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 Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]

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Xian Moriarty
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Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] Empty
MessageSujet: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 18 Sep - 20:31

Novgorod


**********************

Chap. 01






« _Ne la blesse surtout pas ! » Hurlait le professeur Eustache de Salisbury dans le casque de son jeune protégé.
« _Mais qu’est-ce que tu crois que je fais ! C’est à elle qu’il faudrait dire ça ! » Répliqua Kureno dans son micro.
Le jeune dieu cervidé tenta de sortir comme il put du mur dans lequel il venait de se faire encastrer. Il repoussa ses cheveux couleur alezane en arrière pour se dégager la vue. Il cala les mèches les plus rebelles derrières ses petites oreilles de daim. Ses longues moustaches noires taillées à la mode « celte » étaient pleines de poussière, ainsi que son visage. On distinguait à peine les petites taches orange brûlées sur ses pommettes. Ses yeux bleus observèrent minutieusement les alentours. La créature semblait avoir disparut. Il remarqua dans les décombres du mur un débris à l’aspect étrange : cela ressemblait à un morceau de ramure. Il saisit de ses deux mains les minces bois qui se dressaient sur le haut de sa tête.
« _Ah l’enculasse ! Elle m’a pété un bois ! » Vociférât-il.
« _Kureno ! Ton vocabulaire ! » Répliqua le professeur dans l’oreillette du jeune homme.
« _Pardon papa mais voila quoi ! »
Un épouvantable hurlement, strident au possible, retentit dans les rues du village déserté. Au détour d’une ruelle, apparut la créature à forme humaine sans jambes. Son corps était une sorte d’enchevêtrement de ronces. D’innombrables branches lui permettaient de se déplacer. Deux lueurs pourpres émanant d’interstices entre les ronces qui formaient ses yeux. Des feuilles, semblable à celles des framboisiers, lui servaient de cheveux.
« _C’est une nymphe de type dryade rosaceae. Ne la blesse surtout pas ! Dajan et le capitaine Indriðason devraient bientôt te rejoindre ! »
« _Ouai, mais en attendant, c’est sur moi qu’elle tape ! »
La nymphe se précipita sur lui. Elle agitait ses bras ronces qui fendaient l’air comme de dangereux fouets.
Kureno fit un gigantesque saut en arrière pour éviter les assauts de la créature hystérique. Sa nature de dieu lui octroyait des capacités hors du commun. En tant que dieu-cerf, il pouvait faire des bonds très importants.
Une fois hors de porter de la dryade, perché sur un toit, Kureno sortit ses deux automatiques. Chargés avec des balles normales, les tirs allaient lui permettre de ne pas blesser la nymphe, mais cela suffirait pour la tenir à distance.
Mais la plante vivante n’avait que faire des balles. Elle continuait d’attaquer le dieu avec ses ronces. Celui-ci sautait de toits en toits pour éviter les branches. Comme elle ne parvenait pas à le toucher, la dryade secouât des ronces de toutes ses forces : une pluie d’épines fondit sur Kureno. Il parvint à les éviter de justesse en sautant au travers d’une fenêtre. Des bouts de verres coupèrent son visage.
« _Pff, ça me gonfle ! »Soupira-t-il en se relevant.
Il fallait qu’il sorte de cette maison. Mais le rez-de-chaussée venait d’être investit par la créature folle. Il sortit par une autre fenêtre. De nouveau à l’extérieur, il détala à toute vitesse dans les rues pour s’éloigner un maximum de la nymphe. Lorsqu’il s’estima en sécurité, il contacta le reste de son groupe.
« _Dajan, ici Kureno : qu’est-ce que tu fous !?! Je vais finir en cactus si vous continuez à traîner ! »
« _Kureno, ici Dajan : Désolé, mais on s’est heurté à la population locale. On arrive. »
« _Oui bin bougez vous car… »
Le mur contre lequel le jeune dieu s’appuyait explosa. Celui-ci fut partiellement ensevelit. Il se dégagea rapidement. Mais pas assez vite pour échapper à la dryade. Elle le saisit à la jambe avec l’une des ses branches. Kureno poussa un hurlement de douleur lorsque les épines de ronces s’enfoncèrent dans sa chair. Il essaya de se libérer en la criblant de balles mais cela ne fonctionna pas. Si les armes conventionnelles étaient inefficaces, les armes divines feraient probablement plus d’effet. Il lâcha ses deux automatiques qui tombèrent au sol. Le jeune dieu fit alors apparaître sa lance à deux fourches. Les tranchants magiques des lames sectionnèrent net les branches qui le retenaient. Il tomba lourdement sur le sol : sa jambe blessée l’empêcha de se rattraper correctement.
La nymphe poussa un cri si aigue que cela produisit un effet de résonance dans l’oreillette du jeune homme.
« _Kureno, qu’est-ce que tu fais ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Je t’ai dit de ne pas la blesser ! » Cria le professeur Eustache.
« _T’es gentil papa, mais c’était ma jambe ou son bras ! »
Mais la blessure que le dieu avait infligée à la créature ne fit qu’augmenter sa colère. Une nouvelle fois, elle envoya une pluie d’épine sur lui, qu’il esquivât.
« _Kureno, ici Dajan : où es-tu ? »
Pour se signaler, le dieu tira une fusée de détresse. La forte lueur que provoqua le projectile fit reculer la nymphe. Elle dût craindre de prendre feu.
Kureno profita pour mettre un maximum de distance entre la créature et lui.
Heureusement, Dajan, un noir chauve de près de deux mètres, escorté par le capitaine Brynhildur Indriðason, une jolie blonde au caractère bien trempée, arrivèrent.
Le capitaine tira en rafale sur la dryade avec son arme de combat. Dajan portait ce qui semblait être un corps enveloppé dans un drap blanc. Kureno les rejoint à toute vitesse.
« _Les fusées de détresse ! Ça lui fait peur ! »
Immédiatement, le capitaine Indriðason sortit son pistolet. Très vite, la nymphe fut encerclée par les fusées. Elle poussait des cris de terreur : le feu était la chose qu’elle craignait le plus puisque son corps était entièrement fait de bois.
Le but de l’opération n’était pas de la tuer, mais de l’apaiser. Et c’est le corps que tenait Dajan qui allait le permettre.
Le colosse s’approchât du cercle de feu. Il écarta d’un coup de pied la fusée qui se trouvait sur son chemin. Il se retrouva face à face avec la dryade. Celle-ci semblait plus agressive que jamais. Ses hurlements firent exploser toutes les vitres encore intactes de la rue.
Dajan déposa le corps sur le sol. Il eut juste de temps de retirer le voile du visage du mort que les ronces de la créature l’expédièrent dans un mur. Mais l’homme noir avait accomplit sa mission.
Lorsque la dryade vit le pâle visage du mort, elle se calma. Les lueurs rouges de ses yeux disparurent, laissant des orbites vides. Doucement, elle prit une apparence proche de celle d‘un être humain. Elle s’assit auprès du corps. Les épines de ses branches disparurent lorsqu’elle prit le cadavre dans ses bras. Des orbites vides de ses yeux, un liquide très aqueux se mit à couler. Elle pleurait.
« _Kureno, qu’est-ce qui se passe ? Vous avez réussit à l’apaiser ? » Demanda le professeur Salisbury via l’oreillette de son fils.
« _Tu avais raison papa. C’était bien un chagrin d’amour. On voit ça ensemble quand je rentre. A toute. »
Le jeune dieu coupa son écouteur, qu’il retira de son oreille.
Le village était dans un état lamentable. La nymphe avait tout dévasté. Les maisons n’étaient plus que des morceaux de murs près à s’effondrer, les routes éventrées laissaient apparaître la terre, des éclats de verres jonchaient le sol.
Le petit groupe ne pouvait s’empêchez d’avoir de la peine pour cette créature, accablé par le chagrin.

A ce même moment, le vieux professeur Salisbury et son épique se réjouissaient de la réussite de cette opération.
Le professeur put enfin souffler. Il angoissait toujours énormément lorsque Kureno partait en mission. Il savait que son garçon adoptif ne risquait pas grand-chose : c’était un dieu. Et tuer un dieu n’était pas chose aisé.
Depuis près de quarante cinq ans, Eustache de Salisbury était l’encyclopédie du fantastique des Yggardiens.
Les Yggardiens étaient, à l’origine, une sorte d’ordre qui veillent aux bonnes relations entre les humains et les quelques créatures fantastiques qui parcourent le monde. Fondé au IXème siècle en Islande, cet ordre avait pour mission première de protéger l’accès à la branche d’Yggdrasil, l’arbre monde. Avec le temps, son activité s’était diversifiée.
Aujourd’hui, les Yggardiens étaient une organisation non gouvernementale dont les principaux objectifs étaient d’éviter que des créatures de légendes trop zélées ne sèment le trouble dans le monde humain.
L’organisation, plus discrète que secrète, trouvait ses financements grâce à sa maison d’édition, spécialisés dans le fantastique. Le gouvernement Islandais ainsi que l’ONU complétaient leur budget.
La diversité des créatures fantastiques était importante, c’est pour cela qu’il y a toujours eu des hommes comme le professeur Salisbury. Leur mission était d’identifier les créatures qui posaient problèmes. Ils travaillaient aussi sur la mise au poing d’armes et de matériels pour les affronter ou s’en protéger.
Le professeur avait à peine vingt ans lorsqu’il avait intégré l’ordre. Nul n’avait été aussi brillant que lui.
Il avait été aussi le premier à faire intégrer des créatures de légende dans l’ordre. Aujourd’hui dans la dépendance islandais qu’il gérait, trois de ces agents n’étaient pas humain : Kureno, son fils adoptif, Dajan un cat-people type lion et la Pythie grec de Delphes. Mais cette dernière ne faisait pas de terrain, cette mancienne ne possédait pas les capacités nécessaires. Elle était quelques peu « dérangée ».
Le professeur déposa son casque sur un des postes de contrôle. Maintenant que la mission était finit, il fallait qu’il commence à faire un rapport qu’il enverrait ensuite à la maison mère, délocalisé depuis peu dans une grande ville américaine.
Il se dirigea vers la porte. Avant qu’il n’y parvienne, il ressentit une violente douleur dans la poitrine. Cela fut si violent qu’il s’évanouit.
Il se réveilla quelques minutes plus tard dans l’infirmerie du docteur Claude Rat, le médecin français de la dépendance, allongé sur la table de consultation.
« _De retour parmi nous. Ne bouge pas. »Il posa son stéthoscope sur le torse pour écouter son cœur et sa respiration.
« _Bon…rien n’a changé depuis la semaine dernière. »
« _Je me fais vieux, c’est normal…C’est plus de mon âge de m’exciter comme ça. » Ironisa-t-il en se redressant.
« _Excuse moi, mais il y a des vieux de soixante-cinq ans bien plus mal en point que toi…J’ai tes résultats d’analyse… »
« _Alors ? Diabète ? Insuffisance cardiaque ? »
« _Assis toi tu veux. Je crois qu’il faut qu’on discute sérieusement. »
Le professeur descendit de la table. Il passa sa main dans ses cheveux blancs pour les remettre un peu en place. Le docteur lui tendit sa petite paire de lunette. Puis il s’assit sur la chaise en face du bureau de son ami. Celui-ci avait un air grave.
« _Tu sais Eustache, depuis qu’on se connaît, je t’ai toujours reproché de ne pas assez prendre soin de ta santé. »
« _Tu vas pas me faire la morale parce que je ne viens jamais faire mes contrôle de santé. Oui, je sais, si j’étais venu te voir dès le premier malaise… » S’amusa-t-il.
« _Je suis sérieux Eustache. Excuse-moi d’être aussi direct : tu as un cancer. »
Le visage du professeur pâlit. Son ami français faisait souvent des blagues, quelques fois douteuses. Mais son expression et son ton n’étaient absolument pas celui de la facétie. Le docteur tendit le rapport d’analyse à Eustache qui l’examina.
Il poussa un soupir en retirant ses lunettes.
« _Cancer des poumons métastasés…D’après toi, j’en ai encore pour combien de temps. » Demanda-t-il.
« _Deux ans…voir trois… »
Il y eu long silence dans la salle. Eustache ne cessait de relire son dossier médical tout en caressant sa barbiche. Claude, lui, ne savait pas quoi dire… Il avait une folle envie de lui faire une leçon de moral : s’il était venu au contrôle médical annuel, le cancer aurait pu être détecté à temps et être soigné. Mais le professeur détestait les médecins…
« _Quel con ! » Finit par s’exclamer Eustache.
« _Ca tu peux le dire. Si tu… »
« _La Pythie me l’avait dit ! »
« _La Pythie t’avait prédit que tu allais avoir un cancer et tu me l’as jamais dis ? »
« _Je suis con, mais pas à ce point là. La premier fois que je l’ai rencontré, elle m’a fais une prédiction : ce n’est pas l’animal qui est en toi qui te tuera, mais la lame du père de ma folie. L’animal dont elle parlait, c’est le cancer ! Depuis l’antiquité, on pensait qu’un animal fantastique, le cancer, s’introduisait dans le corps des gens et les rendait malade. »
« _Et en presque cinquante ans, tu n’as jamais eu le déclic ? »
« _Non. La chose que j’ai compris à sa prédiction c’est que j’allais être assassiné, la lame du père de ma folie. »
« _Et c’est quoi la lame du père de ta folie ? »
« _Aucune idée. » Soupira-t-il.
De nouveau le silence s’installa dans la pièce. Le professeur n’était le genre d’homme à laisser apparaître ses sentiments, sauf bien sur lorsque ceux-ci concernait son fils. C’est d’ailleurs à lui qu’il pensait.
« _Comme tu es mon ami, je n’ai pas encore transmit ton dossier médical à la maison mère. Je sais que ce n’est peut-être pas le moment le plus adapter pour parler de ça, mais…il faudrait sérieusement que tu penses à nommer quelqu’un qui puisse prendre ta suite… »
« _Et qui ? » s’emporta Eustache. « Pas une seule des personnes que j’ai rencontré n’a le savoir nécessaire. Je respecte mes collèges des autres dépendances, mais aucun d’entre eux n’a un cinquième du savoir que j’avais à vingt ans ! Et puis qui va s’occuper de Kureno ? C’est un dieu ! Il a déjà son corps d’homme mais c’est encore un adolescent dans sa tête ! »
Kureno était un sujet sensible. Si physiquement les dieux arrivaient à leur forme adulte à la même vitesse d’un humain normal, mentalement, ils vieillissaient moins vite. Kureno avait beau avoir trente cinq ans humain et le physique qui va avec, il avait l’âge mental d’un adolescent de quinze ans. Le professeur s’était souvent demandé qui prendrait en charge le jeune dieu une fois qu’il ne serait plus là. Il avait toujours repoussé ce problème car ce sujet ne lui avait jamais semblé d’actualité. Mais aujourd’hui, il fallait, au contraire, qu’il y réfléchisse sérieusement.
« _Dajan pourrait s’en occuper dans un premier temps… »
« _Dans un premier temps, oui peut-être. Mais Kureno pose bien d’autre problème. Mais je n’ai pas envie de rentrer dans les détails. »
« _Tu sais Eustache, si tes collèges sont si mauvais que ça, prend un apprenti et forme le. »
« _Je vais me faire tuer d’ici un an, voire deux au mieux. Jamais je ne pourrais former quelqu’un de compétant en aussi peu de temps. »
Encore une fois, le silence s’installa. Le docteur perçut une étrange lueur dans les yeux de son ami. Mais c’était comme si ce dernier avait trouvé une solution à ses problèmes, sauf qu’il ne voulait pas l’employer.
« _A quoi tu penses ? Je te connais bien. Quand tu as ce regard perdu, mais sûr de toi, c’est que tu as une idée… »
« _Il existe peut-être une personne qui pourrait, à la fois me remplacer et prendre soin de Kureno. »
« _Mais… »
« _Jamais elle n’acceptera. »


Dernière édition par Xian Moriarty le Lun 28 Fév - 14:00, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyMer 30 Sep - 13:23

Le …. Février 1963.


Je savais bien que ce dîner de famille se passerait mal.
Mère n’accepte toujours pas ma décision d’avoir refuser d’entrer à l’académie de médecine. Ne parlons même pas de Père qui me renie presque. Cependant, je peux peut-être les comprendre. J’ai toujours été un élève brillant, surtout dans le domaine des sciences, et ce dans les meilleures écoles du pays.
Mais ce refus aurait pu être accepter si j’avais décidé de m’engager dans des voies, que mes parents nomment, de prestige : droit, politique, Armée.
Hélas, j’ai choisi une branche de ethnologie et de l’anthropologie peu développé, la mythologie et les légendes. Pour mes parents, ce domaine de connaissance n’a aucune valeur, si ce n’est de divertir et d’amuser les enfants, ou bien d’alimenter les fantasmes de quelques imbéciles.
Tout ce serait bien passé si mon idiot de jeune frère ne s’était emporté contre moi. Il n’a que quatorze ans. Il n’a pas encore l’âge de comprendre mes choix. Il suit aveuglement l’avis de mes parents qui lui on fait comprendre que seul le prestige social est important dans la vie. Mais je refuse cette notion. Je veux faire ce qu’il me plait.
Ma situation est encore tenable puisque Père me verse encore assez d’argent pour subvenir à mes besoins à London. S’il venait à me couper les fonds, je crains de devoirs mettre les études de côté pour gagner assez d’argent pour être à même de les poursuivre. A moins qu’un de mes professeurs me prennent sous son aile, mais j’en doute. Et mon premier livre sur les modifications des mythes et légendes pour les enfants n’a pas eu assez de succès pour assurer mon confort.
Je pense que mes parents craignent aussi que je m’intègre dans un de ces mouvements communistes, libertaires, etc.…

Enfin, me voila de retour à London, dans mon cher et calme petit pub, non loin de mon logement. J’aime la pénombre de ce lieu. Il m’apaise et laisse libre court à mon imagination. Mes amis et moi-même venons souvent ici, après nos cours, pour discuter du dernier film diffusé, les derniers vinyles à la mode, ou les romans qui font fureur. Il est important, pour nous tous, que nous soyons au courant de la vie culturelle de notre pays ainsi que celle du reste du monde. Personnellement, j’ai une préférence pour la culture française, que je connais bien par ailleurs. Mes amis me taquine énormément car pour eux, les françaises sont les plus belles jeunes femmes d’Europe. Moi je crois qu’ils s’imaginent qu’elles sont aussi très frivoles.
En parlant de femmes, il m’arrive parfois de rêver qu’une belle et douce walkyrie entre ici, habillé de façon moderne, dans le but de cacher sa nature divine. Ses longs cheveux or finement nattés lui tomberaient sur les épaules; ses yeux ciels seraient cachés derrière des lunettes rondes colorées; son corps serait…

Ah ! Catastrophe ! Désolé cher journal, tu devras passer le reste de ton existence avec cette monstrueuse tache de café…

…Ces divagations enfantines (enfin, pas tant que ça) m’amusent énormément. Ah, si mes parents savaient que je m’imagine en compagnie de jeunes femmes…Ils sont si vieux jeux… Ils vivent encore au XIXème siècle où inviter une demoiselle à un dîner ou une soirée est une demande de fiançailles. Enfin bref…je suis sûr qu’ils me considéraient comme un débauché, ce que je suis quand même loin d’être : mes « camarades » (hé oui, je fréquente de jeunes communistes) pensent…que j’ai un balais dans le cul…Expression peut-être un peu trop vulgaire pour dire que je suis coincé. Mais que je trouve un peu exagérée : ne pas vouloir coucher avec l’ensemble de la gente féminine ne signifie pas que je suis coincé. J’estime que…

Ce n’est peut-être rien. Juste moi qui me fais des idées. Mais il me semble que depuis que j’ai quitté ma ville natale, Salisbury, après la dispute avec mes parents, je suis suivi.
Je viens de remarqué qu’un homme, que j’avais déjà vu à la gare de Salisbury, m’épit. Il fait mine d’être appuyé contre le mur du pub pour fumer, mais je suis presque sûr qu’il m’observe. Ce n’est pas la première fois que je croise son regard.
Non, je dois me faire des idées. Je ne vois aucunes raisons pour que l’on s’intéresse à moi. Certes, mes parents sont des aristocrates…
D’autres hommes viennent de rejoindre mon « espion ». Décidément, je suis vraiment un grand enfant sur ce coup là. Mais j’ai vraiment l’impression que c’est moi qui les intéresse. Ils ne cessent de jeter des regards plus ou moins discrets par la fenêtre. Est-ce moi qu’ils observent ou bien une autre personne. Le pub est presque vide à cette heure là.
Ah, il faut que je cesse ces histoires à dormir debout. Ce n’est plus de mon âge, et mes pensées devraient être mieux occupées. Je…

Je pense que je vais avoir des ennu…
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyDim 11 Oct - 19:52

Chap. 02





Assit à son vaste bureau, le professeur Eustache lisait le rapport, concernant l’incident avec la nymphe, que Kureno lui avait remit.
Comme le professeur Salisbury l’avait énoncé, la nymphe, responsable de la destruction du village de X, était en plein chagrin d’amour. En effet, arriver sur les lieux, l’équipe mené par le capitaine Indriðason et Dajan, un lion-people, ont découvert qu’un jeune homme, récemment décédé des suites d’un cancer fulgurant…. »
Le professeur eut un petit sourire ironique. S’il n’avait pas eu connaissance de la prédiction de la Pythie, lui aussi aurait été emporté par le cancer. Mais les conséquences de sa disparition n’auraient pas été aussi graves.
Mais derrière cette pointe d’ironie, le professeur ressentait un profond malaise. Savoir qu’on va mourir n’est jamais une nouvelle que l’on accepte facilement. Laissez Kureno seul était le principal sujet de préoccupation.
Cette perspective le travaillait tant qu’il en avait presque perdu le sommeil. Cela l’angoissait terriblement. Il ne craignait que le jeune dieu ne fasse n’importe quoi une fois qu’il aurait disparut.
Mise à part le docteur Rat, personne n’avait été averti du mauvais état de santé du professeur. Le docteur avait même accepté de ne pas transmettre la nouvelle à la maison mère. Si cela se savait, elle ne cesserait de le harceler pour qu’il prenne un successeur. Le secret était donc total.

Soudain, son bippeur sonna.
Il consulta le petit écran de son appareil. C’était le capitaine Indriðason. Elle devait lui apporter des nouvelles de la mission très spéciale qu’il lui avait confier : rechercher la personne que celui souhait pour prendre sa succession. Cela faisait déjà deux semaines qu’elle était partit et qu’elle faisait choux blancs.
Le professeur s’était sentit un peu gêné de demander au capitaine de partir pour cette mission alors qu’elle était à peine revenue de son intervention contre la nymphe. Mais Brynhildur Indriðason était quelqu’un de confiance et une amie fidèle. De plus, elle était l’un des meilleurs agents des Yggardiens.
Le petit écran à cristaux liquides lui indiquait de prendre le capitaine sur la ligne 3 de son téléphone. Il décrocha.
« _Capitaine Indriðason ? »
« _Bonjour professeur. J’ai de mauvaises nouvelles : on est encore tombé sur os. Nos équipes de Nouvelle-Zélande n’ont rien trouvé. Aucunes traces de notre cible. Etes-vous sûr qu’elle devrait se trouver là? »
« _Je ne sais plus… »
« _Sinon, à force de faire des excursion à droite à gauche, les enclaves les ont signalé à la maison mère qui m’a contacté pour savoir ce que je faisait car je n’ai pas d’ordre de mission. »
Le professeur passe sa main sur le visage en signe de contrariété mais aussi de fatigue.
« _Qu’est-ce que vous leur avez répondu ? »
« _Que leur bureaucratie ne me concernait pas. Et que s’il voulait des informations, qu’ils prennent contact avec vous. J’espère ne pas vous envoyer une balle empoisonnée. »
« _Non, vous avez bien fait. Je m’occuperais d’eux pour qu’il ne vous pose plus de problème. »
« _Merci professeur. Mais j’ai aussi des informations qui pourraient nous aider mais j’aurai besoin de votre avis. L’enclave d’Oulan Bator nous… »
La jeune capitaine ne pur finir sa phrase car elle entendit la professeur vociférer contre lui-même. Elle une petite mou de surprise et de d’interrogation. Salisbury n’était le genre d’homme a utilisé un vocabulaire aussi familier.
« _Pardonnez moi capitaine. Mais je n’en reviens d’avoir été aussi bête. La Mongolie, la chose était évidente. Suivez cette piste. Cherchez dans les plaines, si elle y est, vous devriez la trouver. »
« _Bien professeur. Je vous rappelle dès que j’ai de plus ample nouvelle. »
« _Encore une chose capitaine. Si vous la trouvez, il y a fort à parier qu’elle ne se laissera pas faire. Dites lui bien que vous venez de ma part et que vous ne lui voulez aucun mal. »
« _Bien, compris. A bientôt professeur. »
La conversation se termina ainsi.
Le professeur avait à peine reposer le combiner qu’une épouvantable musique rugit dans la maison. Cela le fit sursauter. Son manqua de s’arrêter.
L’enclave islandaise des Yggardiens était divisée en deux partit. Il y avait d’abord le Manoir. C’était la résidence du professeur. La demeure était relativement grande car elle devait pouvoir accueillir le personnel qui n’était pas, façon de parler, les hommes de terrain, comme le professeur et le médecin, mais aussi les créatures légendaires.
La seconde moitié de l’enclave était le complexe dit « militaire ». C’est là que les agents de terrains vivaient en permanence. C’est ensemble comprenait les dortoirs, soit des studios des 20 m² avec salle de bain. Par contre, pas de cuisine, les repas se font au réfectoire. Mais il y avait aussi les installations sportives : gymnase, salle de musculation, piscine; tout le nécessaire pour garder les troupes en formes.
Plus le professeur se rapprochait de la chambre de Kureno, plus la musique augmentait de volume.
Lorsqu’il entra dans la pièce, le jeune dieu semblait dans une semble de transe. Il bondissait de partout, jouant de la air-guitare.
Le son était tellement fort que le professeur ne s’entendait pas hurler.
La chambre de Kureno était un véritable chambre d’adolescent : des posters de groupe de musique de métal ou de rock; des vêtements sales de plusieurs jours partout, y comprit dans la bibliothèques; des restes de paquets de chips et autre friandises. Mais cela était loin d’être le pire, le vrai fléau de cette pièce s’était l’odeur, un horrible mélange de sueur et de renfermé.
Comprenant que ses hurlements étaient vains, le professeur se dirigera vers la sono. C’est sans hésitation qu’il arracha le fil de la prise. Le son se coupa net.
Kureno, couché sur le sol mimant on-ne-sait quel guitariste de ses posters, cessa de gigoter comme un vers.
« _Hé ma musique ! » beugla-t-il.
Il se relava en soupirant.
« Mais papa … »
« _Il n’y a pas de mais qui tienne ! » s’emporta le professeur. «  Je ne veux pas que tu mettes ta musique de fou à plein volume dans le maison! Ça dérange tout le monde. Et surtout, moi qui travaille. »
« _Bin justement, tu devrais un peu t’amuser. »
Salisbury fut stupéfait de la déclaration de son fils. Comme s’il avait le temps de s’amuser. Mais le professeur ne pouvait lui dire de but en blanc qu’il était malade et qu’il allait bientôt mourir.
« _Tu ferais mieux de ranger ce taudis ! Et puis ouvre donc ta fenêtre, ça sent le phoque ici. »
Kureno soupira d’exaspération. Il trouvait son père affreusement vieux jeu et ronchon.
« Tu me range cette chambre. Si dans une heure ce n’est pas fait, je te confisque ta sono. »
Il quitta alors la chambre, sans laisser le temps à son fils de répondre.
Fatigué par l’attitude son fils, le professeur descendit dans la petite cuisine, se faire un thé. Voila pourquoi il avait besoin de quelqu’un de sage, d’une vie anormalement longue et surtout, d’une patience à tout épreuve. Car la « crise » d’adolescence de Kureno allait, au moins, durer encore vingt années humaines.
Le docteur, Claude, le rejoint dans la cuisine. Ensemble, ils partagèrent le thé.
« _Des nouvelles du capitaine ? »
« _Elle est sur une piste. J’espère qu’elle va vite la trouver. Plus le temps passe, plus je me fais du souci. Je peux aussi bien me faire assassiner demain que dans deux ans. »
« _Et cette personne…que tu désires voir prendre ta place, es-tu sur qu’elle acceptera ? »
« _Non, justement, c’est bien ça le problème. Il faut que je trouve des arguments de poids, mais c’est difficile. »
« _Et quels sont les raisons qui pousseraient cette personne à refuser ton offre ? »
« _Il y en a beaucoup : déjà, elle n’aime pas les gens… »
« _Effectivement, c’est quelque peu problématique. »
« _Elle n’aime pas non plus les Yggardiens, et encore pire, elle me déteste. »
« _Il y une chose que j’aimerais savoir : si cette personne déteste vraiment tout, pourquoi lui demander de prendre ta place ? Enfin, je ne comprends pas ton raisonnement. »
« _Parce qu’elle en sait presque autant que moi et parce qu’elle est immortelle. Elle pourra veiller sur Kureno le temps qu’il devienne un adulte responsable. J’ai besoin d’elle. »
« _Et si tu me disais simplement ce que tu lui as fais. A la manière dont tu en parles, je sens qu’il y a bien plus qu’une simple affaire de goût. »
« _J’ai pas envi d’en parler. » lui répondit sèchement le professeur en quittant la pièce, sa tasse de thé à la main.

