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| Sally Ainsworth | |
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salyna cushing-price Membre fondateur/trice de Plume
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| Sujet: Sally Ainsworth Dim 4 Sep - 13:53 | |
| Greenhill Hall
Londres, 20 juin 1837, le Roi Guillaume IV décède et laisse le trône à la jeune Alexandrina Victoria, plus connu sous le nom de Reine Victoria, à peine âgé de dix-huit ans. À ce même moment, dans une luxueuse maison des quartiers de la noblesse londonienne, une nouvelle vie voit le jour. Maura Élisabeth Ainsworth met au monde son première enfant, Sally Élisabeth Ainsworth, fruit de son mariage et de son amour pour Royston James Ainsworth. La jeune mère de vingt ans fut très affaiblie par cette grossesse et cet accouchement qui se fit dans la douleur. Elle ne put pas tenir son bébé dans ses bras avant une semaine, sa santé était vacillante et elle avait besoin de repos et de calme. Les médecins préconisèrent de lui faire quitter Londres et sa vie rythmés pour une maison de campagne plus calme, loin de l’agitation de la ville. C’est ainsi que le tout jeune bébé qu’elle était et sa mère furent transportée bien loin de la Capitale, au Pays de Galles, où la famille possédait un manoir près d’une toute petite ville nommée Aberystwyth. C’était une zone très rurale, entourée de collines et possédant deux petites plages. Le temps y était assez clément protéger par les courants du Golf Stream, mais il arrivait fréquemment que la neige recouvre le paysage en hiver. La demeure se situait à seulement quelques encablures du vieux château en ruines. Sa situation lui permettait de jouir d’un éclairage quasi permanent. Ce qui rendait le manoir agréable à vivre. Greenhill Hall, c’était le nom que portait le domaine. La demeure principale était entourée de jardin, et une petite forêt artificielle avait été recréée dans la partie nord. Les écuries qui se trouvaient de l’autre cotés pouvaient entretenir une dizaine de chevaux si cela était nécessaire, mais pour le moment il n’y en avait guère que quatre, plus ceux qui allaient s’y ajouter après l’arrivé de Lady Ainsworth. Une large véranda remplie de plante verte, exposé plein sud, permettait de prendre le thé dans un cadre idyllique, quelque soit le temps extérieur. L’intérieur du manoir était à l’image de ses propriétaires, richement décorés. Au rez-de-chaussée, l’immense hall d’entrée permettait d’orienter le visiteur dès son arrivée. Dès l’entrée dans la demeure, on pouvait voir le soleil pénétré grâce aux vitres de la véranda qui se trouvait juste en face. Sur la droite se trouvait le grand salon qui servait aussi de bibliothèque où Lord Ainsworth recevait ses invités lors de ses réunions de gentlemen, ainsi qu’un petit salon privé. Puis venait la salle à manger, qui courait sur tout la largeur de la maison, et dont le fond donnait sur la véranda. L’aile gauche était consacrée aux cuisines et aux domestiques de la demeure. Sur la dizaine qui entretenait le domaine, seul quatre logeait sur place. Terence, le maître d’hôtel qui occupait se poste depuis dès années et qui avait la totale confiance du Lord. Suzanne, la cuisinière dont les compétences culinaires n’étaient plus à démontrer et qui avait fait la renommer des dîners Ainsworth. Maggie, une jeune bonne récemment engager qui se révélait fort compétente et agréable malgré son manque de qualification, et enfin Roger, le jardinier qui s’occupait avec autant d’amour des jardins que des écuries. C’est un homme aux allures rustres, mais il était d’une délicatesse sans pareil avec les fleurs, et ne manquait jamais d’en déposer un magnifique bouquet pour Lady Ainsworth dans la véranda pour son petit déjeuner. À l’étage qui avait une forme de U se trouvaient les appartements de la famille. Dans l’aile droite se trouvait la chambre du Lord et de sa femme dont la chambre abordait un balcon au dessus de la véranda. Plus au nord de cette partie se trouvait un salon ainsi que le bureau personnel du maître de maison. Toute la partie au dessus de la verrière était une large bibliothèque qui pouvait aussi faire office de salon lors des réunions de ses dames, ou pour des parties de billard ou de bridges. La partie gauche venait juste d’être aménagée pour l’arrivée du bébé. Une immense chambre avait été préparée, pour la petite, et aussi un petit espace pour sa nourrice. Mme Ainsworth avait insisté pour qu’elle puisse loger sur place. Puis tout au fond du couloir, ce trouvait une dernière petite pièce, qui servirait de salle de classe lorsqu’elle sera en âge d’apprendre. Pour le moment, elle servirait à faire l’éducation rudimentaire de Maggie. Les Ainsworth tenaient à ce que leurs domestiques aient un minimum d’éducation et de savoir-vivre. Enfin, entre la future chambre de Sally et la bibliothèque se trouvait une chambre supplémentaire pour recevoir des hôtes. C’est dans ce cadre apparemment idyllique qu’arriva la toute petite Sally et sa mère, encore bien affaiblie par son accouchement encore deux mois après. Elle fut rapidement confiée à sa nouvelle nourrice, Lady Maura étant bien trop faible pour s’en occuper, et puis ce n’était pas son rôle de s’occuper ainsi d’un bébé en bas âge. À Londres, c’était une vieille femme qui s’occupait d’elle, mais déjà à cet âge, elle montrait des signes évidents de mauvais caractères. Son parfum de lavandes qu’elle m’était lui piquait le nez et se mettait alors immédiatement à hurler, mais plus elle hurlait plus elle sentait cette odeur ! Qu’elle était soulagée quand inquiété par ses cries, sa mère venait lui faire un bisou. Elle s’endormait alors presque immédiatement, laissant cette vieille nourrice pantoise. Alors qu’ici, c’était complètement différent. C’était une jeune fille, un tout petit peu plus âgé que sa propre mère qui s’occuperait d’elle. Elle s’appelait Beth. Sally se prit immédiatement d’affection pour elle. Il faut dire qu’elle avait la peau douce, contrairement à son ancienne nourrice. Et puis elle sentait bon, elle sentait la mer. Beth avait déjà deux enfants : Matthew son premier fils qui avait cinq ans, et Mary, qui était né juste un mois auparavant. Autant dire que les deux petites filles avaient le même âge. C’est donc pour cela que les furent élevés ensembles. Cela facilitait beaucoup la vie des deux mères. Lady Maura voyait sa fille s’épanouir en compagnie d’une autre enfant, certes de rang inférieur, mais pour le moment ce n’était que des bébés. Beth, quant à elle, n’avait pas à laisser sa petite à sa grand-mère, ce qui lui permettait d’élever sa fille. Matthew passait aussi beaucoup de temps au manoir. C’était un petit garçon vigoureux et travailleur. Pour soulager un peu la nourrice qui s’occupait déjà des deux petites, Roger le prenait comme assistant dans les jardins et aux écuries. Très dynamique, il s’avéra très utile lors du désherbage du potager et autour des fleurs, ses petites mains lui permettaient de moins fragiliser les plantes. Il était aussi très attentionné pour ses deux petites soeurs. Il ne semblait pas avoir compris que seule l’une des petites faisait partie de sa famille. Mais Lady Maura n’avait que peu de réflexions à faire. Elle ne se remettait pas de son accouchement, et sa santé s’avérait très fragile. Elle restait beaucoup alitée. Lorsque cela le permettait, elle se rendait sur le balcon et profitait aussi de la véranda, dont Roger prenait un soin particulier. La maison sentait bon l'été, et le soleil était l'un des meilleurs médicaments pour la Lady. De temps en temps, Terence lui faisait faire une ballade dans les jardins ou le parc en fauteuil roulant. Elle prenait alors un livre et lisait à l'ombre d'un arbre, on observant les enfants joués dans l'herbe. Sally et Mary semblaient grandir à vu d'oeil, mais loin de ceux de Lord Royston. Ce dernier avait supervisé l'installation de sa femme et donné ses ordres avant de retourner à Londres pour ses affaires. Il ne revenait qu'un week-end sur deux, et lorsqu'il était là, il s'inquiétait davantage de sa femme que de son enfant. Ha ! Qu'il aurait préféré avoir un garçon ! Un héritier à qui il aurait pu transmettre sa société. Mais malheureusement, le destin en avait décidé autrement. Les médecins lui avaient déconseillé d'essayer d'avoir un autre enfant avec sa femme. Elle risquait de ne pas y survivre, en tout cas pour l'instant, mais il était pessimiste sur le fait que son état s'améliore. Et il aimait trop sa femme pour le mettre ainsi en danger, juste pour le plaisir d'avoir un héritier. Sa tâche serait donc de trouver pour sa fille, un gendre de confiance pour lui confier ses actions. Dans le pire des cas, il y remettrait à ses neveux. Il était cependant un père attentif. Il veillait à ce que rien ne manque pour sa fille. Il ne voyait pas d'un aussi bon oeil que sa femme que les enfants de la nourrice fréquentent autant la sienne. Mais il ne pouvait pas refuser ce plaisir à son épouse. Et donc, malgré les réticences du Lord, Beth éleva les deux petites filles ensemble.
