont fait le tour du monde. Je ne veux pas prendre le moindre risque. Mon but est de les mettre en sécurité. »

Après une pause où tout le monde s’était dégourdi les jambes, le voyage reprit. Jürgen conduisait très bien sur ses routes enneigées, bien qu’il n’ait pas son permis. Novgorod avait longuement hésité avant de demander à l’Instruit de les accompagner. Seule, elle n’aurait pas pu assurer la sécurité de ses protégées. De plus, le voyage aurait été deux fois plus long : Nova n’aurait pas été en mesure de conduire jour et nuit. Malgré son aide dans l’élimination du vampire qui semait la panique à Prague, la jeune vampire ne lui faisait pas totalement confiance. Non pas que les suceurs de sang soient particulièrement vils ou mauvais, mais la plupart d’entre eux ne faisaient pas particulièrement partie des gens ou des créatures de bien. La supériorité des vampires sur les hommes, au niveau de la chaine alimentaire, a fait qu’on ne comptait plus le nombre de ces êtres qui avaient décidé d’agir en prédateur. C’est aussi pour cette raison que les Yggardiens en avaient fait pendant longtemps la race à décimer en priorité. Presque aucun écart de comportement n’était toléré. Et maintenant que Thorsson était à la tête des Yggardiens, les choses allaient surement empirer.
Plongée dans ses pensées sur le siège passager, Novgorod regardait défiler le paysage. Ses yeux nyctalopes lui permettaient de distinguer les sapins qui s’étendaient à perte de vue. La neige tombait toujours. La jeune femme avait l’impression d’observer l’écran d’une ancienne télévision hertzienne empli de parasite.
« _A quoi tu penses ? demanda Jürgen.
_À rien, répondit-elle sobrement.
_J’en doute. Depuis que tu as vu tes deux étranges amis, tu es soucieuse. Les petites derrières ne le voient probablement pas. Mais moi, je suis assez ancien pour voir, surtout chez un congénère, que les choses ne vont pas. De plus, je suis intimement persuadé que si tu tiens tellement à conduire les filles en ce lieu si mystérieux, c’est pour d’une certaine manière t’en débarrasser en ayant la conscience tranquille. »
Cette fois-ci, Novgorod lui jeta un regard noir. Il n’avait pas tort. Cependant, ce qui la vexa le plus, c’est qu’il ait été capable de voir son trouble.
« _ Ce que je fais, ou même pense, ne te regarde en rien. C’est toi qui as aussi assisté pour venir avec moi. Le sujet est clos à ce niveau-là. On va là où je décide que l’on va. Une fois là-bas, tu feras bien ce que tu veux. »
_ Et toi ?
_ Cela ne te regarde pas non plus. »
L’Instruit n’insista pas. S’il avait parfaitement vu le trouble de sa compagne de voyage, il ressentait aussi très bien sa colère. Novgorod n’était pas comme lui. La puissance qu’elle avait déployée lors du combat contre leur ennemi commun à Prague l’avait impressionné. Il avait alors su qu’il ne fallait pas la prendre à la légère. Surtout que si Jürgen était venu à l’encontre de la jeune femme ce n’était pas pour une raison désintéressée. Mais il se gardait bien de le lui dire.
Il haussa les épaules, remis sa paire de verres teintés en place ainsi qu’une mèche de ses longs cheveux noir derrière ses oreilles et se tut. Inutile d’énerver Novgorod, elle serait capable de le laisser sur le bas côté.
À la pause suivante, elle monta à l’arrière avec ses petites protégées. Ces dernières furent heureuses de faire un peu de route avec Nova. Celle-ci passait plus de temps en cabine de pilotage qu’à l’arrière. Comme à chaque fois, les filles lui posaient des tas de questions. Où allaient-elles ? Pourquoi ? Quand est-ce qu’elles arriveraient ?
Malheureusement, Novgorod n’avait que peu de réponses à leur accorder. Anna, la plus calme du groupe semblait résigner au mutisme de la semi-vampire. Par contre, Zofie qui n’avait toujours pas accepté son état, et Milena, la dernière venue, se montrait plus agressive de ce côté-là. Elles avaient peur des choses qui allaient se passer. Novgorod sentait bien qu’elles craignaient d’être livrées à elle-même et d’être réduite à l’état de bête. Les paroles réconfortantes à ce sujet ne parvenaient pas à les apaiser.