Quelques jours plus tard, le professeur travaillait encore dans son bureau. Il continuait l’écriture d’un ouvrage, sur la manière de reconnaître les nymphes, à l’attention d’un public plutôt jeune et friand de ce genre de livre.
Son téléphone sonna, c’était le capitaine Indriðason. Le professeur fut surprit car elle l’appelait depuis une ligne interne.
« _Capitaine, vous êtes rentrez ? »
« _Oui. Professeur, nous l’avons trouvé. Elle est là. Je vous l’emmène? »
Salisbury resta sans voie. Il fut pris de cour. Son cœur se mit à battre la chamade. Il avait l’impression d’être comme un étudiant à qui on annonçait un oral surprise dans moins de cinq minutes.
Il finit par bredouiller quelque mot à son agent. Il souhaitait la recevoir dans la grande bibliothèque du manoir.

[u]
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 16 Oct - 14:41

(journal)

Ah, je n’arrive pas à trouver le sommeil. Il faut absolument que je pose par écrit ma rencontre de cet après-midi à défaut de pourvoir en parler à quelqu’un.

Si j’ai posé précipitamment mon crayon cet après-midi dans le pub, c’est parce que les hommes étranges, dont j’avais l’impression qu’ils m’espionnaient, sont entrés dans le bar, se sont approchés de moi, pour finalement s’installer à ma table.
Ils étaient quatre. Tous vêtus de couleurs sombres, très présentables…
Deux d’entre eux me bloquèrent dans le coin de ma banquette. L’angoisse me gagna. Je ne savais pas ce que me voulait ces types. Leurs attitudes étaient assez menaçantes sans pour autant être agressives. Les deux autres s’installèrent sur la banquette de l‘autre côté de la table. L’homme qui m’avait probablement suivi depuis Salisbury était resté à l‘extérieur, probablement pour faire le guet.
La personne qui se tenait face à moi prit la parole. Il commença par m’interroger sur mon identité. Probablement voulait-il s’assurer qu’il s’adressait au bon individu. Je répondis de manière positive à toutes ses questions. Il était visiblement bien renseigné sur moi.
Il sortit un livre de sa veste. Je fus stupéfaits : il s’agissait de mon livre. Mille et une questions se bousculèrent dans mon esprits : mes écrits étaient-ils la raison de la présence de ces hommes ? Étaient-ils une sorte de police des mœurs ? (Mon livre parlait de sexe, de violence etc.…) Étaient-ils des censeurs ?
Ils me posèrent des questions sur mon livre, mes sources. J’hésitais à leur répondre. Ils virent mes réticences à leur donner ce qu’ils voulaient. L’homme qui m’interrogea tenta de me rassurer prétendant qu’ils ne me voulaient aucun mal. J’avais cependant des difficultés à le croire : être ainsi cerclé n’avait rien de « rassurant ». Je répondis. Je remarquai alors que celui qui était assit sur la même banquette que moi, en bout de table, prenait des notes.
Une fois que l’interrogatoire sur mon ouvrage fut fini, l’homme le remit dans sa veste. Son collègue lui donna alors une enveloppe, qu’il me tendit ensuite.
Je le regardais d’un air surpris. Il souhait que je lui donne mon avis sur le contenu de l’enveloppe.
Timidement, je sortis ce qui se trouvait à l’intérieur. Il s’agissait d’une série d’une dizaine de photographie.
Je les observais une par une, doucement.
Mon cœur bondissait à chaque image. Mais je ne sais pas si c’est à cause de ce qu’elles représentaient ou de l’attitude à tenir face à elles.
Je déposais les photos sur la table et félicita mon interlocuteur : les montages étaient excellents. Un petit sourire se dessina sur son visage jusqu’alors impassible. Il me dit alors une chose étrange : « imaginez que ces montages soient vrais, que pourriez vous en dire ? »
J’étudiais de nouveau les photos. Toutes mettaient en scène des créatures de légendes : sirènes, dieux (de type grecque), minotaure, etc. …
Je dus sélectionner une photo et dire tout ce que je savais de l’être représenté.
Je choisis celle avec une nymphe des eaux. L’homme qui prenait des notes sortit une fiche : je vis qu’elle était déjà écrite mais je ne pus voir ce qu’elle contenait.
Je leur fis donc un véritable cours sur les nymphes. Mon principal interlocuteur semblait ne pas en revenir. Je me rendis compte que ce n’était pas la nature des informations qui l’étonnait, mais leurs qualités et leurs quantités.
Une fois que j’eu fini, l’homme me tendit une dernière photo. On pouvait y voir un symbole. Je ne l’avais jamais vu auparavant. Il représentait un « Y » enlacé pour deux branches et posé sur deux racines. Je ne pus rien leur dire.
Suite à ma réponse négative, il m’interrogea sur l’arbre-monde de la mythologie nordique, Yggdrasil. Comme au sujet des nymphes, je leur fis un cours. Mais je me rendis compte que tous les hommes présents savaient déjà tous à ce sujet.
Étrangement, je me sentais à présent en confiance. Le fait de parler de ce que je connaissais le mieux me détendait.
Pendant mon exposé, je vis que les hommes qui m’encerclaient avaient tous une petite médaille autour du cou, arborant le symbole qu’ils m’avaient présenté.

Mais toutes ces questions n’étaient qu’un test. Un test pour évaluer mes connaissances.
Ces hommes prétendaient appartenir à une organisation secrète nommée les « Yggardien ».
Cette société, apparemment très ancienne, avait deux mission. La première consistait à protéger le fameux Yggdrasil. La seconde consistait, dans les grandes lignes, a évité les affrontements entre les créatures de légende et l’espèce humaine.
Évidement, je ne les ai pas cru. Je les pris pour des illuminés. Ces derniers m’assurèrent de leur réalité. Ils m’avouèrent que les photos devant moi étaient toutes authentiques.
Je voulu m’en aller. Ils m’effrayaient. Des fous, je pensais être tombé sur des fous. Ils me forcèrent à rester. Ils n’en avaient pas fini avec moi.

Ah, je viens de voir ma montre, nous ne sommes plus le …. Février 1963, mais le … Février 1963.

Mon interlocuteur me fit alors une offre, qui sur le coup, me parut grotesque : l’organisation souhaitait recruter une personne dont les connaissance en mythologie, croyances et autres étaient élevées.
Je leur ris au nez. Cela ne m’intéressais pas.
Excédé, je réussis à forcer le passage en passant sur la table. A grande enjambé, je sortis du pub. Là, celui qui était rester dehors me stoppa. Il m’ordonna de prendre l’enveloppe qu’il me tendit. J’acceptai pour mieux pouvoir partir.
Personne ne me retint.

Une fois de retour chez moi, je me servi un grand verre de whisky. Mes jambes tremblaient. Elles me lâchèrent et je m’effondrais sur une chaise dans la cuisine.
Heureusement pour moi, aucun de mes colocataires n’était à l’appartement. Je me voyais mal leur raconter l’étrange aventure que je venais de vivre.
Mes forces revenues, je me traînais dans ma chambre (ou plutôt ma bibliothèque avec un lit au milieu). Là, sur une de mes montagnes de livres, était posé un colis adressé à mon nom. Je fus surpris : je m’avais rien commander. Il n’y avait pas de nom d’expéditeur.
Je l’ouvris.
Je poussa un hurlement, lâcha le carton, et sortit de ma chambre en hurlant. Mon cœur battait la chamade. Mon Dieu.
Il me fallut un certain temps pour me remettre de mes émotions. Une fois que j’eu retrouvé mon calme. Je retournai dans ma chambre, examiner une fois de plus le contenu du colis.
Dans le fond du carton, gisait le corps d’une étrange petite créature. Elle ne devait pas faire plus de cinq centimètre de haut, si on ne compte pas les cheveux, de forme humanoïde. Car oui, cette créature avait des cheveux, mais pas de long poils comme nous, mais de la mousse… une longue touffe de mousse. La créature devait être morte : sa peau était blanche et sa petite cage thoracique ne bougeait pas.
Un troll. J’avais probablement affaire à un petit troll. Les mots me manquent pour décrire mon état à ce moment là. Mon esprit rationnel en prit pour son grade. Je repensai alors aux hommes qui m’avaient abordé.
Et s’ils avaient dis la vérité…

Ma curiosité me poussa à vouloir toucher le petit corps. Mais dès que je l’eu à peine effleuré, il se décomposa. Il ne restait qu’un petit tas de terre et de mousse.
Cette décomposition fit bondir mon cœur. Je cru qu’il allait s’arrêter.
J’ignore combien de temps je suis resté les yeux rivés sur les restes du petit troll.
La panique me prit soudainement. Dans cet excès d’émotion, j’ouvris la fenêtre de ma chambre. Je vidais le contenu du carton, et jeta ce dernier au feu. Mais cela ne parvint cependant pas à me calmer. Je sortis la lettre qu’on m’avait tendue à la sorti du pub. Je l’ouvris comme un enragé. Jamais je n’avais montré autant de sauvagerie sur une pauvre enveloppe. J’y trouvais un mot et un numéro de téléphone : « Si notre offre vous intéresse, prenez contact avec nous avant la fin de la semaine. Sinon, oubliez tout de notre rencontre et du colis. »

Voila toute l’histoire.
Ah, je ne puis trouver le sommeil. La journée d’hier me hante.
Je ne sais que faire. D’un côté, ma curiosité me pousse à répondre à l’offre. Mais de l’autre, j’ai peur de m’engager dans une voix dangereuse.
J’ai jusqu’à la fin de la semaine pour me décider.
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 23 Oct - 13:05

Chap. 03



Le professeur était dans tous ses états.
Ses mains tremblaient. Des gouttes de sueurs perlaient sur son front, qu’il essuyait à l’aide d’un mouchoir brodé à son nom.
Dès qu’il avait raccroché le combiné, Salisbury s’était précipité dans sa salle de bain. Il voulait s’assurer d’être présentable. Il rit de lui-même alors qui se recoiffait : il avait la sensation d’être une adolescente de quinze ans qui se pomponnait pour accueillir le beau gosse de son lycée. Il inspecta sa tenue, elle devait être impeccable. Il changea de cravate et de chemise.
Ha ! Mais pourquoi le capitaine ne l’avait-elle pas prévenu plus tôt de leur retour ! Ne voulant pas arriver trop en retard, il se précipita vers la grande bibliothèque.
Dans l’angle d’un couloir, un évita de justesse la Pythie.
Depuis le début du XXème siècle, les Yggardiens accueillaient le légendaire oracle de Delphes. Elle avait été découverte lors d’une fouille. Celle-ci avait été probablement enfermée vivante dans la grotte où elle exerçait son art. Cette mancienne d’exception possédait le don d’immortalité. Son isolement ne l’avait pas tué. Malheureusement, les vapeurs de souffre sécrétées par les murs de son antre lui avaient embrumé l’esprit. Elle n’était plus qu’une sorte de loque qui errait toute la journée dans le Manoir. De temps en temps, cependant, elle prophétisait. Le plus souvent, elle annonçait que quelqu’un allait tomber dans les escaliers, avoir une indigestion…Que des petits tracas de la vie habituelle. Quand on la consultait sur les chances de réussite d’une mission ou sur des choses plus complexe, elle était incapable de répondre. A de très rare occasion, elle entrait en transe. C’est à ce moment là qu’elle faisait les prédictions les plus concrètes, mais aussi les plus obscures. En effet, les déclarations de la Pythie n’étaient jamais vraiment claires. Les innombrables annonces dans les mythes et les légendes grecques en témoignaient.
La dernière qu’elle avait faite concernait le professeur : « Ce n’est pas l’animal qui est en toi qui te tuera, mais la lame du père de ma folie. » Sur l’instant, personne n’avait compris ses paroles. Aujourd’hui, seulement une partie de cette annonce avait un sens.

La Pythie parut à peine surprise de l’arriver brutal du professeur. Probablement qu’elle avait vu cet événement à l’avance. Ses longs cheveux blonds en batailles lui tombaient jusqu’aux hanches. Les traits de son visage montrait qu’elle était d’un âge mure. Cependant quand on la regardait, on avait l’impression de voir une jeune femme d’une trentaine d’année. Sa peau était lisse et douce, elle sentait la poussière et le souffre. Ses yeux étaient dissimulés derrière de large bandage. Elle avait été découverte ainsi. D’après d’autres manciens, c’est parce qu’elle n’en avait pas l’utilité. Elle portait une robe jaune pâle de style grecque ancien.
Salisbury l’évita de justesse. Il l’esquiva. Elle l’interpella.
« _Attention », lui dit-elle de sa voix profonde et enrouée, « vous allez vous en prendre une. »
Le professeur fut étonné de l’entendre parlé, mais ne le fut nullement pour son avertissement. Il regretta aussi que la mancienne parle comme un chartier.
« Si elle ne me gifle qu’une fois, je serais heureux. » pensa-t-il.
Il continua son chemin à grande enjambée.

La grande bibliothèque était une immense salle voûtée qui s‘articulait sur deux étages. Elle ressemblait à une de ses superbes anciennes bibliothèques avec son allée centrale. Depuis cette dernière, on pouvait accéder à de petit couleur latéraux où les livres étaient entreposés dans de hautes et larges étagères. Il fallut une petite échelle pour atteindre les livres les plus en hauteur, que ce soit au rez-de-chaussée ou un premier étage. Dans l’allée centrale, on trouvait de nombreuses tables pour travailler.
Salisbury arriva par l’étage.
Il fut soulagé de voir que son invitée n’était pas encore là. Cela le surprit. Il avait pensé que le capitaine Indriðason aurait été plus rapide. Mais il est probable que l’hôte attendue ne venait pas de bonne grâce et qu’elle retardait l’échéance autant qu’elle pouvait. Il se demanda d’ailleurs si elle était venue de son plein gré ou s’il avait fallu lui forcer la main.
Il s’avança doucement dans la pièce. Cet endroit était si calme et reposant. Le professeur connaissait les rayonnages par cœur, ce qui le dispensait d’utiliser le catalogue de la bibliothèque quand il voulait consulter un ouvrage. Il avait passé des heures et des heures à étudier les livres récents et anciens pour en savoir toujours plus sur les créatures légendaires, les mythes et les légendes. Cet endroit lui était apparu comme le paradis à ses yeux lorsqu’il était entré ici pour la première fois, il y avait déjà si longtemps. Il se souvint amuser qu’il avait encore les cheveux marron à cette époque. Ils étaient blancs maintenant.
Un bruit de porte lui fit reprendre ses esprits. Son cœur se serra. Prit d’une subite panique, il se cacha dans le rayonnage le plus proche. Il eut une nouvelle fois l’impression d’être un adolescent. Se dissimuler dans une petite allée de bibliothèque pour ne pas être vu était puéril. Un léger sentiment de honte l’envi, ce genre d’attitude n’était plus de son âge. Mais il appréhendait tellement cette rencontre qu’il ne savait quel comportement adopter.
Il reconnu la voix du capitaine Indriðason. Elle ordonnait à quelqu’un attendre ici, et que le professeur arriverait bientôt.
Celui-ci eut un petit rictus ironique : il était déjà dans la pièce, mais caché.
Personne ne répondit. La porte se referma. Il y eut quelque seconde de silence. Les pas d’une personne le rompirent. Les petits bruits résonnaient dans l’immense salle. Le cœur du professeur se serrait à chacun d’eux. Son corps tremblait. Elle était là.
Il était impératif qu’il se calme. Il ne voulait pas de montrer tremblant, apeuré, désorienté. Et puis, cette situation risquait de lui faire avoir un malaise. C’était le pire scénario qu’il avait imaginé. Un sentiment de culpabilité l’envahit. Mais il fallait qu’il chasse cela de son esprit, le moment était mal venu.
Il finit par prendre son courage à deux mains. Il s’avança, doucement, vers la rambarde. Son cœur battait la chamade. Et lorsque le professeur la vit, celui-ci s’arrêta net.

Elle n’avait pas changé.
Ses longs cheveux noirs corbeaux étaient toujours nattés, ils lui tombaient jusqu’aux reins. Les mèches mes plus courtes tombait sur son visage pâle. Elle donnait l’impression d’avoir toujours vingt ans. La cape qui l’entourait le faisait paraître grande et élancée.
Lentement, elle s’avança dans la pièce. Ses yeux vert émeraude se promenaient le long des rayonnages. Son regard était grave et angoissée. Elle aussi devait appréhender cette rencontre.
Arrivée devant une table, elle retira sa cape. Elle portait une chemise médiéval jaunit par le temps, recouvert pas un paletot de cuir usé. Son pantalon noir était garnit de longs de pans de tissus de sa propre fabrication. Enfin, ses rangers lui arrivaient en dessous des genoux.
Le professeur ne pouvait détacher son regard d’elle. Il n’arrivait pas à croire que tant d’années se soient écoulées depuis qu’elle était partie. De plus, son style vestimentaire n’avait, lui non plus, pas changé. Mais était-ce seulement la réalité. Ne cherchait-elle pas à le blesser en se présentant ainsi ?
L’invitée semblait s’impatientée. Elle déambula le long des étagères. Elle aimait toucher les livres. Le bout de ses doigts effleurait chaque couverture. Une expression de nostalgie envahit son visage. A l’entrée d’un rayonnage, elle se stoppa. Elle caressa doucement un livre avant de le prendre.
Salisbury comprit immédiatement quel ouvrage elle venait de saisir. Il aurait voulu l’en empêcher, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Cela signalerait également sa présence. Il n’était pas encore prêt.
Les yeux émeraude de la jeune femme parcoururent la couverture du livre. Puis elle l’ouvrit presque en son milieu. Elle y découvrit les restes d’un edelweiss fané. Son visage nostalgique laissa place à une expression de tristesse, comme lorsqu’on regarde de vieilles photos d’amis disparus. Les souvenirs qui devaient lui remonter en mémoire durent finir par devenir désagréables. Elle referma le livre avec violence. Un certain dégoût émanait de ces yeux lorsqu’elle le rangea. Elle reprit sa déambulation.
Le professeur estima qu’il était temps de se montrer. Il avait peur que son invitée ne finisse par s’énerver. Sur la pointe des pieds, plaqué contre les rayonnages, il retourna vers la porte. Il ne fallait pas qu’elle sache qu’il l’avait espionné. La Pythie lui avait annoncé qu’un recevrait un soufflet, et il espérait bien n’en recevoir qu’un.
Doucement et extrêmement lentement, il ouvrit la porte sans faire de bruit. Puis, il fit mine de rentrer. Mais cette fois, il fit suffisamment de bruit pour que la jeune femme le remarque.
Celle-ci se retourna. Elle leva immédiatement les yeux vers le premier étage. Son regard était froid, impassible. Le professeur eut la sensation de recevoir une flèche en plein cœur. Cependant, caché par une partie des rayonnages et la pénombre, il savait qu’elle ne le voyait pas bien. Cela le rassurait un peu. Il avait si peur de se montrer, lui qui avait tant vieillit, alors qu’elle n’avait pas changé. Quelle réaction aurait-elle en le voyant ? Il ne savait pas à quoi s’attendre.
Il s’avança jusqu’à la rambarde. Enfin… après toutes ces années, il la revoyait enfin, échangeait un regard avec elle. Son cœur se serra. Il aurait aimé savoir si celui de son invitée se serrait aussi. Mais le visage de la jeune femme n’exprima aucune émotion. Comme si ces retrouvailles lui importaient peu.
Il prit la parole.
« _Bonjour Novgorod. »
Une étrange sensation l’envahit. Cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait pas nommé ainsi, et même nommé tout simplement. Il avait aussi l’impression d’être ridicule. Quel réplique nulle. Il aurait du lui dire autre chose qu’un simple bonjour, seulement aucuns autres mots ne semblaient vouloir sortir de sa bouche.
« _Professeur. » lui répondit-elle, avec son fort accent russe, en s’inclinant légèrement.
Elle avait toujours salué les gens de cette manière. Jamais elle ne serait de main, ne faisait pas la bise. Elle se contentait de nommer la personne à qui elle s’adressait et de s’incliner.
Cette salutation froide toucha le professeur. Il aurait aimé des retrouvailles plus chaleureuses.
Il la rejoignit au rez-de-chaussée en empruntant un petit escalier en vis, fait de fonte. Lorsqu’il arriva à ses côtés, une immense envie de la prendre dans ses bras le gagna. Il se retint car il savait qu’elle le repousserait. Et dans le pire des cas, il se ferait gifler.
Salisbury se sentait écraser par le regard de Novgorod. Il avait du mal à la regarder en face. Elle ne le haïssait point, comme il l’avait pensé, elle le méprisait. C’était bien plus dur à supporter. Cependant, la voir apportait aussi un réconfort à son cœur. Il ne savait pas quoi lui dire.
Après quelques hésitations, il réussit à prendre la parole.
« _Tu n’as pas changée. »
A peine avait-il finit sa phrase qu’il regretta de l’avoir prononcé. C’était d’un niais. En plus, il la connaissait assez bien pour savoir qu’elle ne subissait pas les dégâts du temps. Ce qui n’était pas son cas.
« _Qu’est-ce que tu me veux ? » lui demanda-t-elle sèchement, visiblement peu touchée par la question du professeur.
Celui-ci resta sans voix. La manière dont elle s’adressait à lui le faisait souffrir. Il craint un instant que les vagues successives de sentiments contraires qui le submergeaient ne me fassent s’évanouir. Il tachait de contrôler au mieux sa respiration pour garder une attitude neutre, mais cela était dur.
« _Je… » Il hésita, « j’aurais besoin de toi pour… »
« _Non. » le coupa-t-elle.
Le professeur fut frustré de n’avoir pas pu exprimer sa requête. Il retrouva là un des traits de caractères de la jeune femme qu’il aimait le moins. Elle ne savait pas ce qu’il avait à lui dire, et elle ne voulait pas savoir.
« _J’aurai espéré qu’on puisse parler. » lui répondit-il, un peu énervé.
« _J’ai pas envie de parler avec toi. Et si tu voulais vraiment me parler, tu serais venu toi-même. »
Le professeur fronça les sourcils. Certes elle n’avait pas tort. La jeune femme commençait à l’irriter. Elle était tellement bornée quand elle voulait.
« _Tu pourrais faire un effort pour te montrer aimable. »
« _J’ai pas envie d’être aimable avec toi ! Au cas où tu ne serais pas au courant, mais quand tes troupes sont arrivées chez moi, elles ont mitraillé ma yourte ! J’ai perdu deux yacks, trois chèvres et un mouton ! Comment je vais faire pour passer l’hivers moi maintenant ! »
« _Le capitaine Indriðason n’aurait jamais ouvert le feu. A moins que tu es tirée la première. »
« _Tu crois quoi ? Je me fais réveillé à l’aube par deux hélicoptères armés jusqu’aux dents qui arborent le ‘Y’ des Yggardiens. Si cela ne ressemble pas à une attaque… »
« _ Si vraiment, ils avaient voulu t’abattre, ils t’auraient tiré dessus à la roquette ! Ils se seraient pas casser la tête à aller te sortir de ton yourte ! » S’emporta le professeur.
Novgorod ne sut quoi lui répondre. Elle n’avait pas pensé à cette éventualité. Mais les Yggardiens étaient synonymes de danger pour elle.
La tension était montée d’un cran entre eux deux. La jeune femme avait le regard mauvais. Salisbury savait que s’était sa présence qui l’énervait plus que la conversation.
« _Bon. Assis toi. Il faut qu’on parle. »
« _Non, non et non ! Je veux qu’on me ramène chez moi ! Ma jument va bientôt pouliner ! Et je ne peux pas me permettre de perdre le petit ! Au revoir, professeur. »
Elle cracha les derniers mots avec un mépris inouïs.
Novgorod prit la direction de la porte de la bibliothèque. Elle voulait quitter cet endroit. Mais il la rattrapa par le bras. Elle se dégagea d’un geste violent.
« _Lâche moi ! » hurla-t-elle.
« _Tu pourras repartir, mais dès que tu auras entendu ce que j’ai à te dire ! »
La jeune femme fut surprise par tant de violence dans ses propos et dans son comportement. Ce n’était pas du genre du professeur de se mettre dans des états pareils, même dans les pires circonstances.
« _Je me fous de ce que tu as à me dire ! »
« _Tu es vraiment bornée ! »
« _Et toi t’es chiant ! Un gros con ! Tu va me foutre la paix ou je… »
La grande porte de la bibliothèque s’ouvrit. Kureno apparut. Les cris qu’il avait entendus dans le couloir l’avaient alarmé. Comme il avait reconnu la voix de son père, et que la conversation lui semblait houleuse, il était entré pour s’assurer que tout allait bien.
« _Père, tout va bien ? » demanda-t-il.
Novgorod écarquilla les yeux en le voyant. Elle jeta un coup d’œil rapide au professeur. Puis son regard revint vers le jeune dieu. Sa surprise marquant son visage.
« _Kureno ? »
Celui-ci fit un petit signe de tête pour acquiescer. Lui aussi était surprit. La demoiselle qu’il avait en face de lui semblait le connaître. Or lui se savait qui elle était. Novgorod s’approcha de lui. Un grand sourire illumina son visage. Tout colère l’avait abandonnée.
La vision de la joie de son invitée réchauffa le cœur du professeur. C’était une vraie vision de plaisir de la voir ainsi.
Quand elle fut assez proche de lui, Novgorod caressa les cheveux de Kureno. Ce dernier ne savait comment réagir. Il lançait des regards interrogateurs à son père pour savoir quelle attitude à tenir. Mais ce dernier était comme hypnotisé par la jeune femme.
« _Et bien. Comme tu as grandis. Tu es un bel homme maintenant. »
« _Euh…on se connaît ? » demanda-t-il gêné.
« _Ha, tu étais trop petit quand je suis partie. Tu ne dois pas te souvenir. Et je doute que ton père t’ait parlé de moi. » Elle lança un petit regard de travers au principal intéressé. « Je suis Novgorod. »
Kureno fit appel à ses souvenirs. Ce nom lui évoquait quelque chose mais il n’arrivait pas à cerner quoi. Il s’excusa auprès d’elle de cet oublie mais elle ne lui en voulu pas. Comme elle le lui avait dit, il n’était qu’un enfant lorsqu’elle l’avait vu pour la dernière fois.
Salisbury se sentit soulagé de voir que son fils avait réussit à calmer la jeune femme. Peut-être arriverait-il à lui parler maintenant.
« _Elle a raison. Tu n’avais que quatre ans lorsqu’elle nous a quitté. Maintenant, laisse nous. Il faut que nous discutions. »
Kureno ne broncha pas. Il parut même content de quitter la pièce. Novgorod, elle, ne l’était pas. Cependant, elle était calme.
Le professeur l’invita à venir s’asseoir. Elle hésita, mais elle accepta l’offre. Un long silence s’installa entre eux deux.
Salisbury devait trouver le courage de lui dire pourquoi il l’avait fait venir, sans la brusquer. Cependant, il était presque déjà sûr de la réponse qu’elle allait lui donné. Il essayait aussi de retarder cet instant au maximum car dès qu’il aurait réussit, elle partirait.
De son côté, Novgorod semblait ailleurs. Revoir Kureno devait faire revenir certains souvenirs plaisants pour elle. Mais très vite, de la tristesse s’afficha sur son visage. Le professeur le remarqua. Il eut un pincement au cœur.
Il réussit à prendre le dessus sur ses sentiments.
« _Si je t’ai fais cherché et emmené ici, c’est pour une bonne raison. »
« _J’espère bien. » lui répondit-elle sèchement.
Cette réplique fut un vrai pic pour lui, mais il prit son courage à deux mains.
« _J’ai besoin de toi ici pour me remplacer. »
« _Pardon ? » s’exclama-t-elle.
« _ Je ne serais pas éternel. J’ai besoin de quelqu’un qui puisse un jour me remplacer. Tu as presque autant de connaissance que moi. Et puis, tu ne subis pas les dégâts du temps, c’est une très bonne chose pour l’organisation. »
Novgorod bondit de sa chaîne et frappa des mains sur la table.
« _Tu te fous de moi ! » hurla-t-elle de colère.
« _Nova, je … »
« _Ne m’appelle pas comme ça ! Et puis quoi encore ! »
« _S’il te plait calme toi ! Je ne t’ai fais venir seulement pour ça. »
« _Ha oui ? Ah la bonne blague ! »
« _Je… J’ai besoin de quelqu’un qui pourra prendre soin de Kureno. Tu sais comment sont les dieux. Kureno ressemble peut-être à un adulte, mais dans sa tête c’est encore un enfant. Et… », Sa gorge se noua, « je ne suis pas immortel. »
Novgorod explosa de rire, d’un rire moqueur. Le professeur fut blessé par sa réaction.
« _Va te faire foutre ! »Rugit-elle.
Cette fois, elle avait bien la ferme intention de partir. Pour qui se prenait-il. Après tout ce temps, il pensait qu’il arriverait à la faire revenir travailler ici ? Quel con ! Et pour le remplacer ! Il n’avait qu’à prendre un élève. C’est-ce que tout bon professeur faisait pour faire perpétuer son savoir ! Et pourquoi n’avait-il pas enseigner cela à Dajan ou à Kureno. Si ce dernier était un dieu, donc éternel, Dajan lui avait une espérance de vie bien supérieure à la normal. Ces deux là convenait parfaitement pour le remplacer tôt ou tard. En plus, Novgorod estimait qu’il avait encore du temps devant lui avant que la Mort de ne sépare du dieu.
Le professeur l’interpella dans un dernier effort.
« _Je suis mourant Nova ! »
La jeune femme se stoppa net, à quelque mètre de la porte. Il aurait voulu lui annoncer la chose de manière moins brutale, mais elle ne lui avait pas laissé le choix.
Debout dans la pièce, immobile et tremblante, Novgorod restait en silence. Elle ne savait que dire. Cette annonce, aussi soudaine que brutal, l’avait comme poignardé. Pendant un instant, elle crut que s’était un mensonge du professeur pour la faire rester. Cette idée la quitta très vite, ce n’était pas son genre de mentir.
Salisbury se sentait coupable de lui avait annoncé cela aussi froidement. Il savait qu’il l’avait touché.
« _C’est quoi encore cette histoire ? » lui demanda-t-elle, en tentant de dissimuler ses sentiments.
« _J’ai un cancer…Le docteur pense que j’en ai pour deux…voire trois ans maximum. »
Novgorod soupira. Elle savait qu’il ne mentait pas. Une vague de sentiment l’envahit, elle tenta de la contenir. Elle ne voulait surtout pas lui montrer qu’elle était touchée. Mais elle ne savait pas si elle allait réussit à se contenir longtemps.
« _Soit. Mais il faut que tu renvoies une équipe en mongolie. Je veux qu’on redistribue mes bêtes à la population locale et qu’on me ramène ma jument et mes affaires. »
Elle quitta la pièce.
Le professeur se sentit soulagé, heureux et triste à la fois. Soulagé pour avoir réussit à se débarrasser d’un fardeau. Heureux car elle avait accepté de rester et de travailler avec lui. Il allait, enfin, pouvoir passer du temps, celui qu’il lui restait, avec elle. Triste parce qu’il savait qu’elle l’avait blessé. Elle avait beau eu essayé de cacher ses sentiments, il savait ce qu’elle ressentait. Il la connaissait trop bien.
« _…Elle m’a pas giflé… » s’étonna-t-il.
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 30 Oct - 14:29

Le … Février 1963.