Dernière édition par salyna cushing-price le Ven 13 Avr - 17:45, édité 1 fois | |
| | | salyna cushing-price Membre fondateur/trice de Plume
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| Sujet: Re: Sally Ainsworth Sam 10 Sep - 22:14 | |
| Ces premières années semblèrent défiler à une vitesse sans cesse grandissante. Sally et Mary avaient à présent sept ans, et Matthew douze ans. Beth venait beaucoup moins au domaine. Elle ne venait plus que l'après-midi. Le matin, c'était Maggie, la bonne qui se chargeait de lever la petite, de l'habiller et de la faire manger. Venait ensuite le temps du précepteur. C'était un homme d'un certain âge, Williams Aylen. Il était toujours bien habillé, et sa barbichette était toujours extrêmement bien taillée. Il était aussi toujours armé d'une petite baguette dont il se servait pour frapper sur les doigts de l'enfant lorsqu'elle se montrait dissipée ou inattentive. Sally était une bonne élève, mais pas trop longtemps, très rapidement, elle se mettait à observer la fenêtre et l'aller du parc en espérant y voir arriver Mary et son frère. Il fallait alors la rappeler à l'ordre pour la remettre le nez sur sa feuille d'écriture ou sa page de lecture. Mais elle apprenait vite et bien. Et Mr Aylen lui distribuait souvent des bons points, et ne manquait pas de faire son éloge sur elle à ses parents. Lord Royston s'en réjouissait, au moins, il n'avait pas engendré une petite sotte. Sa mère quant à elle, n'en avait jamais douté, elle était elle même férue de littérature, et espérait bien qu'il en serait de même avec sa fille. Les après-midi donc, elle les passait en compagnie de Mary et Matthew, lorsque ce dernier venait, car il faisait aussi quelques petits boulots pour se faire un peu d'argent de poche. Il acheta des sucreries et les partageait avec ses deux soeurs. Mais le plus part du temps, la petite Sally en chapardait dans les cuisines lorsque Suzanne avait le dos tourné. Les enfants jouaient beaucoup dans les bois à l'avant de la propriété. Ils aimaient aussi beaucoup aller voir Roger s'occuper des chevaux, et lorsqu'ils avaient été sages, et avec autorisation de Lady ou Lord Ainsworth, il les mettait tous les trois sur un cheval et leur faisait faire le tour du domaine ainsi. Matthew était au milieu, et les petites alternaient, une devant, une derrière. Comme il était plus vieux qu’elle, le jeune garçon les entraînait souvent à faire des bêtises. Sally était très espiègle, alors elle était toujours partante pour toutes les aventures, même interdites. Ce n’était pas rare de la voir revenir du bois ou du parc la robe déchirée, le visage et les mains sales et des écorchures aux genoux. Sa dernière lubie était de montée aux arbres. Matthew lui servait souvent de marche pied pour atteindre les premières branches. Elle allait ensuite dégoter des nids d’oiseaux afin d’y observer les oisillons. Beth la disputait souvent, mais rien à faire. Son fils et la jeune lady formaient un duo infernal. Mary était beaucoup plus calme, peut être due aussi au fait qu’elle soit une enfant assez chétive. Elle était bien plus mince et légèrement plus petite que Sally. Cette dernière était une enfant assez forte, elle sera une grande et forte jeune fille lorsqu’elle sera plus âgée, c’est ce qu’avait dit le médecin à son père. Elle lui ressemblait bien plus qu’à sa mère, sauf peut être pour la chevelure. Elle disputait également souvent son frère et sa jeune amie lorsqu’il s’apprêtait à faire une bêtise. Cependant, si elle était moins physique que les deux autres, elle était aussi sûrement des trois, la plus intelligente. Après un forcing de la jeune lady, elles purent suivre les cours de Mr Aylen toutes les deux. Celui-ci n’était pas dérangé par sa présence de la fille de la nourrice. Au contraire, Sally se révéla bien plus attentive en cours à partir de ce moment là. Il s’avéra que Mary apprenait bien mieux et bien plus vite que son amie, qui était quand même assez distraite. Les après-midi où Matthew n’était pas là, elle se faisait mutuellement la lecture, ou écoutait celle que leur lisait Lady Maura sous la verrière ou dans les jardins lorsque son état de santé le lui permettait. Lorsqu’elle était trop souffrante, Beth emmenait les enfants jouer sur les plages d’Aberystwyth. Lorsqu’il faisait beau, ils allaient capouiller dans l’eau sans trop s’éloigner du bord, car à part le jeune garçon, personne ne savait nager. Il leur promit qu’il leur apprendraient lorsqu’elle serai plus vieille. Mais Sally était trop impatiente, et une après-midi ensoleillée, elle voulut impressionner son père qui les accompagnait pour la première fois, elle se fit emporter par une vague et failli se noyer. Heureusement que Matthew était rapidement intervenu. Lord Royston fut très choqué par cette noyade et c'est peut-être bien la seule fois où Sally se souvient avoir été dans les bras de son père. Elle savait qu'elle avait fait une très grosse bêtise, pourtant elle ne pouvait s'empêché en sentant le corps chaud de son père contre elle, que si c'était un moyen pour qu'il l'embrasse, elle le referait. Mary pleura dans les jupes de sa mère pendant tout le trajet qui les ramena au manoir. L'annonce de l'incident fragilisa encore un peu plus sa mère. Sally quant a elle n'en garda presque pas trace. Mais ce fut la dernière fois qu'elle eut accès à la plage avant bien des années. Car la sanction pour cet accident fut immédiat, il n'y aurai plus de balade là-bas. Mais conséquence plus grave, et qui fit prendre pleinement conscience de son acte à la jeune fille, fut la mise à pied de Beth. Lord Royston reconnaissait que ce n'était pas la faute de la nourrice si sa fille avait foncé tête baissée dans l'océan avec que des vagues puissantes l'agitait. Officiellement, c'était parce que Sally avait atteins un âge où une nourrice n'était plus nécessaire, et que Maggie serait suffisante pour garder l'enfant. Mais plus officieusement, il pensait que l'affection que portait sa fille pour ses gens était indigne d'une jeune fille de son rang. Et il ne craignait pas dessus tout le jeune Matthew, dont il ne voulait pas que sa fille s'amourache lorsqu'elle serait plus âgée. Car il en était sur, cet enfant deviendrait un homme vigoureux et séduisant, et il ne voulait pas le voir autour de sa fille à ce moment-là. Sally pleura pendant plusieurs jours le renvoi de sa nourrice et l'absence de ses deux amis. De nombreux caprices éclatèrent, mais son père resta ferme. S'il n'avait tenu qu'à sa mère, elle l'aurait fait revenir sur le champ. Ce fut le début de la longue mésentente qui allait durer encore