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| Macha T.02 (série): Scandale au Louvre [G][Finit] | |
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Xian Moriarty Membre fondateur/trice de Plume
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| Sujet: Macha T.02 (série): Scandale au Louvre [G][Finit] Ven 17 Avr - 11:43 | |
| Chap. 01 Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque Macha s’éveilla. Depuis qu’elle s’était installée chez le Toulousain et Margot, elle dormait énormément, comme si elle rattrapait ses dernières années de sommeil difficile. Tout le monde s’était d’ailleurs cotisé pour lui acheter toute sa literie : pièces pour le lit, paille pour le matelas, tous les draps, le coussin…, ainsi qu’une chemise de nuit. On avait également réaménagé les étages. Macha et la gamine avaient pris possession du second étage, alors que les trois hommes se partageaient le premier. Le Toulousain trouvait cela bien que sa petite protégée puisse enfin avoir de vraies affinités avec une femme. En effet, l’enfant était dans l’année de ses treize ans, et deviendrait bientôt une adulte. Il se voyait mal lui expliquer certaines choses de la vie. D’un autre côté, il craignait que la fillette ne prenne trop exemple sur Macha, qui, il faut bien le dire, n’était pas non plus un modèle d’élégance et de délicatesse. On sentait déjà quelques changements, surtout dans le domaine verbal. Doucement, la belle brune à la paille dormante ouvrit les yeux. Elle émit quelques gémissements à cause de la lumière qui l’éblouissait. Elle se releva lentement, et s’assit sur le bord du lit. Elle retira un bout de paille qui s’était pris dans ses longs cheveux noir corbeau. Une fois qu’elle eut bien repris ses esprits, elle fit quelques étirements pour ne pas avoir l’impression d’être rouillée toute la journée. Puis elle se vêtit. Elle portait presque toujours le même costume, dont elle changeait les éléments quand ils étaient usés : une chemise blanche, son corset, un pantalon, ses bottes, et sa large ceinture de tissus. Elle se coiffa en dernier. Elle noua son long bandeau vert-jaunâtre en repoussant ses cheveux en arrière, puis elle enroula les pans tombants autour de son cou. Macha descendit à la mezzanine. Le Toulousain et Margot jouaient les corvées de la journée aux cartes. « _Hé tu triches !!! » s’écria la fillette, voyant que son jeu était mauvais. « _Non, c’est toi qui es mauvaise perdante ! » lui répondit l’apothicaire. La jeune femme sourit, elle aussi n’aimait pas perdre. « _Accepte toujours ta défaite quand tu sais que tu ne peux l’éviter, c’est tout à ton honneur. » L’enfant se retourna, un grand sourire aux lèvres, comme toujours. Ils se saluèrent tous avec enthousiasme. « _Vous dormez toujours autant. » « _Oui. Cela me fait beaucoup de bien. J’ai la sensation de récupérer les nuits de ces dix dernières années. » « _Pourquoi ? Tu faisais quoi ? » l’interrogea Margot. « _… Des choses… » « _Quoi ‘des choses’ ! C’est pas une réponse ! » « _Margot ! Tu vois bien que tu l’embêtes. » lui fit remarquer le Toulousain. L’enfant grimaça. Mais l’apothicaire en partie raison. Macha ne parlait jamais de son passé. Il en avait donc conclu qu’il devait être douloureux. Elle ne parlerait que le jour où elle se sentirait mieux. « _Bon, ce n’est pas tout, mais nous devons rejoindre Enguerrand et Tolbiac à l’auberge en bas de la rue. » déclara l’apothicaire. « -Hé ! Et la partie de cartes ? » s’offusqua l’enfant. « _J’ai gagné toutes les parties. Les corvées te reviennent. » Margot poussa un soupire d’exaspération en plaquant ses cartes sur la table. Comme à chaque fois que Macha quittait la boutique, elle mettait son pardessus, neuf puisque Tolbiac lui en avait racheté un et ses armes. A la taverne, ils s’installèrent, puis attendirent leurs amis. L’établissement était bruyant à souhait. Il regorgeait d’ivrognes, de filles faciles, de jeux d’argent et de tout d’un tas d’autres choses. C’est le mousquetaire du Roi qui arriva le premier. « _Bien le bonjour à vous tous ! Je meurs de faim ! » « _Il faudra faire patienter encore un peu ton estomac. Enguerrand devrait arriver d’ici peu de temps. Je suis d’ailleurs surprise que tu sois là avant lui. » souffla Macha, qui savait à quel point le garde du cardinal pensait avec son estomac. Mais le temps passa, et pas d’Enguerrand en vue. Les quatre amis mangèrent donc sans l’attendre. Peut-être avait-il été retenu pour une garde exceptionnelle ? La journée passa. Tolbiac fut encore le premier à rentrer à la boutique. Ils commencèrent à se faire un peu de soucis. Le mousquetaire apaisa les esprits. Il avait appris qu’il y avait eu beaucoup d’agitation dans la garde privée du Cardinal, mais il ignorait quoi. Mais il savait que leur capitaine, Monsieur de Montalet, avait passé sa journée au Louvre. Il devait s’y passer quelques choses d’assez importantes pour qu’il y soit resté tout le jour durant. Ce n’est que tard dans la soirée qu’Enguerrand pointa enfin le bout de son nez. La jeune Margot était déjà couchée et heureusement, car les nouvelles qu’il apportait étaient sordides, voire macabres. Les trois adultes jouaient aux cartes dans la mezzanine, autour d‘une bougie déjà bien consumée. Ce dernier paraissait épuisé. « _Et bien où étais-tu passé ? Nous t’avons attendu toute la journée ? » lui demanda Tolbiac. Le regard fatigué du garde laissa apparaître un immense désarroi. Il vint s’écrouler comme une masse sur un tabouret à côté de son compagnon d’armes. Jamais il ne l’avait vu comme ça. « _Qu’est-ce qu’il y a ? » « _Je suis temporairement relevé de mes fonctions… » répondit-il sans conviction, en attrapant la cruche de vin, et en buvant directement. « _Quoi ? » s’exclamèrent-ils tous ensemble. « _Il y a eu un meurtre au Louvre… » « _Un meurtre ? » s’étonna le Toulousain. « _Comment est-ce possible ? Nous n’avons pas été mis au courant, nous les mousquetaires ! » « _Je pense que vous en serez informés dès demain. Si on vous a tenu à l’écart, c’est probablement que cela ne vous concerne pas directement. » « _Impossible ! Tout délit à l’intérieur du palais nous concerne, car il met en danger la sécurité du Roi ! » « _Certes. Mais il se trouve que c’est un cas bien particulier. Promettez-moi de ne pas ébruiter la chose, sinon ma disgrâce ne sera que plus importante… » « _Mais tu vas nous dire ce qui c’est passer ! » s’exclama la jeune femme. Depuis leur première rencontre, Macha s’était mise à le tutoyer. « _On a retrouvé une jeune femme, morte, égorgée… les jambes souillées… » « _C’est horrible… » soupira le Toulousain. « _Mais le pire, c’est là où nous l’avons trouvé… » il soupira un grand coup, puis reprit une goulée de vin « C’est moi qui est découvert son corps ce matin… » « _Tu étais de garde cette nuit… » Tolbiac eut alors un déclic. Il aussi parut stupéfait. Macha et le Toulousain ne comprenaient pas. Enguerrand combla rapidement leurs interrogations. « _La jeune femme était dans le lit du Cardinal de Richelieu… »
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| | | Xian Moriarty Membre fondateur/trice de Plume
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| Sujet: Re: Macha T.02 (série): Scandale au Louvre [G][Finit] Ven 24 Avr - 15:30 | |
| Chap. 02 Il y eut un long silence. Tout le monde était sidéré. Cependant, Macha fut la moins choquée. En effet, elle n’était pas chrétienne et bien qu’on le lui avait plus ou moins apprit les dogmes de cette religion, elle ne comprenait pas tellement pourquoi c’était un drame que la jeune femme soit dans le lit du cardinal. Bon certes, elle savait que Richelieu était un religieux et qu’en principe, il devait rester chaste. Mais Macha savait que cela était presque impossible pour la gent masculine. C’est elle qui reprit en premier la parole. « _Et comment elle est arrivée là cette charmante demoiselle ? Je ne pense pas qu’elle fut passe muraille. » « _Justement, on ne sait pas. » lui répondit Enguerrand. « Personne n’est entré pendant notre garde, ni pendant celle de la journée. Les appartements du cardinal ne sont pas accessibles de l’extérieur, car ils sont à l’étage. À moins qu’on ait utilisé une échelle, mais les patrouilles extérieures l’aurait vu. » « _Elle aurait pu passer par un passage secret ? » supposa Tolbiac. « _Attend, c’est plus compliqué que ça. Richelieu assure qu’il ne connaissait pas cette fille. Même lui ne comprend pas comment elle est arrivée là. » « _Peut-être qu’il ment. » fit remarquer Macha. « _J’en doute. À moins qu’il soit un comédien d’exception. L’horreur que j’ai pu lire sur son visage ne se mime pas. Je crois qu’il a été choqué par cette découverte. » « _Je crois que n’importe qui le serait si on se réveillait au côté d’un cadavre. » dit le Toulousain. « _Passons. Admettons que ton cardinal ne l’ait pas tué. Les questions, c’est qui et pourquoi ? » « _J’ai une petite idée pour le pourquoi. » répondit le garde. « C’est l’évidence même : on veut l’évincer du pouvoir. C’est un homme très influent auprès du roi. » « _Très bien, et pour le qui ? » continua la jeune femme. « _Gaston de France ! » répondirent les trois hommes en cœur. Macha fut surprise d’une telle réponse. Comme si la chose était évidente. « _Qu’est-ce qui vous fais dire ça ? » demanda-t-elle. « _Il ne vit que pour comploter. Depuis la mort de son frère Nicolas* de France, il est l’éternel second. Il aime le pouvoir et l’argent. Et il a toujours espéré prendre la place du Roi. Richelieu est une entrave. » lui répondit Tolbiac. « Les mousquetaires ont souvent affaire à lui par le biais de ses hommes de main. » « _C’est-ce que le cardinal à laissé entendre. Bien sûr, il ne peut pas accuser Gaston d’Orléans ouvertement. Une enquête va être menée. Mais je me fais énormément de soucis, mon honneur est en jeu. » « _Y a moyen de rentrer dans le palais ? » questionna Macha. « _Bien sur, je suis mousquetaire, l’accès m’y est facile. Pour les gardes du cardinal, cela doit être pareil, mais comme tu as été relevé… » « _Bon, bin demain, on ira y faire un tour. J’aimerais inspecter la chambre. » « _Tu n’y penses pas ! » s’exclama Enguerrand. « Jamais on ne nous laissera entrer ! » « _Et bien on entrera par effraction » s’emporta la jeune femme. « Allez tout le monde au lit ! Une folle journée nous attend demain ! » Avant même qu’un des trois hommes ne lui réponde, Macha avait bondi de sa chaise et quitté la mezzanine. Ils avaient été pris de court par l’enthousiasme de jeune femme. *Gaston de France est le troisième fils d’Henri IV et de Marie de Médicis. Ses frères aînés sont Louis puis Nicolas. Ce dernier décédera en 1611, à l’âge de quatre ans.