J’ai pris ma décision : je vais appeler. Je sais que cela est très risqué, que va vie sera en danger, mais ma curiosité est plus forte que la peur. Je veux vraiment savoir !
Le monde dans lequel j’évolue serait-il vraiment peuplé d’être de légendes ? Si c’est le cas, je veux les découvrir ! En savoir plus !
Depuis cette rencontre et le colis, je ne cesse de me dire que ne nage en plein délire, ou que je suis dans un rêve et que bientôt je vais m’éveiller.
Je n’ai pas osé parler de cette histoire à mes colocataires. Par contre, j’ai subtilement réussi, au fil d’une discussion, à évoquer les groupuscules religieux ou « fantastique ». Il est ressortit beaucoup de chose intéressante du débat, mais pas grand-chose sui puisse m’aider. De plus, les anciennes mythologies et légendes n’ont pas l’air d’inspirer les groupes sectaires religieux.

Demain est le dernier jour pour tenter ma chance. J’espère juste que tout se passera bien…
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 6 Nov - 15:14

Chap. 04



Novgorod avançait à grandes enjambées dans le manoir. La colère et la tristesse dominaient sont esprit. Elle maudissait la triste nuit d’hivers où elle avait rencontré cet idiot de professeur. Elle aurait du le laisser se faire tuer, ou mieux, l’achever elle-même. Que sa pitié soit damnée ! C’est sa soif de découvrir le monde occidental et capitaliste qui l’avait mis dans cette situation ! Ses reproches n’avaient pourtant aucun sens : c’est la colère qui lui ordonnait de chercher des coupables alors qu’il n’y en avait pas. La vie était ainsi, pleine de surprises, bonnes ou mauvaises.
Elle avait l’impression d’étouffer, que rien n’était réel. Les longs couloirs qu’elle arpentait lui semblaient si familiers, mais aussi tellement étranger. Cela faisait tellement longtemps qu’elle était partie…
Le jardin, ou l’espace vert extérieur ainsi nommé, se trouvait derrière le manoir. Il fallait absolument qu’elle si rende.
Le domaine était très vaste, c’était une zone « militaire ». Les terrains étaient variés : micro-plaine, collines. A presque un kilomètre de l’immense demeure, sur des roches recouverts de mousse verte pâle, Novgorod avait fait installé un petit banc de bois il y a plusieurs années de cela. Enfin, c’est le professeur qui en avait eu l’idée : la jeune femme se rendait souvent en cet endroit pour avoir un peu de calme.
Comme dans un rêve éveillé, Novgorod ne faisait pas attention à ce qui l’entourait. Elle aurait bien pu croiser un loup-garou, la mâchoire débordant de bave et hurlant à la mort, qu’elle ne l’aurait ni vu ni entendu. Fort heureusement pour elle, c’est un ami qu’elle percuta : Dajan. Mais elle ne lui prêta aucune attention, continuant son chemin vers la sortie. Le colosse noir fut figé de stupéfaction. Novgorod, ici ? Comment cela était-il possible ? Pourquoi ? De nombreuses questions assaillirent son esprit. Il était sûr d’une seule chose : c’est le professeur qui l’avait retrouver et conduit ici. Dans le cas contraire, et fort improbable, cela aurait été en tant que prisonnière ou, pire, les pieds devants. Mais elle n’était ni l’un, et fort heureusement, ni l’autre bien que le terme de ‘mort’ ne s’appliquait pas à elle.
Cependant, cela ne lui expliquait pas la présence de la jeune femme. Une crainte l’envie. Dajan était un cat-people, une sorte de chat-garou - enfin lion dans son cas - m‘obéissant pas aux pouvoirs de la lune. Il avait donc certaines aptitudes pour déceler des faiblesses chez ses adversaires - ou proies. Il avait sentit que le professeur n’allait pas bien depuis quelques mois. Cela était peut-être bien plus grave qu’un gros coup de fatigue.
Il hésita à suivre la jeune femme ou à trouver le professeur. Il finit par faire le second choix. Novgorod n’avait pas l’air d’aller bien, il ne fallait probablement pas l’ennuyer. Et la regardant s’éloigner dans le couloir, Dajan sentit que son amie était torturée entre plusieurs sentiments antagonistes.
Il eut le réflexe de se diriger vers la bibliothèque. Durant la journée, le professeur était soit plongé dans les livres soit dans la salle de commande. Or, s’il s’était entretenu avec Nova, c’était forcément dans ce lieu de savoir, que tout deux adoraient.

Quand Dajan poussa la porte de la bibliothèque, il vit le professeur assit sur une des chaise de la salle. Sa main gauche agrippait sa poitrine, et son visage affichait une grande douleur. Le cat-people se précipitât vers lui. Un frisson lui parcourut l’échine : est-ce Novgorod qui l’aurait blessé ? Ou bien est-ce autre chose ?
Dajan porta sa main à sa ceinture pour y saisir son biper qui lui permettait de communiquer avec n’importe qui dans le domaine. Il se rendit compte qu’il ne l’avait pas, il ne pouvait pas prévenir le docteur.
Le professeur semblait avoir du mal à respirer. Son souffle était irrégulier. Le black ne su que faire. Il voulut prendre le professeur dans ses bras et le conduire immédiatement à l’infirmerie. Cependant, Eustache réussit à lui dire que la crise allait passer.
Effectivement, quelques dizaines de seconde plus tard, le professeur reprit une respiration normal.
« _Professeur, est-ce que ça va ? »
Il lui fallut quelque instant pour répondre.
« _Oui…ça va mieux. Il faut que j’aille voir le docteur. Aide moi s’il te plait. »
Dajan aida le professeur à se lever. Puis il l’accompagna à l’infirmerie. Pendant le trajet, le cat-people l’interrogea sur le présence de Novgorod ici. Le professeur dut lui avouer qu’il était très malade. Mais il s’abstenu de lui dire qu’il était mourant. Il lui fit également promettre de ne rien dire à Kureno. Dajan ne trouva pas cela correctement et le fit remarquer. S’il était malade, son fils devait être au courant. Mais il jura.
Le docteur fut à peine surprit de voir arriver le professeur soutenu par Dajan. Il ordonna que l’on installe le professeur sur la table d’auscultation.
« _Que t’est-il arrivé ? »
« _Je ne sais pas. J’ai eu une vive douleur dans la poitrine. »
Le médecin demanda poliment à Dajan de sortir. Avant qu’il parte, le professeur donna quelque consigne au grand black : préparer la chambre de Novgorod, envoyer une équipe en mongolie pour récupérer les affaires de la jeune femme, et surtout il préparer un cassier et un biper.
Une fois seule, le docteur fit son travail. Il vérifia le rythme cardiaque de son ami avec son stéthoscope.
« _Inspire,…expire,…inspire… »
Eustache s’exécutait. Sa respiration était difficile : il avait l’impression d’avoir les poumons encrassés. Un effet de son cancer probablement.
« Bon, tout à l’air… normal. Ton cœur bat un peu vite mais rien d’alarmant. »
« _Tu es sûr ?…J’ai eu comme l’impression que mon cœur s’arrêtait. »
« _Je peux faire des examens complémentaires si tu veux ? Sinon, c’est qui ce Novgorod dont tu parlais ? »
« _C’est la personne dont je t’ai déjà parlé. Celle que je souhaiterais voir prendre ma place. »
« _Ha, celle qui n’accepterai pas ta proposition. Alors qu’est-ce que vous vous êtes dit ? »
Le professeur ne répondit pas, que dire.
« _On s’est disputer. Mais elle quand même accepter. »
« _Tu lui as dit que tu étais malade ? Et à Dajan ? »
« _ J’ai bien été obligé de le dire à Nova, sinon elle ne serait pas rester. Quand à Dajan, je pense qu’il se doutait de quelque chose depuis longtemps. »
« _Nova, c’est mignon comme petit nom…J’ai pas le souvenir que tu ai jamais appeler quelqu’un par un petit nom. Dis moi, cette femme, avant qu’elle ne parte, c’était juste une collègue ? »
Pas de réponse.
« Tu sais, si ton cœur s’en emballé c’est pour une bonne raison. Mais bon, puisque tu ne veux pas discuter de ça, parlons d’autre chose. »
« _Et de quoi veux-tu qu’on parle ? Si c’est pour me faire des reproches pour ne pas m’être fait ausculter avant, te t’en pris ne te gêne pas. » grogna le professeur.
Le médecin soupira. Il ne l’avait jamais vu son ami dans cet état. Il semblait triste, énervé et exaspéré.
« _Je ne suis pas là pour te faire la morale, cela ne changerait rien à ta situation. Il faudrait que tu te reposes. Si tu veux, je peux m’occuper de notre hôte. »
« _Non, ça ira. Elle connaît parfaitement les lieux et son fonctionnement. Je me demande juste où elle a bien pu passer. »
« _C’est hors sujet, mais je vais tout de même te faire une prise de sang. Ton cas m’inquiète. Cela me permettra de te prescrire des vitamines ou un oligo-élément. Et il n’y a pas de non qui tienne. Si tu es sage, tu auras le droit à une barre chocolaté. »
Eustache rit jaune, mais se soumit à la prise de sang. Pendant l’intervention, il ne cessa de penser à Novgorod. Comme elle était belle. Elle n’avait absolument pas changé. Contrairement à lui. Il regarda ses mains : sa peau avait commencé à se rider, toute sa douceur d’antan s’était envolée ; des tâches, du à une dégénérescence de la mélanine, étaient apparut ; ses doigts n’avaient plus la même force. Il visualisa alors celles de la jeune femme : lisses, probablement douces, très blanche comme toujours.
Il n’osa pas comparer leurs visages, cela lui faisait mal au cœur. Novgorod le lui avait pourtant dit : il vieillirai mais pas elle.
Claude le tira de ses pensées.
« _Ce n’est pas elle là-bas ? Sur le banc du jardin ? »
Il regardait par la fenêtre de son bureau. Peu de personne se rendant dans ce lieu à cette période de l’année : il faisait trop froid. Eustache ne pouvait pas se lever pour voir si, effectivement, c’est était elle. Cependant, il le supposa. Nova aimait beaucoup cet endroit.
« Elle va prendre froid. » fit remarqué le médecin. « Sa cape ne va lui tenir assez chaud. »
« _Ne t’inquiète pas, elle ne crains pas trop le froid. Elle vient de Russie. Alors le froid, elle connaît. »

Assise sur le banc, Novgorod laissait la brise caresser son visage. Le calme de ce lieu l’apaisait. Le léger bruit que produisait le vent semblait l’emporter. Le froid engourdissant son corps, lui donnait ainsi une sensation de lourdeur qu’elle aimait.
Mais le bien être physique qu’elle éprouvait ne lui permettait pas d’apaiser son esprit.
Revenir ici lui avait fait beaucoup de mal. Revoir le professeur avait ouvert de vieille blessure qu’elle pensait avoir refermé. Et puis cette nouvelle : Izzy mourrant. Cela lui paraissait irréel. N’était pas une victime du Temps, mourir était un concept qu’elle avait toujours eu du mal à intégrer. Pourtant, elle avait été de nombreuses fois confronter à cette réalité. De plus, elle savait que cela arriverait un jour. Mais elle ne s’y était pas préparée. Ses souvenirs l’envahirent.
Plongée dans ses pensées, Novgorod ne vit pas le temps passer. La nuit n’allait pas tarder à tomber. Elle n’y prêta aucune attention.
Le professeur commençait à se faire du souci pour son amie. Il savait qu’elle était toujours au jardin, il la voyait depuis la fenêtre, mais c’est plus son état d’esprit qui l’inquiétait. Il espérait qu’il ne l’avait pas trop blessé.
Il finit par décider d’aller la voir. Il voulait lui parler, de beaucoup de chose. Dans, le hall d’entré, il se couvrit chaudement avant de sortir. La température n’était pas très élevée, de plus il n’était pas aussi résistant au froid que Novgorod.
A pas lent, il se dirigea vers le jardin. Pendant qu’il marchait, il réfléchissait à ce qu’il allait lui dire. Fallait-il qui lui explique sa maladie ? Devait-il parler du passé ? De l’avenir ? Il s’interrogea aussi sur la manière dont elle avait survécu des dernières années. Certain de ses besoins vitaux n’était pas facile à obtenir. De plus, rien de suspect n’avait été remarqué. Était-elle parvenue à se débarrasser de ce besoin ?
Novgorod était avachie sur le banc, les bras croisés signe de sa mauvaise humeur. Les yeux fermés, elle semblait dormir. Mais il n’en était rien. Le professeur la connaissait assez bien pour savoir quand elle dormait ou qu’elle faisait semblant.
Il s’assit près d’elle, sans rien dire. Un long silence s’installe. Lui, ne savait pas par quoi commencer. Elle, ne voulait pas lui parler. Ils avaient l’air d’un vieux couple qui s’était disputé. Ce qui était partiellement vrai. Finalement, Eustache entama la conversation.
« _Alors, comment trouves-tu le Manoir ? »
Elle ne répondit pas. En même temps, la question était tellement bête. Le professeur se sentit idiot. Comment faire pour rattraper le coup ?
« _Je peux te poser une question ? » demanda-t-il.
Nova poussa un soupir, ce qui lui signifiait qu’il pouvait la lui poser sa question.
« _Tu penses à quoi ? »
Les yeux de la jeune femme s’ouvrirent. Son regard, mauvais, se posa sur le professeur. Une sueur froide parcourut l’échine d’Eustache.
« _Je pense à la manière dont je vais te faire manger le banc si tu ne cesses de me poser des questions stupides. »
« _Je suis désolé. » lui dit-il l’air gêné.
Nova remarqua que son agressivité avait touché le professeur. Elle était en froid avec lui depuis longtemps. Mais l’annonce de sa maladie avait changé la perception qu’elle avait de lui. Elle s’étira tel un chat qui se réveille pour reprendre une mobilité normal, tout en poussant un soupir.
« _A première vu, tout est identique. La décoration du Manoir n’a pas changé, du moins ce que j’ai pu en voir. Ces terres sont toujours aussi froides et vertes. Je n’ai pas vraiment l’impression que trente ans se sont écoulés depuis mon départ.»
De nouveau, le silence s’installa. Le professeur fut heureux de voir qu’elle avait tout de même répondu à sa question. Cependant, il ne savoir pas quoi lui dire d’autre. Il aurait souhaité lui reparler des événements qui avaient conduit à son départ, mais il avait peur de la braquer.
« _Je me demandais justement, après que tu ais quitté le Manoir, comment as-tu fais pour… ». Il ne finit pas sa phrase, gêné.
« _Pour…? » continua Nova qui voulait être de savoir où il voulait en venir. Elle savait pourquoi parfaitement ce qu’il voulait savoir.
« _Durant trente ans, nous ne sommes pas parvenu à te détecter. J’aurai voulu savoir combien de… »
« _Combien d’hommes je me suis faite c’est ça ? » termina-t-elle sèchement.
Eustache resta sans voix. Il n’aurait pas formulé la chose de cette manière, mais c’était dans ce sens qu’allait sa question. Il bégaya quelques seconde avant de se faire engueuler par Nova.
« T’as vraiment que ça à faire !?! Te soucier du nombre de personnes que je ne suis faite ces dernières années ! Tu manques pas d’air ! Je t’en pose moi des questions ? T’es vraiment qu’un sale con ! »
D’un geste rapide, elle le gifla violement !
C’est sur ce qu’elle prit la direction du Manoir ! La colère la dominait. Comment avait-il pu lui demander cela ? Elle se sentait humilié. Son manque de confiance en elle était affligeant !
Le professeur, toujours assis sur le banc, se prit la tête dans les mains. Sa joue gauche le faisait souffrir. Mais il s’en voulait. Il se traitait de tous les noms d’oiseaux qui lui passaient par la tête. Au lieu de la mettre en confiance et d’essayer de se réconcilier avec elle, il l’avait encore plus braqué. Il finit par se lever pour lui aussi retourner au Manoir.
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 13 Nov - 13:49

Le … Février 1963.


Si seulement je m’étais attendu à ça. Vrai ! Tout était vrai! C’est tout bonnement extraordinaire ! Je n’en reviens toujours pas ! Si quelqu’un lit ce journal un jour, il me prendra sûrement pour un fou !
Et pourtant, je ne le suis pas. J’ai peut-être choisi des études littéraires, cela ne m’empêche pas pour autant d’être un homme de science (l’ethnologie et l’anthropologie sont des sciences, les sciences humaines !)

Comme je l’avais écris la dernière fois, j’avais pris la décision de téléphoner au numéro que l’on m’avait donné.
Je me suis donc rendu en ville, pour appeler depuis une cabine téléphonique, loin de mon domicile. Je ne voulais pas prendre le risque d’être vu ou entendu par les camarades.
C’est très angoissé que je mis les pièces de monnaies dans l’appareil et que je composais le numéro. De nombreuses fois, j’eu envie de raccrocher. J’avais aussi l’impression d’être un idiot, qu’au bout du fils un homme allait m’annoncer que je mettais fait piéger, que tout ce cirque n’était qu’un attrape nigaud.
La sonnerie retentit trois fois, un homme répondit. Il devait attendre mon coup de fil puisqu’il m’appela par mon nom bien avant que je me présente.
« _Ah Monsieur Salisbury ! Je suis heureux de vous entendre ! Nous commencions à croire que vous refuseriez de prendre contact avec nous. » me dit-il.
Nous discutâmes longtemps. Je dus remettre de l’argent dans la machine à plusieurs reprises. Mon interlocuteur refusa de se présenter, il se contenta de dire qu’il était yggardien. Il me questionna sur mes connaissances sur les mythes, les légendes et les créatures fantastiques qui y évoluaient. Il s’intéressa aussi aux sources que j’avais utilisé pour acquérir mon savoir. Je ne savais pas quoi pensez de cet interrogatoire. J’eu l’impression de passer un examen oral, mais sans voir mon examinateur. Dès que l’homme finit de me poser des questions, celui-ci me félicita : mes connaissances étaient exceptionnelles pour mon âge. J’en fus flatté.
Il me questionna alors sur mes projets professionnels et mes ambitions. Je me suis montré réfractaires à ses interrogations. L’homme me fit comprendre qu’il ne me posait pas ses questions par hasard. Il m’avoua qu’il était au service d’une personne importante qui recherchait quelqu’un de compétant pour l’aider. Je fus surpris. Mon interlocuteur venait de me faire comprendre que je passais une sorte d’entretien d’embauche. A la fois méfiant, mais excité, je lui fis en détail le descriptif de mes projets. L’homme me parut fasciné.
Il me parla alors son organisation : les Yggardiens. Ses explications me paressèrent farfelus, et pourtant j’y accordais du crédit. Il me répéta ce que le groupe d’homme m’avait dis au sujet de ce groupe au pub.
Cela terminé, il parut satisfait des réponses que je lui avait fournit. Avant de mettre fin à notre conversation, il me posa quelques ultimes questions : Est-ce que j’étais intéressé par un emploi, fortement rémunéré. Et si, pour obtenir ce travail, j’étais près à couper, partiellement, les ponts avec ma famille et mes amis.
Je ne sus pas quoi répondre. Mon interlocuteur ne me força pas à répondre. Il me donna un second numéro. Je pouvais le rappeler dès que j’avais pris ma décision.
Je raccrochais le combiné. J’eu l’impression de me réveiller. J’étais comme dans un autre monde. J’avais eu la même sensation que j’avais visité New-York, il y a deux ans de ça. J’avais mis cette impression étrange sur le compte du dépaysement et du manque de repère. Je ressentais la même chose à cet instant. Je me sentais flasque. Je n’étais pas sur que mes jambes puissent me soutenir.

J’ai regagné mon précieux et tendre petit pub. Je commandais une bonne pint de bière que j’engloutis à une vitesse folle. Jamais, même lors des beuveries avec les camarades, je n’avais bu une bière à cette vitesse.
Je suis resté plusieurs heures, assis au pub, à réfléchir à la proposition que l’on m’avait faite. Et à vrai dire, j’avais fortement envi de l’accepter. Ce que je fis.
La nuit était tombée quand je repris contact avec mon interlocuteur. Celui-ci fut agréablement surprit. Il ne pensait probablement pas que j’accepterais son offre aussi vite. Mais comme je le lui dis : rien ne m’empêchait de refuser son offre.
Nous fixèrent un rendez-vous : il m’indiqua l’adresse et le nom d’un pub situé dans le quartier universitaire de London, le  «White Goddess ».
Je me rendis, sans perdre une seule seconde, au lieu-dit.

Le « White Goddess » était presque vide. L’atmosphère était étrange, saturée d’encens. La lumière tamisée, que la fumée faisait rayonnée, donnait l’impression d’être dans un autre monde. Je me sentais un peu perdu dès mon arrivé. Mais je devais être patiemment attendu. Le barman m’indiqua -après réflexion, il m’ordonna- de me rendre dans une salle à part, qu’il m’indiqua du doigt. Mais à peine avais-je mis mes pieds dans cette pièce que je perdis connaissance.