bien des années entre elle et son père. En plus de ces deux punitions, une troisième vint s'y greffer quelque temps après. À huit ans, Lord Ainsworth estima qu'il était tant que sa fille apprenne les bonnes manières et la façon de se tenir en société. Et donc, les après-midi habituellement consacrés aux jeux, furent remplacé par de longues séances d'éducation sur les bonnes manières, le parler et autres choses à savoir pour vivre dans le grand Londres. Ce que la jeune fille trouvait stupide puisqu'elle ne recevait jamais personne au manoir hormis ses deux tantes, qu'elle ne supportait pas. Il s'agissait des deux soeurs aînées de son père. Qu’elles étaient laides et disgracieuses ! Elles parlaient sans cesse et ponctuaient leurs interventions de mouvements de mains exagérés. Puis elle ne connaissait rien ! Elles ne racontaient que des choses sur des gens qu'elle ne connaissait pas, et sa mère paraissait aussi intéressée qu'elle à ses ragots. Souvent, elle s'éclipsait discrètement de ses réunions sans fin, en abandonnant sa mère à ses deux vieilles pies. Elle s'enfuyait alors au fond de la foret, près du mur qui délimitait la propriété, et y retrouvait Matthew et Mary. Dans le coin Ouest, ils avaient confectionné un passage pour qu'ils n'aient pas à escalader la muraille. Si le jeune garçon y était parvenu sans peine, on ne peut pas en dire autant de sa soeur, alors ils avaient décidé de faire un trou, qu'ils dissimulaient à l'aide de lierre. Sally était persuadée que Roger connaissait l'existence du passage, mais si c'était le cas, il n'en dit jamais mot. Mais cela n'était possible uniquement lorsque ses tantes ne venaient pas accompagner de leur fils respectif : Mark et William. Qu'ils étaient rasoir et snob ! Un duo de maniéré ! c'est à peine s'ils sortaient de la maison ! Sally réussissait à les traîner dehors en jouant sur leurs orgueils démesurés. Et bien souvent, elle les conduisait bien loin du manoir et les bombardait de boules de boues avec Matthew et sa soeur cachés dans les arbres et les buissons. Certes, elle se faisait sévèrement gronder par ses tantes une fois le méfait raconter, mais qu'importe. Elle se délectait trop de leur tête de chiens apeurés lorsqu'ils s'enfuyaient. Mais sa mère, elle ne disait rien, au contraire cela l'amusait beaucoup, et Sally aimait la voir sourire. Cela illumina tellement son visage pâle. Elle comprit rapidement que ses tantes n'aimaient pas sa mère, mais à l'époque elle ignorait pourquoi, elle ne l'aimait pas non plus d'ailleurs. Cette sauvageonne, voilà comment elle l'appelait. Mais elle en était fière ! Mais la vie était beaucoup moins drôle au fur et à mesure que le temps passait. Elle appréciait de plus en plus les cours de Mr Aylen, souvent elle le suppliait de revenir tantôt pour éviter les leçons de savoir-vivre. Mais il lui expliquait que cela faisait aussi partie de l'éducation. Sally supportait de moins en moins tous ces principes qu'on essayait de lui faire apprendre. Lorsque son père était absent, pas rares était les fois où l'enfant de dix ans qu'elle était à présent ne s'éclipse discrètement de la pièce où on lui inculquait toutes ses sottises. Une jeune fille ne doit pas fréquenter de jeunes hommes. N'importe quoi ! Pourquoi ne pourrait-elle pas continuer à voir Matthew ? Ses cousins venaient bien souvent eux ! Que c'était rasoir ! Ne fait pas ci, ne dit pas cela, ne pas, ne pas, ne pas. Que des interdictions ! Elle trouvait qu'il serait plus simple de faire la liste de ce qu'elle avait le droit de faire. Si c'était pour finir comme ses tantes ! Quel horreur ! Mais lorsque son père était là, c'était une toute autre histoire. Il s'avérait sévère avec elle et n'hésitait pas à l'enfermer à clé dans la pièce avec la gouvernante pour qu'elle n'en sorte pas. Et pourquoi faisait il autant la chasse à Matthew et ça soeur, ils ne faisaient que jouer ! Alors les escapades secrètes s'enchaînaient, leurs lieux de jeux préférés étaient les ruines du vieux château. Là, leurs jeux préférés étaient les chevaliers et la princesse. Sally et le jeune garçon s'affrontaient avec des bouts de bois servant épées pour secourir la belle princesse en détresse qu'était Mary. À ces occasions, la jeune fille déchirait régulièrement ses robes dont la longueur des jupons avait augmenté avec le temps. Même lorsqu'elle marchait, elle était obligée de les soulever pour le ne pas mettre les pieds dessus. Lorsqu'elle avait demandé à sa vieille gouvernante moche comment on devait si prendre pour courir avec de pareil vêtement, elle c'était indignée et lui avait fait copier cent fois qu'une jeune fille digne de se nom ne cours pas. L'un de ses rares plaisirs qu'on ne lui a pas encore enlevés était la pratique de l'équitation. Son père lui avait offert son premier cheval, après le poney qu'elle avait eu pendant des années. Cependant, elle ne montait plus pareil, avant elle était à califourchon que l'animal, alors que maintenant, elle devait garder les deux jambes sur le même coté de la selle, c'est-à-dire en amazone. Il était bien plus dur de tenir en équilibre ainsi et donc plus aisé de tomber. On lui expliqua alors qu'il était vulgaire et déshonorant d'écarter les jambes à partir d'un certain âge. Encore une stupidité ! Et comme elle avait un fort caractère, elle fit comme bon l'entendait. Elle continua à monter de façon traditionnelle. Tant pis si cela déplaisait.
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| | | salyna cushing-price Membre fondateur/trice de Plume
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| Sujet: Re: Sally Ainsworth Dim 25 Sep - 12:59 | |
| Puis l'adolescence arriva, et son lot de nouveauté avec.
Tout d'abord, ce fut les absences bien plus longues de Matthew, il avait trouvé un poste comme mousse sur un bateau et donc passaient souvent plusieurs jours en mer. Cela ne l'empêchait cependant pas de passer ses heures à terre avec les deux jeunes filles en plein changement. Il leur racontait ses journées sur le bateau, les immenses vagues qui recouvraient le pont les nuits de tempêtes et les poissons qu'il remontait. La vie était dure, leur expliquait-il, mais cela ne payait pas trop mal lorsque les remontées étaient bonnes. La jeune Sally s'extasiait toujours devant ses récits. Elle aimait l'entendre raconter ses histoires de marins de monstres légendaires ! Qu'elle aurait aimé embarquer avec lui ! Cela devait être tellement excitant ! Elle rêvait aussi depuis ses derniers tant d'aller voir ailleurs, que se soit de l'autre côté de la mer ou par delà le château en ruines où se déroulaient leur réunions secrètes.