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| | | Xian Moriarty Membre fondateur/trice de Plume
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| Sujet: Re: Macha T.02 (série): Scandale au Louvre [G][Finit] Ven 1 Mai - 15:30 | |
| Chap. 03 Le lendemain matin, c’est la jeune femme elle-même qui alla tirer Tolbiac et Enguerrand de leurs lits. Ils ne purent s’empêcher de lui faire remarquer que c’était fort indécent de venir trouver des hommes d’aussi bon matin, et encore plus quand ils n’étaient pas habillés. Mais Macha n’avait cure de leurs remontrances : ils avaient surtout encore envie de dormir. Après un petit déjeuner pris en vitesse, ils partirent tous ensemble pour le palais du Louvre. Il se trouvait près de la Seine. Il était d’ailleurs en travaux de réaménagement. Henri IV avait entrepris de grands travaux pour agrandir le palais et le relier à celui des Tuileries, construit par Catherine de Médicis, ainsi que pour faire disparaître les restes du château médiéval. Il avait aussi fait assainir le quartier. Mais sa mort mit fin aux travaux. Son fils Louis XIII les reprit. Ils n’eurent aucun mal à entrer. Macha fit remarquer qu’on pouvait faire pénétrer n’importe qui au Louvre du moment qu’on était accompagné de la bonne personne. Comme ils ne faisaient pas partie de la « bonne société », ils ne passèrent pas par les beaux et luxueux passages, mais par ceux des serviteurs. Cela évitait aussi de se faire voir. Gaston de France avait de nombreux nobles dans ses rangs, sans compter Sagamore. Il était l’exception qui confirme la règle. Il n’était jamais très loin de son employeur, bien qu’il n’était que son homme de main. Macha ne perdait pas une miette de ce qu’elle voyait, bien qu’elle ne se trouvait pas dans les parties les plus luxueuses du palais. Mais c’était si différent de chez elle… enfin de là d’où elle venait. Elle avait tellement plus l’habitude du bois, de la pierre, des teintures… Ici, tout était fait de dorure, de peinture, de plâtre… Mais pour rejoindre la chambre du cardinal, il fallait, à un moment ou un autre, sortir des passages des domestiques pour ceux de la noblesse. Ils arrivèrent enfin à destination. Mais la pièce était gardée par deux hommes, garde du cardinal, qui reconnurent leur collègue en disgrâce. La jeune femme avait pris sa cape, et se cachait le visage. « _Halte ! On ne passe pas. » dit l’un d’entre eux. Leur attention se portait sur Macha. « Son Éminence n’est pas là. Personne n’est autorisé à rentrer dans sa pièce. » « _Nous voulons juste l’inspecter. Nous ne ferons rien de mal. » leur répondit Enguerrand. Mais les gardes ne voulurent rien savoir, malgré les discussions houleuses. Il était hors de question de laisser entrer un homme qui était accusé d’avoir failli à sa mission, un inconnu encapuchonné et un mousquetaire. Bien que Tolbiac et Enguerrand s’entendaient à merveille, ils étaient une exception. Les deux factions ne s’aimaient guère. Les uns accueillant principalement les nobles et très grands bourgeois, les autres, les moins riches et ceux proches de Dieu. Et puis, les mousquetaires pensaient qu’il était normal de défendre leur Roi, mais un cardinal… Il avait beau être un personnage important, il ne méritait pas de posséder sa propre garde. Macha perdit très vite patience. Les petites querelles de clan ne la concernaient pas, et cela ne faisait pas avancer le schmilblick. Elle décida donc de reprendre les choses en mains. Elle découvrit alors son visage. Les deux gardes restèrent bouche bée, ils ne pensaient pas voir une femme sous ce capuchon. Malgré sa cicatrice, ils la trouvèrent très belle. Comme presque tous les hommes qui s’ennuient en faction, ils ne purent s’empêcher de penser avec le bas de leur anatomie. Ils voulurent donc lui faire le cour, sous les regards intrigués de Tolbiac et Enguerrand, qui découvvirent un talent caché de la jeune femme. Elle commença alors à les aguicher. Elle prit une tête dans chaque main doucement. Et puis boum… elle les fracassa l’un contre l’autre. Les deux gardes tombèrent évanouis, sous les regards amusés des compagnons de Macha. « _Bon, on entre maintenant ! » déclara-t-elle en poussant les battants de la porte de l’antichambre. Ses amis tirèrent les corps dans le petit espace avant la chambre, pour éviter de trop attirer l’attention. La jeune femme ne se préoccupa point de ce qui se passait derrière elle. Dès qu’elle fut dans la pièce, elle ouvrit grand les rideaux pour laisser pénétrer la lumière et ainsi mieux y voir. La chambre était dans le même état que la veille, bien que des militaires l’aient inspecté de fond en comble. D’ailleurs, le garde ne comprenait pas ce que cherchait son amie. Il y avait du sang plein les draps, ainsi que quelques taches blanches, mais très petites. Macha n’attendit pas ses compagnons pour scruter le moindre recoin, tâter les murs et le plancher. « _Qu’est-ce que tu cherches exactement ? » lui demanda Tolbiac. « _Je ne sais pas. Un passage, des cheveux… n’importe quoi qui pourrait nous aider. » Ils se mirent donc tous trois au travail. La jeune femme remarqua des traces de souillures sur un des tapis de la chambre, mais pas de sang. Les fenêtres n’avaient pas été forcées, ni ouvertes. Elle trouva une petite tache de sang assez loin du lit, ce qu’elle trouva étrange. Elle s’attaqua ensuite au lit, lieu du meurtre, pendant que ses amis continuaient d’inspecter murs et sols. C’est alors que la porte de la chambre s’ouvrit dans un énorme fracas. Apparurent alors quatre gardes du cardinal, armes à feu chargées, prêts à tirer. Tolbiac et Enguerrand s’arrêtèrent immédiatement, mais pas la jeune femme, qui ne semblait en avoir cure. Apparu derrière eux, un homme, de taille relativement modeste, les cheveux courts grisonnants, une petite moustache et une barbichette de la même couleur. Il était presque complètement vêtu de rouge. Son visage, sévère, montrait qu’il n’était plus tout jeune, sans pour autant être un vieillard. Macha ne fit que l’entr’apercevoir avant de continuer sa fouille près du lit. Elle se demandait qui pouvait être cet homme au regard aussi hautain. Les deux hommes s’agenouillèrent immédiatement. « _Votre Éminence ! » dirent-ils avec respect. Le cardinal de Richelieu, car il s’agissait bien de lui, les regarda un instant, puis il se tourna vers la jeune femme qui continuait d’inspecter son lit. « _Que faites-vous ici ? Que signifie cette intrusion ? » demanda Richelieu sur un ton autoritaire. « _Votre Éminence, pardonnez nous. Mais nous étions juste venus pour inspecter la pièce, dans l’espoir de trouver un indice qui vous innocenterait. » lui répondit Enguerrand la tête basse. « _Je vous reconnais. Vous êtes un des gardes d’hier matin. Vous êtes bien effronté de vous présenter ici de nouveau. Et vous, vous êtes un de ses arrogants mousquetaires » Ces derniers n’osèrent pas répondre. Le cardinal se tourna alors vers Macha, qui continuait de tripatouiller dans le lit. « _Et vous qui êtes vous ? Veuillez cesser immédiatement ! » « _Excuse moi papi, mais tu ne vois pas que je suis très occupée. » Ses deux amis plongèrent leur tête dans leurs mains, catastrophés par la réponse qu’ils venaient d’entendre. « _Non mais dites donc jeune fille, savez-vous à qui vous vous adressé ? » « _Non, et je m’en tamponne l’oreille avec une babouche ! J’ai un ami et un cardinal à sauver donc si tu n’as rien d’autre à me dire, à la prochaine. » Tout le monde resta net de stupéfaction face au franc parlé de la jeune femme. Richelieu ne sembla pas du tout apprécier qu’on lui parle sur ce ton. Mais pour qui se prenait-elle ? Tolbiac essaya alors de s’excuser pour son amie. « _Votre Éminence, pardonnez la. Elle n’est pas d’ici. Elle ignore qui vous êtes. » Ce n’est qu’en entendant son ami s’excuser que la jeune femme cessa ses activités, comprenant qu’elle avait manqué de respect à une personne sûrement très importante. C’est Tolbiac qui fit les présentations. « _Macha, voici son Éminence, le cardinal de Richelieu. » Elle regarda l’homme en rouge avec surprise. S’attendait à une personne bien plus grande en stature. Reconnaissant son erreur, elle le salua, comme dans son ancien pays, c’est-à-dire le bras gauche contre son dos au niveau de hanche, le bras droit au même niveau devant, en s’inclinant doucement. Elle lui présenta ses excuses dans un bien meilleur langage. « _En tant qu’homme d’Église, je puis me permettre d’être indulgent avec vous aujourd’hui. Il est honorable de vouloir sauver un ami, bien qu’il me semble que cela soit indécent de la part d’une femme. Maintenant, quittez cette pièce ! Vous n’avez rien à y faire. Quant à vous messieurs, j’en tiendrais mots à vos supérieurs. » « _Oui Votre Éminence. »Répondirent-ils avant de sortir de la pièce, en traînant Macha de force. Elle voulait rester. Bien qu’elle n’avait rien trouvé de très intéressant, elle savait qu’il y avait quelque chose dans cette chambre. Le truc s’était de trouver quoi. Pendant qu’elle suivait machinalement ses amis vers la sortie, elle leva les yeux au plafond, les mains derrière la tête. Elle le trouva d’ailleurs beaucoup plus haut que dans l’autre pièce. Elle trouva cela d’ailleurs bizarre. Si le plafond du couloir était plus haut que ceux des chambres, alors il devrait y avoir une marche pour homogénéiser les niveaux ou alors ceux-ci étaient inclinés, mais ce n’était pas le cas. Elle eut alors un déclic ! Sans s’arrêter, ni prévenir ses amis, elle poussa la première porte qui se présenta à elle. Tolbiac et Enguerrand furent pris de cours. Ils la suivirent comme ils purent. Elle ne resta pas plus de cinq secondes dans la salle dans laquelle elle venait de pénétrer. Puis, sans donner la moindre explication, elle se précipita à toutes jambes vers la chambre de Richelieu. C’est dans un immense fracas qu’elle y pénétra. Son arrivée fracassante déplut fortement au cardinal. « _Mais où pensez vous être !?! Dans une ferme ! Garde, jetez-la dehors. » hurla-t-il de colère. Mais avant que quiconque ait pu faire quoi que ce soit. Elle sortit sa dague de sa botte et la lança au plafond. L’arme s’y planta sans mal. Juste sur ses talons, ses deux amis se mirent, une fois encore à s’excuser auprès de l’homme d’Église. Mais la stupéfaction fut à son comble quand l’arme retomba au sol dans un bruit sourd de métal. « _Je le savais !!! » s’écria-t-elle « Je savais bien qu’il y avait un passage dans cette pièce ! Le plafond est creux !!! C’est par là qu’on est passé pour déposer le cadavre de la fille !!! » Elle se tourna vers les quatre gardes complètement hébétés « Allez chercher un escabeau ! Allez plus vite que ça ! » Il fallut que Richelieu leur donne lui-même l’ordre pour qu’ils s’exécutent. Lui-même n’en revenait pas. Un passage secret dans le plafond de sa chambre. « _Comment avez-vous su qu’il y avait un double plafond ? » demanda Tolbiac, aussi surprit que les autres. « _Le plafond de cette chambre n’est pas à la même hauteur que ceux du couloir et des autres pièces. À mon avis, c’est juste assez fin pour faire passer un homme à plat ventre. Un morceau doit pouvoir se déboîter. Et je pense même savoir où. »