Je me suis réveillé, doucement, dans ce qui ressemblait à une chambre. J’avais l’impression de me lever après une beuverie. Seulement, je n’avais pas bu. Je cru d’abord que j’avais du être frapper. Mais en me redressant, j’eu une douleur dans le bras. En relevant la manche de ma chemise, je pus constater que j’avais été piqué par quelque chose, probablement une seringue.
La pièce où je me trouvais était austère. Mais pas à la façon d’une cellule de prison. Plus comme un appartement vide.
Un sentiment d’angoisse m’envahit. Je ne savais pas où je me trouvais ni combien de temps j’avais été inconscient. Mon premier réflexe fut de me précipité vers la fenêtre. A ma grande surprise, elle était ouverte. Le paysage qui s’offrait à moi était merveilleux : des kilomètres de terres vertes, parsemé de rochers gris. Un vent glacé me fouetta le visage. Je refermais immédiatement la fenêtre.
Je me suis alors dirigé vers la porte. J’abaissais la poignée : ouverte. Je ne comprenais pas. Cela ne paraissait pas logique. Je sortis de la pièce. Un homme, tranquillement assis sur une chaise, lisait son journal. Il dut m’entendre car il leva la tête. Un grand sourire s’afficha sur son visage.
« _Bonjour Monsieur. » me dit-il avec un accent que je ne parvins pas à identifier. « Avez-vous bien dormis ? Souhaitez vous manger quelque chose ? »
Je restais hébété. La situation dans laquelle je me trouvais était incongrue. Voyant mon mal aise, l’homme m’expliqua les raisons des conditions un peu étrange de mon arrivé ici : c’était pour des raisons de sécurité. Bien que l’homme me semblait sympathique, j’exigeais des explications ! Mon « gardien » m’invita à le suivre pour que je rencontre quelqu’un.
Sans broncher, je le suivis. Mais l’angoisse me dominait. Pour dissiper cet horrible sentiment, j’observais les lieux. Je devais être dans un bâtiment assez ancien, ou du moins construit pour donner cette impression. Je me crus dans un manoir ou un petit château.
L’homme me conduisit dans une salle qui me laissa sans voix. C’était une bibliothèque, une immense bibliothèque. Je fais main basse sur sa description : un roman serait nécessaire.
Au centre de la pièce, sur un des bureaux, un homme était installé. Il avait de longs cheveux blancs très lisses. Il était vêtu d’un kimono. J’en déduis qu’il devait être japonais. Il écrivait quelque chose.
Il m’invita à venir m’asseoir en face lui. Il parlait très bien anglais, sans une once d’accent. Je m’exécutai. Cet étrange personnage m’avait l’air sympathique. Des nombreuses rides parcouraient son visage, il devait être très âgé. Une canne était posée contre la table. Il prit un papier où était inscrit des choses en kanji.
« _Eustache de Salisbury. 20 ans. Étudiant. Auteur d’un ouvrage sur les modifications des mythes pour en permettre la lecture aux enfants. »
Je ne dis rien. En fait, je ne savais que dire.
« Savez-vous pourquoi vous êtes ici jeune homme ? »
Je suis répondit honnêtement que non et que je trouvais que la manière dont j’avais été traité était scandaleuse. Le vieil homme eut un petit sourire moqueur.
« J’espère que vous nous pardonnerez ces méthodes peu agréables. Si cela peut vous rassurez, j’ai subit le même traitement, il y a plus de soixante ans. Je vais donc vous expliquer clairement les choses. »
Mon interlocutoire répondait au nom de Oyuki Taro. Il travaillait pour les Yggardiens : il était l’encyclopédie du fantastique. Son rôle était de classer, analyser, étudier et repérer les créatures de légendes qui peuplaient ce monde. Je l’écoutais avec attention, mais je restais sceptique. Il me fit visiter la bibliothèque. Jamais de ma vie, je n’avais vu autant de livre sur ce sujet. Je n’ai revenais pas : le vieil savait exactement où se trouait chaque livres ! Il me fit une explication détailler des Yggardiens (je passe cette explication, je la ferais plus tard). Si l’on m’avait contacté et mené ici, c’était pour que prenne la place du vieil homme.
« _Je suis vieux, » me dit-il calmement, « l’organisation a besoin de quelqu’un de compétent pour prendre ma place. J’ai fais passé de nombreuses auditions à de nombreux membres pour savoir lequel était le plus apte à prendre ma place. Mais aucun ne me convainc. C’est alors que j’ai découverts votre ouvrage. Brillant. J’ai tout de suite envoyé des hommes vous épier. Et je dois dire que vous avez dépassé toute mes espérance. »
Je fus flatté. Mais gêné : recevoir un tel compliment de cet homme qui suintait la sagesse et le savoir était comme si je venais de découvrir une langue inconnu. Sa proposition me paraissait plus que plaisante, j’étais même emballé. Cependant, tout ceci me paraissait irréel. Je le fis remarquer à Oyuki Taro. Il eu encore un petit sourire. Il décida alors de me conduire dans un endroit ‘secret’.
Avec deux gardiens, nous descendîmes dans les sous-sols du bâtiment. Je me demandais ce que l’on me réservait. Le vieil homme conseilla de ne pas trop m’approcher. Sur le coup, je ne compris pas.
Et puis…Mon Dieu…Rien que d’y repenser, des frissons parcourent l’intégralité de mon corps. Jamais de ma vie je n’avais vu une chose aussi extraordinaire. Ho, je ne sais combien de sentiments me sont passer par l’esprit : de la gaieté, de la peur, de la surprise, de l’émerveillement….
Je crus vraiment être dans un rêve : dans une grotte, cachée sous la demeure, se trouvait une racine, énorme ! Jamais n’avait pu imaginé qu’une racine puisse être aussi grosse ! Elle devait faire au moins dix mètre de diamètre ! D’un côté, elle semblait fusionner avec la pierre de la grotte, de l’autre, elle ondulait dans tout l’espace avant de se terminer par une minuscule feuille. Une douce chaleur se dégageait de l’épais morceau de bois. De petites boules flottaient dans l’air. En voulant en toucher une, elle se sauva. Mais elle était douce comme du coton, et chaude.
C’était une branche d’Yggdrasil ! La branche que reliant notre monde aux autres !!
Tout était vrai ! Tout ce que l’on m’avait dis depuis ces derniers temps était vrai !!
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 20 Nov - 16:59

Chap. 05


Novgorod n’en faisait qu’à sa tête. Elle passait toutes ses journées dans le bâtiment que l’on avait mis à la disposition de sa jument pleine. La jeune femme attendait avec impatience qu’elle pouline. Elle se faisait aussi beaucoup de soucis car la future mère était très faible. Cela faisait quatre jours qu’elle était arrivée, et deux avec son animal. Durant tout ce temps, elle n’avait pas une seule fois adressé la parole au professeur. Même pas pour lui dire bonjour. Sa dernière conversation avec lui l’avait dégoûté. Jamais elle n’aurai dû accepter son offre ! Maintenant, elle ne pouvait plus faire marche arrière, c’était une femme d’honneur. De plus, elle faisait aussi cela pour Kureno.
Comme il n’y avait pas de vétérinaire sur le domaine, c’est le docteur Rat qui se chargeait des soins que nécessitait la jument. Le médecin et elle s’entendait plutôt bien. En fait, Novgorod s’entendait bien avec tout le monde, sauf le professeur. Elle avait aussi un peu de mal avec le jeune dieu-cerf : ce dernier n’avait pas l’air d’apprécier la manière dont elle traitait son père.
Après l’examen, le docteur conclut que l’animal allait relativement bien malgré son état de faiblesse. Comme il était l’heure du souper, ils rentrèrent ensemble au manoir.
Novgorod avait un régime alimentaire particulier : à l’exception des petits déjeuner, où elle ne pouvait jamais rien avaler de solide, tout ses repas se composaient de viande cru saignante de 30 gramme minimum. Les fruits, légumes, laitages s’ajoutaient à cela. La quantité de viande qu’elle ingurgitait pouvait paraître énorme par rapport à un simple humain. Seulement, comparé à Dajan et ces 200 gr. de viande rouge par jour, cela paraissait ridicule.
Durant le repas, elle ne posa pas une seule fois son regard sur Eustache. C’est comme s’il n’existait pas à ses yeux. Par contre, lui, c’était tout le contraire. Il ne cessait de la regarder discrètement, comme un lycéen qui observe sa jolie camarade de classe. Dajan et Claude l’avait bien remarqué. Kureno, lui, avec son caractère d’adolescent, ne voyait rien. Le cat-people dit, très discrètement, au médecin que la seule chose qui pourrait sauter aux yeux du jeune dieu, c’est une belle femme nue.
Novgorod repartit immédiatement pour les écuries une fois le repas terminé.
Kureno et Dajan étaient de corvée de débarrassage de table. Claude et Eustache se rendirent dans le salon pour prendre un digestif. Le médecin en profita pour évoquer Novgorod.
« _C’est vraiment quelqu’un de formidable. Elle fait preuve d’une telle attention envers sa jument. Je n’ai jamais vu ça. »
« _Oui. Nova est comme ça. Elle peut-être très attentionnée quand elle veut. Mais ce n’est pas tout le temps. » soupira le professeur.
Claude servit deux verres de whisky. Il en tendit un à son ami.
« _Pourquoi êtes-vous en froid tout les deux ? »
« _C’est une long histoire…Et sans vouloir t’offenser, je ne tiens pas trop à en parler. »
« _Comme tu voudras. Mais il faudra bien que tu m’expliques un jour pourquoi tu la regarde avec des yeux de merlan fris. »
Eustache avala de travers et s’offusqua.
« _Moi je la regarde avec des yeux de merlan fris ? C’est plus de mon âge. Et puis pour qui tu me prends ? »
« _J’avais juste eu l’impression…mais puisque tu dis que tu ne la regardes pas… » Claude eut un petit sourire ironique. « Sinon, comment te sens-tu ces derniers jours ? Pas de crises ou de douleurs. »
« _Non, ça va. Mais je suis un peu fatigué. »
« _Cela ne m’étonne pas. Tu ne cesses de travailler sur tes livres. Essaye de passer une nuit longue et tranquille. Et je te donne ce conseil en tant que médecin. »
Eustache décide de suivre le conseil de son ami. Après leur petit digestif, il monta se coucher.

Novgorod passa la nuit dans l‘écurie en compagnie de sa jument. Le froid ne la gênait guère.
Le matin venue, elle ressentit le besoin de se défouler. Le docteur pensait que l’heureux événement allait arriver dans une semaine minimum. Elle se permit donc de prendre un peu de bon temps.
Nova n’avait pas souvent mit les pieds dans le complexe purement militaire depuis son arrivée. Un casier, qui lui était très familier, avait été mis à sa disposition. A l’intérieur, il y avait quelques affaires de sport, joggings et survêtements, et toutes les affaires nécessaires pour les missions, armes et autres gadgets.
Quand elle entra dans les vestiaires, il y avait beaucoup de monde : le matin était consacré aux exercices physiques des « soldats » des Yggardiens. Parmi tous les militaires, le seul visage qu’elle avait intégré était celui du capitaine Indriðason. Les deux femmes se saluèrent amicalement. Malgré une première rencontre plutôt violente en Mongolie, elles avaient l’air de bien s’entendre.
Novgorod se sentit vite mal à l’aise. Quand elle se déplaçait pour passer d’un instrument de musculation à un autre, elle avait l’impression que l’on murmurait dans son dos.
Vers la fin de la matinée, Nova décida d’aller faire un peu de combat au corps à corps. Mais si elle avait su, elle s’en serait abstenue.
Pendant les affrontements, il était normal que les adversaires se lancent des pics. Comme la jeune femme était nouvelle, tout le monde voulait se mesurer à elle. Les adversaires se pressèrent sur les abords du ring. Nova était flattée de l’intérêt qu’on lui portant. Les combats devinrent vite l’attraction de la matinée. Elle expédia rapidement ses premiers adversaires. Elle était plus redoutable qu’on aurait bien pu le croire. La jeune femme aimait bien le petit jeu de la provocation. Mais une sorte d’exaspération monta vite dans les rangs. La facilité avec laquelle Novgorod battait les ses adversaires perturbaient énormément les hommes du bataillon. Les quelques femmes soutenaient leur confrère.
La situation finit par dégénérer. Le nouvel adversaire de Nova était l’un des meilleurs combattant. Mais aussi, a ce qu’on lui dit, le roi des pics.
« _ C’est vrai ce qu’on dit …? »
« _Quoi donc ? » l’interrogea-t-elle entre deux coups de poings.
« _Que vous étiez Yggardien et que vous voue êtes fait virer ? »
« _Peut-être bien… » se contenta-t-elle de dire. Elle ne voulait pas entrer dans le jeu de son adversaire. Car celui-ci ne cherchait pas seulement à la provoquer, il voulait aussi confirmer ou infirmer certaines rumeurs.
L’homme tenta aussi de séduire la jeune femme. Comme les provocations ne fonctionnaient pas, il fallait bien trouver autre chose. Mais rien ne semblait déconcentrer Nova. Celui fit naître un certain mécontentement chez son adversaire.
« _ Allez, vous avez été viré ou pas ? Y a des rumeurs pas très belle qui cour sur votre compte ?»
« _Je suis à peine arrivée qu’il y a déjà des rumeurs… »
« _Ce sont les anciens qui parlent de vous au self. »
« _Ha oui ? Et que disent-il sur moi les anciens ? »
Ceux que l’on nommait les anciens étaient des anciens soldats, qui trop vieux pour les missions de terrains, se reconvertissaient dans l’administration ou sur de poste plus calme.
« _Ils disent… » il esquiva un coup de pied «  que vous êtes un monstre. »
« _Cela ne veut pas dire grand-chose ici. »
« _Ils disent que vous auriez tué de sang froid un de vos camarade. »
Cette fois la jeune femme fut déconcentrée. Son adversaire lui assainit alors un violent coup de poing qui la projeta au sol. Un cri de joie monta dans les rangs. Enfin quelqu’un avait réussit à battre Novgorod. Seulement, l’homme ignorait qu’il avait mis la jeune femme dans une colère noire. Elle retira ses gants de protection. D’un bon, elle se remit sur ses jambes. C’est à ce moment là que la situation dégénéra. A une vitesse impressionnante, elle fondit sur son vainqueur. Avec une seule main, elle le saisit à la gorge, le soulevant à plusieurs centimètres du sol.
La surprise fut totale. Personne n’avait pu s’attendre à une telle réaction de la part de la vaincu.
« _Qui ose dire que j’ai abattu un homme de sang froid ? Hein ?! »
Les hommes du bataillon s’en prirent alors à elle. Il existait un fort sentiment de solidarité au sein des troupes : attaquer un membre du groupe revenait à s’attaquer au groupe entier. Les quelques femmes voulurent stopper leurs compagnons, mais ils étaient bien trop nombreux. Novgorod ne se laissa pas faire pour autant. Ses assaillants l’apprirent à leur dépend. Elle avait une force colossale ! Aucun humain ne pouvait posséder une telle force !
Dès que la situation s’était envenimée, le capitaine Indriðason s’était précipité vers un téléphone pour prévenir le professeur que la jeune femme était hors de contrôle.

Dajan arriva dans la salle d’entraînement à peine quelques minutes après le coup de fils du capitaine.
Ce qu’il vit le laissa sans voix. Nova était encerclé par des soldats. Bon nombres d’entre eux étaient au sol, blessés. Une horrible expression de colère déformait le visage, d’habitude si plaisant, de son amie. Elle ne faisait preuve d’aucune retenue.
Le cat-people ordonna aux hommes de se calmer et de s’éloigner d’elle. Mais ils refusèrent, leurs orgueils avaient été touchés. D’un bond extraordinaire, il se positionna entre eux et Novgorod. Il allait régler le problème. Les hommes poussèrent une sorte de cri de victoire. Dajan était probablement l’être le fort, physiquement parlant, de tout l’effectif. Haut de deux mètre, sa carrure imposait immédiatement le respect. Pour ceux qui l’avaient vu s’entraîné, ils savaient qu’il possédait une puissante musculature. Soulever un être humain standard était très simple pour lui. Tout le monde pensait qu’il mettrait Novgorod au tapis rapidement. Mais le cat-people ne voulait pas affronter son amie.
« _Nova, calme toi ! Tu crois vraiment que t’en prendre à ses pauvres gars changera quelque chose. »
Elle ne lui répondit pas. Elle se contenta de feuler, comme elle avait l’habitude de faire lorsqu’elle se battait. Cela lui permettait d’impressionner son adversaire. Mais cela ne fit aucun effet sur Dajan. Il répondit eu feulement de la jeune femme par un puissant rugissement. Il lui rappela ainsi qu’il était le plus fort à ce petit jeu.
« _ Je ne suis pas un assassin ! » hurla-t-elle de toute ses forces !
Son cri provoqua un silence. Ses paroles venaient du fond de son âme. Elle le dit avec tant de conviction que ceux pensaient que la rumeur était vraie, se mirent à douter. Mais quelques voix se tout de même entendre pour affirmer le contraire. Dominé par la fureur, Novgorod bondit sur ses accusateurs. Elle fut interceptée en pleine vole par Dajan. Ils commencèrent à s’affronter. Ce fut très violent. Le cat-people était fort, très fort. Mais elle aussi.
Les hommes restaient immobiles tant ils étaient impressionnés. Les coups pleuvaient à une vitesse incroyable. Mais les deux adversaires ne semblaient pas souffrir des coups qu’ils recevaient. L’affrontement dura quelques minutes.
Dajan et Novgorod finirent par montrer des signes de fatigues. Pendant ce temps, le capitaine Indriðason s’occupait de faire transférer les blessés à l’infirmerie du docteur Rat. Il allait être surchargé.
« _Allons Nova, cessons ce combat. Il ne rime à rien » haleta le cat-people.
A bout de souffle, elle fit un signe de têt pour montrer son approbation. Ils tombèrent tout deux sur les fesses exténués. Personne n’osait rien dire.
C’est alors que le professeur entra dans la salle d’entraînement. Il était en sueur et essoufflé. Probablement qu’il avait du se dépêcher de venir. Mais à son âge, il ne pouvait plus vraiment courir. Il fut stupéfait de voir la moitié de son effectif de combat au sol et/ou blessé. Il n’en revenait pas. Il vit alors Novgorod et Dajan qui tentaient de reprendre leurs souffles, assit par terre. Il savait que la jeune femme pouvait faire preuve de violence, mais il n’avait pas pu imaginer qu’elle puisse l’être à ce point. Son regard se posa sur le grand black. Celui-ci lui fit comprendre que l’incident était clos.
Les soldats encore opérationnels se mirent au garde à vous quand ils virent le professeur. Bien qu’Eustache ne soit pas militaire, les hommes devaient le traiter comme tel.
« _Capitaine Indriðason ! Au rapport ! »
La femme soldat lui fit un résumer rapide de ce qui venait de se passer. L’entraînement, les duels, les provocations et les rumeurs. Elle fit son maximum pour ne rien omettre. Le capitaine ne savait pas si les non-dits concernant Novgorod étaient vrais. Mais ce n’était pas son soucis premiers : ses hommes lui importait plus. Une fois qu’elle eut finit son rapport, le professeur prit la parole.
« _Novgorod est un membre à part entière des Yggardiens. Et à ce titre, vous lui devez le respect qui est du à chaque membres à statut spécial. De plus, si on venait à me rapporter, une seule fois, que des rumeurs sans fondement circulent au sujet de l’agent Novgorod, l’auteur de ses rumeurs sera sévèrement puni. Est-ce que cela est clair ? » déclara calmement le professeur, mais avec force.
Mais visiblement, certains hommes voulaient en savoir plus. Ils ne voulaient pas que leurs vies soient mises en danger au cœur même de leur quartier général.
Le professeur posa un regard sur Nova. Cette dernière avait repris une respiration presque normale. Toujours assise par terre, elle l’observait. Elle suivait avec attention ce qu’il disait. La colère grondait dans ses yeux. Quand à lui, il y avait de la peine et de la pitié dans son regard. Mais aussi une pointe de mécontentement.
Il savait que la jeune femme allait lui en vouloir pour ce qu’il allait faire, mais il n’avait pas le choix : s’il ne faisait rien, les rumeurs allaient continué. Autant étouffer l’affaire dans l’œuf.
« _L’agent Novgorod a été renvoyé des Yggardien. Elle a été à l’origine d’un incident qui a coûté la vie à un ses collègues. Les choses s’arrêtent là. Maintenant, que tout le monde retourne à ses occupations. Et plus vite que cela ! »
Très vite la foule quitta la salle d’entraînement. Personne n’avait pas envie de se faire sanctionner. C’était déjà un vrai miracle qu’il n’y ait pas eu de sanction. Dajan se releva d’un bond. Le professeur le remerciât d’être rapidement intervenu avant que quelqu’un de soit gravement blessé.
Le professeur et Novgorod finirent par se retrouver seuls. Un silence pensant rendait l’ambiance lourde. Eustache regardait son amie avec peine. Elle était complètement décoiffée. De nombreux bleus étaient visibles sur ses bras, beaucoup d’autre devait être dissimulé sous ses vêtements. Une de ses lèvres était enflé. Énervée, elle ne s’était pas toujours relevée. D’ailleurs elle n’en avait pas envi. Elle avait été blessée intérieurement. Et cela la faisait bien plus mal que les coups qu’elle avait reçurent.
Eustache s’approcha d’elle. Il lui tendit la main pour l’aider à se remettre sur pieds. Elle snoba son aide. Il soupira.
« _Allez, cesse donc de bouder. »
« _Je ne boude pas ! »rugit-elle.
Elle se releva sans même le regarder, comme s’il n’était pas là.
« _Tu va continuer à me faire la tête pendant encore longtemps ? »
« _Tu sais ce qui m’énerve le plus dans cette histoire, » lui dit-elle en se retournant vers lui, « c’est que ce n’est que maintenant que tu prends ma défense. »
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptySam 28 Nov - 21:04

Le … Mars 1963.


Cela fait presque trois semaines que j’ai été embauché chez les Yggardiens. Maître Taro me fait travailler plus de huit heures par jour. Cela me fatigue énormément, malgré ma jeunesse. Pour un universitaire tel que moi, ces heures de travail ne devraient pas être aussi épuisantes. Mais elles sont si intenses que j’ai l’impression de faire le double de ces heures. Maître Taro est un véritable puit de science. J’ose même dire qu’il sait tout ! Il connaît les côtes des livres par cœur, il ne se sert jamais des fiches de classement. Il sait également ce que contiennent chaque ouvrage, les auteurs, les langues dans lesquelles ils sont écrits. D’ailleurs, il sait lire plus d’une quinzaine de langues vivantes et presque autant de langues mortes. Je me sens bien ridicule avec mon grec et mon latin, mon français et mes notions d’allemand.
Pour le moment, Maître Taro souhaite seulement que j’acquière des connaissances. Souvent, il me donne des exercices à faire, comme si j’étais un lycéen. Ces « devoirs » sont en fait ce que j’aurai à faire quand je le remplacerais. J’ai hâte.
C’est honteux ce que je dis. Pour devenir l’Encyclopédie, il faut que maître Taro décède. Cela, je ne le souhaite pas. Malheureusement, il est très malade. Il n’en parle pas, mais quand je voie la quantité de médicament qu’il prend…sans compter les doses de morphines, ses bras sont couverts de traces de piqûres Enfin bref…Si jamais je dois tomber malade plus tard, quand je serais vieux (que ce temps vienne lentement), je jure de ne pas prendre autant de cochonnerie.
Durant ces trois semaines, où j’ai peu écris dans ce journal (la fatigue…), j’en ai aussi plus appris sur le fonctionnement de cette…institution (je ne sais pas si le terme convient le mieux).
Il y a les gens comme Maître Taro et moi, qui restons dans les locaux, soient pour étudier soient pour faire de l’administratif. D’ailleurs, je n’ai pas eu souvent l’occasion de voir nos dirigeants…
Puis il y a les équipes paramilitaires, pour ne pas dire militaire tout court. Ces gens là font du terrain. Ce sont eux qui se « débarrassent » des créatures de légendes qui posent problèmes. Là, est un sujet de tentions entre Maître Taro et moi.

Maître Taro pense que ces créatures qui, la plus part du temps, cohabitent paisiblement avec nous, les humains, sont des nuisibles. Certaines espèces, comme les vampires, sont effectivement une sorte de nuisible. Mais pour la plus part des autres créatures, elles sont inoffensives. De temps en temps, un être fait des siennes et devient un danger pour les populations. C’est là que nous intervenons : Maître Taro a pour mission d’identifier la créature pour que les forces armées puissent l’éliminer facilement.
Moi, je ne crois pas que ces êtres de légendes soient des nuisibles. Jamais, dans toute l’histoire de cette organisation, on ne s’est demandé pourquoi, par exemple, une nymphe se manifestait, par des actes de violences extrêmes, après avoir, probablement, passée des siècles au calme. Je pense qu’il serait important de savoir ce qui peut provoquer l’émergence de certaines créatures. D’étudier les raisons de leurs manifestations. Dans les annales de mission, j’ai pu lire que certains êtres entre en contact avec les humains, souvent des enfants, et ne montrent pas de comportement violent. Pourtant, ils sont systématiques abattu. Mais pourquoi abattre une dryade qui se lirait d’amitié avec une enfant de huit ans ?
J’ai fait part de ces remarques à Maître Taro. Il m’a expliqué qu’il ne fallait pas imaginer que les êtres soient aptes à vivre avec nous. Certaines espèces, qualifiées d’intelligentes c’est-à-dire capable de penser, pouvaient peut-être être parqué dans des réserves (comme les indiens d’Amérique), ainsi que certaines non pensantes. Mais pour les autres qui se montraient violentes, il ne fallait pas montrer de pitié.
De plus, il m’expliqua une chose qui me surprit. A l’exception de quelques espèces, la majorité des êtres n’était pas issu de notre monde. Yggdrasil, selon la légende, reliant neuf mondes et ce c’était de ces mondes que venaient les créatures de légendes. Malheureusement, il ne fut pas en mesure d’associer les « monstres »avec un monde précis (quand je disais, au début de ces pages que mon maître savait tout, je me trompais). Les informations concernant ces univers relier par l’arbre-mère ne sont pas suffisantes pour tirer des conclusions.
Maître Taro ignorait aussi comment ces êtres passaient d’un monde à l’autre. Il supposait que des « portes »devaient s’ouvrir de temps en temps… Mais sur ce sujet là encore, il ne savait pas grand-chose. Cependant, il admit parfaitement cette lacune. Il m’assura qu’un jour, les technologies seraient sûrement en mesure de résoudre cette énigme. J’espère vivre assez longtemps pour voir cela. Peut-être que je pourrais voir d’autre univers…

Pour en revenir sur l’élimination de créature, je ne demande s’il ne serait pas plus judicieux d’essayer de comprendre pourquoi certains êtres se manifestent à un moment ou à un autre et d’essayer de résoudre le problème de manière pacifique. Ainsi, nous pourrions faire, si je peux m’exprimer ainsi, faire de l’éthologie, c’est-à-dire étudier ces créatures dans leurs milieux naturels. Je pense que cela serait très enrichissant. De plus, si nous pouvions convaincre certains être de travailler avec nous, nous aurions sûrement plus de faciliter pour communiquer avec eux, ou même en cas d’affrontement, de perdre moins d’homme. J’ai été assez choqué, en lisant les rapport de mission, de voir le nombre d’homme qui tombent au combat…C’est affolent… Imaginons : un dieu (qui serait à notre service) n’aurait presque aucun mal à mettre hors d’état de nuir un loup-garou ou un vampire particulièrement violent…
Je n’ose faire part de ces idées avec Maître Taro. Probablement les trouverait-il farfelue. Mais dès que je serais devenu l’encyclopédie, j’ai bien l’intention de changer tout cela.
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 4 Déc - 16:31

Chap. 06




L’incident de la salle de sport avait profondément touché Novgorod. Pourquoi cette stupide, et cruelle histoire, ne disparaissait pas de la mémoire de ces gens ! Si elle avait tout simplement été humaine, les choses se seraient mieux passées. Elle espérait juste qu’aucune rumeur ne concernait sa nature. Elle brossait la crinière de son cheval de manière frénétique, dans l’espoir de se calmer.
Elle était aussi très troublée par l’attitude que le professeur avait eue. Il avait pris sa défense sans aucune gêne, sans hésiter. Pourquoi avait-il fait cela ? Pourquoi maintenant ? Est-ce que sa maladie pouvait provoquer en lui des remords ? Cela, la jeune femme l’espérait bien. Malgré une certaine tristesse de savoir le professeur un pied dans la tombe, elle éprouvait aussi une sorte de satisfaction personnelle. Qu’il souffre !
Quelle honte pensa-t-elle. Cracher ainsi que les mourants….
Des sentiments contraires ne cessaient de faire des vas et viens dans son esprit. Son retour ici était plus difficile que prévu.
Elle fut sortit de ses pensées par le petit son strident de son biper. Son cœur avait fait un bon dans sa poitrine lorsque l’appareil avait retentit. Elle poussa un soupire. L’écran de son bipeur indiquait que s’était le nom du médecin. Elle répondit :
« _Oui ? »
« _Mademoiselle Novgorod, je voudrais que vous veniez à l’infirmerie. »
« _Je vous remercie docteur, mais je vais bien. »
« _Je n’en doute pas. Seulement, il y a une visite médicale obligatoire pour tous les nouveaux arrivants. Je vous attends. »
Elle soupira de nouveau. Une visite médicale obligatoire ? Quelle horreur. Elle avait horreur de ça. Cependant, elle se résigna à se plier à cette règle.