Mary, elle s'effrayait vite des mésaventures de son frère sur le navire. Et s'il venait à couler ? Elle se faisait beaucoup plus de soucis et était bien plus raisonnable et pieds à terre que ne l'était l'autre jeune fille. Mais elles formaient une belle paire. L'effronté caractériel et la sagesse de l'autre. Matthew était fière de son duo d'énergumène. En hiver, lorsque la neige blanche recouvrait les collines, ce lieu était le théâtre d'immense bagarre de boules de neiges. Tous les enfants de la ville y venaient pour ces batailles. Les ruines étaient parfaites pour servir de tranché ou de protections. Elles duraient souvent tout l'après midi et Sally ne manquait jamais l'occasion d'y participer. Mais sa vieille gouvernante la connaissait bien maintenant, et savait lui mettre le grappin dessus lorsqu'elle voulait sortir en douce. Quand cela se produisait, c'est avait résignation qu'elle suivait son cours, mais elle y mettait toute sa mauvaise volonté. Et les haussement de ton se faisait de plus en plus fréquemment. Elle se plaignait souvent à sa mère, mais cette dernière disait que c'était une étape obliger de son éducation, et que autant déplaisant que se soit, il fallait le faire.
Cela ne suffisait pas à la faire changer d'avis, ces instructions, c'était bien trop nul. Et pourquoi Mary et les autres enfants n'y avaient pas droit eux ? Elle ne comprenait pas que parce qu'elle était "d'une conditions sociale" supérieurs, elle devait subir ça ! Elle préférerait être d'une plus faible conditions plutôt que supporter ces stupidités. Ce genre de discours avait le don de mettre Lord Royston hors de lui. Il n'était pas rare que la jeune fille pique une crise de colère pendant les repas et quitte la table. Mais jamais son père ne prenait la peine de la poursuivre. De grandes discutions avec sa mère avait alors lieu. Celle ci défendait en partie sa fille, ce qui agaçait d'autant plus son mari.
L'année de ses quatorze ans, elle se réveilla un matin prise de panique. Il y avait du sang dans ses draps. Elle hurla à l'aide, et ce fut Terence qui arriva le premier dans sa chambre. Malgré son âge, il était encore très dynamique. Le visage de se dernier se décrispa alors qu'il vit la jeune fille, et eu l'air gêner. Maggie arriva juste après lui. Elle paru aussi soulager de ne voir qu'il n'y avait rien de grave. Rien de grave ! Son lit et ses jambes étaient pleines de sang mais il n'y avait rien de grave !! Le major d'homme laissa les deux femmes dans la chambre et allait apaisé sa Maîtresse qui avait du également être alerté par les cris. La jeune bonne fit préparer un bain pour Sally qui ne comprenait toujours pas ce qui lui était arrivé. On fit retirer les draps qui furent immédiatement laver pour ne pas qu'une tacher persiste si le sang venait à trop sécher. Alors qu'elle se lavait, Maggie lui expliqua que ce n'était rien, qu'elle était devenue une vraie femme à présent. Une vraie femme ? Parce qu'elle en était pas une avant ? Sa mère vint la rejoindre dans sa chambre une fois qu'elle eu finit son bain. L'hiver l'avait rendu bien malade, elle se remettait doucement et elle se déplaçait grâce à son fauteuil roulant. Terence l'avait conduite pour lui éviter des efforts inutiles. Elle lui expliqua plus en détail ce qui venait de lui arriver.
Son corps continuait à changer. C'est vrai que depuis un an ou deux, sa silhouette avait bien changer. Elle s'était élancé, et la jeune fille devait mesuré plus d'un mètre soixante cinq à présent. Ses hanches c'était légèrement creusée, mais dont l'effet était amplifié par un corsetage serrée très gênant. Souvent lorsqu'elle sortait pour rejoindre Matthew et sa soeur, elle desserrait les laçait pour être plus libre de ses mouvement. Sa poitrine s'était également modifier. De petits seins pointus avaient gonflés, et elle trouvait ceci fort désagréable. Lorsqu'elle n'avait pas de quoi les maintenir en place, comme la nuits, elle les sentaient bouger. Quelle sensation immonde. Et pour les faire tenir en place, ce n'était pas une partie de plaisir non plus. Cependant, elle s'en accommoda, elle n'avait pas trop le choix. Mais son corps n'était pas le seul à avoir changer, celui de Mary également. Elles comparaient leur modifications morphologiques dans un coin des ruines bien à l'abris des regards, et en l'absence ce Matthew. Mary était plus petite que Sally, cela avait toujours été ainsi. Cependant, elle possédait une poitrine un peu plus importante que la jeune aristocrate.
Était ce aussi arrivé à Mary ? De ce retrouver pleine de sang ? En tout cas, elle ne lui avait rien dit si c'était le cas. Ce qui était normale d'après sa mère, car ce sont des choses dont on ne parle pas. Ha bon ? Pourquoi ne pas en parler si cela arrive à toutes les femmes ? Elle ne donna pas plus d'explications. Juste que c'était quelque chose de normal au même titre que sa poitrine et ses hanches. Mais qu'il ne fallait pas qu'elle s'inquiète, cela n'était pas douloureux, et que cela se reproduirait toute sa vie. Toute sa vie ? Holà, bonjour la galère. Et pas douloureux ? La bonne blague ! Pourquoi mentir en disant cela alors que c'était extrêmement douloureux ? Elle avait mal au ventre et au dos ! Peut importe dans quel sens elle s'allongeait ou se tenait, elle avait mal. On lui mit une bouillotte bien chaude pour l'apaiser, mais elle ne pourrai pas rester ainsi pendant les plusieurs jours que ça arrivait ! Et encore ! s'il n'y avait que cela ! Mais elle avait aussi la diarrhée. Quel rituel insupportable pensa t elle. Et cela elle devrai le vivre encore très longtemps ! Pendant les cinq jours où elle saigna, elle ne vit personne. Elle resta enfermé dans sa chambre à lire. Un soir, alors que les journées rallongeaient et que l'été pointait son nez, Matthew vint lancer des petites pierres à sa fenêtre pour qu'elle vienne avec eux passer la nuit dehors. Elle refusa à contrecoeur, disant qu'elle était malade. D'ici quelque jour cela irai mieux, et elle serai apte à faire une virée nocturne. Dès que cet événement fut finit, elle s'enfuit directement après le repas passé en seul compagnie de sa mère, sans oublier de lui faire un bisou au passage, rejoindre Mary et Matthew aux ruines. Elle leur raconta alors sa mésaventure. Le jeune homme fut surpris, mais il pensait que cela lui était déjà arrivé. Il explique qu'il savait que ça arrivait depuis longtemps, bien avait que ça arrive à sa soeur. Car c'était bien arrivé à Mary, mais on lui avait dit de ne pas en parler, et c'est ce qu'elle avait fait. Elle était bien plus réservée et obéissante que Sally.
Lorsqu'elles essayèrent de savoir comment il avait appris toutes ses choses sur les filles, il avoua qu'il connaissait pas mal de jeunes filles d' Aberystwyth. Il se dit plus tard qu'il aurai mieux fait de mentir, car à présent les deux jeunes filles le charriait à longueur de journée. Il a une amoureuse ! ne cessaient elles de lui répéter. Bande de salle petites gamines, vous êtes justes jalouses de pas en avoir ! Sûrement pas reprenaient elles en coeur ! Elle n'avait pas besoin d'un amoureux puisque lui était là. Pourquoi aller voir d'autres garçons stupides alors qu'elles avaient le meilleur des frères ?