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| | | Xian Moriarty Membre fondateur/trice de Plume
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| Sujet: Re: Macha T.02 (série): Scandale au Louvre [G][Finit] Ven 8 Mai - 14:59 | |
| Chap. 04 Macha plaça l’escabeau là où elle avait repéré une trace de sang isolée. Elle y monta avec toute la grâce qu’elle avait, autant dire pas beaucoup, sous les regards de ses amis, des gardes et du cardinal. Elle utilisa le bout de sa dague pour tâter le plafond. Très vite, tout le monde se rendit compte qu’il était complètement creux. La jeune femme chercha alors un passage. Elle ne mit pas longtemps pour trouver une dalle amovible. Richelieu n’en revenait absolument pas. Comment une femme, une étrangère par-dessus le marché, avait-elle pu découvrir un passage secret dans sa chambre, alors même que les membres de l’armée et les plans du palais n’avaient rien révélé. De plus, c’était vraiment une originale. Il avait déjà vu de jeunes filles nobles à l’aspect hommasse parce qu’elles s’ennuyaient, mais une comme cela, jamais. Par ailleurs, elle était armée et paraissait tout à fait apte à se servir de ses armes. Macha poussa la dalle vers le haut, mais très vite, elle se trouva bloquée par le plafond, le vrai cette fois. Elle découvrit tout un espace, aussi vaste que la chambre, dont la hauteur ne dépassait pas soixante centimètres. Cela suffisait pour qu’on puisse ramper. Elle se demanda d’ailleurs comment personne n’avait pu remarquer la différence de hauteur entre les plafonds de la chambre et du couloir tant celui-ci était important. Il y faisait très sombre. « _Apportez une lampe ! » ordonna-t-elle. Sans attendre, un des gardes partit en chercher une. « _Le passage est assez large pour permettre à un homme de taille normal de passer. Par contre, je ne vois pas comment on a pu arriver ici en passant par une autre pièce. La lampe nous aidera à y voir mieux. » ajouta-t-elle. « _Votre sens de l’observation est remarquable mademoiselle. Vous pensez que c’est par ici qu’on a introduit cette pauvre jeune femme ? » lui demanda le cardinal. « _Je le pense, Votre Éminence. Mais même si on est passé par ici, cela ne répond pas à toutes les questions. » Elle sentit alors une odeur étrange. Elle la renifla à pleins poumons pendant un instant. « _Qu’est-ce qu’il y a ? »demanda Tolbiac. « _Ca sent… Je n’en suis pas sûr… On dirait l’odeur d’un dérivé d’opiacé… Du laudanum peut-être. Votre Éminence, quand vous vous êtes réveillé hier matin, aviez vous une drôle de sensation ? Avez-vous senti que votre réveil n’était pas habituel ? » « _Oui. J’avais mal à la tête. J’avais aussi la sensation que le monde des rêves ne voulait pas me laisser revenir dans celui des éveillés. » « _On vous a drogué Votre Éminence. » « _Mais c’est impossible ! On s’en serait rendu compte ! » déclara Enguerrand qui trouvait surréaliste qu’on puisse empoisonner le cardinal. Le garde revint alors avec la lampe. Macha allait pouvoir enfin inspecter ce faux plafond. Tolbiac décida de l’accompagner. Ils se faufilèrent dans l’espace étroit. La jeune femme était plus à l'aise, car moins épaisse que son ami. Sur une des poutres, elle trouva une mèche de cheveux. Mais la lampe ne lui permit pas de voir exactement de quelle couleur elle était. Elle revint donc vers la trappe. « _Dit moi Enguerrand, la fille, elle avait les cheveux de quelle couleur ? » lui demanda-t-elle, la moitié du buste dans le vide. « _Elle était blonde. » « _Tiens regarde ce que j’ai trouvé. » Elle lui tendit la mèche que celui-ci vint récupérer en haut de l’escabeau. Puis elle regagna l’espace. Un peu à l‘aveuglette, elle se rendit dans la partie où, en dessous, se trouvait le lit du cardinal. Ceux qui étaient restés au sol entendaient la jeune femme et le mousquetaire se déplacer. Le faux sol sur lequel ils marchaient grinçait à chacun de leurs pas. Il aurait fallu être complètement saoul pour ne pas entendre des gens marcher là-haut en pleine nuit. La supposition que Macha avait faite au sujet du cardinal était peut-être fondée finalement, mais comment une telle chose avait pu se produire !? Mais la jeune femme avait l’esprit vif. Quand elle fut là où elle pensait que le lit se trouvait, elle inspecta avec une grande minutie le bois. Elle remarqua qu’il y avait des sortes de bouchon. Elle en retira un. Elle regarda alors dedans. « _Je le savais, je le savais, je le savais ! » s’écria-t-elle. « _Quoi qu’y a-t-il ? » demanda le cardinal qui avait entendu la femme s’exclamer. « _Regardez le plafonne près de votre lit Votre Éminence. » Dans la pièce, tout le monde leva les yeux là où elle le leur avait ordonné. Ils virent alors un doigt, celui de la jeune femme, qu’elle avait fait passer par le trou. « _Il y en a plein d’autres un peu partout. Celui-là est sur le milieu de votre lit. Mais il y en a un à ma droite qui se situe juste au niveau de la tête du lit. »Elle revint vers la trappe. « La personne qui vous a drogué est un professionnel : il avait le bon produit et la technique. Elle consiste à faire descendre un fil avec un petit poids en forme d’aiguille. On place ce poids au niveau de la bouche de la victime et on fait couler le poison sur le fil. Comme vous dormiez, vous ne vous rendu compte de rien. On a ensuite descendu la jeune femme par la trappe, avec une corde probablement. » Tout le monde était impressionné par les déductions de la jeune femme. « _Mais pourquoi avoir égorgé la victime, au lieu de l’empoisonner également… et puis… enfin tu vois de quoi je veux parler… » demanda Enguerrand. Il se voyait mal parler de sperme avec elle, devant le cardinal. C’était vraiment trop indécent. « _Probablement pour rendre le crime plus horrible. À la vu des taches de sang sur le lit, je dirais qu’elle était vivante quand on l’a emmené ici, droguée elle aussi probablement. Si elle avait été morte, il n’y aurait pas eu autant de taches. Pour les traces de spermes, je pense que les assassins l‘ont fait exprès pour compromettre encore plus le Cardinal. » Mais pendant ce temps là, Tolbiac lui aussi avait trouvé quelque chose, dans le mur porteur. « _Macha regarde ! Il y a un passage taillé dans la pierre ! Descends ! » Elle rejoint son ami dans un des coins droits. Effectivement, une échelle de pierre avait été taillée. Il paraissait évident que la pièce avait été conçue comme cela. Mais dans quel but ? Espionner probablement. « _Il va falloir descendre. Il faut trouver par où les assassins sont entrés. Mais il nous faut un peu de matériel. » dit-elle. À sa demande, on lui fournit une très longue et solide corde, ainsi que des bougies de rechange pour la lampe et de quoi les allumer. « _Si nous ne sommes pas réapparut en fin de soirée, pensez à envoyer des secours ! » plaisanta le mousquetaire. Tolbiac et Macha descendirent avec prudence. Le passage devait aller bien en dessous du niveau du sol normal du château. La jeune femme avait remarqué un crochet, juste au dessus, installé récemment. C’est comme cela qu’on avait du hisser le corps inanimé de la victime, car le passage était si étroit qu’une seule personne à la fois pouvait passer. Après plusieurs longues minutes, ils finirent pas arriver au fond. Le couloir dans lequel il avait débouché était sombre et humide. Le sol avait été partiellement dallé avec de grosses pierres grossièrement taillées. De toute évidence, il avait été aménagé pour passer. Un passage secret ancien pour échapper aux agresseurs ? Si les plans ne révélaient pas son existence, c‘est qu‘ils étaient postérieurs à la période médiévale. Ils avancèrent pendant un long moment, en faisaient attention de ne pas glisser sur les pierres mouillées. Ils finirent par apercevoir de la lumière. Cela devait être la sortie. Après un dernier virage, ils la découvrir enfin. Mais elle était à moitié noyée sous les eaux. Au fond du couloir, qui n’était pas complètement immergé, on apercevait une grille. Téméraire, Macha n’hésita pas à s’engouffrer dans le liquide pour aller voir où donnait l’ouverture. Elle prit soin de déposer ses armes, pour ne pas les faire rouiller. Elle avait de l’eau presque jusqu’à la poitrine quand elle y arriva. « _C’est la Seine ! Ce passage donne sur la Seine ! On peut voir l’île de la Cité et Notre Dame. » s’écria-t-elle. La