Novgorod frappa à la porte de l’infirmerie. La voix du docteur l’invita à entrer. Elle pénétra avec une certaine appréhension, exactement comme pour sa première visite il y a trente ans de cela. Elle avait l’impression de revivre un moment de sa vie. Mais quelques éléments de décorations de la salle, des effets personnels, et le médecin n’étaient pas les même.
Le toubib accueilli la jeune femme avec un large sourire. Il était heureux de voir qu’elle avait accepté de venir.
« _Je me demandais si j’allais avoir le plaisir de vous voir. Eustache m’avait dit que, tout comme lui, vous n’aimiez pas les contrôles médicaux. »
« _J’ai une sainte horreur de ce genre de contrôle. »
Le docteur invita Nova à s’asseoir sur la table d’osculation. Il sortit un dossier d’un de ses tiroirs. On pouvait apercevoir une petite étiquette blanche où le nom de « Novgorod » était inscrit au crayon noir.
« _Bon, si vous me le permettez, je vais contrôler les informations que contient votre carnet de santé. »
Nova du répondre à toute une liste de question pour être sûr que les données de son dossier étaient exactes. Tout fut dans les normes, sauf une seule chose.
« _Je ne comprends pas. » dit le docteur. « Pour l’intitulé espèce, il y a juste … »
« _C’est par ce qu’on ne sait pas. »
Claude leva les yeux d’un air surprit.
« _Comment ça on ne sait pas ? »
« _Ni moi, ni le professeur n’avons été en mesure de déterminer à quel espèce j’appartenais. Je ne rentre dans aucun canon. Je suis énigme pure et simple.»
« _Cela explique en partie la fascination que vous exercez sur Eustache. »
Novgorod eut un petit rire méprisant.
« _Être un sujet d’étude a quelque chose de très plaisant. » ironisa-t-elle. « Être observée sans relâche, nuits et jours, pour savoir quel genre de chose vous êtes. »
« _Je vois mal Eustache faire l’étude d’un être de légende si celui-ci ne lui a pas donné son autorisation. »
La jeune femme ne répondit pas. Il n’avait pas tort.
Uns fois la vérification du dossier fait, le docteur passa à l’osculation. Il fut cependant gêné : chaque espèce avait sa fiche-type de santé. Une nymphe et un humain n’avaient pas le même rythme cardiaque, la même température corporelle etc.… Comment le toubib pouvait-il vérifier l’état de santé de Novgorod s’il n’avait rien pour comparer.
« _Prenez la fiche vampire, cela vous aidera. Normalement, tous les caractères ce rapportant à cette espèce me concernant sont signalés par un petit point sur mon carnet. »
« _La fiche vampire ? » s’étonna Claude.
Il fit ce que Nova le lui avait indiqué. De petits point, fais au crayon à papier, se trouvaient effectivement sur le carnet de la jeune femme. Ces observations pouvaient commencer.
Tout allait bien, patient et médecin étaient ravis. Les blessures qu’on lui avait influées lors de l’altercation de ce matin n’étaient que superficielles.
« _Vous n’y êtes pas allée de main morte ce matin. J’ai rarement eu autant de travail, même après des missions qui avaient mal tourné. »
« _Qu’est-ce que vous voulez que je vous dises ? Comment auriez vous réagit si on vous avait traité d’assassin ? »
« _Je ne sais pas. Mais je ne pense pas que ma réaction aurait été aussi violente. Je pense qu’il y avait bien autre chose qu’une simple histoire de rumeur. Si vous voulez, je suis aussi le psychologue ici. »
« _Merci de votre offre, mais je n’en ai pas besoin. » répondit-elle en se levant de la table d’osculation.
« _Vous ne croyez pas que parler de ce qui c’est passé au moment de votre renvoi, de vos relation avec Eustache… »
« _Non, je tiens pas à en parler ! » rugit-elle, « Discutez donc avec le professeur ! Il a sûrement plus à dire que moi ! »
Elle bondit de la table de consultation. Le claquement de la porte fit trembler toute la pièce tant Novgorod la referma avec force. Qu’avaient-ils tous à parler du passé ? Le présent et le futur n’étaient-ils pas plus important à leurs yeux ?
Elle vociférait contre le médecin alors que son bipeur sonna de nouveau.
« _QUOI ? » hurla-t-elle.
L’appareil émit un petit son aigu pour signaler que le son produit pas la voix de la jeune femme était trop élevé pour le micro.
« _Merci pour mes oreilles. » répondit le professeur via le bipeur. « Viens à la salle de contrôle immédiatement s’il te plait. »
« _Et s’il ne me plait pas de venir ? »
« _La demande se transformera en ordre. »
« _J’arrive. » répondit-elle en soupirant.
La salle de contrôle, ou de commandement, était une des pièces les plus importantes du complexe. C’est à partir de ce lieux que tout se passait : les appels important, les réunions pour les chefs de mission etc.…
Novgorod se demandait ce qu’Eustache lui voulait. Une angoisse la gagna : la direction des Yggardiens était-elle au courant de son retour ? Allait-elle être enfermé, comme cela aurait du être le cas il y a trente ans ? Ces pensées torturaient son esprit déjà bien meurtri par les derniers événements. Le long du chemin, elle tenta pourtant de se convaincre que le professeur l’avait appelé pour une mission. Mais ses tourments l’emportaient sur sa raison.
C’est avec une certaine appréhension qu’elle pénétra dans la salle de contrôle. L’endroit avait bien changé en trente ans. Elle reconnaissait à peine le lieu.
L’immense et massif écran pour les vidéoconférences avait été remplacé par un écran encore plus grand, de très bonne qualité, et très mince. Il était divisé en huit parts, Nova ne comprit pas l’utilité de ses séparations. Perdue ne Mongolie, les avancés technologiques lui étaient étrangères. Des ordinateurs, bien plus minces et performants recevaient des informations des différentes enclaves. Mêmes les sièges avaient changés…En entrant, elle eut l’impression d’être dans un de ces films de Science-fiction des années 70.…
Eustache se tenait devant le grand écran. Il discutait avec un homme que Nova ne connaissait pas, probablement un responsable d’enclave. Ils parlaient en français. Elle en conclut que quelques êtres de légendes semaient le trouble dans ce beau pays.
« _Ha, Novgorod. Te voila. » il lui tendit un micro casque pour pouvoir également communiquer avec l’homme de l’écran. « L’enclave française a des soucis avec un vampire ou une créature lié au vampirisme. »
Le professeur pria son interlocuteur de reprendre son explication.
« _Comme je vous le disais, depuis environs six, un vampire balade nos équipe un peu partout en bretagne. Il fait en moyenne 15 victimes par mois, une trentaine sont décédées. Pour ces cas là, nous avons appliqués les procédures de non contagions. Si ce n’est que cet individu est particulièrement vorace… »
« _C’est peu de la dire. » l’interrompit Novgorod sur un ton ironique.
« _Ce n’est pas lui qui nous pose le plus de soucis. »
« _Il ne vous pose pas de soucie ? » s’offusqua la jeune femme. « Sur quel superficie sévit votre vampire ? Vous vous rendez compte du nombre de victimes qu’il a déjà fait ? »
« _Mademoiselle, répondit l’homme de l’écran, nous savons faire notre boulot…Je vous prierais de me laisser finir mon exposé avant de faire des remarques. » Il se racla la gorge et reprit. « Il y a environ six semaine, nous avons découvert que les tombes des premières victimes avaient été profané, enfin, pour celle qui ont été inhumé. Les corps avaient été sorti de terre mais ne semblait pas avoir été malmené. Nous nous ne sommes pas trop inquiétés sur le moment. Mais les profanations se sont accélérées. Et c’est là que l’affaire devient macabre : plus les victimes sont fraîches, si je peux me permettre l’expression, plus elles ont été dévorées. »
« _Dévorées ? » s’étonnèrent le professeur et Novgorod, ainsi que toute la salle de contrôle.
C’était bien la première fois qu’ils entendaient parler d’un être nécrophage. Eustache et Nova échangèrent un regard interrogateur. C’était bien la première fois qu’ils se retrouvaient, tous les deux, devant une affaire de ce genre.
« _Etes-vous certains que les corps ont bien été victimes de nécrophagie ? Et que ce sont les victimes du vampire qui ont subit ce sort ? » questionna le professeur.
« _Nous sommes sûre à 100 %. Avant de vous contacter, nous avons fait appel à l’enclave anglaise. Elle est arrivée à la même conclusion que nous. »
« _Très bien, envoyez nous tout ce que vous avez sur ce dossier ainsi que les données sur le vampire. Nous allons examiner cela. Dès que nous aurons quelque chose, nous vous contacterons. De votre côté, faites nous parvenir toute nouvelle information. »
Le professeur coupa la communication sur ces dernières paroles. Son regard se porta alors son sa collègue. Elle semblait perdue dans ses pensées.
« _Qu’est-ce que tu en penses ? » lui demanda-t-il.
« _Probablement comme toi…C’est bien la première fois que j’entend parlé de nécrophagie dans une affaire de vampirisme…Pourtant, cela me dit quelque chose. Il y a peut-être des choses à la bibliothèque qui nous aideront. Sinon, l’enclave française à l’air d’un repère d’incapable…Ne pas être capable de mettre un terme à la série d’agression d’un vampire qui fait, en moyenne, 15 victimes par mois…faut le faire. »
« _Contrairement à ce que tu pourrais croire, elle a une très bonne équipe, à deux détails près : elle n’a pas d’agent spéciaux, et son directeur est incompétent. »
« _ Pas d’agents spéciaux ? Mais comment font-ils ? Je comprends mieux…Et pourquoi n’en ont-il pas ? Il y avait pas mal de candidats y a trente ans…Je ne pense pas que les choses ont changé… »
« _Tu as raison, mais le directeur de l’enclave, ce cher Monsieur Lecorse, est un anti-agent spéciaux convaincu… »
« _Hé bé…Bon direction, la bibliothèque… »
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 11 Déc - 18:44

Le … Mars 1963.


Il est parfois difficile d’écrire certaines choses. Ma main tremble encore…et j’ai du mal à écrire. Mais je crois qu’il faut que je pose sur papier ce qui c’est passé en ce début d’après-midi.
Maître Taro et moi étions en train de travailler, comme tous les jours, lorsqu’un homme entra dans la bibliothèque. Il portait un uniforme militaire, c’était un agent de terrain. Il s’approcha, d’un pas vif, vers mon maître.
« _Taro-senseï, nous avons un problème au centre de détention. »
« _Quel genre de problème ? » demanda-t-il.
« _C’est la Pythie. Elle est soudainement sortie de sa torpeur habituelle. Elle s’est mise à hurler, à s’arracher les cheveux, à se projeter sur les murs de sa cellule. On lui a déjà injecté six dose de calment, mais cela n’a pas eut d’effet. Au contraire, cela n’a fait que la faire redoubler de violence. »
« _Très bien, j’arrive. »
J’avais écouté avec attention cette conversation. Un centre pénitencier ici ? Je l’ignorais. Pourtant, on m’avait fait visiter toutes les installations, même la cave avec Yggdrasil. Je me suis senti blessé de ne pas avoir été mis dans la confidence. Mais ce n’est pas la chose qui me surprit le plus.
La Pythie ?…La Pythie de Delphes ? La plus grand oracle de la mythologie grec ? Je pensais avoir remit les pieds sur terre depuis mon arrivée ici…Mais non…
J’ai alors interrogé Maître Taro à ce sujet.
Il m’expliqua que certains êtres, tels les Dieux et quelques Manciens étaient immortels. Quand ces catégories de créatures légendaires posaient problème, elles étaient mises hors d’état de nuire, puis enfermées dans un centre de détention. Le plus important ce trouvait ici.
Pour la Pythie, Maître Taro me confirma qu’il s’agissait bien de l’être des récits antiques. Elle avait été découverte dans une grotte, non loin du site antique de Delphes, lors d’une campagne de fouilles. L’équipe d’archéologue avait été stupéfaite de découvrir le corps, encore vivant, de la Pythie au fond de la cavité rocheuse. Ils crurent, au début, qu’il s’agissait d’un corps récent. Mais la grotte qui avait été scellé depuis près de 1800 ans n’avait pas d’autre sortie et ne montrait aucunes traces d’effraction. De plus, le matériel archéologique, trouvé proche d’elle, avait été daté de l’Antiquité. Des restes de son trépied avaient d’ailleurs été découverts.
Très vite, les Yggardiens avaient récupéré cet être. Mais, sa longue captivité dans la grotte avait eut de graves conséquences sur sa santé mentale. En effet, les vapeurs de souffre qu’elle respirait et qui provoquaient ses prophéties avaient finis par atteindre son système neurologique. Pendant l’Antiquité, ses vapeurs n’avaient pas été aussi toxique car la grotte était ouverte, ce qui permettait l’évacuation du surplus de souffre. Maître Taro me dit qu’elle n’était plus qu’une sorte de loque. Depuis son arrivée au centre de détention, elle n’avait jamais fais une seule prédiction ni aucune prophétie. Elle passait son temps assise sur le trépied qu’on lui avait fournie, ou a tourné en rond dans sa cellule.
Son comportement inhabituel intriguait mon maître. C’était bien la première fois qu’elle montrait tant d’activité.

Le centre de détention se trouvait sous terre et était très bien gardé. Nous dûmes passer plusieurs points de contrôle. Une fois cela effectué, nous nous rendîmes à la cellule de la Pythie. Des hurlements, encore plus effrayants que ceux des Banshees, résonnaient dans le couloir. A ces cris se mêlaient d’étranges bruits, comme si quelqu’un lançait un objet lourd et volumineux contre du plastique.
Les cellules étaient étrangement faites. Il n’y avait pas de lourdes portes blindées équipées de petites fenêtres grillagées pour permettre de voir à l’intérieur, mais une large baie vitrée. Ces baies étaient faites de pastique, mais avaient l’aspect du verre. Maître Taro m’expliqua que cela permettait de pouvoir mieux observer les prisonniers.
Un homme, armée d’un fusil, se tenait devant la vitre de la cellule. Il semblait désemparé. Un large sourire apparut sur son visage quand il vit Maître Taro arrivé.
Le vieil homme prenait son temps pour venir, s’appuyant sur sa canne à chaque pas. Si le comportement de la Pythie l’intriguait, il ne montrait en aucun cas son excitation face à une situation nouvelle. Je le trouvais … froid.

Le spectacle qui s’offrit à moi me glaça le sang.
Derrière la vitre de la cellule, une femme, qui semblait avoir une trentaine d’année (enfin…c’est l’impression qu’elle donnait car en réalité, elle était bien plus vieille), avec de très long cheveux blond en pagaille, se jetait frénétiquement contre la baie vitré. A cause de son épaisse masse de cheveux qui cachait son visage, je n’avais pas remarqué que ses yeux étaient dissimulés sous un large morceau de tissus. Cette vision me fit frissonner.
Les vêtements de cette femme étaient en lambeaux et semblaient très anciens. Ils étaient sales, les couleurs étaient ternes et fades, comme si elles avaient été estompées par le soleil.
Sur le sol de la cellule était parsemé de mèches de cheveux et de morceau de vêtements. Son trépied était brisé.
Rien ne semblait pourvoir la calmer.
« _Bonjour Taro-senseï Je suis content que vous soyez venu. Elle est dans cet état là depuis près d’un heure. Je lui ai administré six doses d’anesthésiant. Mais cela ne la calme. Avec de tel dose, elle devrait être inerte, même un Dieu n’aurait pas tenu le coup. » dit l’homme armé.
Maître Taro observa la Pythie pendant un long moment. Il semblait indifférent aux souffrances qu’elle s’infligeait. Moi, j’avais pitié de cette pauvre créature.
Je me demandais ce que mon maître allait faire pour la calmer. A ma grande surprise, il me demanda mon avis. Je lui conseillais d’essayer de savoir d’où venait cette soudaine crise. Il ne me répondit pas. Mais je vis bien que ce dernier ne savait que faire. C’était un homme de lettre, plus compétant dans les théories que dans la pratique. Il fit donc ce que je lui avais conseillé.
Étrangement, la Pythie parut écouter. Cela surprit Maître Taro. Jamais la mancienne n’avait montré autant d’attention à un interlocuteur. Et chose encore plus surprenante, elle se mit à parler. Ce qui n’était pas arrivé depuis qu’elle avait été découverte. Quelle ne fut pas ma surprise de l’entendre parler anglais.
« _Le temps…Une nouvelle ère arrive…une nouvelle ère… » Elle pointa alors Maître Taro du doigt. « Ta fin est proche…Une nouvelle ère…une nouvelle ère…Et puis… »
Soudainement, elle prit peur. Comme si elle avait eu une vision d’une chose épouvantable.
Mon maître, lui, ne semblait pas déstabilisé. Cependant, une chose l’intriguait. La Pythie était réputé pour faire des prophéties incompréhensibles. Hors là, tout semblait claire, du moins pour moi : Maître Taro allait bientôt mourir, j’allais le remplacer et que je parviendrais à modifier beaucoup de chose…
Étrangement, elle parut immédiatement plus calme. Son trépied brisé, la Pythie s’assit sur le sol. L’incident semblait être clos. Elle était retrouvée sa torpeur habituelle.
Nous pensions l’incident clos et nous allions partir. Alors que je lui jetais un dernier coup d’œil, elle bondit sur ces pieds nus et se précipita contre la vitre.
Je crois que, durant toute ma vie (aussi courte fut-elle), jamais je n’eut aussi peur. D’abord, je me suis figé de stupéfaction, puis ce fut la peur qui m’envahit. J’osais à peine bouger. Mais cette peur me paraissait si irréel…Venue de la bouche d’une autre personne, ces paroles n’aurait même pas effrayé un enfant. Seulement, ce n’était pas n’importe qui. C’était la grande Pythie de Delphes.

« _ Ce n’est pas l’animal qui est en toi qui te tuera, mais la lame du père de ma folie. »

Ces mots résonnent encore dans ma tête alors que j’écris ces lignes…
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 18 Déc - 15:45

Chap. 07





Novgorod et Eustache se rendirent à la bibliothèque du Manoir. Il fallait qu’ils fassent des recherches sur cette, ou ces, créature qui dévorait les victimes d’un vampire.

Ce n’était pas la première fois qu’ils travaillaient ensemble. Par le passé, ils avaient de nombreuses fois collaborés pour mettre un terme aux conflits entre humains et créatures de légendes ou pour résoudre des énigmes.

Au début, Nova servait de secrétaire à Eustache : elle lui apportait les livres dont il avait besoin, les rangeait. Il lui enseignait aussi les mythes, les légendes, les manières de reconnaître les créatures, de les mettre hors d’état de nuire…

A son arrivée au Manoir, Novgorod ne savait presque rien des êtres fantastiques qui vivaient partout dans le monde. Pendant longtemps, elle avait cru être une bizarrerie de la nature. Son ignorance venait de l’isolement dans lequel elle avait vécu.

Ils entrèrent dans la bibliothèque par la large porte du rez-de-chaussée. Ils n’avaient pas échangé un seul mot durant le trajet. Nova lui faisait la tête, comme depuis le premier jour. C’était une vraie tête de mule, quand elle le voulait. Cela faisait aussi partie de son charme. Quand elle commençait quelque chose qui lui tenait à cœur, comme son travail chez les Yggardiens, elle le terminait quoi qu’il arrive et elle allait au bout des choses.

Novgorod monta à l’étage par le petit escalier en vis qui se trouvait à la droite de la porte d’entrée. Les rayonnages où se trouvaient les ouvrages concernant les vampires s’y trouvaient.

« _Tu sais où chercher ? » demanda Eustache.

« _Pas vraiment. Mais je sais que j’ai lu quelque chose à ce sujet un jour… »

« _Après trente ans hors de ses murs, je suis surpris que tu te souviennes de tel chose. Je regarde ce que je trouve sur les ordinateurs. »

Pendant que Nova feuillait les livres, le professeur s’installa devant un des postes de la bibliothèque. Il prit un des nombreux crayons papier qui était en libre service près de l’ordinateur, ainsi que des feuilles de papier. Il écrit tous les mots qui lui venaient à l’esprit concernant leur problème. Ensuite, il entrait les mots clés dans le moteur de recherche. Il prenait en note les réponses qui lui paraissaient les plus pertinentes. Malheureusement, il n’y eu aucune réponse quand il associait « nécrophagie » et « vampire », ou « vampirisme ».

Ce premier travail prit plus d’une heure. Novgorod s’était assise contre une étagère avec une pile de livre à ses côtés. Elle les parcourait en vitesse. Un des ouvrages qu’elle avait entre les mains devait forcement contenir la solution.

« _Nova, » appela Eustache, « Je te de donne la liste des livres qui pourraient nous aider. Tu pourrais les descendre ? »

La jeune femme se releva d’un bond. Dès que le professeur lui donnait la côte et le titre d’un livre, elle allait le chercher. Pour la plus part des ouvrages sur le vampirisme, elle les avait déjà pris. Elle récupéra également des ouvrages sur les « mangeurs de suaires ». Ces créatures, également nommées « mâcheurs de suaires », sont une sorte de revenant qui dévorent leurs suaires et qui, dans certaines cas consomment leur propre corps.

En bas, tout en donnant les indications à son amie, le professeur récupérait d’autres livres.

« _Tu crois qu’il pourrait s’agir d’une goule orientales ? » questionna Nova en redescendant, les bras chargés de vieux manuscrits.

« _J’y ai pensé. Mais jamais une goule ne s’est vue aussi loin de sa zone d’habitation, c’est-à-dire le Proche et le Moyen Orient. Je doute qu’une telle créature puisse être importée. De plus, les goules errent dans les cimetières, ou les déserts, sur des zones géographiques précisent. Enfin, on n’a jamais recensé de cas où les victimes étaient des morts décédés par vampirisme. »

« _Oui mais si, bien que cela paraisse fou, qu’une goule soit arrivée en Bretagne et qu’elle est goûtée, malencontreusement à une des victimes vampirisées…Elle aurait pu y prendre goût. »

« _Impossible. Les morts du vampirisme sont traités pour qu’ils ne se transforment pas. Or on sait que ces traitements repoussent et détruisent toutes créatures dont la survie dépend de l’ingestion de sang. »

Leur conversation fut interrompue par l’arrivée de Kureno.

« _Papa ! » cria-t-il.

Eustache enragea.

« _Kureno ! Nous sommes dans une bibliothèque, il faut parler doucement pour ne pas déranger les gens qui travaillent. » répondit-il aussi calmement que possible.

« _Mais y a personne qui bossent ici papa… »

« _Si, nous. » fit remarquer Novgorod, plongée dans un livre.

Le jeune dieu fit une grimace. Il ne s’entendait pas bien avec elle, il ne supportait donc pas ses réflexions

« _Tiens, on m’a demandé de te remettre cela. »

Il tendit à son père un énorme dossier, fraîchement imprimé.

« _Ha, merci mon petit. C’est les informations que nous attendions. »

Le professeur prit le dossier avec avidité. Il était pressé d’éclaircir le mystère du nécrophage. Il alla s’installer à une table à la fois proche et éloigné de son amie. Il ne voulait pas se mettre trop près d’elle. De toute façon, elle l’aurait envoyé promener s’il avait commit l’audace de se placer à ses côtés.

Kureno quitta la salle, les deux mains dans les poches.

Pendant que Novgorod continuait de parcourir les livres, le professeur se mit à étudier les informations que l’enclave française lui avait envoyé.

Il commença par lire la partie sur le vampire. Son but était de voir si le vampire avait une logique de chasse. D’après le rapport, il n’en avait pas. Mais le professeur voulait vérifier si les données étaient bonnes. Puis, il tenta de classer les victimes. Le but étant d’identifier les victimes-types. Mais là encore, rien de très concret. Le vampire s’attaquait à tout type d’individu comprit dans une tranche d’âge de 20 à 65 ans, hommes et femmes, de toutes couleurs de peau, de toutes sexualités, de tout niveau social…L’analyse du vampire ne donna rien.

A plusieurs reprises, il leva son nez de ses documents pour observer Novgorod. Entourée par deux montagnes de livres, un crayon à la main, elle griffonnait sur des feuilles de papier toutes les informations qu’elle pouvait glaner sur le nécrophage. Elle avait l’air si sérieuse. Pendant un instant, Eustache crut remonter dans le temps, quand c’était tout les deux qu’ils bossaient ainsi. Quand assis l’un à côté de l’autre, ils volaient systématiquement le crayon de l’autre pour provoquer une chamaillerie enfantine, quand ils faisaient des petits dessins sur la feuille de l’autre, quand ils tournaient discrètement la page du livre que l’autre lisait pour qu’il se perde dans sa lecture. Cela lui fit beaucoup de peine de repenser à ce passé. Il chassât de son esprit ces pensées pour revenir à son travail.

Il s’attaqua alors à la seconde partie du dossier, celle qui concernait le nécrophage. Les données étaient très minces. Les premières informations concernaient les membres ou parties du corps que le nécrophage avait dévoré. La seconde concernait la localisation des victimes ainsi que leur dates de profanations. En couplant ces données, Eustache parvint à mettre en évidence un cycle.

« _Nova, regarde ! »

La jeune femme sortit la tête de son livre. Elle se leva pour le rejoindre. Elle regarda par-dessus l’épaule d’Eustache ce qu’il voulait lui monter.

Le professeur se sentit gêner. La présence de Novgorod dans son dos le faisait rougir. Il du se ressaisir vite car si son amie se rendait compte de son état d’esprit, une dispute éclaterait.

« _En combinant les données que nous ont envoyé les français, j’ai pu remarqué que la créature dévorent les mêmes parties du corps selon un cycle. Par exemple, tous les 20 jours, il dévore un bras; tous les 33 jours, une tête, etc.… Il y a de la méthode dans le choix de ses « repas ». De plus, j’ai remarqué que les os disparaissent à chaque fois. »

Nova l’écoutait avec attention, comme à chaque fois qu’il lui donnait des explications. Depuis qu’elle était revenue chez les Yggardiens, elle n’avait pas vraiment fait attention aux changements physiques de son ancien ami. Si ses cheveux blancs l’avaient immédiatement marqué, elle n’avait pas encore fait attention à toutes les petites et grandes rides qui parcouraient son visage. Avec ses lunettes et sa raie sur le côté, il avait l’air d’un vrai professeur des écoles issu de roman. Cela lui donnait un certain charme. Nova chassât immédiatement cette pensée de son esprit. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de le trouver séduisant dès qu’elle croisait son regard, et ses sublimes yeux bleus. Déjà quand il avait été jeune, c’est cela qui lui avait plus. Elle ne supportait pas l’idée qu’il lui faisait encore de l’effet. Mais son teint blanc se rougit légèrement, ce qui la trahissait. Heureusement, Eustache ne remarqua rien.

« Normalement, les nécrophages, comme les goules, quand ils dévorent leurs victimes, ne mangent pas les os, au mieux, ils les rongent ou les broient. Regarde aussi ces photos. » Il lui tendit un lot de photo des corps mangés. « Tu vois les marques que les dents ont laissé sur le corps? Ce ne sont pas de marques de coupures, mais de scie… »

« _La créature aurait…scié les membres de ses victimes… »

« _Oui. En fait, je ne suis pas sur que la créature mange ces victimes, je pense plutôt qu’elle avale certaines parties de son corps… »

Novgorod fut surprit. Comment une créature pouvait avaler une chose aussi longue comme une jambe, ou aussi gros comme une tête.

« _Explique le fond de ta pensée… » lui demanda-t-elle.

« _Bon. La nécrophagie existe chez les créatures de légendes, mais c’est rare. En Europe, on n’a pas ce genre de créature. On a exclut les goules. D’après les rapports et ces analyses, le vampire et notre créature n’ont pas de lien. Je ne crois pas qu’ils travaillent ensemble. En fait…je dois t’avouer que je suis sans voie sur cette affaire. »

« _Toi ? Et hé bé, c’est bien la première fois que je te vois buté sur un problème de ce genre. »

« _Non, j’ai déjà eu un problème similaire : toi. »

Un grand froid s’installa dans la bibliothèque. Novgorod, debout derrière le professeur, le prenait de haut. Eustache avait pris un air désolé. Il voulu poser sa main sur son bras pour lui faire comprendre qu’il ne voulait pas la blesser. Mais elle se recula.

« _Ca fait toujours plaisir d’être un cobaye…. » lui cracha-t-elle à la figure.

« _C’est pas ce que j’ai voulu dire… »

« _Ha oui ? Et qu’est-ce que tu as voulu dire ? Te fous pas de moi ! »

« _Mais je ne fous pas toi ! Bien sur que je t’ai étudié quand tu es arrivée ici. N’importe quel Encyclopédie l’aurait fait. La différence entre un autre et moi, c’est que nous étions amis. »

« _Ha ! Amis ? Ta conception de l’amitié est très spéciale ! »

« _Tu vas pas encore remettre ça sur le tapis ? »

« _ Si ! Tu m’as lâché comme une merde ! Aucun ami digne de ce nom n’aurait fait de telle chose ! Tu crois peut-être que ta petite intervention à la salle de sport va changer les choses ? Estime déjà heureux que je reste ici pour te dépanner !

« _Pour me dépanner ? Tu exagères ! »

La conversation s’envenima très vite. Les noms d’oiseaux fusèrent. Il n’y avait aucun fil conducteur dans leur dispute. Chacun reprochait des choses chez l’autre sans vraiment aller au but. Ils éludaient volontairement les événements qui les avaient mis en froid. Eustache, fatigué par les heures de travail, à laquelle s’ajoutait la colère, ne se sentait pas bien.

Soudain, la grande porte de la bibliothèque s’ouvrit. Novgorod et Eustache cessèrent alors de se disputer. Le docteur Rat apparut alors dans l’encadrement.

« _Mais qu’est-ce que vous faites là tous les deux ? Vous avez vu l’heure ? »

Les deux intéressés le regardèrent surpris. Novgorod n’avait pas de montre, elle n’avait pas donc pas fait attention au temps qui passait. Eustache, lui, avait tellement absorbé dans son travail qu’il n’avait pas non plus prit garde aux heures qui s’écoulaient. Il était 11h45 du soir. Malgré les exercices physiques et la baston de ce matin, Nova n’avait pas ressentit de fatigue. L’excitation de plancher, à nouveau, sur des dossiers tel que celui là, lui avait fait oublier son épuisement. Il avait du arrivé la même chose au professeur.

« _On ne vous a pas attendu pour manger. Kureno nous a dit que vous étiez là lors du repas. On vous a laissé des parts dans le micro-onde. »

« _Désolé Claude, mais nous n’avons pas vu le temps passé. Merci de venir nous prévenir. » lui répondit le professeur. Celui-ci était surtout heureux que son ami est pu mettre un terme à sa dispute avec Novgorod. Cette dernière paraissait également soulagée. Même si c’est souvent elle qui les déclanchait, la jeune femme n’aimait pas de prendre la tête avec Izzy.