Certes des choses avaient changer, mais dans le fond, pensait la jeune fille, ce ne sont que des choses superficiels. Elle était toujours avec Matthew et Mary, la santé de sa mère de cessait d'osciller mais l'été lui faisait reprendre des forces. Son père était toujours aussi absent, mais lorsqu'il revenait, il se montrait de plus en plus sévère avec elle. Mais il savait attiré son attention en disant qu'il faudrait bien qu'elle finisse par venir à Londres avec lui un jour. Il réussissait ainsi à piquer son intérêt de voir le monde. Qu'elle avait envie de voir la Capitale, la grande ville ! Elle questionnait souvent sa mère sur ce sujet. Elle lui racontait alors les rues, les magasins, les maisons aussi hautes que des arbres. Elle lui parlait aussi des dîner qu'ils donnaient dans de somptueuse demeure. Et de tout ce qui faisait sa vie d'avant. Parfois, Sally se sentait coupable d'avoir retirer tout ça à sa mère. Mais cette dernière lui disait que c'était aussi bien d'être ici, les réunions domaines n'avaient jamais été sa tasse de thé. Mais pour le moment, compte tenue de leur violente dispute, Lord Royston ne l'y avait toujours pas emmené. Et tant mieux pensait elle, si elle devait passer des journées entière avec lui alors qu'ils ne cessaient de se disputer. Puis elle devrai quitter sa mère, Matthew et Mary. C'était très difficile pour elle d'y penser.
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| | | salyna cushing-price Membre fondateur/trice de Plume
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| Sujet: Re: Sally Ainsworth Dim 25 Mar - 20:35 | |
| Été 1852, les deux jeunes filles avaient à présent quinze ans et Matthew vingt. Leur virée nocturne était de plus en plus fréquente. Il n'était pas rare que la jeune aristocrate ne rentre discrètement qu'à l'aube. Les nuits elle les passaient en compagnie de Mary et de Matthew lorsqu'il n'était pas en mer. Ils s'allongeaient dans le vieux château et le jeune homme leur faisait des leçons d'astronomie, qu'il avait lui-même apprises en tant que marin. Ce qui intéressait beaucoup les deux jeunes filles, leur curiosité était insatiable. Sally avait accès à pas mal d'ouvrage scientifique qu'elle empruntait dans la bibliothèque, et ils étudiaient tous les trois, à la lumière de lampe à huile dans les ruines. Cette nuit-là, ils s'endormirent tous les trois les uns contre les autres, et ne furent pas réveillés par les rayons de soleil comme les autres fois. Matthew dormait avec chaque fille sous un bras, comme s'il les protégeait même pendant leur sommeil. Cependant, ce ne fut pas une grâce matinée qui s'ensuivit. Sally fut réveillée par une violente secousse et des cris d'homme et de femmes. La première chose qu'elle vit fut son père qui s'était saisi de Matthew par le col et qui lui grondait après comme s'il s'agissait d'un malfrat. Il lui hurlait dessus en lui demandant ce qu'il avait fait à sa fille ! Que c'était un coquin qui avait abusé de son amitié et de sa gentillesse, ou toute autre chose de se genre. Et que la prochaine fois qu'il l'approchait sa fille, il le lui ferait regretter. Puis il lui assigna un violent crocher du droit. Mary était en larme, elle suppliait le Lord d'arrêter, elle gémissait qu'il n'avait rien fait et de le laisser tranquille. Elle poussa un petit cri d'horreur lorsque celui-ci frappa son frère. Sally comprit vite que son père pensait que Matthew avait abusé d'elle sexuellement, ce qui était totalement faux ! Comment pouvait il penser une chose pareil ! C'était son frère de lait ! Quelle idée stupide ! Elle se jeta sur le bras de son père qui venait de frapper son ami et criant également qu'il n'avait rien fait. Mais le Lord ne paraissait pas l'entendre, et encore moins la croire. Il lui mit une violente claque avant de la saisir douloureusement par le bras et la traîner de force jusqu'au domaine, laissant les deux amis de sa fille dans les ruines. Pendant toute la route, il lui répéta qu'elle lui faisait honte ! S'abandonner ainsi à un marin ! Quelle honte ! Mais elle n'avait rien fait ! Rien ! Elle jura de longs instants et finit par se mettre à pleurer à son tour. Très bien, il lui dit qu'il demandera au médecin de venir l'examiner dans la journée ! C'est en sanglotant qu'elle fut enfermée dans sa chambre pour le reste de la journée en attendant qu'on vienne l'examiner. Et elle savait qu'elle n'avait rien fait et que son père devrait lui faire ses excuses ! En effet, le médecin confirma la thèse de la jeune fille. Personne n'avait touché à son intimité. Cette annonce l'enorgueillit et elle alla réclamer des excuses auprès de son père, mais il ne lui en fit pas. Il lui réaffirma que si elle voyait encore ses gens, elle en subirait les graves conséquences que cela impliquerait. Elle n'avait pas l'intention de se laisser dicter ce qu'elle devait faire, et encore moins qui elle devait voir ! Il vociféra que si elle recommença, il l'emmènerait à Londres de force. Mais sa menace resta vaine. Elle continua à aller voir ses amis d'enfance, bien plus discrètement et moins souvent. De toute façon, son père était un vieil imbécile ! Et qu'il essaie de l'emmener à Londres ! Elle s'enfuirait et reviendrait ici ! L'automne passa et l'hiver arrive, qui serait rude cette année. La neige tomba très tôt. Et le froid apporta la maladie. Sa mère fut très malade, mais les médecins prenaient soin d'elle. Elle ne fut pas la seule atteinte. Mary le fut aussi. La frêle jeune fille fut alitée juste après les fêtes. Sally passait la voir de temps en temps, et elles discutaient calmement dans la chambre. Mais la jeune fille semblait dépérir au fur des jours. Elle toussait affreusement et était fiévreuse. Pour l'aider comme elle pouvait, Sally volait des médicaments chez elle, car Beth n'avait pas les moyens de payer un docteur. Une nuit, alors que le froid régnait jusque dans sa chambre habituellement chaude, Sally entendit le bruit des petits cailloux sur sa fenêtre. Matthew ? Mon Dieu ! Que se passait'-il pour qu'il vienne à cette heure la réveiller ? Son coeur cessa de battre ! Mary ! Elle sauta de son lit et se jeta à la fenêtre pour voir son ami en bas, dans le parc. Il l'insista à venir rapidement, car sa soeur était au plus mal. Paniquée, Sally enfila rapidement des vêtements chauds et ses chaussures avant de descendre en s'aidant du lierre qui était sous sa fenêtre. Dans sa précipitation elle avait fait pas mal de bruit, et avait réveiller les domestiques dont les appartements étaient justes ne dessous des siens. La lumière de la cuisine s'alluma juste au moment où elle atteint le sol, et eu juste le temps de s'enfuir main dans la main avec Matthew avant que Terence ne leur tombe dessus. Ils coururent tous le chemin qui menait du manoir à la petite maison de Beth. L'air froid faisait mal aux poumons des deux jeunes gens, mais aucun ne voulait s'arrêter. Leur pensée était focalisée sur Mary, et intérieurement, Sally priait pour que le pire n'arrive pas ! Ils se précipitèrent à l'intérieur de la maisonnette. Elle était vraiment petite, une grande pièce servait de cuisine, salon et salle à manger, et il n'y avait que deux chambres, une pour Beth et une pour les enfants. Leur mère faisait chauffer une bouillotte, car Mary se plaignait du froid. Sa peau était gelée comme le constata la jeune fille en posant sa main sur celle de son amie. Et pourtant elle était fiévreuse. Elle était comme dans un état second. Son visage était si pâle et décharné ! Sally s'agenouilla auprès d'elle et commença à lui parler, sa voix tremblait. Une horrible sensation l'envahit, mais elle tenta de s'en écarter. Elle savait au plus profond d'elle, que c'était la dernière fois. Matthew les laissa