grille avait été cadenassée, récemment. Il y avait de nombreux bateaux qui circulaient sur le fleuve, de toutes les tailles et de toutes les formes. Une petite barque n’aurait eu aucun mal à s’arrimer à la grille la nuit, permettant à un ou plusieurs hommes de pénétrer ici. La jeune femme rejoint son ami, sur un sol sec. « _Nous voila bien avancé. » dit-elle. « _Tu es sévère je trouve. On sait comment les criminels sont entrés et comment ils s’y sont pris pour empoisonner le cardinal. Moi je trouve qu’on a déjà bien avancé. » « _Certes, mais cela ne suffit pas. Il a fallu du temps pour mettre en place un tel plan. Et je suis persuadée que les assassins ont dû venir plus d’une fois ici avant de commettre leur acte. Le cadenas est dans l’eau depuis peu de temps. De plus, il a été très bien conçu… » « _N’y n’avait-il pas le sigle du forgeron ? » « _Quelle idiote, j’ai pas regardé ! » Elle retourna dans l’eau. Mais il n’y avait rien sur le bout de fer. Logique, il avait été conçu pour empêcher de remonter la filière. Le reste de l’enquête risquait d’être plus difficile. Tolbiac et Macha regagnèrent la chambre du cardinal. Ce dernier ordonna qu’on aille chercher une boisson chaude pour la jeune femme qui claquait des dents. L’eau de la Seine était gelée, malgré le beau temps. Enguerrand lui prêta sa casaque rouge pour qu’elle se réchauffe un peu. Le mousquetaire aussi avait proposé sa veste, mais elle l’avait refusé. Elle fit part de ses conclusions à Richelieu. « _Il est clair que le coup a été monté avec minutie sur une longue période. Il fallait une bonne connaissance du palais et de vos habitudes. Une fois cela fait, ce sont des gens experts qui sont intervenus. Nous avons le “comment”. Maintenant, il faut chercher le “qui” et le “pourquoi”. Votre Éminence, vous avez une idée de qui pourrait s’en prendre à vous ? » « _ La question se pose à peine jeune demoiselle. Il a tout à parier que c’est monsieur le frère du roi, Gaston d’Orléans qui est à l’origine de cette machination. » lui répondit-il. « Mais le prouver me parait difficile. » « _En remontant la filière qui sait… » suggéra-t-elle. « Le palais est en chantier depuis plusieurs mois. Il faudrait aussi voir les plans, les notes des anciens architectes, ainsi qu’avoir une petite discussion avec celui qui s’occupe des aménagements actuels. Enguerrand, Tolbiac, chargés vous de cela. Moi je vais retourner à la boutique, voir si le Toulousain peut m’aider à mettre la main sur des personnes qui vendraient des opiacées. Sur ce, Votre Éminence, permettez-nous de nous retirer. » « _Je vous le permet. Je vais vous prescrire un laissé passé à titre exceptionnel. Dès que découvrez quelque chose d’intéressant, je veux que vous veniez m’informer immédiatement. Monsieur Enguerrand, vous avez été déchu de votre poste. Vous ne devriez donc plus porter mes insignes. Cependant, je vous accorde de les porter pour service rendu. Mais il va, dans votre intérêt, de retrouver les coupables si vous ne voulez pas définitivement quitter cette garde. » « _Oui, votre Éminence. Merci Votre Éminence. » Tous trois saluèrent le Cardinal avec le respect qui lui était dû. Ils se séparèrent ensuite pour aller à la recherche de renseignements.
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| Sujet: Re: Macha T.02 (série): Scandale au Louvre [G][Finit] Jeu 14 Mai - 1:08 | |
| Chap. 05 Tolbiac et Enguerrand revinrent bredouilles à la boutique. C’est Margot qui tenait l’accueil en l‘absence du Toulousain. Ils étaient déjà tard quand ils rentrèrent. Ils avaient fait la tournée de toutes les boutiques qui auraient pu vendre la substance dont Macha leur avait parlé. Mais en vain. La nuit commençait à tomber sur la capitale lorsque la jeune femme et le Toulousain quittèrent la boutique d‘un énième herboriste, sans information. Ils espéraient que Tolbiac et Enguerrand avaient eu plus de chance ! Lorsqu’ils se retrouvèrent tous à l’échoppe du Toulousain, ils firent un point, plutôt mauvais sur leur journée. Choux blancs. Ils décidèrent d’aller tous se coucher après un bon repas. La nuit porte conseil comme dit le proverbe. Le réveil fut difficile le lendemain matin. Tout le monde semblait un peu abattu. Enguerrand encore plus que les autres. Mais heureusement que Macha était là pour lui remonter le moral. Les hommes étaient avachis sur la table, boulottant quelques miches de pain en guise de petit déjeuné, accompagné de tranche de jambon cru. La jeune femme, qui ne mangeait pas le matin, tenait son bol de lait à la main, assise sur le rebord de la fenêtre. « _Allons, rien n’est encore perdu ! Il y a encore un endroit où nous ne sommes pas aller voir. » « _Et où cela je te pris ? » lui demanda Tolbiac un peu agacé. Lui aussi ne voyant pas tellement ce qu’il pouvait faire de plus pour le moment. « _Le port, idiot ! » lui répondit-elle sèchement. « Vous pourriez aller faire un tour sur les quais et aux capitaineries. On ne sait jamais… » « _T’es bien mignonne de vouloir trouver une solution, mais je pense que c’est désespéré. Comment veux-tu que l’on retrouve une substance dont on ignore presque tout ? Si ça se trouve, c’est un étranger qui l’a emmené dont ne sais où ! »soupira le garde du cardinal. Macha se leva, troqua son bol de lait contre la cruche d’eau, qu’elle renversa sur la tête de son ami. « _Tu ferais mieux de te bouger l’arrière-train au lieu de te lamenter comme une tartine de beurre moisie ! Toi et le Toulousain, vous allez au port et vous enquêtez ! Qui sait ce qu’on pourrait y trouver ! » « _Et toi, que comptes-tu faire pendant ce temps ? » lui demanda l’apothicaire. « _Tolbiac et moi retournons au souterrain avec du matériel. Je veux ouvrir cette grille et voir ce qu‘il y a de l‘autre côté. » « _Merci de me demander mon avis. Au cas où tu aurais oublié, c’est la Seine de l’autre côté. » « _La cruche est peut-être vide, mais rien ne m’empêche de te la casser sur la tête. Le trafic maritime est important sur ce fleuve, peut-être que quelqu’un aura vu quelque chose. Mais si tu as mieux à proposer, je t’en pris exprime toi. » « _Richelieu avait laissé sous-entendre que c’était un coup de Gaston de France, pourquoi ne pas chercher dans cette direction ? » « _Et comment tu fais pour enquêter sur le frère du Roi ? Et même si c’est lui qui a monté le coup, il n’est pas assez stupide pour avoir laissé des indices qui permettraient de remonter jusqu’à lui. » répliqua Enguerrand. « _Et les hommes ! vous allez un peu loin pour le moment. Avant de trouver le cerveau de ce complot, il faut mettre la main sur ceux qui l’ont exécuté. Chaque chose en son temps. » « _Macha a raison. Si jamais nous sommes toujours dans le brouillard ce soir, nous chercherons du côté de Gaston de France. Je vais réveiller Margot pour qu’elle garde la boutique, et on s’en va. » Une heure plus tard, Macha et Tolbiac, munis de quelques affaires empruntées à la caserne des mousquetaires, étaient retournés au palais du Louvre. Ils arpentaient les couloirs des domestiques, beaucoup moins somptueux que ceux que les nobles parcouraient. Ils ne voulaient pas se faire trop voir non plus. Le laissez-passer de la jeune femme n’avait pas énormément de valeur puisque le Cardinal était plus ou moins sous surveillance et que son autorité avait été remise en doute. Lorsqu’ils arrivèrent dans le couloir où donnait la chambre du cardinal, ils eurent une surprise de taille. Devant la porte se tenaient trois hommes. Les deux amis reconnurent sans mal la longue silhouette longiligne de Sagamore. Le cœur de la jeune femme se stoppa un instant. Ils ne s’étaient pas recroisés depuis l’affaire de son diadème*. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que leur dernière rencontre s’était presque aussi mal passée que leurs retrouvailles. Alors qu’elle avait été heureuse de le revoir, lui ne l’avait pas été autant, encore moins lorsqu’il apprit qu’elle s’était alliée à Tolbiac, l’homme qu’il haïssait le plus en ce monde. Elle avait espoir de renouer d’amitié avec lui, mais le Destin semblait voir les choses autrement. Le mousquetaire, lui, parut à peine surpris. Il avait tellement l’habitude de croiser Sagamore dans les coups les plus louches que montait Gaston d’Orléans. Son humeur descendit d’un cran, il ne le haïssait pas comme ce dernier, mais il ne l’aimait pas pour autant. Le simple fait de le voir le mettait en rogne. Mais il ne devait rien monter en présence de la jeune femme, car elle aurait bien été capable de lui mettre un coup de poing. Les deux autres hommes qui gardaient la porte étaient tout de noir vêtus et n’avaient pas l’air des plus sympathiques. Gaston de France avait toute une bande de mercenaires à son service. C’est Sagamore qu’on retrouvait généralement à leur tête, bien que ce dernier ne soit pas de ce genre là. Une sueur froide parcourut l’échine de Macha : Tolbiac et Sagamore dans un endroit signifiaient forcément la confrontation. Tous les deux ne pouvaient s’en empêcher, c’était maladif. Cependant, ils étaient au milieu du Louvre, auraient-ils tout de même le culot de s’affronter ici ? Le groupe d’hommes en noir vit les deux amis arriver à allure normale. Le visage de Sagamore s’assombrit. Tolbiac lui faisait toujours cet effet-là. Cependant, on sentit qu’il tentait de maîtriser cette colère et cette haine qui émanait de lui. Était-ce parce qu’il était au Louvre, ou que Macha l’accompagnait ? Le retour de la jeune femme dans son existence avait fait revenir un passé blessant dont il essayait de se défaire. De plus, il était amer de voir que Macha s’était réconciliée avec Tolbiac, ou du moins qu’elle tolérait sa présence à ses côtés. Il mit sa main sur la paume de sa rapière, en guise de menace à l’encontre des deux