« _Je dérange peut-être ? » demanda le médecin, voyant que ses deux interlocuteurs parlaient peu et qu’ils semblaient gênés.

Nova et Eustache répondirent en cœur non. Ils échangèrent un regard de surprise.

« _Ca me gave ! J’vais me coucher ! » S’exaspéra la jeune femme.

Le professeur aurait bien voulu la retenir mais cela lui aurait probablement valu une baffe. Il s’abstint. De plus, il ne se sentait pas très bien, une nouvelle altercation risquait de provoquer un malaise.

Novgorod était sur les nefs. Le son de ses pas résonnaient dans le couloir tant ses pieds heurtaient violement le sol. Pourquoi est-ce que chaque fois qu’elle discutait avec Eustache cela tournait au vinaigre. Elle s’en voulait aussi après elle : pourquoi le trouvait-elle toujours charmant. Cette pensée l’horripilait.

Alors qu’elle tentait de chasser ces pensées de son esprit, un cri retentit dans le couloir. On criait son nom.

C’était le docteur Rat qui l’appelait.

« _Novgorod ! » hurlait-il. « Venez vite ! Eustache a un malaise ! »

Le sang de Novgorod se glaça. Elle prit peur. Comme il était mourant, elle cru qu’il partait. Elle retourna aussi vite que possible dans la bibliothèque. Un frisson lui parcourut l’échine : Izzy se trouvait étendit sur le dos, au sol. Il respirait avec difficulté. Le docteur était accroupi à ses côtés, il tentait de le relever.

Elle courut vers eux à grandes enjambées. A l’aide d’une glissade, elle se mit à genoux près du médecin.

« _C’est-ce qu’il a ? » demanda-t-elle avec inquiétude.

« _Je ne sais pas. C’est la première fois qu’il fait une crise aussi violente. Il faut le mener à l’infirmerie d’urgence et le mettre sous respirateur. Aidez moi à le relever. »

« _Laissez… »

Nova écarta le docteur. Elle passe un de ses bras sous les épaules du professeur, qui suffoquait, et le second sous ses genoux. Puis, comme si le vieil homme n’était rien d’autre qu’un sac de plume, elle le souleva avec facilité. Claude fut surprit, il ne s’attendait pas à ce que la jeune femme ait autant de force. La scène aurait presque mérité une photo : généralement on voit les demoiselles dans les bras de beaux et forts garçons. Là c’était tout l’inverse.

D’un petit coup d’épaule précis, elle plaça la tête du professeur contre sa poitrine. Dès qu’elle fut sûr de la tenir correctement, suivit du docteur, elle courut à toute vitesse jusqu’à l’infirmerie. Claude eut du mal à la suivre. Elle allait à une allure folle, malgré qu’elle porte un homme.

Une fois à l’infirmerie, elle le déposé sur la table d’auscultation. Le professeur avait toujours du mal à respirer. Son visage était blanc. Nova attrapa le ballon pour la respiration artificielle. Elle posa le masque sur son visage et commença à pomper.

Quand le médecin arriva, il sourit à la scène. Novgorod et Eustache avaient beaux se disputer ses arrêts, Claude voyait bien qu’il y avait quelque chose entre eux.

« _Laissez Novgorod, j’ai bien mieux. »

Il tira un grand appareil sur roulette. Un masque, semblable à celui du ballon, était relié à un tuyau à la machine.

« _C’est un respirateur artificiel, bien plus efficace et moins fatiguant que ton ballon. »

La jeune femme fut étonnée. Les machines qu’elle avait connues étaient bien différentes de celle là. Les choses avaient bien changé en trente ans. La salle de contrôle avait bien changé, et l’infirmerie également.

Dès que le professeur fut mis sous respiration artificielle, Claude lui fit une injection.

Eustache, à moitié conscient, attrapa la main de Novgorod. Celle-ci aurait voulut la retirer, mais elle n’eut pas le cœur à la faire. Ce n’était pas correct d’être désagréable avec un malade. Elle poussa un soupire. Son teint blanc se colora légèrement.

Le docteur lui donna une chaise pour qu’elle puisse s’asseoir, ce qu’elle fit.

« _Assit toi. Je vais l’examiner. Mais avant, je fais lui faire une injection pour l‘endormir.»

Tout en auscultant son ami, Claude et Nova discutèrent.

« _Dites moi docteur, il ne prend pas de traitement ? »

« _Il ne veut pas… Comme vous le savez sûrement, il n’aime pas les médicaments. »

« _Quel con ! »

« _Je pense qu’il devrait passer la nuit ici sous respirateur. Si vous croisez Kureno demain matin, il ne faudra pas lui parler de ce qui c’est passé. Eustache ne veut pas qu’il sache qu’il est malade. Celui lui ferait trop de peine. »

« _Bien. »

Le professeur s était endormi. Nova desserra les doigts de sa main, puis la déposa sur le bord du lit.

« Bon, je vais me coucher. Bonne nuit docteur. »

« _Bonne nuit Novgorod. »
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 25 Déc - 21:35

Le … Avril 1963.



Bien que l’on sache que certaines choses doivent arriver, quand elles nous frappent, elles nous font tout de même souffrir…

Maître Taro…nous a quitté…il y a déjà trois jours de cela. Je n’avais pas encore trouvé la force d’écrire cette tragédie dans ce journal.

Mais je dois rapidement faire disparaître cette tristesse et mettre fin à mon deuil. Les responsabilités qui m’incombent maintenant sont énormes. Du haut de mes vingt ans, je dois gérer, seul, tout le système de renseignement des Yggardiens.

Je me sens perdu…Serais-je capable de remplir les missions qu’on me confiera…Serais-je à même de reconnaître les créatures de légendes lorsqu’elles se manifesteront ? Conseillerais-je les meilleures armes pour les affronter ? Je ne veux pas me sentir responsable de la mort d’Yggardiens…Comment Maître Taro faisait-il pour supporter le poids de ces mort ?…

Pourrais-je changer une partie du fonctionnement des Yggardiens ? Faire en sorte que les créatures de légendes ne soient plus traitées comme du détail ?

Ha toutes ses questions me donnent mal à la tête. Elles se bousculent dans mon esprit…De plus, les paroles de la Pythie me hantent encore…
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 25 Déc - 21:36

Chap. 08



Il était près de dix heures du matin alors que Novgorod s’éveilla. Elle s’étira de tout son long, ce qui dégagea la couverture pleine de paille. Depuis que sa jument était arrivée, elle dormait dans son écurie. Elle s’était confectionnée une sorte de lit avec les fagots de paille. La couverture polaire lui tenait chaud la nuit. Il faut aussi dire que le froid, elle connaissait bien. D’ailleurs, elle n’y était pas très sensible. Son premier réflexe fut de jeter un coup d’œil à sa compagne chevaline. Elle semblait bien. La jeune femme était pressée qu’elle mette bas.

Une fois debout, elle lâcha ses longs cheveux noirs qu’elle secoua et frotta frénétiquement dans le but de faire tomber à paille qui s‘y était accroché.

C’est alors que son estomac cria famine. Elle n’avait pas mangé depuis hier.

Dès qu’elle fut au Manoir, elle se précipita dans la cuisine. Bien que ce ne soit pas dans ses habitudes de déjeuner, les appels désespérés de son ventre la poussa à faire une exception. Elle se fit une grande tasse de thé spécial matin, se fit griller plusieurs tartines avant d’y étaler une épaisseur considérable de fromage à tartiner.

Une fois son petit déjeuné avaler, elle prit une pomme. Elle aimait bien grignoter ces fruits durant la journée.

Sa pomme à la main, elle se rendit dans le grand hall. Il était vide. Novgorod eut une impression de solitude. Un horrible silence y régnait. Pendant un court instant, elle se crut dans un film horreur.

Ce calme la surprit également. Avec Kureno, qui était encore un adolescent mentalement, dans la maison, elle ne comprenait pas qu’il ne fasse pas X sport dans les couloirs, ou que sa musique ne fasse pas trembler les murs. Peut être dormait-il encore ?

Comme elle n’avait pas finit son travail de la veille, Nova décida de se rendre à la bibliothèque. Mais avant, une pose pipi s’imposait. Elle se rendit dans le logement qu’on lui avait préparé à l’étage, comme chaque agent spéciaux. Elle pourrait aussi en profiter pour faire un brin de toilette et changer de vêtements. Dormir dans les écuries donnait à ses habiles un doux fumet.

La chambre qu’on lui avait préparée était encore dans la pénombre lorsqu’elle y pénétra. Depuis son arrivée, elle s’y était peu rendue, si ce n’est pour dormir. Dans ce contexte, elle n’avait pas pris la peine d’ouvrir les volets.

Elle n’alluma pas la lumière. Le peu de luminosité lui permit, une fois la porte refermée, de se rendre dans sa petite salle de bain. Novgorod n’avait pas des yeux humains. Elle pouvait dilater ses pupilles, comme les chats. Cela lui permettait de voir dans les endroits sombres.

Par de petits bons, elle enjamba ses valises puis pénétra dans sa salle de bain.

Une baignoire, une cabine de douche, un lavabo et un cabinet de toilette organisaient la pièce. Nova aurait bien aimé un bain, mais cela prendrait trop de temps. Elle s’assura d’avoir des serviettes de toilettes propres, se dévêtit et pénétra dans la douche.

Très vite, une douce fumée chaude se rependit dans la pièce. La jeune femme aimait le contact avec l’eau, encore plus si celle-ci réchauffait sa peau constamment froide.

Nova ne s’attarda pas. Elle profiterait de l’eau chaleureuse un autre jour. Le but de cette douche rapide était de la débarrasser de l’odeur des écuries.

Propre, dans des vêtements tout aussi propres, une montée de motivation gagna Novgorod. C’est d’un pas joyeux qu’elle sortit de sa chambre. Mais son emballement lui dégringola dans les chaussettes à l’instant même où elle mit un pied hors de la pièce. Son cœur fit un bond dans sa poitrine quand elle évita de justesse la Pythie.

La mancienne grecque se tenait, droite comme un piquet, devant la porte de la chambre. La bouche entrouverte, elle avait l’air idiote. Ses cheveux en bataille, sa robe ancienne et son attitude générale ne faisaient qu’augmenter cette impression.

« _Tu m’as fait peur ! » soupira Novgorod.

La Pythie ne lui répondit pas. De toute façon, la jeune femme ne s’attendait pas à une réaction de la part de son interlocutrice.

Nova contourna la mancienne pour se rendre à la bibliothèque. L’oracle ne bougea pas. Elle semblait comme pétrifiée. Mais Novgorod ne s’en inquiéta pas plus. La Pythie se comportait toujours de manière bizarre.

Quand la jeune femme fut près des escaliers, la mancienne sortit de sa latence et cria : « Vous allez vous casser la gueule ! »

Novgorod se retourna en poussant un petit « hein? » car elle n’avait pas bien entendu ce que cette dernière lui disait. A ce même moment, elle loupa la première marche du grand escalier. Basculant en avant, sa tête plongea en avant et son corps suivi. En quelques factions de seconde, elle était en bas de l’escalier.

« _Connasse de Pythie de Merde ! » pensa-t-elle, étalée au sol.

Tous ses membres étaient endoloris. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas pris une telle gamelle.

Doucement, elle se releva en repoussant les cheveux qui lui tombaient sur le visage. En passant une de ses mains sur son front, elle sentit quelque chose de froid. Elle porta ses doigts à son regard : ils étaient couvert de sang. En tombant, sa tête avait dû violement heurter une marche et son arcade sourcilière droite avait explosé.

Le hall était encore désert. Nova se demandait si tout le monde n’avait pas été gazé…

Une fois sur pieds, tout en continuant de vociférer des injures et autres insultes en russes, sa langue maternelle, elle prit la direction de l’infirmerie.

C’est avec sa délicatesse naturelle que Novgorod ouvrit la porte du lieu de soin.

« _Docteur, je crois que je me suis… »

La jeune femme finit sa phrase par un hurlement. Par réflexe, elle se cacha les yeux avec sa main et se retourna.

Assis sur le bord de la table d’auscultation, le professeur était torse nu. Le docteur était en train d’écouter son cœur avec son stéthoscope. Les deux hommes affichaient une expression de surprise. L’entrée bruyante de Nova les avait stoppé dans leur occupation. Claude retira son instrument du buste de son patient et héla la demoiselle.

« _Oui Nova, qu’est-ce qui vous arrive ? »

Gênée, elle balbutia trois ou quatre sons aphones avant de pouvoir dire que son arcade sourcilière droite avait explosé.

« _D’accord, mais je crois que je n’ai plu de strip…je vais devoir aller en chercher dans la réserve. Je reviens. »

Il quitta la pièce.

Une ambiance très embarrassante s’installa. Le silence régnait. Le professeur, toujours assis, saisit sa chemise, lentement. Nova, toujours le dos tourné, ne savait quelle attitude prendre. Elle sentait son sang froid couler le long de sa main et sur sa paupière fermée. Elle la retira de ses yeux. Sans regarder derrière elle, Nova chercha quelque chose pour s’essuyer. Ne trouvant rien à sa portée, elle se risqua à jeter un coup d’œil dans la direction du professeur.

Lui aussi avait le dos tourné. Il était en train de se rhabiller.

« _Tu sais, tu peux te retourner. Ce n’est pas comme si tu ne m’avais jamais vu à moitié dénudé. » dit le professeur, se sentant observé.

« _Certes, mais serais-tu assez aimable pour m’épargner cette vision d’horreur. » répondit-elle avec agacement.

« _Merci… »soupira ce dernier, avant de reprendre « Cependant, tu disais pas ça il y a trente ans… »

« _Y à trente ans j’étais conne… »

« _A ce petit jeu là, on peut aller loin…tu as toujours été…conne. » ironisa le professeur, réticent à utiliser le même mot vulgaire que son amie.

Novgorod poussa un petit ‘quoi’ suraigu. Elle fit volte-face.

« _Je ne te permets pas de me traiter de conne ! » s’offusqua-t-elle.

« _C’est toi qui l’a dit en premier. » s’amusa le professeur. « Il y a des compresses dans le tiroir si tu veux. Cela pourrait éviter que tu inondes le plancher de ton sang. »

Novgorod fit une grimace d’énervement, puis se dirigea vers le meuble où se trouvaient les compresses. Il n’en restait plus guère. Elle inspecta les autres tiroirs, mais ils étaient vides.

« _Putain, y a rien dans cette infirmerie à la con… » s’énerva-t-elle.

« _Il y aurai eu plus de chose si tu n’avais pas expédié la moitié de nos effectifs ici. »

« _C’est pas ma faute si la moitié des effectifs de cette caserne sont cons ! »

« _Tu n’as que ce mot là à la bouche ? »

« _Quoi ? »

Le professeur ne tenta pas de poursuivre la conversation. Il connaissait trop bien Novgorod pour savoir que cela ne servait à rien de tergiverser sur son vocabulaire.

La jeune femme avait ouvert plusieurs compresses qu’elle appuyait contre sa blessure. Elle s’avachie sur la chaise du docteur, situer derrière le bureau.

« _Qu’est-ce qui t’ais arrivé ? » lui demanda-t-il un signalait du doigt, sur son propre visage, la blessure.

« _J’me suis cassée la gueule dans les escaliers. »

Le professeur la regarda avec de grands yeux. Ce n’était du tout le genre de la jeune femme de trébucher sur les marches. Nova remarqua le regarde étonné du professeur. Elle leva les yeux vers le ciel pour lui faire comprendre qu’elle ne voulait pas parler. Eustache ne détacha pas pour autant son regard. Il savait qu’elle n’avait pas qu’on la regarde trop intensément. De plus, à la vue de leur mésentente, il savait qu’elle craquerait vite.

« _Ha c’est bon ça va !! C’est à cause de cette conne de Pythie et ses prédictions à la con ! »

« _Bienvenue au Club… »

« _Toi aussi tu t’es casser la gueule ? »

« _Tout le monde est un jour tomber à cause d’elle. » dit en rigolant le professeur.

L’ambiance est plus détendue. Le fait de discuter, calmement, des petits malheurs que causaient la Pythie, avait presque fait disparaître tout la gêne et la tension.

Nova, toujours assise, sur la chaise, continuait de tenir les compresses contre son front. Cela n’empêchait pas le sang de couler sur son visage et sur le sol. Un large sourire illuminait son visage. On pouvait alors distinguer ses petites canines proéminentes sur sa mâchoire supérieure. Rien de très ostentatoire. Celui qui savait qu’elle arborait cette dentition le remarquait à chaque fois qu’elle montrait les dents. Cependant, si l’on ignorait que Novgorod avait cette particularité, on pouvait aisément ne rien voir.

Eustache était heureux de voir qu’il pouvait discuter aimablement avec Novgorod - il ne comptait pas ses heures de travail avec elle comme « discutions aimables ». Les sourires répétés de la jeune femme lui apportaient un immense réconfort. Cependant, une pointe de nostalgie vint moduler son plaisir. Il lui restait si peu de temps à passer en sa compagnie. Arriverait-il aussi à lui dire son ressentiment vis-à-vis de l’événement qui les avaient séparé ?

Le docteur finit par revenir avec les strips. Son retour fit réapparaître la sensation de gêne. C’était comme si Novgorod et Eustache se sentaient honteux de s’être adresser la parole. Claude remarqua que son retour avait changé le comportement de ses deux amis.

Le professeur voulut profiter de la situation pour s’éclipser. Il estimait avoir passer assez de temps à l’infirmerie. Mais le toubib ne l’entendait pas de cette oreille. Novgorod mit aussi son grain de sel pendant que Claude nettoyait et pensait son arcade blessée. Et une fois de plus la conversation dégénéra.

Le docteur ne cessait de rouler des yeux en les entendant se chamailler. Il en eut finit rapidement avec sa patiente. Cette dernière ne mit pas une seule seconde pour quitter la pièce avec autant de fracas que lorsqu’elle était entrée.

« _Je vais finir par croire que c’est viscéral ! Vous ne pouvez pas être l’un en face de l’autre sans vous traiter de tous les noms d’oiseaux possibles et imaginables. » fit remarqué le médecin.

« _C’est elle qui a mauvais caractère ! » rétorqua-t-il avec violence.

Ce eut pour effet de faire naître une douleur dans sa cage thoracique. Claude le fit s’allonger.

« _Respire calmement. »

Il reposa son stéthoscope sur le torde de son patient.

« _Bon. Je pense que ça devrait aller. Je sais que tu ne veux pas de médicament, mais prend au moins ça. » Il tendit un petit inhalateur à son ami. « C’est de la ventoline. Les asthmatiques s’en servent pour dilater leurs poumons. »

« _Mais je suis pas asthmatique. »

« _Certes non, mais cela devrait t’éviter de tomber dans les pommes. Novgorod et moi ne seront pas toujours là. »

C’est presque à contre cœur qu’Eustache prit l’inhalateur. Il regarda le petit engin avec un air septique. Il finit par le glisser dans la poche de sa chemise.

« _Bon, je peux m’en aller maintenant ? » demanda-t-il avec un air exaspéré.

« _Non. Je crois que toi et moi avons une petite discussion à avoir au sujet de la belle jeune femme qui vient de partir. »

Le professeur se crispa. Il ne voulait pas parler de cette histoire avec une tierce personne, surtout après les événements de la salle de sport. Ce problème personnel ne regardait que lui.

« _Je n’ai rien à te dire à ce sujet. J’ai du travail à faire alors si tu le veux bien, je vais te laisser. »

« _Eustache, franchement, tu crois vraiment que ces gamineries sont de ton âge ? Tu la bouffes du regard du matin au soir, mais tu passes tes journées à t’engueuler avec elle. Je ne sais pas ce que tu as fais comme bêtise, mais va t’excuser ! » s’énerva Claude.

« _Tu m’ennuis ! » rétorqua le professeur.

Il se leva d’un bond, contrarier par cette conversation.
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 25 Déc - 21:37

Le … Août 1963,



Je suis submergé de travail. C’est un vrai miracle si je trouve une once de temps pour écrire dans ce journal.

Les réformes que je suis en train de mettre en place au sein des Yggardiens passent mal auprès de l’administration général. L’idée d’utiliser des êtres de légendes comme agents de terrain ne les enchantent guère. J’ai déjà réussis à faire sortir la Pythie de sa prison. Elle hère dans les couloirs du Manoir comme une âme en peine. Elle parle un peu plus aussi : elle fait, ce que j’aurai tendance à appeler, des micro-prédictions. C’est-à-dire qu’elle nous prédit des choses qui vont arriver dans les minutes suivantes. Je ne suis fais avoir hier : je suis tombé dans les escaliers. Et depuis qu’elle est sortit de sa cellule, je ne suis pas le seul à avoir vécu cette mésaventure. J’espère juste que le grand patron ne soit pas une des «victimes » à ajouter au compteur.

Sinon, je ne sais que faire avec le pénitencier. Les créatures qui y sont enfermées sont très dangereuses. Les relâcher serait pure folie.

Par contre, il semblerait que mon approche « psychologique » des créatures de légendes porte ses fruits. En essayant de comprendre les raisons qui poussent ses êtres à se manifester, nos rapports avec eux ont changé. Par exemple, il y a quelques jours, un groupe de thérianthrope a prit contact avec nous. Visiblement, il souhaiterai me rencontrer…

Les thérianthropes étant systématiquement abattu - comme le préconisait Maître Taro -, je pense qu’ils sont du mal à concevoir que les Yggardiens changent de méthode.

Sinon, j’ai reçu une lettre de mes parents. Ils ne sont pas contents. Ils n’aimaient pas les études que je faisais certes, mais quand ils ont appris que j’avais quitté la faculté, ils ont hurlé.

Je m’égosille à leur expliquer que le métier que j’exerce actuellement est des plus brillant - et fort bien payé -,mais ils ne veulent rien savoir. Ils exigent mon retour en Angleterre. Et cela, il en ai hors de question.

Ce que je fais ici, bien que cela m’épuise, est au delà du rêve. Même enfant, je n’aurai pas imaginer, qu’un jour, j’eue la possibilité de faire un métier aussi proche, c’est le cas de le dire, des mythes et des légendes.
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 1 Jan - 15:31

Chap. 09


Novgorod avait regagné la bibliothèque où elle s’était remise à travailler. Elle avait cependant du mal à se concentrer sur ses livres. Il lui arrivait de relire plusieurs fois la même page pour enfin comprendre de quoi il retournait. Ses pensées étaient encore encombrées par la dispute qu’elle avait eut avec Eustache. Pourquoi était-elle incapable de tenir une conversation normale avec lui ? Certes, elle lui en voulait de l’avoir laisser tomber, il y a trente ans. Cependant, il avait prit sa défense lors de l’affaire dans la salle de sport. Sa maladie, et son besoin d’avoir quelqu’un auprès de Kureno, devaient le forcer à se montrer aimable. Non…il y avait quelque chose d’autre. Elle se sentit rougir. Ha! Non, il fallait qu’elle chasse ces idées de son esprit.
Son travail, elle devait se concentrer sur son travail.
D’un revers de bras, elle balaya tous les ouvrages qui se trouvaient proches d’elle. Les livres tombèrent à terre dans un grand fracas. Nova enfouit sa tête dans ses mains. Sa yourte, les vastes landes vertes, les troupeaux de mouton à laines blanches qui bouffaient ses vêtements qui séchaient, ses chevaux qui galopaient aussi vite que le vent…Tous cela lui manquait affreusement…
Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas qu’Eustache l’avait rejoint. En entrant dans la pièce, il avait remarqué les livres dispersés en vrac à ses pieds. Cela, plus la position d’exaspération de la jeune femme, lui fit comprendre qu’elle était mal. Plusieurs fois dans la passé, elle avait adopté cette position pour signifier son mal-être.
Le professeur sentit son cœur se serrer. Il savait qu’il devait être le malaise de son amie. Il aurait voulu la réconforter. Seulement, elle risquait de ne pas apprécier. Il s’en voulait. C’était sa faute si elle se sentait mal. Il fallait absolument, c’était essentiel, qu’il trouve la force de parler avec elle, de s’excuser.
C’est sans bruit qu’il la rejoint vers le bureau où elle s’était installée. Dès qu’il fut à ses côtés, il voulu lui posé le main sur l’épaule, pour lui signaler sa présence et en signe de réconfort. Son cœur se pinça quand il s’apprêta à lui toucher la clavicule.
« _Qu’est-ce que tu m’veux ? » le stoppa-t-elle dans son mouvement.
Embarrassé, lui dissimula ses mains dans son dos, pour faire comme si de rien n’était. La jeune femme avait sentit sa présence. Elle n’avait même pas prit la peine de lever la tête.
_Heu…rien » fit-il gêné. « Je suis venu pour travailler. Tu as pu avancer? »
« _Niet ! Cette histoire me dépasse. C’est hors de mes compétences. » avoua-t-elle avec un air désolée, en relevant la tête.
« _Cette affaire me dépasse aussi. Il va donc falloir que l’on redouble d’effort ! On ne peut pas se permettre de laisser courir une créature dont on ignore visiblement tout. Si tu veux arrêter de travailler sur cette affaire, je comprendrais. »
Novgorod se sentit vexée.
« _Tu crois que je suis pas assez compétente pour ça ? »
« _C’est pas ce que j’ai voulu dire ! Arrête de tout prendre mal ce que je te dis. »
Le professeur essaya de lui expliquer calmement pourquoi il avait dit cela. Elle n’avait pas envie d’être en sa compagnie, il proposait de lui épargner la peine de le supporter. De plus cette affaire était complexe. Bien qu’une aide était toujours appréciable, vu le peu d’information, concrète pour mettre un nom sur la créature, Eustache préférait être seul.
Novgorod ne l’entendait pas de cette oreille. Si un jour elle devait effectivement prendre sa place, il fallait bien qu’elle s’habitue à son nouvel emploi.
C’est sans surprise que la conversation vira en engueulade. D’ailleurs, ils se reprochèrent mutuellement de ne pouvoir tenir une discussion correcte sans que cela ne dégénère. Leurs cris et hurlements résonnaient dans toute la bibliothèque. Jamais ce lieu n’avait du connaître autant d’agitation. Le brouhaha que le professeur et Novgorod produisaient devait s’entendre dans presque tout le manoir.
Soudain, un bruit, encore plus fort, les interrompit. C’était de la musique.
La jeune femme bondit presque de sa chaise en entendant les notes et leurs clameurs d’un chanteur ayant probablement trop usé de la cigarette. Elle ne pensait pas qu’une telle musique pouvait ainsi raisonner dans le Manoir.
Izzy roula des yeux avec un rictus d’exaspération. Pourtant, au fond de lui, il était heureux : ce surplus de décibel avait écourté sa dispute.
Cet excès de bruit n’avait qu’une signification : Kureno était réveillé.

Le professeur avait laissé son amie dans la bibliothèque. Il ne pensait pas la voir à son retour mais cela lui importait peu pour le moment. Son seul objectif dans l’immédiat était de stopper la musique de sauvage de son fils. Ce n’était pas la première fois que le jeune dieu faisait rugir sa sono. Izzy allait devoir prendre des sanctions, sans quoi, les hurlements du chanteur pourraient bien devenir le fond sonore de la maison.
Arrivé devant la chambre de Kureno, Eustache se demanda comment ce dernier pouvait supporter un volume sonore aussi important.
Comme la dernière fois, le jeune dieu semblait en transe, bondissant de partout, en jouant de la air-guitare.
Les cheveux alezans du jeune homme volaient dans tous les sens, au rythme des sauts et des gesticulations sa tête. Son bras droit remuait dans tous les sens, grattant les cordes invisibles d’une guitare tout autant invisible.
Encore en pyjama, un caleçon - d’une propreté douteuse - ainsi qu’un vieux T-shirt -également d’une propreté douteuse, Kureno n’avait pas encore ouvert les volets de sa fenêtre. La seule lumière qui éclatait la pièce était celle de la lampe de chevet. Une horrible odeur de chaussettes sales et de renfermé empestait la chambre.
Un élan de colère s’empara du professeur. Il avait ordonné à son fils d’aérer ce taudis, puis de le ranger. Il aurait voulu hurler à Kureno d’arrêter ce brouhaha, mais la musique était si forte qu’il ne s’entendait pas parler lui-même.
Le professeur opta pour une solution radicale. Il pénétra dans la chambre. D’un coup sec, il arracha la prise de courant de l’appareil infernal. Le calme revient à la seconde même où le courant eût cessé d’alimenter la chaîne Hi-Fi. Comme si Kureno avait aussi été relié au courant électrique, celui-ci cessa de sauter dans tout les sens, laissant tomber sa guitare invisible.
« _Mais Papa…. »
« _Qu’est-ce que je t’avais dis ? » rugit Eustache.
« _Heu… d’aérer et de ranger mon taudis ? » répondit-il d’un air doux et innocent.
« _Et tu attends quoi pour le faire ?! Que les poules aient des dents ?! »
« _Mais j’ai fait ce que tu m’as dit ! J’ai juste remit du bazar depuis. » sourie t-il.
« _Range de souk immédiatement ! Et aère cette chambre !! Même une porcherie sent meilleur ! Et je ne veux plus jamais, plus jamais, entendre ta sono à fond dans cette maison ! Si je dois te le dire encore une fois, je te la confisque ! Est-ce que j’ai bien été claire ? »
« _Oui papa… » soupira-t-il. « Mais honnêtement, c’est ta faute si j’ai mis la musique à donf ! » rétorqua-t-il, arrogant qu’il était.
« _Ma faute ? » s’étonna le professeur.
« _Oui, ta faute. Ce sont tes hurlements et ceux de Novgorod qui m’ont réveillé ! »
Eustache se sentit idiot. Il ne s’était pas rendu compte qu’ils avaient fait autant de bruit.
« _Tu as vu l’heure qu’il est ? Tu ne vas toute de même pas te plaindre ! Et cesse de chercher des excuses ! J’espère que tu m’as bien compris pour ta chaîne. »
« _Oui papa… » soupira-t-il une nouvelle fois.