Pour passer le temps, Nova entreprit de leur parler plus des vampires. Elle s’aperçut en fait que ses six protégées savaient peu de choses sur leur nouvelle condition. Un petit discours sur ce qu’est un vampire fut donc nécessaire. Novgorod commença par le sujet le plus sensible, surtout pour Zofie et Milena : le régime alimentaire. Sans prendre de pincette, elle fut bien obligée de leur faire admettre que le sang humain est essentiel à leur subsistance. Et quand bien même elle pouvait rester un siècle sans s’en abreuvé, il leur faudrait bien un jour où l’autre devoir sucer le fluide vitale. Cependant, être vampire ne signifie pas forcément être un tueur, ou une tueuse. Dans leur malheur, les protégées de Nova avaient eu une chance : elles étaient des femmes. Et donc qu’elles pouvaient avoir des facilitées pour attirer des proies masculines dans leurs griffes et encore plus facilement dans un lit. Face aux protestations des filles face à ces propos, Novgorod reconnu à raison que ses propos étaient dégradants pour elles et tiraient vers la misogynie et le sexisme. Malheureusement, les hommes sont aussi irrécupérables et une belle paire de seins est souvent un atout de taille. Bien sûr, l’hybride leur donna quelque autre technique, mais certaines pouvaient comporter des inconvénients. Les personnages en extrêmes fin de vie pouvaient être choisis car de toute façon, ces dernières sont généralement indifférentes à leur sort. Il y a les clochards et autre SDF. Mais leur sang est trop souvent pollué avec diverses substances et s’en prendre à eux nécessite un mode de vie itinérant. Les bidonvilles offrent aussi des terrains de chasse.
La discutions fut longue et aurait pu se prolonger encore longtemps si Jürgen n’avait pas stoppé le van. Il apparut rapidement par l’arrière.
« _Désolé de vous interrompre, mais le soleil se lève… »
L’échange de conducteur fut assez rapide. Les filles auraient bien voulu se dégourdir un peu, mais l’Instruit s’y était prit trop tard. En reprenant le volant, Novgorod se rendit compte qu’elle était encore très fatiguée.

Il fallut encore de nombreux jours de voyage, longs et fatiguant, avant d’arriver à destination. Le convoi avait franchi la frontière roumaine. Le plus dur fut de trouver les directions du lieu où Novgorod voulait se rendre. Heureusement que son allemand n’était pas trop mauvais, beaucoup de gens le parle ou le baragouine dans la région. Elle regretta cependant que Jürgen ne soit pas en sa compagnie, il s’en serait bien mieux tirer qu’elle. Après voir tourner en rond pendant près de deux jours, le minibus s’engagea dans un chemin très étroit, boueux à cause de la neige. Les hauts sapins coloraient le paysage avec ses épines vertes, ses troncs marron et son revêtement blancs. Par moment, de gros pâtés de poudreuses s’abattaient sur le pare-brise. Comme les arbres formaient une masse de ténèbres, Nova demanda à son compagnon vampire de la rejoindre à l’avant. Non pas qu’elle désire faire causette, mais elle trouvait bien moins ennuyeux de conduire avec quelqu’un à ses côtés. De plus, elle préférait ne pas être seule quand elle atteindrait sa destination. Bien que l’endroit doive être un sanctuaire pour elle comme le lui avait dit Dajan, elle restait méfiante. Si jamais les choses venaient à mal tourner, Jürgen pourraient toujours être une aide. Au pire, il pourrait faire détaler les filles.
Après des heures à patauger dans une bouillasse, à craindre l’enlisement, le van arriva devant une vaste grille métallique. De parte et d’autre, un long mur de pierre, très haut, semblait créer une limite. C’était comme s’il y avait deux monde : un à l’intérieur, un à l’extérieur. Le chemin de terre continuait droit devant. Mais il semblait ne mener à rien. Pourtant les deux caméras, d’allure très moderne, placées de chaque côté du portail laissaient penser qu’il y avait bien quelque chose à protéger.
Novgorod appuya sur le bouton principal d’un interphone placer entre les pierres du mur. Une tonalité se fit entendre. Puis au bout de quelque seconde, une voix d’homme répondit.
« _ Centre Harker bonjour. »
Harker ? Ce nom n’était pas inconnu de la jeune femme. Et pour cause, c’était celui d’un des personnages de roman de Bram Stoker. Cela la laissa penser qu’elle était bien au bon endroit. Mais une crainte naquit en elle : Jonathan Harker n’était pas proprement parler un ami des vampires, bien au contraire.