arrivants. Le mousquetaire fit de même, ce qui ne fit qu’augmenter la tension entre les deux groupes. Les hommes de Sagamore, eux aussi, se mirent sur la défensive. De toute évidence, ils cherchaient, tous les quatre, la confrontation. Seule Macha espérait apaiser cette rencontre. « _Qu’est-ce que vous faites ici ? » demanda l’homme de main de Gaston de France dont le regard toisait Tolbiac, qui le lui rendait bien. « _Bonjour aussi, moi aussi je suis heureuse de te revoir. Nous sommes mandatés par son Éminence le Cardinal de Richelieu pour enquêter sur le meurtre dont il est accusé. » Elle lui tendit la missive que lui avait remise ce dernier. Sans attendre qu’il examine le papier, elle voulut entrer dans la pièce que gardaient les deux autres hommes. Ils sortirent leurs rapières et menacèrent la jeune femme en lui plaçant leurs pointes sous la gorge. Ce fut alors la réaction en chaîne : Tolbiac sortit la sienne, suivit par Sagamore. Le mousquetaire s’était rapproché de son amie. Il savait pertinemment qu’elle n’agresserait personne, ce qui pouvait s’avérer dangereux. Les deux mercenaires qui la menaçaient n’avaient sûrement pas les mêmes intentions. Par contre, ils ignoraient comment le grand ténébreux réagirait. Il le voyait mal s’en prendre violemment à elle, mais leurs dernières rencontres ne le poussaient pas à croire qu’il les portait dans son cœur. Macha n’avait pas touché à ses armes. La tension était montée d’un cran. « _Personne n’est autorisé à pénétrer dans cette pièce. » leur dit Sagamore de sa voix caverneuse. « _On a un laissez-passer. » lui répondit la jeune femme en se retournant vers lui, l’air grave. « _Il n’a aucune valeur. Les ordres viennent directement de Sa Majesté le frère du Roi. Alors, maintenant partez. » Elle lui lança un regard noir, mais il la regardait qu’à moitié. Les yeux de Sagamore restaient fixés sur Tolbiac. Les deux hommes se méprisaient. On pouvait se demander qu’elle fût la force qui les retenait de se battre. De plus, le grand ténébreux ne semblait pas indifférent à la proximité de son ennemi avec la jeune femme. « _Je crois que l’on perd notre temps. Ils ne semblent pas disposés à parlementer. » lança Tolbiac. « _Je ne suis pas là pour parlementer, mais entrer » répliqua Macha qui força le passage. Un des gardes la blessa au bras pour la dissuader de passer. Il fut immédiatement embroché par Tolbiac qui eut peur pour la vie de son amie. Suite à son geste, l’affrontement devint inévitable. Le second garde fondit sur elle, mais elle lui donna un violent coups de pied. L’homme tomba assommé sur le sol après que sa tête ait cogné le mur. Sagamore avait attaqué le mousquetaire. Sans avoir pleinement conscience du danger, Macha s’interposa entre eux, dos à son ami. Les deux hommes retinrent de justesse leur coup pour ne pas la toucher. « _Arrêtez ! C’est stupide ! » Elle savait qu’essayer de les raisonner en plein combat n’était pas chose facile. Elle était juste devant Tolbiac pour l’empêcher d’avancer, et lui faisait office de bouclier. Elle espérait que Sagamore ne prendrait pas le risque de la blesser. « _Pousse toi, je vais lui donner une leçon qu’il n’oubliera pas de si tôt. » lui ordonna le mousquetaire qui tentait de lui passer devant. « _Calme toi bougre d’âne ! » « _Ecartez vous. Ne me forcez pas à vous blesser, je n’ai que faire de vous. » « _Si tu as un problème avec lui, alors tu as un problème avec moi ! » Cette phrase sembla surprendre les deux hommes, mais c’est probablement Sagamore qui fut le plus stupéfait. On sentit alors sa colère grandir. Il serra la garde de sa rapière de toutes ses forces. Mais c’était plus vers son ennemi juré que vers elle que cette haine se dirigea. Craignant que son état ne le pousse à faire une bêtise impardonnable, Tolbiac écarta sans modération la jeune femme. Plus rien ne semblait pouvoir empêcher une violente confrontation. « _Cette fois, tu vas mourir Tolbiac ! » « _J’aimerai bien voir ça ! » Mais avant même qu’ils puissent échanger un coup, une puissante voix retentit dans le couloir, leur ordonnant de cesser. Les deux hommes levèrent les yeux vers la personne qui venait de les interpeller. Macha poussa un soupire de soulagement. Le Cardinal de Richelieu venait d’arriver, encadré de deux de ses gardes. Il ne semblait pas très content. « _Que signifie tout ce raffut ?! » Il lança des regards à Sagamore, puis à Macha et Tolbiac avant de poser ses yeux sur les hommes inanimés. « _J’attends une explication ! Sagamore ! » « _Votre Éminence, ces individus ont voulu pénétrer dans votre chambre. Et j’ai ordre de ne laisser entrer personne. » « _Et qui vous a ordonné cela ? Gaston de France ? Vous direz à votre maître que c’est à moi qu’incombe la charge de décider qui entre ici ou non, est-ce clair ? » « _Oui Votre Éminence. » « _Maintenant, rangez cette arme et allez-vous-en ! Vous deux, venez avec moi. » Sagamore rangea son arme, puis salua le cardinal. On pouvait presque voir sa colère et sa haine se matérialiser au-dessus de lui. Il lança un dernier regard vers Tolbiac avant de partir. Le mousquetaire était au côté de Macha, qui se tenait le bras là où elle avait été blessée. En guise de provocation, il adorait faire ça, il posa ses mains sur les épaules de la jeune femme, comme s’il la protégeait. Il la fit entrer dans la pièce avec un petit sourire narquois en guise d’ultime provocation. Autant dire que Sagamore avait le diable au corps en partant. « _Je souhaiterais que vous ne provoquiez pas d’incident lorsque vous venez ici ! Ma situation est déjà assez compliquée pour moi sans que vous y ajoutiez votre grain de sel. » « _Je puis vous assurez que nous ne sommes pour rien dans cette altercation. » répondit humblement Tolbiac. « _Je l’espère ! Que venez-vous faire ici ? » « _Nous sommes venus pour forcer la grille au bout du passage secret. Nos recherches sont restées vaines pour le moment. » déclara Macha. Elle était déjà à la moitié de l’escabeau qui menait au trou du plafond. Sa blessure de semblait pas trop la gêner. Le cardinal ne semblait pas énormément apprécier ses manières assez légères, mais il les tolérait. Du moins pour le moment. Macha avait retiré son pardessus et son corset, ainsi que ses bottes. Elle s’attacha avec la longue corde qu’elle avait prise. Doucement, elle s’engouffra dans l’eau froide, armée d’une grosse pince, avec l’intention de faire sauter le cadenas de la grille. Tolbiac tenait l’autre bout de la corde pour l’assurer. C’est non sans mal qu’elle réussit à briser la boucle du cadenas. Elle ouvrit la porte de la grille. « _Fait attention, le courant est fort ! » lui cria Tolbiac. « _Pourquoi tu crois que je te demande de m’assurer, crétin des Alpes ! » Elle voyait l’île de la Cité, et Notre-Dame, en face. Il y avait énormément de trafic sur le fleuve, et c’était plus cela qu’elle craignait que le courant. Elle apercevait de nombreuses petites embarcations en face d’elle. Elle nagea en direction de l’autre rive, mais aux trois quarts du chemin, la corde la retint. Elle était trop courte. Macha aurait très bien pu faire demi-tour et revenir par la terre ferme, maintenant qu’elle savait exactement où se rendre. Mais non, elle sectionna la corde à l’aide de son poignard qu’elle avait à la cheville Les embarcations qu’elle atteignit étaient très anciennes et presque englouties par les eaux. Elle avait remarqué un ensemble qui avait été aménagé. Elle s’y rendit tant bien que mal. De vieux bouts de bois avaient été disposés en triangle, recouvert par un morceau de tissus rapiécé de toute part. Lorsqu’elle y arriva, elle vit deux pieds nus qui dépassaient de ce toit de fortune. Le poignard à la main, elle s’en approcha doucement. Elle poussa le bout de tissus pour voir qui se trouvait à l’intérieur. Un homme, d’une quarantaine d’années, tout miteux, sale et puant, dormait, une bouteille à la main. Il sentait vraiment fort. Quelle misère de vivre si près de l’eau et de ne jamais se laver, bien que la Seine ne soit pas des plus propre. Elle s’approcha de lui pour le réveiller. Mais l’homme devait avoir un petit coup dans le nez, car cela fut difficile. Ses yeux s’ouvrirent avec peine. Quand il réussit à distinguer la jeune femme en face de lui, il lui fit un énorme sourire édenté. « _Alors, ma mignonne, on s’est perdu ? » lui demanda-t-il en lui mettant la main aux fesses. Outragée, elle lui mit son poignard sous la gorge. « _Doucement ma belle, c’était juste pour s’amuser. » « _Vous habitez ici ? » « _Euh oui… oui… » « _La grille de l’autre côté du fleuve, une embarcation s’en est-elle approchée ces derniers temps ? » « _La bouche d’égout ? Pourquoi cela vous… » Elle poussa un peu plus sa lame. « _Oui, oui… j’ai vu une barque… » « _Quand ça ? » « _Je ne sais plus moi… vous savez la boisson… » « _J’espère que la boisson n’avait pas trop altéré votre vue, et que vous me dites bien la vérité. Combien d’hommes y avaient-ils ? Transportaient-ils quelques choses ? » « _Me souvient plus trop… Z’étaient trois… Semble bien qu’ils avaient un gros sac avec eux… » « _A quoi ressemblaient-ils ? » « _Sais pas trop… C’est loin d’ici… Y en avait un plus grand que les autres, très mince… Un autre, petit trapu, parlait bien fort… on aurait dit un marin… mais l’autre ne sait pas… Y faisait nuit et…. » « _C’est bon. » Elle rangea son arme dans sa botte, puis partit. Le voyage de retour fut un peu plus difficile. Depuis qu’elle s’était installée chez le Toulousain, elle avait considérablement réduit son activité physique. C’est à bout de souffle qu’elle rejoint Tolbiac, furieux. « _C’est bien la peine de t’attacher si c’est pour couper la corde ! » « _Arrète de râler ! J’ai des infos ! » *Voir « Macha : le Diadème d’Argent ».