De retour dans la bibliothèque, Novgorod lui sauta presque dessus.
« _Et pourquoi pas un Wendigo !!! Les Wendigowak sont êtres cannibales à la base ! Proche des loups-garous ! »
Mais le professeur ne la laissa pas finir son argumentation. Pour lui, cela n’était pas possible. Les traces de morsures, ou de coupures des corps, ne correspondaient pas aux marques des dents de ces créatures. Ensuite, il était persuadé que les membres étaient « gobés » par leur être mystérieux. Enfin, si un tel être suivant un vampire, il y aurait forcement eut confrontation.
« Putain t’es chiant ! A quoi ça me sert que je me casse le cul à chercher des solutions si tu as déjà des idées arrêtées !!! » s’emporta Nova.
« _Mes idées ne sont pas arrêtées, mais au point mort. J’ai eu toute la nuit pour ruminer notre affaire. » dit-il calmement, mais un peu tendu, de peur d’une nouvelle dispute. « Je te suis reconnaissant de ce que tu fais, n’en doute pas. Même si je sais que tu es compétente, il est normal que je résonne plus vite que toi sur ce genre d’affaire. C’est tout de même mon métier depuis plus de quarante ans. »
La jeune femme semblait bouder. Eustache voulu poser sa main sur l’épaule de sa camarade. Celle-ci s’écarta, retourna vers le bureau surchargé de livres et s’affala comme une vache sur la chaise. Elle poussa un soupire d’exaspération tout en passant ses deux mains sur son visage. Elle témoignait ainsi de son raz le bol.
Le professeur se sentit peiné. Novgorod m’était toute la bonne volonté du monde à travailler avec lui alors qu’elle se sentait mal en sa compagnie. Une fois de plus, il se sentit coupable. Il prit alors une décision : il lui parlera ! Cette vague de courage l’enhardit ! Mais il réfléchit à la manière d’aborder le sujet avec son amie, son moral retomba dans ses chaussettes.
Il poussa un soupir, puis il rejoignit la jeune femme au bureau. Il s’installa à ses côtés. Son cœur fit un bond dans sa poitrine : essayait-il de lui parler maintenant. La mine renfrognée de Nova l’en dissuada.
« _Ecoute, je pense qu’il n’y a plus grand-chose à faire pour le moment. Je dois juste consigner les conclusions auxquelles nous avons aboutie. Si tu veux aller te détendre, il n’y a pas de soucis. »
Novgorod poussa un soupire d’exaspération.
« _J’peux ranger les livres ? » demanda-t-elle un peu agacé.
Eustache la remercia.
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 8 Jan - 14:49

Le … Septembre 1964.



Tiens ! Découverte, ou redécouverte, fortuite de ce carnet. Je l’avait perdu…Je me demande bien comment, je suis plutôt du genre soigneux et ordonné … En fait, c’est idiot, mais je l’avais coincé dans un livre. Puis j’ai rangé le livre avec mon carnet….
Cela fait plus d’un an que je n’ai rien écris ici.

Depuis mon dernier écrit, les choses ont relativement bien évolué. Si la hiérarchie est encore réticente à voir des êtres de légendes au sein des Yggardiens, les hommes ; …enfin les hommes, les hommes…il y a aussi des femmes, mais je ne sais quel autre terme employé… ; sont plutôt emballés par cette idée. Déjà, ils ont une très grande estiment pour moi. Depuis que j’ai imposé que l’on recherche les causes de l’apparition d’un être de légende avant de se frotter à lui, les morts en mission ont grandement diminué. Même constat chez les blessés….Les soldats partent plus sereinement en mission.
Mise à part ce idiot de Capitaine Thor Skallagrimsson…Ha cet homme…Une catastrophe…C’est bien l’un des seul personne de terrain à être farouchement opposé à mes idées. Pour lui, une créature de légende est une plaie dont il faut se débarrasser…Je ne cesse de m’opposer à lui ! Cela me mets toujours dans une colère …Ha ! Même avec mes parents, les disputes ne furent jamais aussi violentes. Tâchons ne pas trop parler cet individu que je ne supporte pas.

Sinon, en parlant de mes parents, ceux-ci sont toujours aussi peu enclins à accepter mon travail. Pourtant, je leur ai envoyé mes fiches de paye, je leur ai écris je ne sais combien de lettre -ainsi qu’a mon jeune frère -, j’ai même envoyé des photos du Manoir (alors que c’est interdit)…Rien n’y fait ! Tant que ma renommée ne sera pas, au minimum, mondiale, ils ne reconnaîtront jamais mon métier.

En relisant mes derniers écrits, je vois que je parlais des thérianthropes. En fait, ce que je nommais groupe est une Ligue ! Leur politique est de trouver un moyen de vivre en parallèle des humains. Cette organisation essaie de trouver et rassembler des thérianthropes pour les aider : les intégrer dans le monde humain, les aider à apprivoiser leur pouvoir de métamorphose (qui peut être très douloureuse), ou encore essayer de mettre hors d’état de nuire les individus dangereux. C’est grâce à cette Ligue que les Yggardiens ont peu de problème avec ce genre de créature.

Ha la la la…. Il s’est passé tant de chose depuis l’année dernière…Je ne peux pas tout retranscrire ici…Cela prendrait des heures ! J’aimerais bien aller sur le terrain un jour. Le capitaine Skallagrimsson n’est pas favorable à une « visite touristique »…
Je ne vais pas plus m’attarder pour ce soir. J’ai presque autant de travail que l’année dernière…Je n’ai pas eu de vacance depuis que je suis ici…J’espère tout de même que les choses changeront. Je ne tiendrai pas toute ma vie comme ça…
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 22 Jan - 16:38

Chap. 10


Novgorod avait laissé le professeur à ses occupations. Elle avait rejoint le complexe militaire pour faire un point sur son casier.
C’est anxiété qui la dominait quand elle pénétra dans le vestiaire. Après l’incident de la salle de sport, elle craignait que les « hommes » ne lui en veuillent. Quand elle entra dans la salle, quelque soldats se changeaient ou rangeaient leurs casiers. Ils ne dirent rien en la voyant, détournant leurs regards.
Les casiers n’étaient pas sécurisés par des cadenas ou des codes : le risque de vole était nul. Ils n’avaient rien à voir avec les casiers scolaires. Ils faisaient tailles humaines, organiser en plusieurs niveaux. La porte intérieure permettait d’accrocher certaines armes. Elle laissait aussi suffisamment de place pour une petite ornementation personnel : photos personnelles ou de pin-up, date d’anniversaire, miroirs…
Nova ouvrit le sien. Pas de décoration : tout avait été retiré à son départ. Elle ne pensait pas en remettre.
De grosses paires de rangers, une basse et quatre montantes, étaient soigneusement rangés en bas du casier. Ces nouvelles paires avaient du être placé ici sur recommandations du professeur. Il savait quel matériel elle utilisait pour les missions. Elle voulut tout de même s’assurer que les chaussures étaient bien à sa taille. Elle les sortit du placard, s’assit sur le banc qui faisait face à son casier. Tout en essayant ses rangers, elle jetait des coups d’œil discret aux autres personnes. Elle se risqua à quelques saluts polis, sans réponse. La tristesse vint habiter son visage : non seulement elle était en froid avec Eustache, mais elle s’était aussi mis à dos ses collèges de missions. Elle savait aussi que Kureno ne l’aimait guère. Un petit sourire vint quand même illuminer son visage triste : Dajan et le docteur étaient sympa et l’aimaient bien. Ce n’était pas beaucoup sur l’ensemble de la base, c’était mieux que rien, et encore mieux que quand elle avait mis la première fois les pieds ici, trente ans auparavant. A cette époque, le professeur était son seul soutient.
C’est avec plaisir qu’elle constata que les rangers lui allaient à merveilles ! Elle fit quelques longueurs dans le couloir, histoire de assouplir. Là encore, elle essaya de se montrer sympathique envers les autres. Nouvel échec.
Nova regagna son casier, la mort d’en l’âme. Ce n’est pas ce jour qu’elle se réconcilierait avec les soldats.
Soudain, elle entendit quelqu’un, une femme, ramener à l’ordre ceux qui n’avaient pas salué Nova.
« _Soldats ! » rugit la nouvelle arrivante. Les hommes, car il n’y avait que des hommes, se mirent au garde à vous. « On salut ses supérieurs quand on les rencontre ! »
Un « oui capitaine » raisonna dans les vestiaires. Puis un gigantesque « Bonjours miss Novgorod » retentit.
Les joues de la jeune femme rosirent face à ce salut quelque peu étrange et inattendu. Elle répondit timidement.
La responsable de salut atypique s’approcha de Nova. Elle était légèrement plus petite qu‘elle. Ses cheveux châtain clair étaient tirés en arrière, regroupés dans un chignon. La lumière qui se reflétait sur la sueur de son visage faisait ressortit ses yeux bleu-vert.
« _Capitaine Brynhildur Indriðason. » lui fit-elle avec le salut militaire. Puis elle lui tendit la main, moite. « Heureuse de vous rencontrer personnellement agent Novgorod. »
La jeune intéressée en reste bouche bée. Elles finirent par se serrer la main.
« _Vous pouvez me tutoyez vous savez… » dit bêtement Nova, ne sachant pas quoi répondre.
« _Bien, comme vous…tu veux… »
Les deux femmes discutèrent un moment. Le capitaine Indriðason travaillait très souvent avec les agents spéciaux. Leurs conversations restèrent professionnelles. Cependant, l’une et l’autre espéraient pouvoir apprendre à mieux se connaître. La soldat s’excusa aussi du comportement de ses hommes. Elle lui promit de les recadrer, mais qu’ils leur faudraient un peu de temps pour oublier l’événement de la salle de sport. Nova la remerciât.
Sur ce, elles se quittèrent.

Sur les étages supérieurs du casier, des survêtements de sport étaient soigneusement pliés. Novgorod trouva cela ridicule : ils allaient tous finir dans sa chambre…
Encore plus en hauteur, les armes : une paire d’automatique accompagné de leur recharge, ainsi de la ceinture pour les porter. Les balles étaient dîtes « standard » : comme celles des policiers. Elles ne permettaient pas de tuer les êtres de légendes, elles servaient surtout à mettre un maximum de distance entre la créature et le tireur. Quand les Yggardiens partaient en missions ils prenaient les balles en fonction de leurs adversaires, sauf bien sur quelques rares exceptions où l’être de légende n’eut pas été identifié.
Autre arme : un fusil à pompe. Ha ! Novgorod aimait ce fusil. Un bon coup bien placé et tout était plus facile. Cependant, cette arme était grande et assez chiante à transporter. Généralement, elle la portait en bandoulière dans le dos. Là aussi, les cartouches étaient standard.
Il manquait cependant son arme de prédilection. Normal puisqu’elle était dans sa chambre. Il faudra qu’elle la mène ici un jour. Cette arme, c’était son épée ! Mais pas une stupide épée que l’on pourrait trouver n’importe où : la sienne pouvait se transformer en fouet ! Quand Nova l’avait dans les mains, elle était comme l’extension de son bras. Le passage de l’épée au fouet se faisait selon sa volonté. Elle ignorait comment cela fut possible, mais ça marchait. Eustache avait analysé et étudier cette arme. Peu de chose était ressortit de son étude, mise à part le fait que l’épée n’était pas de ce monde. Il pensait qu’elle avait du être forgé dans un des huit autres mondes que reliaient Yggdrasil.
Comme dans tous les casiers, il y avait également une mini trousse de secours : une bande, un spray antiseptique, des pansements…. De quoi soigner les petits bobos des missions. La trousse était fournit à tout nouveau membre. C’était à eux de veiller à ce qu’elle soit régulièrement réapprovisionnée.
Il y avait aussi la place pour une toute petit penderie : seulement deux ou trois vestes ou pull pouvaient être pendu. Une longue veste en cuir noir usagée pendait. Elle lui appartenait. Les manches et le bas de la veste étaient esquintés, preuve de son usage répété.
Chaussures, armes et munitions, vêtements, trousse de soin… Rien de manquait.
Elle se posa sur le banc. L’ennui la gagna. Quelle vie pensa-t-elle. Cette pensée lui parut étrange vu son âge…
Machinalement, elle jeta un coup d’œil autour d’elle. L’horloge du vestiaire signalait qu’il était presque midi.
D’un bond, elle se leva : direction la cuisine. Mettre la table devrait l’occuper pendant quel instant.

Sur le chemin, Novgorod croisa la Pythie qui errait, comme à son habitude, dans les couloirs du Manoir. Un léger filet de bave pendait à sa bouche, ce qui lui donnait un air encore plus ridicule.
La jeune femme eut l’envie subite de se venger de la chute de ce matin. En un éclair, le croche-patte lui parut une bonne technique pour assouvir son désir de revanche. L’oracle n’utilisant pas ses yeux, ceux-ci recouvert par des bandages, il lui était facile d’accomplir son geste vil.
Lentement, les deux femmes se rapprochèrent. Un large sourire sadique illuminait le visage de Nova. Elle était persuadée de tenir sa vengeance. A l’instant où la Pythie passa à côté d’elle, Novgorod déboîta rapidement sa jambe pour que l’oracle s’entrave. Mais à sa grande surprise, sa victime fit un petit bond, esquivant le coup, et continua son chemin comme si de rien ne c’était passé.
Stupéfaite, Nova ne stoppa net. Sa bouche touchait presque le sol, ses yeux sortaient de leur orbite. Son étonnement fit vite place à de la frustration : si la Pythie avait esquivé son coup, c’est parce qu’elle l’avait vu, enfin vu à sa manière. Peine perdue pensa-t-elle.

Des bruits de vaisselles provenaient de la cuisine. Quelqu’un devait s’affairer à mettre la table, ou à ranger les assiettes et couverts propres. En arrivant devant la porte, elle jeta un coup d’œil discret dans la pièce. Eustache s’y affairait. La table était mise et le repas prêt.
Novgorod n’entra pas. Elle resta, tapie dans l’ombre du couloir, à regarder le professeur rangeant la vaisselle propre. En l’observant ainsi, elle revit les moments qu’ils avaient passé ensemble ; quand comme des adolescents, ils se battaient pour mettre la table, ou bien la débarrasser ; quand la corvée de vaisselle virait en bataille d’eau et que la cuisine finissait inondée.
Elle sentit alors ses joues rougir en même temps que la nostalgie qui l’envahissait. Elle le niait encore, refoulant ses pensées au fond elle-même : ce temps où ils s’entendaient si bien lui manquait. A cette époque, elle avait l’impression d’être quelqu’un de normal…Ces comportements ou aptitudes hors normes ne choquaient personnes, ne dérangeaient personnes.
Insidieusement, la rancœur qu’elle avait envers Eustache s’évanouissait. Mais la jeune femme, qui pouvait se montrer de très mauvaise fois, se forcerait pour conserver cette rancœur. Car c’était elle, doublé d’une haine injustifiée, qui lui avait permis de tenir le coup toutes ces années.

Perdue dans ses pensées, Novgorod ne fit pas attention au docteur. Ce dernier se tenait légèrement en retrait, observant la jeune femme qui, elle-même, observait une personne.
Nova avait l’air calme, dans ses rêves. Claude l’avait déjà remarqué chez Eustache et maintenant, chez la jeune femme : ces deux là avaient encore des sentiments l’un envers l’autre. Mais une vieille rancoeur, visiblement provoqué par le professeur, les empêchaient de se montrer aimable l’un envers l’autre. Une histoire comme celle aurait pu être drôle. Or le docteur voyait les choses différemment : Eustache allait bientôt mourir, il fallait à tous prix qu’il dise à Novgorod ce qu’il avait sur le cœur et vice versa.
Claude ne voulait pas jouer les entremetteurs, ce n’était pas son genre. Cependant, vu la situation, il fallait faire quelque chose. Car ce genre d’histoire finit toujours par se régler avec le temps, or c’est bien le temps qui manquait ici.
Quand il fut proche de la jeune femme, il se racla la gorge pour signaler sa présence. Nova sursauta, honteuse de c’être fait ainsi surprendre. Ses joues étaient encore roses. La gêne l’envahit également. Elle balbutia quelques brides de mots, comme pour justifier son comportement. Claude lui tapota l’épaule pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas d’explication à donner.
Il entre seul dans la pièce. Novgorod était restée sur le pas de la porte, elle ne voulait pas se montrer alors que la peau blanche de ses joues avait encore sa teinte rose. Mais sa gêne de s’être fait prendre en train d’espionner ne l’aidait pas. Son embarras atteint son paroxysme quand elle entendit Eustache l’appeler.
« _J’t’emmerde ! » lui répondit-elle, en rigolant.
Le professeur resta hébété par sa réplique. Il ne comprit pas la réaction de la jeune femme, ni celle de son ami qui pouffa de rire.
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 29 Jan - 14:39

Le … Décembre 1964.

Enfin, je vais pouvoir faire du terrain ! Malgré les réticences du Skallagrimsson, le bureau central a accepté ma demande. Cependant, je ne la ferais probablement pas avec les équipes islandaises. Étant des troupes d’élites, elles ne peuvent se permettre de prendre avec elles un civil…ou une personne aussi inexpérimenté que moi dans le domaine du combat.
Je n’ai jamais été un grand sportif bien que je sois un très bon marcheur. Ce que j’attends d’une telle sortie, c’est un vision des stratégies de combats et me familiariser un peu plus avec de monde fantastique. Il faut dire que je passe plus de temps à étudier les créatures de légendes dans les livres qu’à les examiner sur le terrain. C’est dommage. Un peu d’éthologie…ou d’ethnologie…voire de sociologie ne serait pas pour me déplaire.

On ne fête pas Noël ici. Cela m’a surprit. L’Islande est pourtant un pays de tradition catholique. Le bureau central ne semble guère apprécier les petites « fêtes » en son sein. C’est dommage. Bien que je sois athée, Noël est toujours un bon moment pour se retrouver en famille ou entre amis, un moment de convivialité. A ce propos, j’ai reçut l’autorisation de rentrer en Angleterre pour les fêtes de fin d’année. J’attends la réponse de mes parents : j’ai préféré leur demander si ma présence était souhaité. J’espère que je pourrais les convaincre du bien fondé de mon travail. Ce qui n’est pas gagné. Je tacherai d’éviter les sujets qui fâchent. Ils risquent également de me faire remarquer que je suis toujours célibataire.
Cette situation ne me déplait guère à l’heure actuelle. J’ai tellement de travail que je n’ai pas le temps de penser à autre chose. Et puis, même si j’avais quelqu’un, je ne vois pas quand je pourrais me consacrer à elle…
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptySam 13 Fév - 0:19

Chap. 11



Durant tout le repas, Novgorod ne cessa d’avoir des crises de rires chaque fois qu’elle croisait le regard de Claude. Personne ne comprenait ce qui se passait entre eux. Entre deux rires, elle proférait une colonie de jurons pour témoigner de son agacement. Si les fous rires l’avaient d’abord amusé, ils commençaient à la fatiguer. Elle n’arrivait pas à mâcher sans manquer de s’étouffer, ou bien boire sans vouloir recracher le liquide. A chaque sourire, elle ne pouvait s’empêcher de montrer ses dents, dont les deux canines de sa mâchoire supérieur étaient légèrement prédominantes.
Eustache ne comprenait pas ce qui se passait. L’euphorie de son amie était inhabituelle. Le « j’t’emmerde » qu’elle lui avait adressé avant le repas l’avait déjà intrigué. D’un côté, il était heureux de la voir rire ainsi, cela lui réchauffait le cœur. Mais de l’autre, il se sentait mal à l’aise. Il avait remarqué que les fous rires de Novgorod se déclanchaient à chaque fois qu’elle jetait un regard au médecin. Une pointe de jalousie le gagna.
Dajan trouvait les crises de rires de son amie très drôle. Son visage aussi s’illuminait de large sourire, laissant apparaître une dentition parfaite. Le cat-people se sentait soulager de voir que Nova s’intégrait bien au groupe qui habitait le Manoir. Bien que ses relations avec le professeur étaient toujours tendues, il avait espoir de les voir redevenir comme avant. Il savait que cela n’état qu’une question de temps.
Kureno, lui, ne comprenait pas. Il trouvait cela même presque agaçant à force. Il l’avait mauvaise depuis ce matin : les cris de Novgorod et son père l’avait réveillé, et ce dernier l’avait encore disputer à cause de sa musique.
Fatiguée de ses rires, Novgorod tenta de reprendre son calme.
« _Docteur, s’il vous plait, arrêtez de me regarder comme ça ! J’aimerai bien manger ! » réussit-elle à dire, le souffle court.
« _Mais je ne fais rien ! Débrouillez vous avec votre conscience ! » répond il l’intéressé le sourire aux lèvres.
Malgré tous ses efforts, Nova ne parvint pas à se contrôler.

Le repas de midi signalait une chose : la sieste ! Malheureusement pour Novgorod, c’est elle qui était de corvée de débarrassage de table. Et dans son malheur, si elle voulait échapper à la vaisselle, il lui fallait vide le lave-vaisselle.
« _Pourquoi est-ce que je suis seule sur ce tour de corvée ? » s’offusqua-t-elle, énervé de voir l’heure de sa sieste repoussée.
« _Je peux rester avec toi ? » lui proposa ironiquement Eustache. Il savait qu’elle refuserait.
Vider le lave-vaisselle lui prit plus de temps que prévu. Depuis son départ, les emplacements de rangements avaient changé. Elle ne cessait soupirer.
Alors qu’elle venait de se tromper pour la énième fois de placard, Dajan vint lui proposer son aide. Elle fut ravie.
« _C’est qui le con qui a eue l’idée de changer l’organisation des rangements ? » grogna-t-elle.
« _A ton avis ? » lui répondit-il un large sourire aux lèvres.
Ses yeux roulèrent dans leur orbite. Nova se demandait s’il ne l’avait pas fait exprès.
Dajan expliqua à son amie qu’après son départ, Eustache avait modifiée l’organisation de nombreuses pièces.
« _Cela lui faisait trop de peine. » expliqua le cat-people.
Nova reste un long moment silencieuse. Son visage s’était éteint. Cela contrastait avec ses rires du repas.
« _Parce que tu crois que ça ne m’a pas peiné de partir peut-être ? » répliqua-t-elle, à la fois attristée et énervée.
« _Sérieusement : tu crois vraiment que le Professeur t’aurait laissé enfermé dans la prison du sous-sol ? »
Nouvelle minute de silence, brisé par les bruits des verres qui s’entrechoquent.
« _Je ne sais pas… Mais, quand j’ai vu son regard ce jour là… Il ne me voyait plus de la même manière… »
Dajan sentit que la jeune femme avait des difficultés à parler de ce passé. Il ne la questionna plus à ce sujet.
« _Au fait, je m’excuse de l’autre jour à l’infirmerie. »
« _Ce n’est rien. Ce n’est pas tous les jours que je peux me donner à fond. » ironisa-t-il.
La corvée finit. Nova remercia Dajan, puis elle se précipita dans le salon pour s’écrouler dans le canapé. Enfin, elle allait pouvoir se reposer !
Le salon était désert. Le sofa lui semblait luire, appelant la jeune femme : viens te vautrer ! Et elle n’allait pas se gêner. Comme une gamine, elle allait se jeter de toutes ses forces sur les coussins. Elle prit son élan. Mais elle ne put s’élancer comme elle le voulait : son bipper sonna.
Elle vociféra une suite d’insulte en russe. Sa sieste allait sûrement lui être ravi.
« _Quoi ?? » hurla-t-elle dans l’appareil.
« _Moi aussi je t’aime. » ironisa Eustache. « Il y a eu une nouvelle attaque de vampire. Viens vite au centre de commandement. »
Nova ne répondit pas. De toute façon, elle ne pouvait pas faire autrement. Elle mit un moment avant de s’activer. Le « je t’aime moi aussi » l’avait perturbé. L’avait-il dit de manière ironique ou y avait-il un autre message… Elle chassa ces pensées de son esprit. Elle avait mieux à faire.

Dans la salle de commandement, le professeur attendait Nova. Les techniciens s’affairaient pour le mettre en liaison avec l’enclave française.
Eustache aussi avait le cœur retourné. Le « je t’aime moi aussi » qu’il avait dit si machinalement lui restait au travers de la gorge. Il avait été idiot de le dire. Novgorod allait sûrement l’engueuler. Ses joues se mirent à rougir. Il fallait qu’il évacue de sa tête ces paroles idiotes qui allaient lui poser des problèmes. De plus, il tacha d’inscrire ça dans son esprit : elle le détestait.
Novgorod arriva dans la salle avant que la liaison avec la France ne soit établisse. Elle rejoint Eustache devant le grand écran. Le professeur lui tendit un petit micro qu’elle plaça à son oreille. Puis ils attendirent.
Ni l’un ni l’autre ne voulait entamer de conversation, de peur de provoquer une dispute. Nova remarqua que les joues de son ami étaient légèrement rosées. Était-ce à cause de ce qu’il lui avait dit, quelque instant auparavant, ou bien l’excitation d’avoir de nouvelles informations sur leur étrange affaire.
Un des techniciens annonça que la liaison avec Paris allait être établie.
Nova et Eustache se placèrent correctement devant l’écran. Celui-ci s’alluma et le visage de Lecorse apparut.
« _Bonjour Professeur, Mademoiselle. Nous avons retrouvé notre vampire. Il est à St Malo, en Ille-et-Vilaine ! Pour le moment, il n’a tué personne. Cependant, il n’est pas notre souci principal. »
« _Et vous faut quoi pour qu’il le devienne ? Qu’il tue encore des dizaines de personnes ? » S’offusqua la jeune femme, outrée par de tel propos.
Eustache lui fit signe de se calmer. Cela ne servait à rien s’énerver ainsi. Le directeur de l’enclave française continua son explication. Son but était de mettre la main sur la créature inconnu. Un vampire pouvait être facilement mis hors d’état de nuire ; l’autre être était bien plus mystérieux et sa capture pouvait être risqué. De plus, on ne savait pas qu’elle dommage la créature pouvait causer si on la séparait du vampire. Dès qu’il eut finit, Lecorse demanda au professeur où il en était de ses recherches.
Eustache fit un rapide discours. Il avait si peu d’information qu’il ne pouvait rien affirmer.
« _Je crois que la meilleure chose à faire est d’envoyer notre équipe d’élite sur place. Si le vampire tue, il y a de forte chance pour que la créature fasse rapidement son apparition. Nous n’aurons plus qu’à la cueillir. » conclu t-il.
« _Nos équipes peuvent très bien le faire ! » répliqua Lecorse. Ce dernier ne voyait pas d’un bon œil le venu une équipe qui ne serait pas sous son autorité. De plus, il savait qu’il y aurait des êtres de légendes.
« _Cela n‘est pas marchandable. » lui répondit fermement Eustache. « Je ne doute pas des compétences de vos équipes. Cependant, face à un être dont on ne sait presque rien, mieux vaut envoyer des gens hautement qualifiés. De plus, mes trois agents spéciaux ont peu de risque de subir des dommages qui pourraient s’avérer funeste. Il faudra vous faire à l’idée que ce sera elle qui mènera cette affaire. En cas d’interférence, je me verrais contraint d’en informer le bureau central. Ai-je été assez claire Mr Lecorse ? »
Le directeur français ne broncha pas. Il fit juste un signe de tête pour signifier son consentement. La communication de termina ainsi.