seuls un moment. En réalité il alla consoler sa mère, qui pleurait dans la cuisine. La jeune aristocrate entendant ses sanglots malgré ses tentatives de dissimulations. Mary ne répondait que par intermittence, elle n'avait même plus la force de parler. Elles parlèrent du plan qu'ils avaient élaboré pour rebâtir un peu le château afin de le transformer en un meilleur terrain de jeux. Mais la petite malade ne répondait déjà plus. Sally entendit la voix de Terence dans le salon, il s'excusait de venir la chercher, mais si ce n'était pas lui qui le faisait, cela aurait été son père, ce qui aurait été beaucoup plus grave. Matthew vint déranger les deux filles, mais Sally refusait de partir. Et Mary ne parlait plus ! Elle commençait à sangloter. Terence était navré de devoir la retirer à son amie, mais il la pressa de venir avant que son père ne vienne lui même. Mais elle refusait de bouger. Le major d'homme n'avait guère l'envie de l'arracher de force, mais il s'y résoudrait s'il le fallait. Alors que Sally protestait, elle sentit la main de Mary lâcher la sienne. Son coeur s'arrêta alors. Le bras de son amie pendant inerte dans le vide. "Mary ? Mary ?! MARY !!!!" Non, non ! Cela ne se pouvait pas ! MARY !! Elle ne cessait de hurler. Beth s'était précipité sur le corps de son enfant, en larme. Matthew ne pleurait pas, mais sa respiration était ponctuée de hoquet pour se retenir. Terence ne savait plus quoi faire, mais il finit par saisir la jeune fille pour la ramener à la propriété. Il du y mettre toute sa force car elle se débattait en hurlant le nom de son amie. C'est à grand-peine qu'il la sortit de la chambre puis de la maison. Elle se cessait de gesticuler et de hurler. Lorsqu'ils se furent un peu éloignés, elle sombra dans les larmes qui ruisselaient dans le coup du domestique. Il ne disait mot, car il savait que rien de ce qu'il dirait ne comblerait sa tristesse. La jeune fille s'agrippait fort à lui comme pour mieux vider sa souffrance. C'est ainsi qu'il arriva à Greenhill Hall. Lord Royston tournait en rond dans le salon, vêtu de sa robe de chambre et fumant un cigare. Il fut soulagé de voir Terence revenir avec son enfant. Il ne posa pas de questions sur ce qui venait de se passer. Il avait bien compris. Il ordonna qu'on la couche. Ils aviseraient le lendemain. Elle finit par s'endormir, accabler par la fatigue et la tristesse. Son coussin était humide, tellement il avait reçu de larme. On la laissa dormir. Les jours qui suivirent semblèrent longs et morts à ses yeux. Elle n'avait envie de rien, ne voulait rien. Elle n'avait même pas faim. Elle resta là, toute la journée allongée dans son lit où avachit sur le rebord de sa fenêtre à observer la neige tomber. Maggie venait s'assurer de temps en temps qu'elle n'avait besoin de rien, et à cette question elle répondait toujours : Mary, avant de sombrer de nouveau dans les larmes. Elle ne cessait de revoir, et revivre ce moment où son amie était morte... dans ses bras. L'enterrement de son amie eut lieu quelques jours après son décès. Le Lord lui interdit d'y aller. Elle piqua, une violente colère, elle hurlait, pleurait, injuriait son père. Et sans état d'âme, elle s'en rendit quand même. Il n'y avait pas beaucoup de personnes, quelques amis de la famille, des parents comme des enfants. Beth avait les joues rosies par le froid et la tristesse, elle était blottie dans les bras de son époux. Matthew les accompagnait bien sûr. Sally se précipita directement vers lui lorsqu'elle arriva dans le petit cimetière. Il l'accueillit contre lui en la serrant fort. Elle se mit immédiatement à sangloter. La cérémonie se passa dans un calme morbide. Recouvert par la neige, le lieu était encore plus sordide que d'habitude. Sally ne dit rien pendant tout ce temps. Sa voix semblait avoir disparu en même temps que Mary. Les gens s'en allèrent peu à peu, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'elle et Matthew devant la terre fraîchement retourner de la tombe que la neige blanchissait peu à peu. Elle était toujours blottie contre son frère. Ils étaient là, silencieux. De nombreux souvenirs défilaient à grande vitesse devant les yeux de la jeune fille. Pourquoi cela avait-il changé ? Pourquoi ? Elle n'avait rien fait pour mériter ça. Le prêtre avait dit que Dieu l'avait rappelé à elle. Foutaise ! Dieu n'était qu'un horrible type qui brisait sa vie ! Qu'il aille pourrir en enfer ! Alors qu'elle était perdue dans ses pensées, elle sentit Matthew se décoller d'elle. Elle leva alors automatiquement les yeux vers son visage, et vit qu'il observait quelque chose. Elle vit que son père était là. Elle prit soudain peur et rattrapa vivement son frère comme pour se protéger. Puis elle regarda de nouveau son père. Elle pensait le voir énervé, mais son visage était calme avec un air presque triste. Elle se sépara alors un peu de son ami, qui fit une légère révérence au Lord. Ce dernier s'approcha doucement, et tendit la main à sa fille pour qu'elle vienne avec lui. D'abord elle la refusa. Elle regarda Matthew pour savoir ce qu'elle devait faire, il lui fit comprendre qu'elle devait y aller, par un simple sourire approbateur. Elle se saisit donc de sa main et vint se placer au côté de son père. Il la serra à son tour fort contre lui et l'emmena. Pendant le chemin du retour, il ne lui parla pas. Mais une fois au manoir, devant une bonne tasse de thé pour les réchauffer. Il lui annonça calmement qu'elle ferait mieux de venir à Londres avec lui. Cela lui ferait le plus grand bien, et ça lui changerait les idées. Incapable de toute volonté, elle accepta d'un simple signe de tête.
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| | | salyna cushing-price Membre fondateur/trice de Plume
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| Sujet: Re: Sally Ainsworth Jeu 12 Avr - 22:55 | |
| Londres
Que le trajet fut long jusqu'à la capitale. Elle qui rêvait de voir le monde. Le voilà qui défilait devant ses yeux, mais elle n'y prêtait aucune attention. Son regard était vide, elle tenait son visage appuyer contre sa main et regardait le paysage sans que cela ne reflète rien. Son père lui parlait aussi, mais elle n'entendait pas. De temps en temps, elle laissait échapper un soupir ou un « oui quoi ? » Elle était là, mais son esprit était absent. Comme s'il était parti avec celui de Mary. Cependant, que le paysage était beau ! Mais elle ne voyait pas ses vastes étendues d'herbes vertes, lorsque la neige ne les recouvrait pas, parsemé de petits murets de pierre. Elle ne voyait pas ces forets brumeux remplis de mystères et de légendes. Ses landes pleines d'histoires changer de batailles ancestrales. Il arrivait qu'elle aperçoive des ruines de châteaux, une larme venait alors perler sur son visage sans même qu'elle s'en rende compte. Plus Londres se rapprochait, moins il y avait de campagnes qui défilait à travers les fenêtres du train. Elle avait toujours voulu monter dedans. Lorsqu'elle accompagnait son père à la gare, elle suppliait pour monter dedans. Et maintenant elle était assise dans un compartiment, avec ses pères comme seule compagnie, mais elle aimerait être ailleurs. Mais où ailleurs ? Ce n'ai que soudainement, attiré par d'immenses ombres, qu'elle se rendit compte que le train était entré dans la capitale. La campagne semblait avoir totalement disparu. Tout le long de la voie ferrée s'étendaient des maisons et autres bâtiments. Tout était gris et de couleurs sombres. Que cela l'attristait d'autant plus ! Sa mère lui avait parlé d'une ville pleine de couleurs. Mais elle ne voyait que du béton, de la roche grise et des bois ternes. Et qu'il y avait de monde ! Elle n'en avait jamais vu autant de sa vie. Et