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| Sujet: Re: Macha T.02 (série): Scandale au Louvre [G][Finit] Ven 22 Mai - 12:36 | |
| Chap. 06 Après avoir averti le cardinal de ce qu’ils avaient découvert, Macha et Tolbiac retournèrent à la boutique. C’est Margot qui les accueillit, Enguerrand et le Toulousain n’étaient toujours pas rentrés. « _Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu es trempée ? » « _Une petite baignade dans la Seine. Bon, faut espérer qu’ils se dépêchent de revenir. On a de bonnes nouvelles. » « _Vous savez qui a fait le coup ? » « _Non, mais on a un signalement… » La jeune femme du piocheur dans les vêtements de ses amis, car elle n’en avait pas de rechange. Elle du mettre aussi le long ruban, qu’elle utilisait pour attacher ses cheveux, à sécher. Margot l’admirait énormément. Macha était grande et belle. Quand elle portait juste sa chemise blanche et son corset, elle avait l’impression de voir une princesse. Ah, comme elle espérait être comme elle lorsqu’elle serait adulte. Mais au-delà du physique, la fillette adorait son caractère bien trempé : courageuse, arrogante, déterminée. C’était une battante. Mais elle ne connaissait pas encore ses mauvais côtés, elle n’avait pas été présente lorsque Macha avait récupéré son diadème. La jeune femme somnolait sur la table. Sa traversée de la Seine l’avait épuisé, sans compter les émotions fortes du Louvre. Cela lui faisait de la peine d’être ainsi en froid avec Sagamore. Elle avait quand même espoir de pouvoir lui mettre le grappin dessus un de ces jours pour discuter calmement. Comme Macha était à moitié endormie, Tolbiac pouvait prendre le loisir de la regarder un peu, sans prendre le risque de recevoir une chaise ou une cruche. Il se demandait comment il avait pu la prendre pour un homme lorsqu’il était jeune. Il faut aussi dire que quand on est à l’école d’arme, on n’a pas idée qu’une femme vienne suivre les cours avec vous. Le bruit de la porte qu’on enfonce fit sortir Tolbiac de ses pensées et ramener Macha à la surface. Margot se précipita au balcon de la mezzanine pour voir qui pouvait faire autant de boucan, les deux autres sur les talons. « _Margot ! Apporte les affaires de soin vite ! » s’écria le Toulousain. Il soutenait Enguerrand. Il avait le visage en sang. Heureusement que son ami était là pour l’aider à marcher, il était si abîmé qu’il ne pouvait se mouvoir seul. Macha et Tolbiac descendirent à toute vitesse. Le mousquetaire alla aider l’apothicaire. « _Que s’est-il passé ? » demanda la jeune femme qui vint remplacer le Toulousain. « _J’ai glissé sur un poisson pourri » blagua le garde du cardinal. « _Pour te mettre dans c’est état, il devait être sacrement gros. » Ils aidèrent leur ami à monter, puis l’assirent sur une chaise. Margot revint avec les baumes et autres produits, ainsi que des bandes, du fil et des ciseaux. Normalement, c’était le Toulousain qui jouait les médecins, mais comme il était bien fatigué, Macha se proposa de le remplacer. Tolbiac ne fit aucun commentaire. Il avait déjà mal pour son ami. La jeune femme n’était pas la reine de la délicatesse. Enguerrand était vraiment dans un sale état. Il avait les lèvres et le nez explosés. Son œil droit n’était plus qu’un énorme hématome noir. Son arcade sourcilière gauche saignait abondamment, mais la coupure était relativement petite. Elle examina son bras droit, car ce dernier le tenait replié contre lui. Elle craignait qu’il ne soit cassé. Mais en fin de compte, il avait juste l’épaule déboîtée. À part cela, il était couvert de bleus. Doucement, Macha le soigna avec une délicatesse que Tolbiac ne connaissait pas. Un pic de jalousie vint le titiller… Elle s’occupait de Sagamore, réparait Enguerrand… mais lui… Si elle avait dû le soigner alors qu’il était dans le même état que son ami, il aurait presque pu regretter ses agresseurs. « _Bon, si vous nous disiez ce qu’il s’est passé ? » questionna le mousquetaire pour occuper son esprit. « _Nous sommes allés au port comme Macha nous l’avait suggéré. Là nous nous sommes séparés pour pouvoir interroger plus de personnes. C’est en sortant d’une boutique dans une rue plutôt mal famée que j’ai vu Enguerrand se faire tabasser par deux hommes. Quand ils m’ont vu arrivé, ils se sont enfuis. Je pense qu’ils l’ont attaqué parce qu’il a du poser les bonnes questions. » « _Et à quoi ils ressemblaient vos poissons ? » « _Le premier était de taille moyenne, brun, le type banal à pleurer. Le second était plus petit et trapu. Je n’ai pas bien fait attention à ce qu’il disait, mais je pense que l’un d’entre eux doit être un marin ou du moins un homme qui fréquente constamment le milieu maritime. » « _Tu saurais les reconnaître ? » demanda Macha qui finissait de soigner Enguerrand. « _Possible oui. Et vous, vous avez découvert des choses ? » « _Les mêmes choses que toi. J’ai trouvé un homme qui affirme que trois hommes sont passés par la grille semi-engloutie qui mène au Louvre. Deux de ces hommes correspondent à la description des hommes qui ont tabassé Enguerrand. » « _Vint Diou ! Si je les retrouve, ils vont voir de quel bois je me chauffe. » s’énerva le garde. Pour le calmer, Macha appuya délibérément sur une de ses plaies pour qu’il se taise, ou plutôt qu’il cesse de dire n’importe quoi. « _Toi, c’est aux pieux dès que j’en ai fini avec toi, c’est clair ? » « _Quoi ? Hors de question ! Mon honneur est en jeu ! » « _Je n’aurai aucun scrupule à t’éclater la tête contre un mur pour te faire dormir ! Mais tu peux aussi choisir d’aller te coucher tout seul. » lui dit-elle avait un petit sourire sadique. Enguerrand ne douta pas une minute que la sincérité des dires de Macha. Après leur avoir indiqué où il s’était rendu au port, le groupe, composé de la jeune femme, du mousquetaire et du Toulousain, quittèrent la boutique. Margot se vit chargée de veiller sur le blessé.