Eustache se tourna vers Nova.
« _Tu te sens prête pour une telle mission ? » lui demanda-t-il inquiet.
« _Et comment ! » répondit-elle avec enthousiasme. « J’ai vérifié, toutes mes affaires sont prêtes. Sans mon épée qui est encore dans ma chambre. » Sa joie disparut, l’agacement la remplaça. « Sinon, pourquoi est-ce que tu m’as fait venir ? Tu n’avais pas besoin de moi pour ta conférence vidéo. »
Eustache fut décontenancé par sa question. Quand il l’avait appelé, il était persuadé que s’il ne l’avait pas fait elle l’aurait engueulé.
« _ On travail ensemble sur cette affaire… » balbutia-t-il. « Tu dois être impliqué dans toutes les étapes… De plus, » il s’engaillardit, « si je ne t’avais pas fais venir, tu m’aurais probablement fait une scène ! »
Nova aurait voulu répondre, mais il lui avait cloué le bec. Il avait raison. Elle se rendit compte qu’elle lui menait la vie dure : il ne savait pas que quel pied danser. Cela lui fera les pieds pensa-t-elle, pour rester sur le même thème. Sa rancune était tenace.
Elle jeta un coup d’œil autour d’elle. Les techniciens avaient les yeux rivés sur leurs ordinateurs, n’osant pas regarder la dispute naissante. Elle soupira.
« _Je suppose que les protocoles de missions sont toujours les mêmes. » reprit-elle.
« _Oui. Tu as le temps d’aller te changer. Je dois rédiger l’ordre de mission. »
Novgorod acquiesça d’un signe de tête, puis quitta la salle.

Dans sa chambre, Nova récupéra son arme. Puis, elle voulut se rendre aux vestiaires pour prendre ses fusils, mettre ses boots et sa longue veste en cuir noir. En cour de route, elle rencontra le docteur.
« _Miss Novgorod, puis-je m’entretenir avec vous un instant. »
Elle accepta. Il la conduisit dans son cabinet.
Là, il l’invita à s’asseoir un instant. La jeune femme lui répondit qu’elle était pressée. Il insista, en précisant que ce ne serait pas très long. Il ouvrit un de ses tiroirs de bureau, et en sortit en petit objet. Il le lui tendit.
« _Voila un inhalateur. J’en ai donné un à Eustache pour prévenir ses crises. Mais je le connais, il ne l’aura jamais sur lui. »
« _Vous voulez que j’en ai un pour le… » elle hésita sur le mot a employé. Elle sourit gênée. « Je vais pour paraître gourde…mais c’est quoi exactement ce truc…Je sors de trente d’isolement. Et encore avant, je vivais en U.R.S.S., alors… »
Le médecin lui rendit son sourire. Avec des mots simples, il lui expliqua le fonctionnement de cet appareil.
« _Vous voulez que je sois son infirmière, c’est ça ? »
« _Il ne faudrait pas exagérer. Mais vous le connaissez mieux que moi, il est incapable de se soigner seul…Je vous demande juste d’avoir cela sur vous. S’il vous plait, je vous demande cela comme un ami, pour rendre service à un autre ami. »
Nova prit l’appareil qu’elle rangea dans une de ses poches dans un sourire exaspérer. Elle se leva d’un bond et quitta la pièce.


Dernière édition par Xian Moriarty le Dim 28 Fév - 3:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 26 Fév - 14:49

Le … Février 1965.


Cette fois c’est sûr et officiel ! Je vais partir sur le terrain.
Une enclave étrangère, j’ignore encore sa nationalité, a bien accepter de m’encadrer. Je pars dans une semaine. Le Capitaine Skallagrimsson a reçut l’ordre de m’appendre à utiliser une arme à feu. Je ne suis guère enthousiasmé par ces leçons, mais c’est une précaution que me demande de prendre le bureau central. D’ailleurs, j’aurai du apprendre cela dès mon arrivé mais je n’en ai pas eu le temps. Cela va être… réparé…
Je ne sens aussi espiègle qu’un écolier ! J’en sautille de joie. Il faudrait, de temps en temps, que je me souvienne que je n’ai que 22 ans… Cette prise de responsabilité soudaine m’a fait mûrir plus vite que je ne l’aurait cru. Déjà qu’on me trouvait trop sérieux quand j’étais à l’école et à l’université… Que dirais mes camarades s’ils me voyaient aujourd’hui. Et eux, que sont-ils devenus ? Je n’ai plus aucunes nouvelles. Je pense que la plus part d’entre eux continu leurs études. Peut-être que certains sont mariés ? Ont des enfants ?…J’en doute…Le mariage représentait plus un enfermement plutôt qu’autre chose…Des enfants, illégitimes probablement. Ho que je suis méchant. Mais il faut dire que certains d’entre eux changeaient de petites copines toutes les semaines…
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 12 Mar - 20:02

Chap. 12



Après avoir récupérer ses affaires, Novgorod se rendit sur l’air de décollage pour prendre un avion ou un hélicoptère, elle ne savait pas.
Dehors, un vent froid soufflait. Mais ses morsures ne lui faisaient rien, elle avait passé tellement de temps dans des pays où le climat était rude. Elle prit un instant pour contempler le paysage : des herbes vertes, des mousses pâles, le tout chahuté par quelques pierres grises et le souffle du vent.
Nova fut gagnée par la nostalgie. Elle se souvint de la première mission qu’elle avait effectué. A peu de chose près, elle portait les mêmes vêtements et les mêmes armes. Elle avait juste trente ans de moins… Le temps, qu’était-ce pour elle ? Si ce n’est un gain de connaissance, de savoir faire, le temps n’avait pas de réel impact sur elle. Izzy vint à son esprit. Lui, il les subissait, les dégâts…Ses cheveux blancs, ses rides…son cancer…
Soudain, elle se rappela qu’elle devait partir. Au pas de course, elle gagna l’air d’envol. Novgorod se stoppa net devant l’appareil. Jamais elle n’avait vu un appareil comme celui qu’elle avait sous les yeux. L’avion, enfin si ça en était bien un, était très petit comparé à ce qu’elle connaissait. Le fuselage était fin et allongée, d’un blanc luisant. Sur l’empannage, le logo des Yggardiens, un Y entrelacé par un des racines se finissant par des feuilles, était le seul décor.
Pour le première fois depuis son retour à une certaine civilisation, Novgorod se sentit perdu. Même l’hélicoptère qui l’avait mené ici lui avait été familier.
Elle s’approcha de l’appareil sans jamais le quitter des yeux. Elle monta pas la passerelle-échelle que l’engin volant déployait. C’est surexcité qu’elle monta les quelques marches. L’intérieur était très simple : à peine une dizaine de siège dont certains en tête à tête, sans compter le cockpit, des petite tables amovibles pour travailler. Chose étrange, de petits écrans étaient disposés soient sur les dossier arrières des sièges, soient sur des plateaux amovibles. Tout cela la fascinait. Rien n’était comparable aux appareils qu’elle avait prit dans les années 70.
Soudain quelque chose le fit revenir sur terre. Sur un des fauteuil en tête à tête, Eustache était confortablement assit, lisant et relisant des papiers. Il avait posé son long manteau sur le siège d’en face. Nova fut si surprise qu’elle mit quelques instants avant de pouvoirs s’exprimer.
« _Mais…qu’est-ce que tu fous là ? » s’étonna-t-elle.
Le professeur leva la tête de ses lecture. Il semblait surprit de la question que son amie lui posait.
« _Je viens vous. » répondit-il tout simplement.
La jeune femme écarquilla grand les yeux, et resta bouche bée. Elle bégaya quelques brides de mots avant de s’offusquer.
« _Tu ne peux pas venir avec nous ! Tu n’es pas un homme de terrain ! »
A ce moment, Dajan et le capitaine Indriðason pénétrèrent dans l’avion. La militaire portait une tenue kaki, qui signifiait son statut, avec une grosse paire de ranger. Ses cheveux, tirés en arrière, étaient rassemblés en une queue de cheval. Une paire de pistolet automatique et une paire de fusil mitrailleurs étaient attachés à ses hanches. Un brassard, arborant le logo des Yggardiens, ornait la veste marron du capitaine. Dajan portait aussi le brassard. Comme pour chaque mission, il portait une longue jupe noir : cela lui facilitait la tâche quand il devait se transformer. D’ailleurs tous ses vêtements étaient conçut pour qu’il puisse les retirer facilement.
Les deux nouveaux arrivants allèrent s’asseoir discrètement. Dans leur attitude, ils semblaient dire à Eustache et Novgorod de poursuivre leur discutions.
La jeune femme se retourna vers eux.
« _Appuyez moi vous deux ! » s’exclama-t-elle. « Il ne peux pas venir avec nous. »
Ils ne répondirent pas, levant les yeux au ciel. Ils manifestaient ainsi leur soutient au professeur. Une fois de plus, Nova resta bouche bée. Mais elle ne désarma pas pour autant.
« _Il est hors de question que tu viennes ! Tu n’es pas un homme de terrain ! » répéta-t-elle. «  On ne peut pas s’occuper d’un vampire, d’une bête sur laquelle on ne sait rien et de toi ! »
« _Je sais me défendre. »
Il dévoila un pistolet automatique. Il était caché sous sa veste.
« _Depuis quand tu sais te servir de ça ! » s’étonna-t-elle.
« _Depuis que j’ai appris. » ironisa-t-il. « Maintenant, assis toi. Dès que Kureno sera là, nous décollerons. Ha, ce gamin ! Il est toujours le dernier. » soupira-t-il.
Nova aurait presque pu s’arracher les cheveux. Eustache semblait si décontracté. La mission qu’il allait effectué n’avait rien d’une ballade de santé. Le professeur lui fit remarqué qu’il avait parfaitement sa place dans cette expédition : il serait à même d’identifier la créature s’il arrivait à mettre la main dessus.
« _Non ! Tu ne peux pas venir ! »
« _Ha mais suffit ! » s’emporta Eustache « Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas venir avec vous ? C’est du de même moi qui commende ici ! »
« _Pourquoi tu ne peux pas venir ? Mais c’est très simple ! Et je ne comprends pas que le docteur Rat n’ai pas essayé de te dissuader ! » répliqua la jeune femme.
La conversation avait tourné à la dispute, comme toujours.
« _Va jusqu’au bout de ta pensée, je t’en pris ! »
« _Tu ne peux pas venir parce que tu es… »
Novgorod se retint de dire le dernier mot de sa phrase. Kureno venait de monter dans l’appareil. Elle sera le poing pour tenter de calmer sa frustration et sa colère. Le jeune dieu s’immobilisa quand il comprit qu’il venait d’interrompre une houleuse conversation. Ses sourcils se froncèrent…Son père et Nova étaient encore en train de se disputer. Il n’avait guère la nouvelle venue.
« _Oui, vous alliez dire ? » reprit Kureno.
Il avait l’air mécontent. Il avait croisé les bras pour le signifier. Avec ses moustaches tombantes, il faisait presque peur avec son regard inquisiteur.
Novgorod grinça des dents. Elle ne pouvait pas dire devant le dieu que son père était malade. Il fallait donc qu’elle trouve un autre mot qui soit crédible.
Le professeur aussi était inquiet. Son amie avait la langue bien pendue et il la savait capable de révéler la vérité à son fils.
Dajan et le capitaine regardaient la scène avec attention. A la fois amusés et anxieux.
Après un long moment de silence, le mot fut lâché. Il claqua dans l’air comme un coup de fouet.
« _ Vieux… »
Il y eu un lourd silence.
Dajan et Indriðason avaient mis leur main sur leur bouche pour ne pas rire. Ils ne s’attendaient pas à ce qu’elle dise une chose pareil. Même si le mot faisait mal, il avait aussi un fond de vérité. Le professeur n’était plus tout jeune : il avait fêté ses soixante cinq ans cette année. De plus, ses ennuies de santé ne plaidaient pas en sa faveur.
Novgorod serrait les poings , les bras croisés sur la poitrine. Elle s’en voulait d’avoir dit ça. Mais c’était le seul mot qui lui était venu à l’esprit. Il lui fallait dire quelque chose qui pouvait expliquer qu’elle ne voulait pas qu’il parte en mission avec l’équipe et qui soit logique. Et c’était « vieux ». Lorsque qu’elle était revenue au Manoir, elle avait bien vu qu’Eustache avait vieillit. Il était humain, c’était naturel chez lui. Depuis le premier jour de leur rencontre, elle savait que cela arriverait : la vieillesse. Et à son retour, elle n’avait pas osé lui dire que le temps avait fait son affaire. Mais aujourd’hui le mot était sortit tout seul, reflétait une vérité qu’elle ne pouvait plus cacher.
Le professeur se sentit blessé, avec une pointe de soulagement. Il avait craint qu’elle ne dise la vérité. Mais son secret était sauf et son fils n’en serait rien. Kureno n‘aurait pas à endurer de dure vérité. Par contre, lui devait faire fasse à cette vérité. Même si ce n’est pas ce que Nova avait voulu dire, elle l’avait dit : il était vieux. Enfin, il n’était plus tout jeune nuança-t-il dans son esprit. Sans le vouloir, elle avait pincé une corde sensible de son existence. Son âge ne lui avait jamais posé de problème jusqu’à l’annonce de sa maladie et du retour de Novgorod. Son cancer n’avait pas été non plus la chose qui le gênait le plus : tout le monde pouvait en avoir et ce peu importe l’âge. Par contre, Nova…Les souvenirs qu’elle lui évoquait lui faisait du mal. Lui vieillissait, elle non. Et cela le rendait malheureux. Il avait espérait qu’à son retour, ses rides et ses cheveux blancs n’affecteraient pas outre mesure son amie. Mais visiblement il s’était trompé.
Enfin, Kureno était outré. Comment osait-elle parler ainsi à son père ! Il sortit de ses gonds.
« _Pour qui vous vous prenez ?! » rugit-il. « Comment osez vous parler ainsi à mon père ! »
« _Kureno, calme toi. » lui demanda le professeur.
Nova ne dit rien. Elle s’en voulait et elle ne souhaitait pas empirer la situation avec son franc parler.
« _Papa, comment tu peux la laisser te parler ainsi ? » s’offusqua le jeune dieu.
« _Kureno, assis toi et calme toi. Elle a tout de même raison. Pour un humain, je ne suis plus tout jeune. Ça va aller. » lui ordonna doucement son père.
Kureno aurait bien voulu dire plein d’autre chose, sûrement très grossière, mais le professeur le tira par le bras sur son siège. Le jeune dieu fusilla Nova du regard. A la première occasion, ils auront une petite discussion qui ne se limitera pas au mot. Il s’enfonça dans son siège, face à son père. Il sortit un MP3 d’une des poches de son long manteau, puis il se murât dans sa musique.
Novgorod, encore debout, jeta un dernier coup d’œil au professeur. Elle était visiblement énervée contre elle-même. Elle aurait voulu s’excusez mais elle ne put pas. Elle se rendit compte qu’elle avait chaud avec sa lourde veste. Elle la retira avant de se vautrer sur un siège, sur la rangé opposée à celle du professeur. Elle repoussa ses cheveux en arrière plusieurs fois.
Ça va aller avait-il dit…non, cela n’allait pas aller. Il avait mal au fond de lui. Vieux, c’est ce que Nova pensait de lui. Les larmes lui montèrent aux yeux. Il retira ses lunette pour se frotter les yeux, faisant mine d’être fatigué. Ainsi personne ne remarqua qu’il avait envi de pleurer. Intérieurement, il rit de lui-même. C’était ridicule de ce mettre dans un tel état : elle avait raison, il était vieux.
L’avion se mit alors à bouger. Avec cet incident, personne n’avait remarqué qu’il allait décollé.
Juste avant la poussée d’envol, Eustache lança un coup d’oeil à Novgorod. Elle aussi le regardait, peinée. Lorsque que leur regard se croisèrent, ils rougirent tous les deux. Puis, gênés, elle se mit à admirer le paysage par le hublot, et lui se replongea dans ses papiers.
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptyVen 19 Mar - 14:24

Le … Février 1965.


En U.R.S.S. !
Ma « sortie » sur le terrain se fera en Union des Républiques Socialistes Soviétiques !!! Je m’attendais à quelque chose de « surprenant », mais pas à une telle chose ! D’ailleurs, je suis partagé entre excitation et stupéfaction.
Je me demande bien comment les Yggardiens peuvent avoir une enclave en U.R.S.S. Depuis l’avènement du communisme, je pensais que toutes sortent de relation avec le monde de l’Ouest avait été coupées. Certes, il y a toujours l’ONU, mais je ne suis pas sur que Brejnev soit du genre à tenir compte des « remarques » de cette organisation. Ceci dit, les Yggardiens ne relèvent pas vraiment du domaine politique et n’est pas une organisation américaine. Il faudra que je me renseigne un peu plus sur cette enclave quand je serais sur place. D’après certaines de mes lectures d‘archive, les Yggardiens ont « collaboré » avec le IIIè Reich et des « recherches » ont été effectué sur les êtres de légendes pris pendant cette période monstrueuse. Qui sait ce qui a put être fait : toutes les documents ont disparu. Et je craints que le régime soviétique ne fasse de même.
Je prends l’avion dans moins de deux heures. Je suis impatient ! J’ai l’impression d’être un enfant qui attend son cadeau de noël. D’après les documents que m’a confié le capitaine Skallagrimsson (qui au passage, a semblé bien amusé de savoir que j‘allais partir pour l‘U.R.S.S), je vais assister à une banale « arrestation » d’un vampire qui ferait des ravages dans la ville de Gorki, la capital de l’oblast de Nijni Novgorod. Cette ville se trouve à près de 400 Km de Moscow, au confluent de l’Oka et de la Volga. La ville fut pendant la Seconde Guerre Mondiale, une de la principale ville constructrice d’arme. Aujourd’hui la ville serait en plein essor, booster par le régime.
Je me demande à quoi peu ressembler une ville russe en développement. Les informations qui nous parviennent, je parle du monde occidental, sont probablement faussées.

Je dois finir de préparer mes affaires.
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MessageSujet: Re: Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12]   Les Yggardiens : T.01 Novgorod[+12] EmptySam 3 Avr - 13:06

Chap. 13



La nuit était tombée quand le jet se posa à l’aéroport de Rennes, en France.
Sur le tarmac, un mini-bus des Yggardiens attendait patiemment que les cinq passagers descendent. Novgorod fut la première à sortir, suivit de Kureno qui lui aurait volontiers fait un croche-patte. Mais avec son père dans le dos, il lui était difficile de mettre son plan à exécution sans se faire voir. Dajan ferma la marche.
C’est une capitaine que les accueillit : elle se nommait Monnier. Autant dire que le capitaine Indriðason était heureuse de rencontrer une collègue. Si les femmes étaient assez courantes parmi les troupes, peu d’entre elles arrivaient au grade de capitaine. La domination masculine prévalait encore.
Le voyage jusqu’à la capitale d’Ille-et-Vilaine fut rapide puisque l’aéroport était à moins d’une demi-heure de voiture. Le capitaine Monnier avait reçut l’ordre mener ses invités au centre hospitalier de Pontchaillou, à la morgue. C’est là que des victimes de l’être nécrophage étaient installées.
Novgorod fit remarquer que les morts pouvaient attendre. L’urgence principale était le vampire, repéré à Saint-Malo. Le professeur partageait en partie le point de vue de son amie. Cependant, il pensait que le vampire n’était pas si important que ça. On savait presque tout sur ces êtres, dont le moyen de s’en débarrasser, contrairement à la seconde créature. L’étude de ses victimes permettrait peut-être d’en savoir plus sur l’attitude à tenir au cas où l’équipe aurait à faire face.

Des Yggardiens gardaient, de manière discrète, l’entrée de la morgue. Le bus se stoppa au plus proche de la porte. Non pas que faire quelque pas à pieds étaient gênant, mais il était plus sûr pour Kureno de faire le moins d’apparition possible. Des gens avec une paire de cornes sur le haut de la tête ne passe pas inaperçu dans la rue. Cela pouvait s’avérer dangereux. Le jeune dieu n’aimait pas tellement être ainsi caché, mais il n’avait pas tellement le choix.
Une fois à l’intérieur, le capitaine Monnier les conduisit dans la chambre froide où trois corps les attendaient. Trois jeunes femmes. La plus âgée devait avoir une quarantaine d’année, tandis que la plus jeune ne devait pas avoir bien plus de vingt ans. Les corps blancs reposaient sur des tables de métal. Une horrible odeur de décomposition empestait l’air. Le professeur fut le seul à se sentir quelque peu indisposé : il n’était pas habitué à ce genre de parfum.
La première victime, celle dont l’état de décomposition était le plus avancé, avait de très belle marque de crocs dans le cou. Mais ce qui attira surtout l’attention d’Eustache et de Novgorod fut sa jambe gauche sectionnée au niveau du genou. Armés de gants et de scalpels, ils examinèrent la blessure. Comme ils l’avaient vu sur des photos d’autre corps, le membre semblait avoir été scié. Les os en portaient très nettement les stigmates. Sur le reste du corps, on pouvait distinctement voir des traces de morsures, bien que celles-ci soient assez atypiques. En effet, aucunes n’avaient la même taille.
« _Plusieurs nécrophages ? » suggéra Nova.
Le professeur ne rejeta pas cette hypothèse. Cependant, si un « troupeau » de nécrophages errait à la suite du vampire, ce dernier l’aurait forcément sentit. De plus, il y aurait bien plus de victimes, ou les corps seraient bien plus abîmés.
Ils passèrent au second corps, une blonde à forte poitrine. Elle présentait le même type de morsures. Il lui manquait tout le bras droit, ainsi que quelques phalanges à la main gauche. C’est en examinant avec attention une des morsures que le professeur remarqua une anomalie.
« _Nova, regarde. » Il lui indiqua le bord d’une plaie « Tu vois, on dirait que notre créature mystère à une dent en moins. »
Ce petit détail vu, ils examinèrent les morsures sur les trois cadavres. La même petite marque était présente.
« _Cette fois, c’est sûr, il n’y en a qu’un. » affirma Eustache.
« _Encore heureux. » soupira Kureno, assis dans un coin, jouant à un vieux jeu électronique des années 90. Ce dernier s’ennuyait comme un rat mort.
« _Mais comment expliquer la différence de taille entre les morsures ? Celles-ci sont presque quatre fois plus grosse que les plus petites ! » s’interrogea Nova.
« _Je ne suis pas certain, mais je pense que notre créature a une mâchoire dont la mandibule peut s’ouvrir, comme chez certains serpents. Cela expliquerait les différentes tailles des blessures. »
« _Ouai, il a une grande gueule… » ironisa Novgorod.
Le troisième cadavre, celui de la jeune femme d’une vingtaine d’année était en très mauvais état. Il y avait peu de trace de morsure, mais presque tout le flanc gauche, bras comprit, ainsi que l’un de ses pieds avaient disparu. Eustache et Nova parvinrent à des conclusions semblables à celles des deux autres mortes.
« _Bon, nous avons donc affaire à une créature nécrophage, non hématophage, dont la mâchoire à la capacité de s’agrandir. On sait aussi qu’elle se nourrit exclusivement de morts ayant succombé au vampirisme. Capitaine Monnier, avez-vous eût vent d’autre cas de nécrophagie dans le pays ? » demanda le professeur.
« _Non monsieur. Tous les cas de nécrophagie depuis le début du siècle ont été examinés, mais rien n’est comparable à cela. »
« _Cela ne vous avance pas à grand-chose. » reprit Novgorod en retirant ses gants de latex. « Il y a quand même quelque chose d’assez remarquable. Si la créature scie les os, comme on le pense, il devrait y avoir de la poussière d’os sur les corps. Or rien dans les dossier ne mentionne de tel reste.  »
« _A quoi tu penses ? »
« _Je pense que quand tu disais qu’elle avalait les membre, tu étais sur la bonne voix. Mais honnêtement, on est pas plus avancé. Plus on découvre de chose sur cette chose, plus on s’éloigne de modèle type. »
« _C’est une évidence : cette créature n’a jamais été recensé. »
« _Papa, ce n’est pas que votre débat de n’intéresse pas, mais on tournerait pas en rond ? Vous n’avez aucune idée de ce que c’est, bon bin c’est pas la peine de tergiverser plus longtemps. Moi je dis qu’on fonce à St Malo, on choppe le vampire, on chope la bestiole et voila, affaire réglée. » proposa Kureno.
Le professeur leva les yeux au ciel. Il aurait voulu répéter pour la énième fois à son fils que si on se bat contre quelque chose que l’on ne connaît, on a toutes les chances d’y laisser sa vie. Mais cela était inutile, le jeune dieu savait très bien cela. Sauf qu’il s’en moquait, il était immortel.
Face à l’impasse, Dajan soutenu son compagnon d’arme. Le seul moyen de savoir exactement à quoi ils avaient à faire était d’aller trouver la créature.
Le groupe regagna le mini-bus, destination St Malo.
Durant le trajet, d’environ une heure, le professeur et Novgorod essayèrent de rapprocher leur créature d’un type connu, mais absolument rien de concordait.
« _J’en viens à me demander s’il ne s’agit pas d’un hybride. » suggéra Eustache.
« _Tu crois que c’est possible ? »
Il regarda son amie si elle était une élève qui aurait donné une réponse étonnée à une question alors que la réponse était sous son nez.
« Ho ça va ! » s’énerva-t-elle. « Et si c’était seulement une autre espèce qui avait passé Yggdrasil ? »
« _Possible, mais fort improbable… »
« _Et pourquoi je te pris, Monsieur-je-sais-mieux-que-tout-le-monde ? »
Toujours jouant à ses jeux vidéo, Kureno serra fortement l’appareil entre ses doigts. Cette femme l’énervait au plus haut point. Comment pouvait-elle parler à son père ainsi. Si cela n’avait tenu qu’à lui, il l’aurait déjà poussé hors du bus.
« _Je t’expliquerai un jour. » répondit calmement le professeur.
« _Ouai, c’est ça… »
« _Mais arrête donc de prendre mal tout ce que je te dis. »
Ils commencèrent alors à se disputer. Le capitaine Monnier, assise à l’avant, se retourna. La situation la surprit. Elle lança des regards interrogateurs à Dajan et à Indriðason. Celle-ci haussa les épaules, signalant ainsi que ce n’était pas la première fois que ces deux là avaient de tel prises de bec. Le grand black se permis une touche d’humour en formant un petit cœur avec ses doigts, mais en prenant soin de ne pas se faire voir des principaux intéressés et de Kureno. Monnier sourit amusé.
C’est alors que le téléphone portable du capitaine français sonna.
« _Capitaine Monnier, j’écoute. »
Le coup de fil stoppa net la dispute. Tout le monde écoutait attentivement l’Yggardienne parlé, essayant de devenir ce que son interlocuteur pouvait bien lui dire.
« Le vampire a été repéré. Il est dans la cité intra-muros. Des hommes ont été déployés tout le long du rempart et les entrées-sorties sont surveillées. »
« _Très bien. » s’enthousiasma le professeur. « Il faut dire à vos hommes de faire bien attention s’ils voient que quel chose d’anormal. Cela pourrait bien être la créature mystérieuse. Il ne faut surtout pas qu’ils s’en approchent, on ne sait pas de quoi elle est capable. »
Le capitaine fit passer le message.
Novgorod n’avait presque rien écouté de la conversation. Elle était fascinée par le téléphone que Monnier avait dans les mains. Jamais de sa vie elle n’avait vu une telle chose. Quand le capitaine eut finit sa conversation, la jeune femme lui demanda son appareil.
Nova tourna, retourna, ouvrit, referma le téléphone. Eustache la regarda faire amuser. Elle avait eu des réactions similaires quand elle avait quitté sa Russie natale.
« _Mais c’est énorme ce truc. » fit-elle par dire.
« _Non, justement, c’est parce que c’est petit que c’est bien. » lui répondit sèchement Kureno.
« _Pour moi énorme signifie surprenant ! Je suis pas assez con pour trouver ça gros ! »
« _Mais d’où est-ce que vous sortez ? Pas connaître un portable, j’aurai tout vu. »
Novgorod ne releva pas la provocation du jeune Dieu, mais elle pensa qu’il y avait des baffes qui se perdaient.
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