qu'ils étaient tristes aussi ! Ils étaient tous vêtus de noir et de couleur froide. Où étaient les robes de couleurs criardes dont on lui avait parlé ? Elle espérait que cette ville lui redonnerait un peu le sourire, peut-être même lui ferait-elle oublier le drame qui venait de bouleverser sa vie. Pour le moment en tout cas, elle sentait une boule se former dans sa gorge et l'envie grandissante de pleurer. Enfin, ils arrivèrent à la gare de King' s Cross qui venait juste d'être construite. Même si elle était neuve, elle paraissait vieille et moche aux yeux de Sally. Tout était déjà noirci par la fumée des trains à vapeur. Alors que les domestiques de son père déchargeaient les bagages et que ce dernier donnait ses instructions, le regard de la jeune fille s'attarda sur un groupe de jeunes. Ils étaient tous habillés dans le même uniforme et portaient tous une longue écharpe à rayures jaune et rouge. Sûrement une école ou un groupe de sport pensa t elle. Leurs couleurs chatoyantes mirent un peu de baume à son coeur. Au moins, il y avait des enfants heureux ici. Puis c'est alors qu'elle vit qu'ils étaient accompagnés d'un vieil homme, qui lui fit aussitôt penser à l'enchanteur Merlin des légendes arthuriennes. Il se tourna alors vers elle et lui fit un petit clin d'oeil. Surprise et mal à l'aise, Sally alla se réfugier au bras de son père. Elle se collait à lui comme à un rempart contre ce monde extérieur tellement différent de celui qu'elle connaissait. Puis son père la conduisit à l'attelage qui les attendait devant l'entrée. De là, le cocher les emmena jusqu'à la demeure que possédait la famille. Bien qu'elle soit née dans cette maison, elle n'en gardait aucun souvenir. Elle était beaucoup moins grande que Greenhill Hall, mais elle se doutait bien qu'une maison en ville serait plus petite. Elle possédait deux étages, le dernier étant aménagé pour les domestiques qui étaient aux nombres de trois. Un major d'homme John, une vieille bonne qui sentait la lavande, elle faillit provoquer un haut-le-coeur à la jeune fille, qui se prénommait Margaret et une bonne, Lucy. Cette dernière lui fit visiter la propriété. Au rez-de-chaussée se trouvaient le salon et la salle à manger qui donnait sur un jardin. Il était assez vaste pour une maison de ville, dans le fond se trouvait un petit kiosque peint en vert qui se fondait ainsi dans le paysage. Elle la fit passer devant une porte, mais ne précisa pas ce qui se trouvait derrière, la jeune fille en déduisit qu'il s'agissait des cuisines. Puis elle la conduit à l'étage. Elle l'informa que les appartements de son père se trouvaient sur la gauche du bâtiment, et que les siennes étaient à droite. Les fenêtres de sa chambre donnaient dans la rue. Il y avait également une chambre d'ami, qui elle surplombait le jardin. Sally demanda pourquoi elle n'avait pas cette pièce, elle serait beaucoup plus calme et tranquille que l'autre. La bonne ne sut lui répondre, elle dit simplement que c'est son père qui leur avait demandé de lui préparer cette chambre. Elle la laissa donc seule, le temps qu'elle prenne ses marques, et elle l'encouragea à l'appeler s'il y avait quoique se soit. La jeune fille observa la pièce. Elle semblait assez froide pour le moment, mais il faut dire qu'il n'y avait que des meubles sans décoration. Le lit à baldaquin était fait, les draps étaient recouverts de motifs clairs et fleuris. Quelques tableaux de paysage décoraient les murs, mais c'était les seuls éléments décoratifs. Ses bagages avaient été montés, elle n'avait plus qu'à s'y mettre. Mais elle n'avait aucune motivation. Elle alla s'installer sur les coussins qui bordaient sa fenêtre et observait ce qu'il se passait dans la rue. Elle n'eut pas le loisir de regarder longtemps, car elle s'assoupit. Elle fut réveillée par l'irruption brusque de son père dans sa chambre, de surprise, elle tomba sur le sol. Ce dernier se précipita en lui demandant si elle n'avait rien. Elle répondit que ça allait, qu'il l'avait juste surprise. Il constata qu'elle n'avait pas défait ses affaires. Voulait-elle qu'on envoie chercher la bonne pour qu'elle le fasse ? C'était inutile, elle s'en chargerait elle même. Sur ce, il lui indiqua que le repas se prêt dans une heure et qu'ensuite il devrait s'absenter. Il avait un rendez-vous au club. Elle n'objecta rien à cela et lorsqu'il fut sorti, elle s'attaqua à ses malles. Ses vêtements étaient soigneusement pliés et empilés les uns sur les autres. Elle les rangea avec beaucoup moins de soins dans sa commode et la penderie. Elle constata qu'ils étaient eux aussi de couleurs sombres et ternes. Normal pense t elle, c'était quand même bien plus pratique pour dissimuler les taches et autres cochonneries qu'elle laissaient dessus après ses ballades dans la campagne. Elle finit par tomber sur ses affaires de toilettes. Elle déposa sa brosse à cheveux sur la coiffeuse, ainsi que ses nombreux pinces et pics. Dans une magnifique boite en bois sculptés se trouvaient les nombreux rubans qu'elle aimait nouer dans ses cheveux. On lui disait souvent qu'elle avait passé l'âge d'en mettre, mais elle continuait quand même. Elle était très fière de sa chevelure, il lui tombait jusque dans le milieu du dos et avait une magnifique teinte cuivrée. S'il se révélait vrai qu'elle ne prenne pas soin de son apparence, ce n'était pas que le cas de ses cheveux. Elle aimait les coiffer et se faire des coiffures de toutes sortes. Puis vinrent ses petits bibelots personnels qu'elle avait amenés pour son plaisir : un petit bateau sculpté qu'avait fait Matthew avec un morceau de bois échouer sur la plage, une broderie qu'avait faite Mary représentant les ruines du château et trois silhouettes y errant. Elle eut un pincement au coeur en revoyant ça. Elle le sera un moment contre elle avant de le déposer sur sa table de nuit. Et enfin, elle sortit quelques livres, ses propres broderies et une palette de crayons qu'on lui avait offerts pour dessiner. Mais elle n'avait aucun talent et n'avait jamais eu le temps de vraiment s'en préoccuper. Le temps que tout cela se fasse, l'heure du repas arriva. Il fut copieux, mais elle n'avait pas tellement faim. Elle mangea pour faire plaisir à son père, mais elle n'en avait guère l'envie. Pourtant que c'était appétissant. Elle se contenta surtout de fruits sur la fin et ne put résister à un petit bol de crème anglaise. Lavande, c'est ainsi qu'elle appelait la bonne qui sentait tellement fort ces fleurs, fut soulagée de la voir au moins avaler ça. Sally demanda aussi à ce qu'on lui mette à disposition dans sa chambre des coupelles de noisettes, noix et amande. Elle en grignotait de grandes quantités ces derniers temps. Puis son père s'en alla et après une brève toilette, elle se mit au lit. | |
| | | salyna cushing-price Membre fondateur/trice de Plume
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| Sujet: Re: Sally Ainsworth Dim 13 Mai - 21:38 | |