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| Sujet: Macha T.02 : Scandale au Louvre Ven 29 Mai - 13:48 | |
| Chap. 07 Le petit groupe marchait en direction du port. C’était un lieu un peu à la limite de la ville. De nombreux navires, en provenance de Nantes, Bordeaux et de nombreuses autres villes, remontaient la Seine depuis la mer pour approvisionner la capitale du royaume de France. On débarquait de tout là-bas : bois, nourriture, armes… Selon les endroits du port où l’on se trouvait, les odeurs étaient différentes : la pourriture du poison, des fruits et des légumes, des épices, du bois mouillé… C’est le Toulousain qui menait le groupe, car il avait à peu près visualisé l’endroit qu’avait indiqué Enguerrand. Cependant, il avait peu d’espoir de pouvoir remettre la main sur les voyous qui avaient agressé leur ami. Retrouver deux hommes dont l’un ressemblait à la moitié de la population du port, et l’autre à la moitié de celle de Paris, n‘était pas chose évidente. « _On a peut-être un indice pour deux de ces hommes, mais on a rien sur le troisième. » déclara Macha qui s’interrogeait sur les identités de leurs trois suspects. « _Ca semble évident, » lui répondit Tolbiac, « Un grand mince qui connaît un passage secret qui mène au Louvre… et dont les complices ont tenté d’évincer le Cardinal du pouvoir royal… probablement sur ordre de Gaston de France… » « _Ca t’arrange bien toi n’est-ce pas ! Sagamore n’est pas le seul homme mince de ce pays que je sache. Pourquoi toujours tout lui mettre sur le dos ? » « _Je ne cherche pas à tout lui mettre sur le dos, puisqu’il a déjà tout sur le dos. Cela fait plus de huit ans que je suis mousquetaire, et ça fait huit ans que nos chemins se croisent dans tous les complots et autres méfaits qui touchent la famille royale… Ce n’est plus l’homme que tu as connu il y a dix ans ! » « _A qui la faute, on se le demande », lui lança-t-elle en pleine figure avec un regard de colère. Le Toulousain n’osait pas s’interposer dans la discussion plutôt houleuse de ses amis, mais il était d’accord avec Tolbiac sur l’identité de ce fameux grand mince. Une fois au port, ils tentèrent de refaire le parcours d’Enguerrand, mais ils ne découvrirent rien d’intéressant. De toute évidence, les deux lascars avaient du déserter les lieux après s’en être pris à leur ami. Le soir tombait. Macha et Tolbiac se disputaient à propos de tout et n’importe quoi, au grand désespoir du Toulousain. Si les confrontations entre le mousquetaire et Sagamore étaient maladives, les engueulades entre la jeune fille et lui étaient… naturelles. « _Tu me saoule ! J’ai soif… Allez, on va à la taverne ! » finit par s’exclamé Macha. « _Et qui est-ce qui va encore payer ? » lui répondit ironiquement Tolbiac. La dispute continua jusqu’à ce qu’ils arrivent dans un des nombreux établissements du port. L’endroit semblait plutôt mal famé, mais les deux hommes ne purent arrêter la jeune femme. Si des individus douteux lui cherchaient des noises, elle leur apprendrait qui elle était. La taverne était pleine de monde et affreusement bruyante. Des odeurs de sueurs, de tabac, de vin et de vomis imprégnaient chaque objet et toutes les personnes. Les hommes, des marins et des gens du port pour là plus part, ne se rendirent même pas compte qu’une femme entrait dans l’établissement. En même temps, ce n’est pas les femmes qui manquaient ici, mais aucune n’était du genre de Macha. C’est non sans mal qu’ils trouvèrent une table de libre, à la mezzanine, près du balcon. Enfin, c’est eux qui la libérèrent en évacuant sans ménagement l’ivrogne qui décuvait dessus. C’est une femme, aux rondeurs non négligeables, qui vint demander aux trois « mignons » ce qu’ils désiraient boire. Macha réclama à corps et à cris une choppe de bière alors que Tolbiac et le Toulousain ne souhaitèrent que du vin. L’attente fut longue, ce qui laissa du temps aux deux têtes brûlées de se disputer encore et toujours. Le Toulousain, lui, qui se fatiguait de ses interminables joutes verbales pleines de sympathie, en profitait pour observer ce qui se passait dans la taverne. On chantait, dansait, buvait, mangeait et les hommes ne se privaient de prendre les serveuses sur leurs genoux pour obtenir quelques câlins. Le Toulousain se demandait ce qu’il pouvait bien faire ici. Il n’avait vraiment pas l’habitude de fréquenter ce genre de taverne. Les allées et venues étaient incessantes, encore pires que dans un moulin, sans compter ceux qui se faisaient sortissent manu militari par des groupes d’ivrognes ou bien par le tavernier qui n’appréciait pas les clients sans argent. Les boissons étaient une sorte de remonte morale pour nos amis. La journée, qui avait pourtant bien commencé, semblait bien plus sombre. Si de nouvelles recherches devaient commencer, elles seraient difficiles, car enquêter sur le frère du roi n’était pas chose facile. Et ce n’est pas Sagamore qui les aiderait… Le Toulousain observait les nouveaux arrivants, la chance leur apporterait peut-être un des hommes qu’ils recherchaient. Macha disait souvent que la chance, c’est ce qui ne se mérite pas. Dans la manière dont elle l’énonçait, cela signifiait que si la chance souriait à quelqu’un c’était parce qu’elle était incompétente et incapable de mener à bien sa « mission ». Et c’est bien dans ce sens que la chance apparut. Bien qu’il ne l’ait jamais rencontré « personnellement » au sens propre du terme, le Toulousain connaissait bien Sagamore de vue. Il ne comptait plus les fois où il l’avait vu se battre avec Tolbiac. Et puis, rien qu’à la description qu’on pouvait faire de lui, on le reconnaîtrait en moins de deux : un grand mince ténébreux avec une jolie balafre sur le visage. Des comme ça, il ne devait pas y en avoir beaucoup. Le visage à peine caché derrière le col remonté de sa longue veste noire, l’homme de main de Gaston de France pénétra dans l’établissement. Il se dirigea vers le fond de la taverne. Mais le Toulousain le perdit de vu lorsqu’il passa sous la mezzanine. Ce n’est, non sans difficulté, qu’il réussit à capter l’attention de Macha et Tolbiac qui se disputaient toujours. « _Oh mais ce n’est pas bientôt fini vos disputes puériles ! Vous feriez mieux de regarder de qui se passe autour de vous ! » Macha jeta un rapide coup d’œil autour d’elle. « _A part des ivrognes et des putains, je ne vois pas ce qu’il y a d’intéressant ici. » « _C’est parce que tu ne regardes pas au bon endroit. Et ces vingt dernières minutes, c’est la tête de Tolbiac que tu regardais. Devine qui vient de franchir la porte de la taverne ? » « _Un des hommes que l’on recherche ? » interrogea Tolbiac. « _Encore mieux. Ton vieil ami… » Le mousquetaire eut un petit rictus ironique. La jeune femme poussa un soupir. « _Tu as l’air déçu qu’il nous tombe dessus. Aurais-tu caressé l’espoir qu’il ne fut pour rien dans cette histoire ? » la provoqua Tolbiac. « _Tu me gonfles ! Euh, tu n’as pas d’arme pour te battre toi. Tiens prend ma rapière. » Elle tendit son arme au Toulousain. N’étant pas soldat, il ne possédait pas d’arme de corps à corps. Cependant, il savait les manier. Macha utiliserait sa jian*. Dissimilant leurs armes comme ils purent, l’apothicaire ouvrant la marche, ils descendirent discrètement au rez-de-chaussée. Ils restèrent un bon moment cachés dans les escaliers pour voir où était Sagamore, sans être vu. Celui-ci était assis, au fond de la salle principale en compagnie de deux hommes. Le premier était de stature moyenne, les cheveux courts châtain foncé, à l’apparence assez maniérée. Le second correspondait aux descriptions qu’on leur avait fait : petit, trapu, les cheveux blonds en bataille. La discussion entre eux et Sagamore semblait tendue. Le blond ne cessait de taper du poing sur la table. L’homme de Gaston de France ne semblait pas affecté par les menaces qu’on lui adressait. Probablement qu’il avait l’habitude de « discuter » avec ce genre d’individu. Il y avait fort à parier que les lascars avaient pris peur de quelque chose. Était-ce eux qui détenaient la drogue qui avait assommé le cardinal, et que, stupéfait qu’on ait découvert la supercherie, craignaient pour leur vie ? Les attaquer de plein front paraissait difficile. Vu le monde qu’il y avait dans la taverne, impossible de se battre sans risquer de tuer la moitié des clients. Il fallait aussi pouvoir s’approcher d’eux sans se faire remarquer. La chose ne semblait pas impossible pour Macha et le Toulousain. Mais Sagamore était un vrai détecteur à Tolbiac, il mettrait à peine une seconde pour le voir arriver. La jeune femme réfléchissait à la manière de faire sortir un maximum de personne pour avoir un meilleur champ d’action pour intercepter au moins les complices de Sagamore. C’est le mousquetaire qui offrit la solution. Il remonta à l’étage. Il inspecta les clients un par peu, sans que Macha ne comprenne à quoi il voulait en venir. Le Toulousain se doutait bien de ce qui allait se passer, mais il préférait se concentrer sur leurs cibles. C’est avec un doigté prodigieux que Tolbiac provoqua une bagarre entre deux hommes ivres. Très vite et avec son savoir-faire, il fit déborder la dispute dans toute la mezzanine. Le conflit provoqua la fuite d’une bonne partie des clients de la taverne qui ne souhaitaient pas se faire allumer. L’ambiance n’était plus propice à la discussion, Sagamore et ses acolytes se levèrent dans l’intention de quitter la taverne. C’est à ce moment-là que Macha et le Toulousain décidèrent de se montrer en leur barrant le chemin de la porte. Pas une seule parole ne fut échangée entre les adversaires. Mais à trois contre deux, le combat était assez inégal. Sagamore n’était pas idiot : Macha était une excellente combattante. C’est avec elle qu’il engagea le combat. Laissant ainsi aux deux autres hommes le Toulousain. Tolbiac aurait voulu rejoindre ses amis, mais il fut malencontreusement pris dans la bagarre qu’il avait provoquée. Il fallait absolument qu’il se sorte de ce pétrin, car si la jeune femme pouvait largement tenir tête à son ennemi, ce n’était pas le cas pour l’apothicaire, surtout à deux contre un. Macha avait le cœur serré. Elle aurait préféré se charger des deux comploteurs. Elle n’avait aucune envie de se battre avec Sagamore. Rarement elle avait été aussi perdue lors d’un affrontement, car si elle ne voulait par lui faire du mal, cela ne semblait pas réciproque. Elle fit tout ce qu’elle put pour éviter le duel, reculant sans cesse. Le grand ténébreux avait bien compris qu’elle ne souhaitait pas l’affrontement. Seulement, il n’avait pas le choix. Il fondit sur elle une