« _Bonjour, répondit la jeune femme d’une voix ferme. Je viens avec des jeunes filles qui auraient besoin d’aide suite à un…changement profond. »
Il y eu un petit instant de silence qui augmenta l’angoisse de l’hydride. Jürgen, assis à côté, tenait fermement sa canne, près à l’action si nécessaire.
« _ C’est bon. Avancez jusqu’au manoir. »
Si ces paroles, un cliquetis métallique retentie et le portail s’ouvrit lentement. C’est avec méfiance que Nova pénétra dans l’enceinte. Elle en profita pour ouvrir le judas vers l’arrière du van. Ses paroles étaient claires, fermes : si jamais les choses tournaient mal, les filles devaient détaler sans demander leur reste. Les consignes de leur protectrices eurent comme conséquences de faire paniquées les petites vampires qui se mirent à la cribler de question. Jürgen s’employa à les rassurer : les chances d’incidents malheureux étaient très faible, voir proche de zéro. Cependant, un bon suceur de sang ne devaient, ni ne pouvait, se permettre d’exclure toutes les possibilités.
Il fallut encore un bon quart d’heure avant d’apercevoir le dit manoir. C’était une ancienne bâtisse, mais dont Nova était incapable de donner l’âge exacte. Juste à côté se trouvait un hangar où quelques voitures étaient alignées. Des modèles anciens, mais en parfait état.
Une femme se tenait sur le perron. Emmitouflée dans des vêtements chauds, elle attendait patiemment les nouveaux arrivants.
Novgorod se gara à mis chemin entre le garage et l’entrée du bâtiment. Elle passe les dernières consignes aux filles qui semblaient encore plus stressées qu’elle. Sa chapka sur la tête, un épais manteau sur le dos et son épée à la ceinture, l’hybride fut la première à mettre un pied dehors, suivit de près par l’Instruit. Sans quitté des yeux la femme sur le perron, Nova fit sortir ses protégées une par une. Collées les unes aux autres, ces dernières n’osaient pas mettre un pied devant l’autre.
Jürgen, égal à lui-même avec ses lunettes sur le nez et ses longs cheveux noirs, tenait sa canne de manière à faire comprendre qu’en cas de soucis, il était armé et près à agir.
Ce comportement méfiant ne parut pas étonné la maitresse des lieux. Bien au contraire, elle souriait tendrement. Aucun signe d’impatience n’émergea de cette dernière.
Novgorod à la tête du groupe - Jürgen à la fin du cortège – se présenta à elle. La vampire montrait ouvertement sa méfiance et, dans une moindre mesure, son agressivité. Les deux femmes se regardèrent un long moment, chacune essayant de cerner l’autre. Leur hôte devait avoir une quarantaine d’années, voir plus. Mais ce qui marqua le plus Nova fut la sensation de déjà vu. Elle avait l’impression de connaitre cette personne, mais aucun souvenir n’émergea de sa mémoire.
« _Bienvenue au centre Harker, asile pour vampire, car c’est bien ce que vous êtes n’est-ce pas ? »
Agglutiner, les filles lancèrent des regards perdus à leur protectrice et à la propriétaire des lieux. Un asile pour vampire ? Les questions fusaient dans leur tête, mais aucune n’osa interroger leur hôte.
« _Je me nomme Novgorod. J’ai été orienté vers vous par le biais d’un Yggardiens. Mais je ne viens pas pour moi, mais pour elles, dit Nova en désignant du bras ses protégées.
_Entrez je vous pris, fit la maitresse des lieux en ouvrant un volant de l’immense porte d’entrée.
Malgré la couche épaisse de neige, l’hybride remarqua une plaque métallique à l’entrée. Un accès handicapé ?
Le hall était immense et donnait accès à diverses salles. La décoration était assez moderne contrairement à ce qu’aurait pu laisser penser la façade extérieure. Une douce chaleur envahit les nouveaux venus. Un très large portemanteau permit à tout le monde d’y laisser ses affaires.
Une autre personne se trouvait dans le hall, une femme. Installée dans un fauteuil roulant, elle paraissait bien plus vieille que celle qui avait accueilli le groupe. Ses longs cheveux blancs étaient noués en catogan. Une épaisse couverture reposait sur ses genoux. Activant le petit joystick de sa machine, elle s’approcha lentement, un large sourire aux lèvres. Plus elle s’avançait, plus Nova avait, une fois encore, l’impression de déjà vu. Mais cette fois-ci, les souvenirs d’un visage plus jeune lui vinrent à l’esprit.
« _Je vous connais… » L’interrogea l’hybride.
_ Bienvenue Novgorod. Je suis heureuse de te revoir ».
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