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Les jours lui parurent tous semblables au début. La neige blanchissait les rues qui au cours des journées devenaient plus grisâtres et formait des boules sur les côtés de la chaussée. Les gens passaient et repassaient, se protégeant de la neige ou de la pluie. Rien de très réjouissant, et puis elle était si seule. Son père partait le matin et ne rentrait que le soir, et encore il repartait souvent pour son Club. Certains jours, elle ne prenait même pas ma peine de s'habiller. Elle errait toute la journée en chemise de nuit. Passant de sa chambre au salon, du salon à sa chambre. Elle souhaitait que le beau temps revienne vite pour qu'elle puisse profiter un peu du jardin. Un jour comme à son habitude, elle se leva et descendit les escaliers alors qu'elle était à peine réveillée. Ses cheveux étaient en batailles et elle frottait ses yeux encore embrumés, ses pieds étaient nus, mais cela ne la dérangeait pas, le sol étant couvert de moquette dans presque toutes les pièces. À sa grande surprise, elle découvrit son père dans le salon, devant une tasse de café bien fort, lisant le journal du matin. Elle s'attendit alors qu'il lui fasse une réflexion sur sa tenue. Mais non, il la salua poliment et lui demanda si cela l'intéressait d'aller voir un peu la ville. Avec hésitation, elle lui répondit que oui, cela lui plairait. Elle se précipita donc dans sa chambre en piétinant les escaliers comme un troupeau de mammouths et revint quelques minutes plus tard, toute habillées et frétillantes comme un gardon. Elle allait enfin voir cette ville ! Une soudaine énergie lui était venue et elle sourit. Ils partirent donc pour la journée. Les rues de la Capitale anglaise étaient immenses ! Aussi bien en longueur qu'en largueur. La jeune fille n'était même pas sûre d'en voir le bout. Et qu'est-ce qu'il y avait du monde ! Des dizaines de fiacres allaient et venaient sans arrêt. Les gens se bousculaient presque tellement il y en avait. Et que dires des boutiques et autres magasins ! Il y en avait partout ! Sally en avait presque le tournis ! Elle tenait le bras de son père et ne cessait de le tirer de tous les côtés. Elle voulait tout voir ! Ce dernier esquissa un sourire discret, il était ravi de voir sa fille ainsi revigorée. Il l’avait vu tellement abattu et lasse depuis des semaines. Elle semblait avoir retrouvé un peu le goût de vivre. Il tenta de la calmer en lui disant qu’ils avaient la journée devant eux et qu’ils auraient d’autres occasions de venir. Mais elle ne semblait pas écouter. Elle se dirigerait en courant contre les vitrines s’il ne la retenait pas par le bras. Elle passait plusieurs minutes à observer ce qui y était exposé. Et si elle trouvait le magasin digne d’intérêt, elle s’y précipitait. Ce n’est pas pour autant qu’elle achetait tout ce qui lui plaisait. Elle n’avait jamais été dépensière, même si elle en avait largement les moyens. Il y avait tellement de choses qui lui donnaient envie, mais trop d’envie tue l’envie. Alors la plupart du temps, elle ressortait les mains vides. Le choix était tellement vaste, qu’elle n’arrivait pas à se décider et donc elle ne prenait rien. Le temps de midi vint, ils reprirent le fiacre pour se rendre dans un grand restaurant. Ils firent un petit détour pour montrer à la jeune fille le palais de Buckingham. C’est immense ! s’exclama-t-elle lorsqu’elle le vit par la fenêtre. À l’entré, il y avait deux gardes vêtus de rouges qui ne bougeaient pas. Son père lui expliqua alors leurs rôles et pourquoi il était si immobile sauf lors des changements de garde. Sally fut très amusée par leur immense chapeau en peau d’ours qui leur cachait presque tout le visage. Elle eut l’envie d’aller les taquiner, mais elle ne pouvait descendre du fiacre. Ce n’était que partie remise. Le restaurant où la conduisit son père lui fit plus penser à un palace. Le plafond était tellement haut qu’elle se demandait comment il avait pu être aussi joliment peint et décoré. De nombreuses dorures le faisaient briller à la lumière des chandelles. La salle principale dans laquelle ils furent installés devait être aussi grande que le manoir de Greenhill. La table était ronde et recouverte d’une nappe de velours rouge. Il y avait déjà de nombreuses personnes attablées. Des couples, des groupes d’homme, des familles entières. Sally fut très intimidée. Elle n’avait jamais mangé dans un restaurant. Son père lui semblait au contraire très a l’aise. Il doit avoir, l’habitude se dit, elle. C’est ce qu’il devait faire lors de toute ses absences du domaine où sa mère et elle habitaient. À l’accueil le groom l’avait salué par son nom, il était un habitué sûrement. Il commanda le plat du jour, une recette à base de canard et du foie gras en entrée. La jeune fille fut moins gourmande et prit un plat de poisson accompagné par des petits légumes. Pendant ce repas, Sally posa beaucoup de questions à propos de la ville et de son histoire. Son père lui répondait dans la capacité de ses moyens et de ses connaissances. La discussion s’envenima un peu lorsqu’elle le questionna sur ce qu’il faisait pendant la journée et le soir. Il lui répondit sèchement que cela ne la concernait en aucun cas et qu’elle n’avait pas à le savoir. Pourquoi ne pas lui dire ? Après tout ça ne changerait pas grand-chose qu’elle le sache ou non. Il conclut la conversation en disant qu’une femme n’avait pas à s’intéresser au travail de son mari, et sa fille encore moins. Elle avait horreur lorsqu’il sortait cet argument. Une femme ceci, une femme cela, une femme ne doit pas, une femme doit, ses obligations familiales et blablabla. C’était injuste, pourquoi n’aurai t elle pas les même droits que les garçons ? Elle ne pensait pas être plus bête et moins apte à comprendre les choses si on le lui enseignait. À écouter son père, sa vie se résumerait à vivre à la maison et satisfaire au besoin de son mari. Eh bien non, elle ne vivrait pas comme cela. Elle n’avait pas l’intention de devenir une petite chienne docile qui obéit au doigt et à l’oeil. Pour calmer le jeu, il lui commanda une belle glace pour elle pendant qu’il prenait son café et fumait un bon cigare. Le sorbet eut l’effet escompté, dans le sens où la jeune fille ne discutait plus, bien trop occupé à la gloutonnerie. Si le matin elle avait été raisonnable sur les achats, ce fut moins le cas l’après-midi, sans cependant aller dans l’excès. Elle s’acheta un magnifique pic pour les chignons en argent. La partie qui ne serait pas cachée par ses chevelures était magnifiquement décorée et portait une petite pierre d’un bleu si clair qu’il se serait confondu avec le ciel, ainsi une petite plume du même métal y était accrochée. Lord Royston avait fait un peu là mou pour lui acheter. Elle en possédait déjà tellement, et celui-ci, trouvait il, avait quelque chose de trop « sauvage ». Mais l’engouement de la jeune fille pour cet objet finit par le faire craquer. Elle déambula longtemps dans un magasin ne vendant que des foulards et des châles. Il y en avait tellement qui lui plaisait ! Mais lequel choisir ? Pendant qu’elle regardait les différents modèles qu’on trouvait, elle vit son père, qui l’attendait à l’extérieur discuter avec un homme. Ce dernier était légèrement plus grand que le Lord et était élégamment vêtu. Mais ne vit pas son visage, il s’en alla en saluant respectueusement son père. Son attention se re-fixa sur les châles. Elle finit par se décider pour un en soie. Il était presque du même bleu que la pierre qui ornait son pic à cheveux. Les rebords étaient finement brodés de petit motif faisant penser à des vagues. Elle acheta également une nouvelle paire de bottines, ainsi qu’une nouvelle broderie, car la sienne serait bientôt finie. Après cela, son père décida qu’il était grand temps de rentrer, avant qu’elle ne le ruine en une seule sortie. Cette journée avait épuisé la jeune fille, mais avant d’aller se coucher, elle prit le temps d’écrire à sa mère pour lui raconter sa journée. Elle fut envahie d’un sentiment de culpabilité envers Matthew, alors qu’elle demanda à sa mère de lui faire transmettre de ses nouvelles. Elle n’avait pas eu de nouvelles de lui, ne sachant pas écrire, elle espérait qu’il en donnerait via Lady Ainsworth. Et s’il lui en voulait de l’avoir laissé après la mort de Mary ? Cette pensée la rongea une bonne partie de la soirée, mais elle réussit à s’endormir quand même.
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