première fois. Elle l’esquiva facilement, mais ne contre-attaqua pas. Elle recula encore. Forcée, elle engagea le combat après qu’il l’ait attaqué une seconde fois. Tous deux étaient de grands escrimeurs et le niveau du combat était très élevé. Cependant, Macha se faisait dominer : premièrement, elle ne voulait pas le blesser, et deuxièmement, elle avait du mal à adapter sa manière de se battre avec sa jian au style de son adversaire. Le Toulousain, lui, était en assez mauvaise posture. Affronter un adversaire n’était déjà pas facile pour lui, mais deux. Surtout que les deux lascars étaient bien meilleurs que lui. Heureusement que la taverne regorgeait de tables, de chaises et autres cruches pour l’aider à éloigner un maximum ses adversaires. Il espérait que Tolbiac se sorte vite de la situation dans laquelle il se trouvait pour venir à son aide. D’ailleurs ce dernier, qui voyait grossièrement ce qui se passait en bas, faisait du mieux qu’il pouvait pour se porter au secours de ses amis. Après plusieurs tentatives ratées, il réussit à mettre au sol une bonne partie des bagarreurs en leur renversant une table dessus. Sans demander son reste, il se précipita vers le bord de la mezzanine. En s’aidant de la rambarde, il se propulsa sur l’immense lustre, en forme de roue de charrette, auquel il se rattrapa de justesse. Il observa très vite ce qui se passait en bas. Le Toulousain semblait avoir bien plus besoin de son aide que Macha. C’est en gesticulant comme un asticot qu’il réussit à attirer l’attention de son ami. Dès lors, l’apothicaire fit ce qu’il put pour se rapprocher de lui, mais cela était difficile. Tolbiac se hissa comme il put sur le lustre. Quand les deux hommes de main de Sagamore furent juste en dessous, le mousquetaire coupa la corde qui retenait la roue au plafond. L’immense masse de bois vint s’écraser sur les combattants sans qu’ils ne puissent faire un geste. Tolbiac fut aussi un peu sonné, mais rien de bien grave. Le vacarme que provoqua la chute du lustre fit stopper l’affrontement entre Macha et Sagamore. Ils se tournèrent vers l’origine du bruit pour voir ce qui s’était passé. N’étant pas capable de faire le poids face à Macha et Tolbiac réunis, Sagamore préféra prendre la fuite. Il ne pouvait rien faire pour ses complices. Il regretta de ne pas les avoir éliminés dès leurs méfaits accomplis. Il fallait maintenant prévenir son maître qu’ils risquaient d’être découvert. Tolbiac l’aurait volontiers poursuivi, mais la jeune femme l’en empêcha. « _Laisse le ! » lui ordonna-t-elle. « Nous avons ces deux-là, » elle montra les hommes assommés sous le lustre, « il faut les faire parler maintenant. Je suis sûre qu’ils balanceront leurs commanditaires pour avoir la vie sauve. » *Épée chinoise. | |
| | | Xian Moriarty Membre fondateur/trice de Plume
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| Sujet: Re: Macha T.02 (série): Scandale au Louvre [G][Finit] Sam 5 Nov - 14:20 | |
| Chap. 08 C’est grâce à la délicatesse naturelle de Macha pour les interrogatoires qu’ils obtinrent les aveux des deux crapules qu’ils avaient arrêtés à la taverne du port. Ils déclarèrent que c’était Sagamore qui avait pris contact avec eux. L’homme au physique banal avait beaucoup voyagé de par le monde connu et avait ramené de nombreuses drogues et poisons. Le blond n’était que son partenaire de méfait. On leur avait demandé, en échange d’une forte somme d’argent, de faire croire que le cardinal Richelieu avait assassiné une jeune femme. Ils avaient engagé une jeune femme des bas quartiers pour arriver à leurs fins. Ils l’avaient droguée, puis guidés par Sagamore, étaient entrés dans le Louvre par le passage secret de la Seine. Une fois au niveau de la chambre, il avait drogué l’homme d’Église, avec un fil, comme Macha l’avait dit. Puis ils étaient descendus du plafond à l’aide d’une corde, pour déposer le corps de la jeune femme qu’ils avaient ensuite égorgé sur le lit. Par contre, impossible de savoir lequel des deux avait violé cette pauvre jeune fille. Mais les quatre amis ne tenaient pas non plus à savoir ce genre de détail… Les deux hommes furent enfermés à la Bastille. Ils répétèrent leurs aveux au Cardinal et au juge qui vint les voir dès que Macha et ses amis eurent prévenu l’homme d’Église. Heureux d’avoir été sorti de ce pétrin, Richelieu ne semblait pas serein pour autant : car si les deux hommes dénonçaient Sagamore avec facilité, il serait en revanche plus difficile de forcer ce dernier à dénoncer son maître. Mais pour le moment, le temps était aux récompenses. Enguerrand retrouva sa place parmi les gardes du Cardinal, avec ses remerciements et une petite augmentation de sa solde, ce dont il était on peu plus fière. Macha, elle, eut le droit à un entretien privé. La jeune femme se tenait devant le bureau de Richelieu, dans ses vêtements habituels, les cheveux en vrac, tiré en arrière par son long ruban. « _Mademoiselle, bien que les politesses et le respect de la hiérarchie ne soient pas votre fort, je vous suis très reconnaissant de ce que vous avez fait pour moi, et la France. » « _Je remercie Votre Éminence. Mais j’ai plus agi pour sortir un ami de la disgrâce, plus que pour sauver le royaume. Je pense que Votre Éminence en est conscient. » « _Effectivement. J’ai, également, cru comprendre que vous étiez une… exilée… Puis-je savoir pourquoi vous a-t-on bannie ? » « _Banni est un bien grand mot. Je dirais plus que j’ai fui les représentants du pouvoir, et que c’est le peuple qui m’a banni. Mais avec tout le respect que je vous dois, Votre Éminence, je ne tiens pas à étaler mon passé, qui, je puis vous en assurer, n’a rien de criminel. » Le cardinal resta silencieux un moment. Il observait la jeune femme avec attention, se demandant ce qu’elle pouvait bien cacher. « _J’aimerais vous faire une proposition, en témoignage de ma reconnaissance. Travaillez pour moi, de manière tout à fait officieuse bien sûr. Je pourrais faire de vous un sujet de Sa Majesté pour… service rendu au royaume. » « _Je vous remercie de cette proposition, Votre Éminence. Mais je me suis promis de ne plus jamais faire allégeance à quelqu’un. Je sers des idées, des valeurs, et non des hommes. J’espère que vous me pardonnerez mon arrogance. » Richelieu eut un petit sourire amusé. Quel phénomène que cette femme. « _C’est bien regrettable je l’avoue. » Macha aurait bien voulu lui dire qu’elle répondrait présente si un jour il avait besoin d’elle, mais on frappa à la porte. Le Cardinal eu à peine le temps de dire mot, qu’un page entra. « _Sa Majesté le Frère du Roi souhaite s’entretenir avec son Éminence. » Richelieu se leva. Macha voulut prendre congé, mais il l’invita à rester. Probablement qu’il voulait présenter celle qui l’avait sortit de cette calomnie. La jeune femme s’était demandé à de nombreuses reprises à quoi pouvait ressembler celui qui avait comploté avec l’empereur Balor, et qui avait jeté son ami Enguerrand dans la disgrâce. Elle imaginait un homme, proche de la trentaine, plutôt charismatique dans ses allocutions, car son physique était chétif. Il avait tout du cliché de l’éternel second, écrasé par son grand frère. Gaston de France entra, escorté de Sagamore. Il est vrai qu’ils ne se séparaient que rarement, lui avait un jour dit Tolbiac. Le frère du Roi craignant souvent pour sa vie. Macha s’était préparée à bien des choses, mais pas à ça. Ses jambes manquèrent de la lâcher lorsqu’elle vit le « Grand Monsieur ». Ses yeux s’ouvrirent tous grands. Mais elle tâcha de vite faire disparaître la surprise de son visage. Ce n’était pas un homme qui venait de pénétrer dans la pièce, mais un adolescent d’une quinzaine d’années. Il était un peu plus petit qu’elle, le mètre soixante, pensa-t-elle. Ses cheveux lui tombaient sur les épaules, et sa frange lui couvrait tout le front. Sa manière d’être et son regard lui donnaient un air d’adulte. Macha le trouva un petit peu ridicule à côté de Sagamore. C’est avec un ton mielleux à souhait qu’il s’adressa au Cardinal. Il ne fit même pas attention à la jeune femme. « _Votre Éminence, comme je suis heureux que l’on ait prouvé votre innocence. La France, et le Royaume, ne seraient se passer de vous. » Macha se demanda où ce gamin voulait en venir. Après tout, c’est lui qui était à l’origine de tout ce tohu-bohu. « _Je vous remercie votre Excellence. Permettez-moi de vous présenter celle, qui par ses investigations, a permis de défaire cet odieux complot. » L’adolescent se tourna vers elle, le regard méprisant, pendant qu’elle le saluait à la manière de son pays. « _Voici mademoiselle Macha. » lui dit le cardinal, en la montrant de sa main. « _Oui. J’ai déjà entendu parler de cette… jeune femme. » il lança un regard en biais à Sagamore qui ne disait mot. « La France vous doit une fière chandelle. Espérons que vous soyez toujours là pour venir à notre aide. » « _Vous pouvez compter sur moi, Votre Altesse. » lui répondit-elle sur un ton d’avertissement que le jeune garçon ne sembla pas apprécier. Le « Grand Monsieur » s’adressa de nouveau au cardinal. « _Hélas, c’est de bien mauvaises nouvelles qui me font venir à vous. Je viens juste d’apprendre que les deux hommes qui ont été arrêtés viennent d’être retrouvés morts à la Bastille. Un suicide visiblement. » Le cardinal serra les dents. Cette petite crapule avait fait éliminer ses hommes pour assurer ses arrières. « _C’est regrettable, en effet. Mais l’essentiel, c’est que je sois de retour. N’est-ce pas, Votre Altesse ? » « _Evidement, évidemment… » Pendant qu’ils discutaient, Macha et Sagamore ne cessaient de se fixer. Ces yeux à elle semblaient le harceler de questions, tandis que lui, ne semblait que la mépriser, et la détester. Après d’hypocrites salutations, les deux hommes sortirent. « _C’est ça Gaston de France ? » s’offusqua la jeune femme. « _Si j’étais vous, je reverrais votre formulation. Il n’est certes pas très âgé, mais il est déjà un habile stratège. Et je puis vous assurer que ce n’est pas son premier complot. » « _C’est-ce que je vois. Comment faire maintenant pour l’atteindre ? Les aveux de deux morts ne valent pas grand-chose face à sa parole. » « _Rien. De plus, je suis persuadé que sa mère, Marie de Médicis, n’est pas étrangère à cette affaire. Elle est prête à tout pour me voir tomber en disgrâce. Ils sont déjà tous deux complotés contre moi. Il va falloir vous faire à cette idée si vous continuez à vous mettre sur son chemin. Vous venez de vous faire un ennemi mortel. » *Lire : Macha : Le Diadème d’Argent. FIN...à suivre | |
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